Ère Shōwa (1926-1989)

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Chronologie du Japon

L'ère Shōwa (en japonais: 昭和時代, Shōwa-jidai, "ère de paix éclairée") est la période de l'histoire du Japon où l'empereur Showa (Hirohito) régna sur le pays du 25 décembre 1926 au 7 janvier 1989. Il est aussi une des ères du Japon (年号, nengō, littéralement « le nom de l'année ») suivant l'ère Taishō et précédant notre temps. Ce fut le plus long règne de tous les empereurs japonais. La première partie du règne de Hirohito se caractérise par de fortes influences nationalistes (nationalisme japonais) et entraîne l'expansion de l'empire. Après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, et la reddition du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, l'occupation du Japon dura jusque 1952. Après le Traité de San Francisco, le Japon a regagné sa souveraineté et a été relativement en paix depuis.

Sommaire

[modifier] Prononciation et romanisation

Shōwa (昭和) se prononce sho wa, avec un o long dans la première syllable.

[modifier] Chronologie succincte

1926Hirohito empereur.

1931 - Le Japon envahit la Mandchourie

1933 — le Japon quitte la SDN. Est créé (1932-1934) sous l'instigation des Japonais en Mandchourie un nouvel état, le Manzhouguo, vassal du Japon.

1934 — le Japon envahit la Chine du nord.

1936 - Incident du 26-Février, Pacte anti-kommintern avec l'Allemagne

1937 — le Japon envahit le reste de la Chine et entame la Guerre sino-japonaise (1937-1945) et se livre à de nombreuses exactions contre les populations civiles comme le massacre de Nankin. De 1937 à 1940 Hirohito se montre réfractaire à une alliance éventuelle avec les membres de l'axe.

1939 - Bataille de Halhin Gol

1940 — Les succès rencontrés par l'armée allemande en Europe amènent l'empereur à modifier sa position et à autoriser la signature d'un pacte tripartite avec les membres de l'Axe.

1941 — signature d'un pacte de non-agression avec l'Union des républiques socialistes soviétiques.

1941 — En riposte à un embargo sur les produits pétroliers imposés par les États-unis au Japon, suite au refus de ce dernier de se retirer de l'Indochine et de la Chine (à l'exclusion du Manchukuo), la flotte américaine de Pearl Harbor est quasiment anéantie le 7 décembre par la marine impériale. Cet événement marque l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Dès lors, le Japon cherche à établir sa Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale.

1942 — marque l'apogée de l'avancée militaire japonaise dans le sud-est asiatique (Indonésie, Singapour, Hong-Kong, Manille…), le début de l'opération "tue tout, pille tout, brûle tout" (sankô sakusen) et le commencement de l'avancée alliée.

1944 — les Américains débarquent dans l'île de Saipan et à Okinawa en 1945.

1945 — le 6 et le 9 août les bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki sont lâchées. Entre-temps, le 8 août, l'Union Soviétique déclare la guerre au Japon.

1945 — le 2 septembre signe sa reddition inconditionnelle. Début de l'occupation allié qui durera jusqu'en 1952 (le Japon signant cependant un traité de paix définitif à San Francisco avec les États-Unis en 1950).

1946Tribunal de Tokyo

1947 — est l'année de la proclamation de la nouvelle constitution japonaise sous dictée américaine.

Profitant de la guerre de Corée, le Japon s'industrialise et se reconstruit rapidement, c'est le début du Miracle japonais.

1954 — création des forces d'autodéfense et signature du pacte américano-japonais de défense mutuelle.

1964 — Premiers Jeux Olympiques au Japon.

Dès la fin des années 1960, le Japon a le 2e produit national brut au monde, c'est le Boom Izanagi .

1989 — mort de l'empereur Hirohito.

Hirohito et Sirayuki
Hirohito et Sirayuki

[modifier] L'économie japonaise jusqu'en 1945

La crise monétaire internationale qui se traduit par la forte dévaluation de la £ en 1931 accentue ses difficultés commerciales, car elle rend plus difficiles ses exportations et dévalue ses avoirs en £. Or, comme dans les autres pays, la banque centrale émet des Yens en contrepartie de ses réserves d'or et de sterling ; la base monétaire se rétrécissant, la masse monétaire se contracte. Le ministre des Finances Inoué accepte d'adopter alors une politique de déflation du même type que celles qui sont ou seront conduites en Allemagne par Heinrich Brüning ou en France par Pierre Laval. Le raisonnement est le même : si les prix internationaux baissent, si les avoirs de la banque centrale diminuent ou baissent de valeur, les salaires doivent baisser aussi afin que les produits japonais soient concurrentiels. Il réduit donc autoritairement les salaires des fonctionnaires et, comme la Grande-Bretagne en 1925, va conserver l'étalon-or qui met le Yen à une parité surévaluée. Cette politique accentue les effets sociaux de la crise, le chômage grimpe à 20 % des actifs salariés et les inégalités progressent : le revenu net moyen par famille de l'agriculteur n'excède pas les 20 $ par an, la moyenne du Japon étant de 166 et de 2500$ pour les 10 % les plus riches. Le mécontentement s'accumule, la situation sociale se tend tandis que la volonté d'Inoué de réduire le train de vie de l'État se heurte aux intérêts du puissant lobby militaro-industriel lorsqu'il veut réduire les dépenses militaires. Inoué est assassiné le 9 février 1932, ainsi que le premier ministre Tsuyoshi Inukai quelques semaines plus tard, le 15 mai.

Takahashi remplace Inoué aux Finances après son assassinat en 1932. A 77 ans, il a eu un parcours original. Issu d'une famille pauvre, il a voyagé aux É.-U. enseigné l'anglais à son retour avant de se retirer dans un monastère zen dont il est sorti à 35 ans. Entré à la Banque du Japon, il en devient le directeur trois ans après. A l'image de Keynes, c'est lui qui a négocié la question des crédits pendant la guerre. Plusieurs fois ministre avant la 1re guerre, il revient donc aux affaires à 77 ans et restera ministre des Finances jusqu'en 1936. A peine installé, il abandonne l'étalon-or et laisse flotter le Yen à la baisse. Celui-ci perdra 40 % en un an. Les 100 ¥ sont à près de 50 $ en 1931 (49.85) ils tombent aux alentours de 30 $ en 1932 (31.20 en décembre 1932) et s'y maintiendront malgré la dévaluation du $ (30.25 $ après la dévaluation américaine de 1933). Cette dévaluation brutale et sauvage relance immédiatement les exportations et permet le redressement des prix qui retrouvent en 1933 leur niveau de 1930 (près de 20 % de hausse). Sous l'impulsion de l'État, l'appareil industriel se restructure, se redéploie et se concentre. Les modifications structurelles se manifestent par le fait que dans l'entre-deux guerres, la part du textile chute régulièrement (de la zone des 40 % de la valeur de la production industrielle en 1920 à moins de 20 % - 17.9 - en 1940) tandis que celle des industries mécaniques monte de 15 à 24 % et celle de la métallurgie de façon encore plus spectaculaire de moins de 5 % (4.2) à presque 20 % (19.9 exactement). Les "zaibatsu" (forme de concentration japonaise à base de capital familial et à vocation à la fois industrielle et bancaire) se renforcent. Ayant une base ou des intérêts puissants dans l'industrie lourde (et donc l'armement), elles ont souvent été accusées d'avoir pesé d'un grands poids dans la politique japonaise (dès cette époque, on parle largement de la corruption institutionnalisée de la classe politique) et d'avoir entraîné le pays sur la voie du militarisme et de l'expansionnisme agressif. En 1936, sur moins de 100 000 compagnies (88 145) moins de 500 (430) détiennent plus de la moitié (55 %) du capital industriel ! De nouvelles concentrations, telles que celle qui devait donner naissance à Nissan, apparaissent. Le chômage baisse et l'économie semble se redresser en ayant extériorisé ses problèmes.

Car les exportations japonaises augmentent de manière qui semble agressive à ses partenaires. Les produits "made in Japan" ont la même image de produits bas de gamme et bon marché que certains produits "made in Taïwan" aujourd'hui mais ils pénètrent les marchés occidentaux les mieux protégés. Le Japon arrive ainsi à exporter des montres en Suisse, des spaghetti en Italie, des vélos en Afrique, des stylos en Autriche, etc. Aussi, bien que la part des produits japonais dans le commerce mondial ne dépasse pas les 4 % les pays européens prennent la décision de se protéger et de contingenter les importations nipponnes.

Les marchés se bouchant le capitalisme japonais bascule brutalement dans la voie allemande. Le poids de la contrainte a été discuté par des historiens qui repoussent une explication trop "économique". La thèse est discutée car le poids du Japon dans le commerce mondial serait faible, et de nombreux pays étaient autant intéressés par le marché japonais que les japonais l'étaient à exporter. Ainsi la balance commerciale vis-à-vis des USA devient déficitaire pour le Japon à cause de la baisse des ventes de soie (contraction des marchés et développement de la rayonne, c'est-à-dire de soie artificielle) et de l'augmentation des achats de machines nécessaires pour le développement de l'industrie lourde. On ne peut que constater néanmoins que dans un climat de récession mondiale, de contraction des marchés, la "voie allemande", c'est-à-dire le basculement de l'économie dans l'économie de guerre, la mobilisation de l'appareil industriel et économique du pays pour la conquête forcé de marchés, apparaît comme une réponse possible, voire cyniquement nécessaire pour la bourgeoisie japonaise. Comme en Allemagne, cette politique agressive implique la mobilisation de la population et le sacrifice de la consommation populaire. C'est l'industrie lourde, base de l'industrie d'armements, et non les industries de consommation qui doit se développer (c'est l'alternative classique : "le beurre ou les canons") .

La situation politique se tend alors et dans ces années 30, des tentatives de coup d'État se succèdent. Après les assassinats de 1932, il y a des complots éventés. Le poids du budget d'armement dans le budget de l'État ne cesse de progresser : 27 % en 1927, 35 % en 1933, 46 % en 1936. En 1936 on assiste à un véritable coup d'état militaire, l'Incident du 26-Février. Au matin, les militaires de la Kodoha investissent les ministères et assassinent Takahashi à son tour ainsi qu'un certain nombre de dignitaires du régime. Ces militaires s'opposent à une faction rivale, la Toseiha, et souhaitent établir une dictature impériale ainsi que l'élimination des conglomérats commerciaux (zaibatsu). La révolte est matée trois jours plus tard sur ordre personnel de Hirohito, qui menace de prendre la tête de l'armée.

Avec la nomination de Fumimaro Konoe comme premier ministre, le lobby militaro-industriel prend définitivement le contrôle de la politique interne du pays. En 1937, Hirohito autorise l'invasion de la Chine (Guerre sino-japonaise), puis celle de l'Asie du sud-est en 1941 dans le but de créer la Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale. Le conflit se poursuit jusqu'en 1945, avec la défaite des forces showa.

[modifier] Liens externes

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