Émeutes de Stonewall

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Les émeutes de Stonewall célébrées sous le nom de Christopher Street Day (CSD) furent une série de conflits violents entre d'une part les homosexuels et les transgenres, et d'autre part les forces de police de New York. La première nuit d’émeute eut lieu le 28 juin 1969, après une descente de huit policiers dans le « Stonewall Inn », un bar gay situé sur Christopher Street, au cœur du Greenwich Village. Stonewall est souvent considéré comme le tournant du mouvement de demande d’égalité des droits homosexuels.

Sommaire

[modifier] Le contexte

[modifier] Contexte politique

A New York, dans les années 60, il est interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuels, de danser entre hommes ou de se travestir. Les descentes de police dans les bars suspectés d'être fréquentés par les homosexuels étaient monnaie courante aux États-Unis. Il était banal pour la police, avant 1965, de relever les identités des personnes présentes dans ces bars. Les forces de l'ordre justifiaient ces mesures par l'attentat à la pudeur en cas de baiser, le port de vêtements traditionnellement réservés au sexe opposé, ou simplement la vente prohibée d'alcool aux homosexuels.

L'un des rares mouvements homophiles du moment est la Mattachine Society, qui œuvre discrètement pour donner plus de droits aux homosexuels. Après l'élection en 1965 de John Lindsay comme maire de New York, un républicain qui présentait un programme de réformes, et celle de Dick Leitsch comme président de la Mattachine Society à New York, la police évita de multiplier ses descentes de 1965 à 1969.

Cependant, le ton se durcit en 1969 durant les élections municipales. John Lindsay vient de perdre les primaires de son parti et souhaite "faire le ménage" dans les bars illégaux.

Par ailleurs, Judy Garland est morte le 22 juin et son enterrement à lieu le 28 juin dans la journée, à Manhattan. Ceci aurait contribué à mettre la communauté homosexuelle à fleur de peau, et fut probablement une des causes des émeutes.

[modifier] Le Stonewall Inn

Stonewall Inn
Stonewall Inn

Au 53 Christopher Street, au cœur de Greenwich Village, le Stonewall Inn est l'un des seuls bars où les gays peuvent se retrouver, malgré les fréquentes descentes de police. Tenu par la mafia (son patron Tony “Fat Tony” Lauria reverse les recettes du soir à Matty the Horse), le Stonewall cible volontairement la clientèle gay, car elle rapporte gros. [1]

Le bar, qui accueille plusieurs centaines de personnes les week-end, ne possède néanmoins pas de licence et le patron est obligé de graisser la patte des officiers de police du 6e district pour ne pas voir son établissement fermer. Ainsi, bien que plusieurs descentes aient déjà eu lieu auparavant, le bar accueille toujours des homosexuels le soir des émeutes.

[modifier] Le raid sur Stonewall

Le raid qui eut lieu le 28 juin était différent des interventions précédentes. Habituellement, les propriétaires du « Stonewall Inn » étaient prévenus à l’avance par une taupe de l'arrivée de la police, et ces descentes avaient souvent lieu assez tôt dans la soirée pour permettre une réouverture rapide du bar. Aux alentours de 1 heure 30 du matin, plus tard que d’habitude, huit policiers en civil pénétrèrent dans le bar. La plupart des clients purent partir sans être inquiétés, puisque les seules personnes interpellées étaient celles sans carte d’identité ou portant des vêtements habituellement réservés aux personnes du sexe opposé, ainsi que les employés du bar.

On ne sait pas très bien comment l’émeute débuta, mais la foule présente sur les lieux commença à lutter contre les forces de police. L'histoire veut qu'un travesti, Sylvia Rivera, ait jeté la première bouteille sur les policiers. Etonnés et en sous-effectif, ceux-ci se réfugièrent dans le bar. Le chanteur de folk hétérosexuel Dave Van Ronk, qui passait par là, fut emmené de force par les policiers dans le bar et battu. La foule continuait ses attaques. Certains essayèrent, sans succès, de mettre le feu au bar. D’autres se saisirent d’un parc-mètre et bloquèrent les policiers à l’intérieur. Les résidents du quartier et les clients des bars alentour commencèrent à affluer.

Pendant la nuit, de nombreux hommes efféminés furent pris à parti par les forces de police et battus. La première nuit, treize personnes furent arrêtées, et quatre policiers ainsi qu’un nombre inconnu de manifestants blessés. La foule, estimée à 2.000 personnes, lançait des bouteilles et des pierres aux 400 policiers arrivés sur place.

La police finit par envoyer la Tactical Patrol Force, une unité de police anti-émeute, alors habituée à lutter contre les opposants à la guerre du Viêt Nam. Cependant, ces hommes ne parvinrent à disperser la foule qui continuait à leur jeter des pierres et toutes sortes de projectiles.

Craig Rodwell, qui avait créé en 1967 dans la Christopher Street la première librairie d'auteurs gay au monde, la Oscar Wilde Memorial Bookshop, ameuta la presse. Les journalistes assistent à plusieurs jours de combats, qui se poursuivent dans la rue. En effet, le 28 juin, l’émeute se calma, mais la foule revint les jours suivants. Les échauffourées durèrent cinq jours, toutes les brimades dont les homosexuels avaient été victimes précédemment refaisant surface.

[modifier] Les conséquences des émeutes

Le 4 juillet, après une nuit très agitée, Craid Rodwel participe devant le Capitole à Washington au traditionnel défilé de l’Independance Day organisé depuis quelques années par la Mattachine Society. Constatant qu’au cours de cette manifestation les leaders du Mattachine séparent les couples de femmes ou d’homosexuels trop voyants, Craid Rodwel décide qu’il organisera dès l’année suivante une manifestation en l’honneur des événements de la Christopher Street.

Il participe avec Brenda Howard à New York à la création du Gay Liberation Front (GLF), puis en décembre 1969 de la Gay Activist Alliance (GAA), et fonde le comité d'organisation du Christopher Street Liberation Day.

Après une bataille juridique pour obtenir le droit de manifester, la première manifestation de quelques centaines de gays et de lesbiennes a lieu sous les slogans "Come Out", "Gay Pride", "Gay is Good" et en chantant le "Gay Power".

Les émeutes de Stonewall et la manifestation déclenchée par Craig Rodwel marquent une étape importante de l'émancipation des homosexuels. Elles sont les précurseurs de ce qui deviendra la gay pride (fierté gay).

C’est en hommage à cette émeute de Stonewall que de nombreuses marches des fiertés dans le monde ont lieu le dernier week-end de juin.

[modifier] Notes

  1. Lire à ce sujet l'article de l'inspecteur de Police alors chargé d'intervenir au Stonewall Inn [1]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes