Économie planifiée

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Une économie planifiée est une économie dirigée, généralement à l’échelle d’un État, au moyen d’un plan fixant les objectifs de production sur une période annuelle ou pluriannuelle. Autrement dit, elle désigne un mode d'organisation fondé sur la propriété collective ou étatique des entreprises qui se voient imposer des objectifs de production par un plan centralisé. Elle peut être démocratique ou non, selon les différents pays qui l'ont appliquée. Elle caractérise les pays dits du « socialisme réel » (par la propagande officielle) jusqu'au début des années 1990.

Sommaire

[modifier] Selon Włodzimierz Brus

La planification économique centralisée est considérée comme un instrument privilégié des économies socialistes. Ce système est basé sur un pouvoir de décision détenu par le centre qui choisit les grandes orientations macroéconomiques. Une telle organisation peut apparaître efficace, mais induit des difficultés dans le fonctionnement. C’est un des aspects qu’aborde Włodzimierz Brus dans ses ouvrages. Le point de départ de sa réflexion est constitué par la constatation des difficultés réelles rencontrées par une certaine pratique de la planification centralisée dans les pays socialistes le siècle passé. Parmi les difficultés on constate que plus une économie nationale se diversifie, plus le nombre des produits qu’on y fabrique s’accroît, plus les procès techniques mis en œuvre se multiplient, plus, aussi, une forme déterminée de centralisation risque de devenir inefficace car le centre peut se trouver submergé par le nombre et la complexité des problèmes à résoudre et par la multitude des connaissances et des informations dont il faut disposer pour les résoudre correctement.

Ceci pose le problème d’une certaine forme de décentralisation et, également, celui des diverses formes de liaisons entre unités de production. Par ailleurs on peut dire que, si la centralisation des décisions est effectuée dans de mauvaises conditions (bureaucratie), il existe un risque considérable de voir se multiplier des décisions non fondées, irréalistes ou totalement inadéquates. Ceci peut, en plus de freiner le développement des forces productives, aboutir à une situation ou les décisions prises centralement deviennent formelles. Ainsi dans ce cas le contrôle réel s’effectuant alors à un autre niveau que celui dont on proclame l’autorité ce qui peut entraîner des conséquences de plus en plus difficiles à maîtriser.

Pour poser une justification économique au recours à une économie planifiée, Brus explique que « la supériorité du système socialiste sur le capitalisme se traduit par la possibilité d’utiliser pleinement les capacités productives […], le socialisme est non seulement un système plus juste mais aussi plus rationnel du point de vue économique. », il souligne pour illustrer cela les gains pour la main d’œuvre lié à la suppression du chômage structurel, l’élévation de son pouvoir d’achat dû à un rapport de force favorable au consommateur ou encore le sentiment d’appartenir à un système plus égalitaire.

Néanmoins il n’élude pas les conséquences négatives de la planification. En effet il met en exergue les défauts du système parmi lesquels il voit en la non-stimulation du travailleur qui se voit assurer salaire et emploi une limite importante. De manière plus générale un ensemble particulièrement complexe est lié d’une part à la question de la direction économique centralisée et, d’autre part, aux conditions exigeant un développement maximum de l’initiative de tous les maillons économiques et une participation active des masses à la gestion. L’émulation active, créatrice des masses dans l’activité économique suppose une marge d’autonomie des maillons économiques, or, la centralisation en URSS signifie quelque chose de diamétralement opposé c’est-à-dire la concentration du pouvoir de décision.

[modifier] Economie bureaucratisée ou démocratique

Une polémique a cours quant au degré de démocratie au sein de l'économie planifiée au sens général du terme.

  • L'économie planifiée peut être bureaucratisée comme c'était le cas en Union soviétique et dans les autres pays se revendiquant de l'idéologie de Staline[réf. nécessaire]. C'est-à-dire que seul les dirigeants du Parti planifiaient l'économie du pays.
  • A contrario, l'économie planifiée peut être démocratique comme le revendiquait Trotsky[réf. nécessaire], opposant au régime stalinien. C'est-à-dire que la population planifie elle-même son économie par le biais de conseils représentants l'ensemble de la populations et non plus une élite bureaucratique. En 1933, il analyse l'économie soviétique ainsi[1] :

    « L'économie soviétique au­jourd'hui n'est ni une économie monétaire ni une économie planifiée. C'est une économie presque purement bureaucratique. L'indus­trialisation exagérée et dispropor­tionnée a miné les fondations de l'économie agricole. La paysannerie a cherché à trouver le salut dans la collectivisation. Très rapidement l'expérience a montré que la collec­tivisation du désespoir n'est pas encore une collectivisation socia­liste. Le déclin de l'économie agri­cole qui s'ensuivit a porté un coup dur à l'industrie. Pour soutenir des rythmes incertains et disproportion­nés, il devint impérieux d'intensifier encore plus la pression sur le prolé­tariat. Libérée du contrôle matériel du producteur, l'industrie a pris un aspect supersocial, c'est-à-dire bureaucratique. Il en est résulté qu'elle a perdu la capacité de satisfaire les besoins humains même au degré où elle l'avait fait avec une industrie capitaliste moins développée. »
        — Léon Trotsky, Dégénérescence de la théorie et théorie de la dégénérescence (Problèmes du régime soviétique) paru dans le «  Bulletin de l’Opposition  » - en russe – n°34, mai 1933, puis dans la Vérité

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Trotsky : Dégénérescence de la théorie et théorie de la dégénérescence (29.4.1933)