Érotomanie

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L'érotomanie est une maladie du groupe des psychoses, construite autour de la conviction délirante que l'on est aimé par une personne. Elle est aussi appelée syndrome de Clérambault, d'après le psychiatre français Gaëtan Gatian de Clérambault qui en présenta une analyse (Les psychoses passionnelles) en 1921.

Sommaire

[modifier] Histoire

  • Les auteurs antiques évoquaient déjà l'érotomanie, mais sa première évocation en psychiatrie date de 1623 : par Jacques Ferrand, dans Maladie d'amour ou mélancolie érotique.
  • Jacques Lacan a consacré sa thèse de médecine à l'étude d'un cas parue en 1932[1]. Dans ce travail, il présente le célèbre cas Aimée, celui d'une femme qui avait agressé au couteau une actrice de théâtre[2].

[modifier] Symptômes

L'érotomanie se définit comme un état passionnel de la personne qui se déroule en trois phases. D'abord, la phase d'espoir se soutient de l'orgueil et de la certitude d'être aimé par un homme ou une femme (plus rarement) "de bien", que suit bientôt la phase de dépit, tandis que la troisième est la phase de haine, plaçant la personne "aimée" en position de victime.

Cette maladie touche en grande majorité des femmes et une très petite minorité d'hommes, et "l'objet de l'érotomanie" est en général un homme au statut social plus élevé qu'elle ou lui. La personne érotomane est d'abord persuadée que c'est l'autre qui l'aime en secret, mais qu'il n'ose pas ou ne peut pas se déclarer. Sur cette illusion première se construisent les trois phases caractéristiques d'espoir, de dépit et de rancune.

L'érotomane cherche à entrer en contact avec son "objet", persuadée que c'est lui qui le souhaite. Elle lui téléphone, lui envoie des messages, le suit, s'immisce peu à peu dans sa vie en se rendant à son domicile et en tentant de pénétrer dans son intimité, en l'attendant des heures dans les escaliers, en lui écrivant constamment des lettres, en s'appropriant ses amis, sans que "l'objet" ne se doute de cet amour.

[modifier] Délire paranoïaque

Cette maladie peut devenir inquiétante car, au cours des deux dernières phases, la personne érotomane peut s'attaquer à cette personne ou à son entourage. Mais le plus souvent, elle s'en prend à elle-même, et les tentatives de suicide sont plus fréquentes que les agressions. L'érotomanie est l'une des formes que peut prendre le délire paranoïaque. Elle en possède les caractéristiques : « Le malade interprète des faits de façon erronée par exemple, "Le présentateur du journal télévisé a remis son nœud de cravate pendant qu'il parlait, c'est un signe qu'il m'adresse" – mais très élaborée et logique »[citation nécessaire], explique un spécialiste en psychiatrie. Il n'y a pas non plus de critique, c'est-à-dire que la personne ne reconnaît pas son délire, elle est persuadée de la véracité de sa conviction.

[modifier] Souffrance due à l'érotomanie

Contrairement à la nymphomanie, la sexualité n'est pas le sujet essentiel de l'érotomanie. Il s'agit de l'illusion délirante d'être aimé, mais cela ne ressemble en rien au désir amoureux ni même à la passion amoureuse. Cette illusion et tout ce qui en découle provoquent une souffrance chez celui qui en est la victime. Il culpabilise, se demande en quoi il est responsable de ce qui arrive et n'ose pas trop en parler. Son entourage peut en effet avoir du mal à croire que toutes ces attentions ont commencé sans avoir été encouragées.

[modifier] Traitement

L'érotomanie est une maladie rare, dont les causes sont inconnues. Elle est très longue et délicate à traiter. Une fois que le patient a été reçu en consultation psychiatrique, et en fonction du degré de son trouble, le traitement peut aller des mesures les plus légères (consultations régulières) aux plus coercitives : hospitalisation sous contrainte, avec sortie progressive très encadrée avec psychotropes.

L'érotomanie peut être isolée – on est alors dans le registre de la paranoïa –, ou bien associée à d'autres éléments délirants comme dans la schizophrénie.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Bien que mon amour soit fou, Benoît Dalle, Yves Edel et Alejandro Fernandez, Les Empêcheurs de penser en rond, 1997.
  • Délire d'amour (Enduring Love), Ian Mac Ewan, 1997. Trad. Suzanne Mayoux, Gallimard, 1999.
    Contient un appendice sur le Syndrome de Clérambault (trad. de la British Review of Psychiatrie) ainsi qu'une importante bibliographie.

[modifier] Cinéma

[modifier] Liens internes

John Warnock Hinckley Jr.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Lacan J. De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité réédité constamment depuis en collection Folio ISBN 2020055104
  2. Site La Psychanalyse