Éducation à l'Époque moderne

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Adriaen van Ostade, Le Maître d'école, XVIIe siècle
Adriaen van Ostade, Le Maître d'école, XVIIe siècle

Au Moyen Âge, l'école était réservée à un petit nombre de clercs et mêlait ensemble tous les âges. Elle ne disposait pas de vastes locaux. Les élèves échappaient à l'autorité du maître dès la fin de la leçon. La plupart des enfants de toutes les conditions sociales faisaient leur apprentissage, non à l'école, mais en servant dès sept ou neuf ans dans des familles étrangères. Les enfants étaient donc continuellement mêlés à la vie des adultes, et même assimilés à des adultes. Les universités suffisaient à former une étroite élite du savoir, serviteurs de l'Église (à cette époque) et de l'État, note Gaulupeau. Il n'y avait pas non plus de distinction claire entre les étudiants et les maîtres.

Ce n'est qu'à partir du XVe et surtout du XVIe siècle que l'école, portée par le développement de l'imprimerie et la concurrence entre Réforme et Contre-Réforme, commença à se généraliser et à constituer le lieu ordinaire de l'éducation. Apparut alors le collège, avec ses classes de niveau et ses examens de passage, à la fois lieu d'enseignement et de surveillance, où une population nombreuse se vit soumise à une hiérarchie autoritaire. Les élèves sont désormais rangés par âges, ils ont un statut bien distinct de celui des maîtres.

C'est d'abord la bourgeoisie qui eut recours à l'école. Les familles plus pauvres, ainsi que la noblesse, n'y mettront leurs enfants que progressivement.

Ariès voit dans ce phénomène l'expression d'un besoin nouveau de rigueur morale et de protection de l'enfant. L'enfant est un enfant, avant d'être un petit prince ou un petit paysan. Les parents n'acceptent plus de se séparer de leurs enfants en les confiant à d'autres familles, comme cela se pratiquait auparavant. Les éducateurs, eux, qui appartiennent à l'Église, ont d'abord à cœur de protéger les enfants de la corruption sociale, et du péché. C'est ce qu'Ariès appelle « l'invention de l'enfance. »

À la Renaissance, les jésuites jouent un rôle important dans l'enseignement, et dans les collèges en particulier. En France, ils créent des collèges à Riom, à Paris (collège de Clermont (actuel lycée Louis-le-Grand), à la Flèche… Ces collèges forment une grande partie de l'élite de cette époque.

Au cours du XVIIIe siècle, les aspects les plus rudes de la discipline scolaire s'estompent. Il s'agit désormais d'éveiller en l'enfant les lumières et le sens de sa dignité, tout en respectant son rythme propre. De ce point de vue, l’Émile de Jean-Jacques Rousseau, quoique violemment critique à l'égard des Collèges, marque plus un sommet dans la reconnaissance de la spécificité des enfants qu'une révolution absolue.

C'est au collège que sont formées toutes les générations instruites de l'ancien régime. Elles y acquièrent une culture à la fois humaniste et chrétienne. La pédagogie pratiquée en ville dans les écoles de charité s'inspire de celle du collège.

Le système scolaire des siècles suivants est dès lors dessiné, à l'exception de la laïcité : malgré la création tardive d'écoles royales d'ingénieurs et la première expulsion des Jésuites en 1762, le pouvoir royal a abandonné l'enseignement à l'Église, aux villes et aux communes rurales.

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Ariès, l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, 1960.

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