Économie de la Russie

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Si la Russie n'est plus une des premières puissances économiques mondiales comme au temps de l'Union soviétique, elle demeure aujourd'hui une des 10 économies les plus importantes au niveau international (en 2006, 11° rang, Banque mondiale), avec des ressources naturelles inégalées, une population de plus de 140 millions d'habitants, des compétences scientifiques et techniques parmi les plus avancées du monde, et une croissance économique forte depuis l'année 1999.
La Russie est membre du club des pays les plus industrialisés, le G8.

Carte de la Russie
Carte de la Russie

Par son économie, la Russie se distingue par quatre caractéristiques majeures :

  1. L'économie russe est une économie de transition ou du moins dont la transition s'achève, et qui reste encore marquée par son héritage soviétique ;
  2. C'est une économie de rente, du fait de l'importance des ressources naturelles (pétrole, gaz naturel et divers métaux notamment), avec les conséquences politiques, sociales, qu'engendre en général la prédominance de ces secteurs (corruption, inégalités) ;
  3. C'est une économie qui souffre d'un vieillissement de sa population, du fait de déséquilibres démographiques apparus dès la fin de l'époque soviétique ;
  4. C'est enfin une économie où l'État a joué et joue toujours un rôle majeur - qu'il s'agisse du contrôle des principales entreprises du pays ou de la place préoccupante de la corruption (La Russie se place en 143e position, sur 179 territoires, sur la liste de la perception de la corruption par pays en 2007).


Sommaire

[modifier] Historique

Du fait de réformes tardives (le servage n'a été aboli qu'en 1861 par exemple), l'empire russe a connu la révolution industrielle avec un décalage avec les autres pays européens. Son développement économique a toutefois été relativement rapide à partir des années 1880. Ainsi, en 1913, l'Empire russe était la troisième économie mondiale, après les États-Unis et l'Allemagne.

La révolution russe de 1917 a conduit à l'instauration d'un nouvel État (l'Union soviétique) et à l'instauration d'un nouveau système économique, l'économie planifiée. Cette première transition économique, en plusieurs phases (le « communisme de guerre » jusqu'en 1921, la Nouvelle Politique Économique ou NEP jusqu'en 1928, puis la collectivisation et l'industrialisation) a été extrêmement coûteuse en termes économiques (recul du produit intérieur brut) et humains (millions de victimes de la collectivisation de l'agriculture sous Staline). La mobilisation des ressources (niveau élevé d'investissement du fait des restrictions de la consommation, exode rural permettant le développement des industries) a ensuite permis un certain rattrapage économique et industriel : l'URSS, dans les années 1950-70, a alors rivalisé avec les États-Unis, notamment dans le domaine militaire, tout en gardant un retard notable en termes de niveau de vie de la population.

Cette croissance extensive étant par nature limitée, la croissance soviétique a commencé à ralentir dans les années 1960, suscitant de nombreuses tentatives de réformes, sans remettre en cause le principe du rôle dirigeant du parti communiste et la propriété collective des moyens de productions. La perestroïka, engagée par Mikhaïl Gorbatchev, a constitué un tournant majeur. Les réformes économiques, censées initialement dynamiser l'économie sans modifier le régime, ont précipité l'éclatement de l'Union soviétique en 15 États et paralysé l'économie. La transition vers l'économie de marché est alors apparue inéluctable pour la Fédération russe née fin 1991. Dans un contexte de privatisations hâtives et d'inflation persistante, la transition s'est d'abord traduite par une quasi-division par deux du produit intérieur brut, ce qui a fait naître des controverses sur le rôle joué par le Fonds Monétaire International. La dépression économique a culminé avec la crise financière de 1998, marquée une dévaluation brutale du rouble et un défaut sur la dette russe (les GKO notamment). Mais cette crise a été salutaire, en ce sens qu'elle a permis à l'appareil de production russe de redevenir compétitif et de se remettre en marche. La hausse des prix du pétrole et les réformes économiques engagées par Vladimir Poutine à partir de 1999 ont favorisé également ce rebond. Entre 1999 et 2005, la Russie a connu une croissance économique moyenne supérieure à 6%.

Grâce aux prix élevés de l'énergie, la demande intérieure se développe rapidement et une croissance du PIB de l'ordre de 6% par an est anticipée dans les années à venir.

Le FMI pense que la croissance se poursuivra dans les années à venir[1].

Croissance du PIB russe (source : FMI) :

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
10,0 5,1 4,7 7,3 7,2 6,4 6,7(p) 8.1(p)

[modifier] Statistiques

Économie de la Russie
Monnaie 1 rouble (RUB) = 100 kopecks (копейки)
Année fiscale Année calendaire
Accords économique Communauté des États indépendants (CEI), Coopération Économique Asie Pacifique, Communauté économique eurasienne
Statistiques
rang mondial en PIB (PPP) 9e (2006 est.) [1]
PIB (PPP) 1 723 milliard de $ (2006 est.)
taux de croissance 6,8% (2006 est.)
PIB par habitant (PPP) 12 100 $ (2006 est.)
PIB par secteur agriculture (5,3%), industrie (36,6%), services (58,2%) (2006 est.)
Inflation 9% (2006 est.)
Population en dessous du taux de pauvreté 17% ( 2005)
Population active 73,88 millions (2006 est.)
Population active par secteur agriculture (10,8%), industrie (21,9%), services (60,1%) (2006 est.)
Taux de chômage 6,6% (2006 est.)
Principales industries mine, constructions de machines-outils, Complexe militaro-industriel, constructions de navires, machines pour l'agriculture, construction d’équipement, consommation durables, textiles, agroalimentaire, artisanat
Couverture énergétique 161 % (2002 rdy)
Partenaires commerciaux
Exportations 317,6 milliards de $ (2006 est.)
Principaux partenaires Pays-Bas 10,3%, Allemagne 8,3%, Italie 7,9%, République populaire de Chine 5,5%, Ukraine 5,2%, Turquie 4,5%, Suisse 4,4% (2005)
Importations 119 milliards de $ (2006 est.)
Principaux partenaires Allemagne 13,6%, Ukraine 8%, République populaire de Chine 7,4%, Japon 6%, Biélorussie 4,7%, É.-U. 4,7%, Italie 4,6%, Corée du Sud 4,1% (2005)
Finance publique
Dette publique 8% du PIB (2006 est.)
Dette externe 87,4 milliards de $ (30 juin 2006 est.)
Revenus 222,2 milliards de $ (2006 est.)
Dépenses 157,3 milliards de $ (2006 est.)
Dépense publique éducation (% du PIB) 3,1%
Dépense publique défense (% du PIB) 4,0%
Aide économique en 2001, de la part des États-Unis, 979 millions de $ (inclus 750 million de $ pour la non-prolifération et le désarmement); en 2000, de la part de l'Union européenne, 200 million de $
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Après une baisse brutale de son PIB durant les années 1990, celui-ci est revenu en 2005 à son niveau proche de 1990 en grande partie grâce à la hausse des prix des matières premières dont la Russie est l'un des plus grands exportateurs.

[modifier] Indicateurs sociaux-culturels

Les indicateurs de niveau de vie situent la Russie parmi les pays à niveau de vie intermédiaire.

La situation démographique est particulièrement préoccupante, avec une espérance de vie inférieure à 60 ans chez les hommes (démographie de la Russie).

La transition de l'économie russe s'est accompagnée de la paupérisation d'une partie de la population, qui a culminé en 1998, et qui s'est en partie réduite depuis. La part de la population vivant sous le seuil officiel de pauvreté russe était de 17,8% en 2004. Dans le même temps, les inégalités se sont sensiblement accrues, du fait notamment du mode de privatisation.

[modifier] Déséquilibres régionaux

Il existe de fortes différences de taille et de richesse entre les régions russes.

Moscou et sa périphérie (oblast de Moscou) représentent à elles seules un quart du produit national brut, selon les statistiques officielles.

Les régions pétrolières et gazières (oblast de Tioumen) figurent également parmi les plus riches, tandis que le Caucase enregistre les plus faibles niveaux de richesse par habitant.

[modifier] Structures économiques

L'économie russe a été largement privatisée dans les années 1990.

En termes de population active comme de produit intérieur brut, les services dominent dans la structure de l'économie, mais le poids des ressources naturelles est très élevé.

[modifier] Ressources naturelles

La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et le premier de gaz naturel, et parmi les premiers producteurs mondiaux de nombreux métaux. Ces ressources sont parfois difficilement accessibles, car situées en particulier au nord de l'Oural et en Sibérie. Les régions pétrolières du pays gazière et metalifère sont parmi les plus riches du monde.

Le pétrole représente, selon les calculs de la Banque mondiale, un quart du produit intérieur brut, et le tiers des recettes du budget fédéral.

Les principales entreprises russes, par la capitalisation boursière, sont celles du secteur énergétique, notamment le géant gazier Gazprom, détenu en majorité par l'État, les majors pétroliers Rosneft et Lukoil, ainsi que celles du secteur métallurgique, comme Norilsk Nickel et Severstal.

La Russie dispose d'un quart des réserves de bois du monde[2]. Elle est le premier pays exportateur et le secteur représente 4,3 % du PIB russe[2].

[modifier] Industrie

La Russie a hérité de l'Union soviétique un socle industriel très important, mais vieilli, avec une très faible proportion de petites entreprises et quelques secteurs de pointe, notamment dans le complexe militaro-industriel. Les armes produites, comme par exemple, le Su-27, commercialisé par l'agence Rosoboronexport ont un grand succès à l'exportation.

La transition a toutefois fait naître un grand nombre d'entreprises dynamiques, gérées de façon moderne, par exemple dans l'industrie agro-alimentaire ou les télécommunications, en particulier grâce au concours d'investisseurs étrangers.

[modifier] Agriculture

Icône de détail Article détaillé : Agriculture en Russie.

L'agriculture russe a connu en quinze ans deux évolutions majeures. D'abord, les kolkhozes (fermes collectives) et les sovkhozes (fermes d'État) de l'époque soviétique ont été transformés en entreprises privées, collectives ou individuelles. La seconde évolution touche la propriété de la terre, qui est désormais possible.

Les conditions climatiques de la Fédération ne lui permettent une mise en culture de ses terres que sur une période relativement courte. La dimension de sa surface agricole utile et le facteur climatique permettent sans doute d'expliquer que son agriculture soit extensive plutôt qu'intensive comme c'est le cas en Europe occidentale.

Avec plus de 200 millions d'hectares de terres cultivables, la Russie est un des principaux producteurs mondiaux de céréales et de pommes de terre. La production agricole russe, après avoir baissé fortement de 1992 à 1998, croît faiblement depuis 1999 ; mais grâce à la plus grande efficacité de la distribution et aux importations, la Russie ne connaît plus les pénuries alimentaires de l'époque soviétique.

Production agricole en 2005 (source Rosstat) - en millions de tonnes :

Blé Betterave Pomme de terre Légumes Lait Orge
78,2 21,4 37,3 15,2 31,0 15,8
78,6 30,9 38,6 15,6 31,4 18,2

[modifier] Commerce Extérieur et partenaires commerciaux

[modifier] Partenaires commerciaux

L'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Russie et représente plus de 50% de son commerce extérieur. Au sein de l'Union européenne, l'Allemagne est le premier partenaire commercial, loin devant l'Italie et la France. La Russie est notamment le principal fournisseur d'énergie de l'Europe.

Les pays de l'ex-URSS représentent désormais moins du quart du commerce extérieur russe.

La balance commerciale russe est très excédentaire, du fait des exportations d'hydrocarbures.

[modifier] Exportations

Les exportations russes ont progressé à un rythme rapide ces dernières années du fait de la hausse des cours du pétrole.

La Russie exporte avant tout des matières premières, et notamment du pétrole, du gaz et des métaux pour près de 80%. Les produits provenant de la pêche en Russie fournissent le quart des marchés mondiaux.

La Russie exporte par ailleurs des produits manufacturés sur les marchés proches ainsi que des armements (notamment en Chine et en Inde), la Russie étant le premier exportateur mondial.

Selon l'OMC, la Russie figure au 14e rang mondial des exportateurs en 2004.

[modifier] Importations

Malgré une ouverture importante dans les années 1990, la Russie est un marché avec des barrières commerciales plus importantes que dans les autres pays industrialisés.

Les importations de biens de consommation et de produits agro-alimentaires dominent dans les achats de la Russie.

La Russie a importé de l'Union européenne en 2004 205 000 tonnes de volaille, 227 300 tonnes de porc et 331 800 tonnes de bœuf. L'administration russe exige depuis le 1er juin un certificat unifié au niveau de l'UE.

[modifier] Accords économiques

12 États issus de l'URSS, dont la Russie, ont institué à partir de 1991 la Communauté des États indépendants ou CEI. Il s'agissait pour la Russie de créer une sorte de Commonwealth qui lui permette de conserver une sphère d'influence. Pour d'autres, comme l'Ukraine, il s'agissait surtout d'une organisation destinée à gérer le démantèlement de l'URSS. En pratique, la CEI constitue une structure assez lâche de coopération économique (multiples accords commerciaux bilatéraux) et politique. Des sous-ensembles se sont par ailleurs constitués, comme l'Union entre la Russie et la Biélorussie, qui comporte une union douanière, ou la Communauté économique eurasienne.

La Russie et l'Union européenne ont signé un accord de partenariat et de coopération en 1997. Les relations entre la Russie et l'UE sont dominées par la problématique énergétique, l'Union européenne étant le premier client de la Russie, et la Russie le premier fournisseur de l’Union : les tensions entre l'Ukraine et la Russie en janvier 2006 ont mis en relief cette interdépendance, et les préoccupations de sécurité énergétique qui en résultent pour plusieurs pays européens.

La Russie négocie actuellement son adhésion à l'OMC : c'est en effet le dernier grand pays qui n'en est pas membre. Son adhésion est envisagée pour 2006.

La Russie fait partie de la Coopération Économique Asie Pacifique (APEC).

  Coopération économique Asie-Pacifique (APEC)  v · d · m 
Australie | Brunei | Canada | Chili | République Populaire de Chine | Hong Kong | Indonésie | Japon | Malaisie | Mexique | Nouvelle-Zélande | Papouasie-Nouvelle-Guinée | Pérou | Philippines | Russie | Singapour | Corée du Sud | Taïwan | Thaïlande | États-Unis | Viêt Nam

[modifier] Monnaie et inflation

Depuis sa forte dévaluation en 1998-1999, la monnaie nationale, le rouble est relativement stable par rapport au dollar et à l'euro, la Banque centrale cherchant à limiter les mouvements dans un sens ou dans l'autre.

Les excédents de la balance commerciale ont provoqué une progression spectaculaire des réserves de la Banque centrale et entretiennent dans ce contexte une inflation, qui demeure supérieure à 10% en 2005 mais tend à diminuer avec environ 8% en 2006 selon les prévisions. La lutte contre l'inflation est qualifiée par V. Poutine d'une des tâches principales du ministère des Finances, l'objectif étant d'arriver à un taux de 4 à 6% en 2008.

[modifier] Dette russe et soviétique

La Russie a hérité de la dette et des avoirs de l'Union soviétique suite à l'éclatement de la dernière. Elle a poursuivi son endettement dans les années 1990, jusqu'à se retrouver dans une crise de paiements majeure en 1998. Cette dette ayant été restructurée et les cours élevés du pétrole aidant, la Russie commença à rembourser sa dette par anticipation dès le début des années 2000.

Le 21 août 2006 la Russie annonça avoir remboursé par anticipation l'intégralité de sa dette envers le Club de Paris après le versement d'une dernière tranche de 23,7 milliards de dollars, ce qui lui a permis de faire des économies substantielles sur les futurs intérêts.

[modifier] Rôle de l’État

Après une première phase de transition pendant laquelle l'État russe a été très affaibli, avec de nombreuses privatisations opérées dans des conditions opaques sous Boris Eltsine, l'État a retrouvé une position de premier plan en Russie avec Vladimir Poutine.

L'État russe a mis au pas certains hommes d'affaires (les oligarques) qui s'étaient enrichis au moment des privatisations (par exemple avec l'affaire Ioukos), et a regagné le contrôle des principales entreprises énergétiques du pays, notamment le principal producteur de gaz, Gazprom. Il détient par ailleurs la principale banque du pays, la Sberbank.

L'État russe reste marqué par un degré important d'interventionnisme, et par une forte corruption : la Russie est ainsi située, dans les classements internationaux, au même rang que certains pays africains, malgré de nombreuses arrestations spectaculaires, notamment en 2006 ceux de plusieurs fonctionnaires haut placés de la Procurature générale corrompus, ou encore de hauts gradés du ministère des Situations extraordinaires qui sont pour certains le retour des procès de Moscou[réf. nécessaire].L'importance de l'économie informelle et de la mafia témoignent aussi de la faiblesse relative de l'État en Russie.

Selon l’hebdomadaire russe Nezavisimoye Voyennoye Obozreniye, une part de plus en plus importante du budget fédéral russe n'a pas d'affectations publics : entre 2003 et 2006, la part du budget classifié serait ainsi passée de 36,2% à 44%. Une grande partie de ces fonds étant destinés aux forces armées de la fédération de Russie.

La corruption dans le monde: indice de corruption perçue
La corruption dans le monde: indice de corruption perçue

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. "Russia's position is enviable, considering its rich resource base and well-educated population. With the right economic policies in place, the economic outlook will be exceptional.", FMI, juin 2007, cf. press release.
  2. ab Marie Jégo, « La Russie taxe ses exportations de bois pour développer son industrie » dans Le Monde du 31-08-2007, [lire en ligne]

[modifier] Ouvrages

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes