Vampire

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Le vampire est une créature chimérique non-morte et non-vivante qui, suivant divers folklores et superstitions populaires, sort du tombeau pour sucer le sang des vivants afin d'en tirer la force vitale. La légende des vampires puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et l'on retrouve des êtres légendaires dotés de caractéristiques des vampires dans toutes sortes de cultures à travers le monde.

Le vampire fut popularisé au début du XVIIIe siècle et émergea plus spécifiquement en Europe orientale, particulièrement dans les Balkans. Dans ces traditions folkloriques, les vampires étaient dépeints comme des revenants en linceul qui, visitant leur aimée, causaient mort et désolation dans le voisinage. À la même époque, le bénédictin français Augustin Calmet, le décrit comme un « revenant en corps », se distinguant ainsi des revenants immatériels (fantômes ou esprits)[1].

Le personnage plus charismatique et sophistiqué du vampire des fictions modernes est apparu avec la publication en 1819 du livre The Vampyre de John Polidori dont le héros mort-vivant fut inspiré par Lord Byron dont Polidori était le médecin personnel. Le livre remporta un grand succès mais c'est l'ouvrage que Bram Stoker écrivit en 1897, Dracula, qui reste la quintessence du genre, établissant une image du vampire toujours populaire de nos jours dans les ouvrages de fiction, même s'il est assez éloigné de ses ancêtres folkloriques dont il ne conserve que peu des spécificités originelles.

Philip Burne-Jones, Le vampire, 1897
Philip Burne-Jones, Le vampire, 1897

Sommaire

[modifier] Le vampire dans l'Histoire

Les contes de vampires apparaissent très tôt, mais trouveront leur apogée lors des XVIIe et XVIIIe siècles, où les récits de vampires se font plus nombreux.

[modifier] Antiquité

La Bible déjà, par le biais de la nécromancie, fait des allusions aux vampires.

Dans la Grèce antique, les ombres du royaume d'Hadès sont friandes du sang des victimes (cf. Homère, Odyssée, X, 520-540, « Circé »). Les Anciens craignaient l’errance sur Terre s’ils n’étaient pas enterrés par leur famille ou leurs amis car le repos définitif venait de l’incinération, ce qui explique le mythe de Polynice. Aristée, Platon et Démocrite soutenaient que l'âme peut demeurer auprès des morts privés de sépulture. Les âmes malheureuses et errantes se laissent alors attirer par l'odeur du sang. On peut se référer à Porphyre de Tyr (Des sacrifices, ch. II « Du vrai culte »). Les devins se servaient alors de ces âmes pour deviner les secrets et trésors. Ayant connaissance de leur présence, les hommes cherchèrent des moyens pour les apaiser ou les contrer. En Crète, selon Pausanias, on enfonçait dans la tête de certains morts un clou. Ovide aussi parlera des vampires. Théocrite note aussi les empuses (spectres multiformes de la nuit pouvant se muer en monstres innommables ou en créatures de rêve, aussi appelées démons de midi).

Dans l'Empire romain, on trouve la loi Jus Pontificum selon laquelle les corps ne devaient pas être laissés sans sépulture. De plus, les tombes étaient protégées contre les voleurs et ennemis. Les violations étaient considérées comme sacrilège et punies de mort. On rencontre Lamia, une goule nécrophage, reine des Succubes dévorant les fœtus et effrayant les enfants la nuit (Horace, Art poétique, 340). De Lamia viennent les lamies, plus nécrophages que vampires : lascives, ondoyantes, serpentines, avides de stupre et de mort, aux pieds de cheval et aux yeux de dragon. Elles attiraient les hommes pour les dévorer et peuvent s'apparenter aux Succubes. On note aussi les stryges, démons femelles ailées munies de serres, ainsi nommées à cause de leurs cris perçants, et les omosceles, démons aux pieds d'ânes qui s'attaquaient aux voyageurs égarés...

[modifier] Moyen Âge

Au XIIe siècle, les vampires étaient censés être si nombreux en Angleterre qu'ils étaient brûlés pour calmer la passion populaire. Plus tard, au XIVe siècle, Herenberg cite précisément deux cas en 1337 et 1347 : les présumés coupables de vampirisme furent empalés et brûlés. De même, au XVe siècle, les épidémies de pestes sont l'occasion pour la population (surtout en Europe de l’Est) d'une véritable frénésie anti-vampire. On voit apparaître au XVIe siècle, la première grande figure du vampirisme : la comtesse hongroise Elizabeth Báthory. En Moravie, l'évêque d'Olmütz, devant la multiplication des plaintes des villageois de la région, mit sur pied des commissions d'enquêtes. Le premier cas de vampirisme attaché à un nom et étudié un tant soit peu est celui Michael Casparek, en 1718. Son cas fit l'objet d'une enquête officielle, dans son petit village de Liptov en Hongrie. Malheureusement, très peu de données ont pu parvenir jusqu'à nous. Le mot « vampire » apparaît pour la première fois en 1725, lorsqu'un rapport présente l'exhumation du récemment mort Peter Plogojowitz un paysan serbe, qui reste encore à ce jour le cas le plus célèbre de vampire historique dans le monde. Vient ensuite celui d'Arnold Paole, soldat et paysan autrichien mort en 1726 et à l'origine de deux épidémies de « vampirisme » dont la seconde, en janvier 1731, fit l'objet d'un rapport circonstancié par le médecin militaire Johann Flückinger, généralement connu sous le titre de Visum et Repertum. Ce rapport fut abondamment repris, traduit par Dom Calmet, et fit probablement couler encore plus d'encre que le cas Plogojowitz (pour les Serbe). Le plus célèbre reste cependant Sava Savanović). Auparavant, on parlait de « vampyr ». Un autre cas de vampirisme est celui de Johannes Cuntius de Silésie.

Le vampirisme était pour l'Église catholique (et pour Dom Calmet en particulier) un sujet sérieux et politique (à la manière de la Bête du Gévaudan). Les âmes des morts ont trois alternatives : Paradis, Enfer ou Purgatoire. Or le vampire est un mort qui ne se retrouve dans aucune de ces trois catégories, puisque c'est une âme qui erre sur Terre. Sa simple existence remet donc en cause le dogme catholique et donc la puissance de l'Église.

[modifier] Le cas Báthory

La comtesse Elizabeth Báthory est l'exemple historique le plus connu concernant les vampires. Cette aristocrate hongroise du XVIe / XVIIe siècle, aurait tué entre 100 et 600 jeunes filles afin, d'après les légendes populaires, de se baigner dans leur sang. Ces mêmes légendes prétendent qu'elle considérait que se baigner dans le sang de jeunes filles pouvait permettre de rester éternellement jeune. Bien qu'elle ne présente aucun signe caractéristique des vampires (elle ne boit pas le sang), elle reste pour beaucoup l'incarnation du côté aristocratique du vampire, à l'inverse des autres témoignages qui, plus tard, porteront sur des paysans.

[modifier] Le cas Vlad Drăculea

Vlad III Basarab, dit Ţepeş (« l'Empaleur » en roumain) ou encore Drăculea (« Dragonneau » en roumain) est aujourd'hui fortement associé au mythe du vampire. Ce prince de Valachie du XVe siècle, dont la réputation était sanguinaire, a inspiré (légèrement toutefois) Dracula, le roman de fiction de Bram Stoker, qui dépeint un vampire en Transylvanie et au Royaume-Uni au XIXe siècle. Les nombreuses reprises littéraires et cinématographiques ont fini par faire de Dracula un personnage de la culture populaire mondiale.

[modifier] Facultés prêtées aux vampires de fictions

Selon les mythes, légendes ou auteurs, le vampire dispose de forces ou de faiblesses différentes. Ainsi, dans le roman de Bram Stoker, les facultés de Dracula sont énumérées de façon précise par l'un des personnages, le docteur Van Helsing :

« Il faut savoir que le nosferatu ne meurt pas, comme l'abeille, une fois qu'il a fait une victime. Au contraire, il n'en devient que plus fort ; et, plus fort, il n'en est que plus dangereux (...). Il se sert de la nécromancie, art qui, comme l'indique l'étymologie du mot, consiste à évoquer les morts pour deviner l'avenir, et tous les morts dont il peut approcher sont à ses ordres (...). Il peut, avec pourtant certaines réserves, apparaître où et quand il veut et sous l'une ou l'autre forme de son choix ; il a même le pouvoir, dans une certaine mesure, de se rendre maître des éléments : la tempête, le brouillard, le tonnerre, et de se faire obéir de créatures inférieures, telles que le rat, le hibou, la chauve-souris, la phalène, le renard et le loup ; il peut se faire grand et se rapetisser et, à certains moments, il disparaît exactement comme s'il n'existait plus.[2] »

Le même personnage précise toutefois plus loin que plusieurs moyens sont utilisables pour éliminer le vampire :

« Il est prisonnier, plus qu'un homme condamné aux galères, plus qu'un fou enfermé dans un cabanon. Aller là où il a envie lui est interdit. Lui qui n'est pas un être selon la nature, il doit cependant obéir à certaines de ses lois - pourquoi, nous n'en savons rien. Toutes les portes ne lui sont pas ouvertes ; il faut au préalable qu'on l'ait prié d'entrer ; alors seulement il peut venir quand il le désire. Son pouvoir cesse, comme d'ailleurs celui de toutes les puissances malignes, dès les premières lueurs de l'aube. Il jouit d'une certaine liberté, mais en des moments précis. S'il ne se trouve pas à l'endroit où il voudrait être, il ne peut s'y rendre qu'à midi, ou au lever, ou au coucher du soleil (...). Ainsi, tandis que le vampire peut parfois accomplir sa propre volonté, pourvu qu'il respecte les limitations qui lui sont imposées et se confine dans son domaine : son cercueil à lui, son enfer à lui, ou encore dans un endroit non béni (...) ; et encore ne peut-il se déplacer qu'à des moments bien précis. On dit aussi qu'il ne peut franchir des eaux vives qu'à marée haute ou lorsque la mer est étale. Et puis, il y a des choses qui lui ôtent tout pouvoir, comme l'ail, nous le savons assez ; comme ce symbole, ma petite croix d'or, devant laquelle il recule avec respect et s'enfuit. Il y en a encore d'autres (...) : une branche de rosier sauvage, posée sur son cercueil, l'empêche d'en sortir, une balle bénite que l'on tirerait sur son cercueil le tuerait et il deviendrait alors un mort véritable. Quant au pieu que l'on enfonce dans son cœur, nous savons qu'il lui donne également le repos éternel, repos éternel qu'il connaît de même si on lui coupe la tête. Il ne se reflète pas non plus dans les miroirs et son corps ne fait pas d'ombre.[3] »

Dans le premier film s'inspirant du roman, Nosferatu, Murnau n'indique qu'un seul moyen permettant d'éliminer le vampire : une femme au cœur pur doit faire oublier le lever du jour au comte. C'est de là qu'est née la croyance dans les effets nocifs des rayons du soleil sur les vampires, laquelle sera exploitée dans la plupart des films. Par ailleurs, Murnau comme les autres cinéastes ne détaillent pas autant les facultés des vampires - par souci d'alléger l'intrigue, très certainement. Mais ils leur en prêtent d'autres ; ainsi, les films dans lesquels a joué Bela Lugosi ont développé l'idée que les vampires possédaient un pouvoir hypnotique leur permettant, notamment, de séduire efficacement les femmes.

Dans son Dracula, Coppola invente de nouvelles règles. Ainsi, son personnage principal est capable de boire et de manger. Il peut également se déplacer le jour - et pas seulement à certaines heures.

Ainsi, le vampire

  • se nourrit de sang ;
  • est déjà mort et ne peut-être tué à nouveaux que par des pratiques spéciales : pieu dans le cœur, clou dans la tête, une décapitation ou une crémation (la tradition populaire réclamait les quatre à la fois[4]). Il doit ensuite être enterré à l'angle d'un carrefour (plusieurs variantes) ;
  • est immortel (c'est-à-dire n'est pas soumis à la vieillesse) ;
  • pratique la « mastication ». Dans de nombreuses légendes, le vampire ne se nourrit pas que de sang, mais aussi d'excréments humains et de chair, même de la sienne propre : le vampire pratique en effet l'automastication de sa chair et de ses vêtements ;[5]
  • devient plus puissant avec l'âge, c'est-à-dire qu'il résistera mieux aux lieux saints ou à l'eau bénite par exemple ;
  • a le teint pâle [4] ou une peau d'une blancheur blafarde ;
  • a la faculté de se transformer en animal (animal quelconque[4] ou uniquement loup, chauve-souris selon les auteurs) ou en brume[4]. Les formes qui lui sont prêtées selon les auteurs peuvent être diverses : grenouille, araignée, parfois même légumes et autres objets inanimés. Il convient de noter que, contrairement à l'homme atteint de lycanthropie, qui doit ôter ses vêtements avant de prendre la forme du loup-garou, le vampire ne semble pas avoir besoin de se déshabiller pour se changer en animal ;
  • est très fort, très rapide, a une excellente vision nocturne[4] ;
  • peut être repoussé, blessé par des symboles sacrés (crucifix, eau bénite)[4] ;
  • ne supporte pas la lumière du soleil ;
  • peut lire dans les pensées ;
  • ne se reflète pas dans les miroirs ;
  • ne peut franchir un seuil ou pénétrer dans un bâtiment sans y avoir été invité ;
  • ne peut franchir l'eau courante ;
  • est indisposé par l'odeur de l'ail ;
  • est obligé de compter toutes les graines d'un sac renversé devant lui, et de dénouer tous les nœuds qu'il croise, même si le jour arrive, et ne peut s'en détourner que lorsqu'il a fini de les compter ;[6]
  • a un don pour la séduction dont il se sert pour approcher certaines de ses proies, souvent des femmes.
  • ne doit pas boire le sang et manger la chair d'un humain mort, qui peut leur causer un empoisonnement très grave.

[modifier] Science et vampirisme

Plusieurs causes parfaitement rationnelles peuvent expliquer de nombreux cas de supposé vampirisme.

Parmi les causes invoquées, citons :

  • la rage : la rage a été comparée au vampirisme par les fortes similitudes dans les symptômes et les comportements de ceux qui en sont atteints :
    • la rage développe un comportement agressif notamment par la morsure et déforme le visage, pouvant laisser apparaitre les dents ;
    • la rage donne un teint pâle à qui en est atteint ;
    • la rage peut être véhiculée par des chauves-souris ;
    • les patients rabiques souffrent d'hyperesthésie en fin de vie (sensibilité à la lumière, peur de la lumière du jour) ;
    • les patients rabiques souffrent d'hydrophobie (peur des liquides, donc de l'eau bénite) ;
    • les patients rabiques peuvent souffrir d'hypersensibilité aux odeurs fortes, comme par exemple celle de l'ail ;
    • la rage peut entraîner des insomnies donc une forte activité la nuit ;
    • la rage se propage, entre autres par la morsure ;
    • enfin, une épidémie de rage a sévi en Europe de l’Est au moment des premiers récits de vampires ;
  • la Xeroderma pigmentosum qui est à proprement parler la maladie des vampires ;
  • l'hyperesthésie : les malades craignent les lumières trop dures (celle du soleil), et les fortes odeurs (celle de l'ail) ;
  • l'hydrophobie : les malades avancés ont d'insoutenables sensations de brulure en cas de contact avec l'eau (avec l'eau bénite) ;
  • les insomnies : les malades souffrent d'insomnie (les vampires ne vivent que la nuit) ;
  • la catalepsie ;
  • un enterrement accidentel : voir le cas d’Alexandre Anderson, rapporté par Colin de Plancey [7] ;
  • la porphyrie. C'est un déficit d'une des enzymes intervenant dans la dégradation de l'hémoglobine. C'est une maladie congénitale très rare (un cas sur 200000). Une des porphyries se manifeste généralement par une urine qui vire au rouge après exposition à la lumière, une autre par une hyperpilosité (hypertrichose) et une autre par des malformations dentaires. Cependant, la « maladie du vampirisme », que l'on peut trouver chez certaines personnes en Transylvanie et en Roumanie, ou dont la lignée génétique remonte à des personnes originaires de ces contrées, n'a aucun lien avec la porphyrie ;
  • le lupus erythematosus ;
  • les terres riches en arsenic. Les eaux arsenicales préservent les corps, ce qui peut expliquer certains cas de cadavres préservés. Les cas les plus célèbres de vampirisme sont signalés en terre orthodoxe, où la non-putréfaction est signe diabolique (au contraire du catholicisme qui la considère comme un signe divin) ;
  • la tuberculose : la propagation du vampirisme ressemble beaucoup à celle de la tuberculose.
  • les propriétés de l'ail, qui fluidifie le sang et empêche la coagulation.

(en) Bioarcheological and Biocultural Evidence for the New England Vampire Folk Belief by Paul S. Sledzik and Nicholas Bellantoni (1994) from The American Journal of Physical Anthropology No. 94

[modifier] Les vampires dans les oeuvres de fiction

[modifier] Les vampires dans la littérature

Le thème du vampire a inspiré les poètes et écrivains depuis 1748, Heinrich Augustin von Ossenfelder écrit Der Vampyr.

En 1797, soit un siècle avant Bram Stoker, Goethe, dans la Fiancée de Corinthe, aborde sous forme de métaphore l'état non mort d'une jeune femme se nourrissant de sang.

Le premier texte anglais sur ce thème fut the Vampyre de John Stagg en 1810. Mais le premier personnage qui attira l'attention fut Lord Ruthven, créé par John William Polidori en 1819 dans une longue nouvelle intitulée le Vampire. Avec sa publication, le thème du vampirisme devient alors incontournable et de nombreux auteurs britanniques, allemands, français s'y essaient : Théophile Gautier, Hoffman, Tolstoï, etc.

Le virage suivant est pris par Sheridan Le Fanu avec Carmilla en 1872. Il présente le vampire comme une victime de son propre état et s'oppose du même coup au bien-pensant de la Grande-Bretagne en abordant le lesbianisme du personnage, sachant que l'homosexualité était fortement condamnée.

En 1897, Bram Stoker crée Dracula qui sacre le vampire personnage de fiction à part entière.

Anne Rice contribuera à redonner une seconde jeunesse au mythe des buveurs de sang, avec ses Chroniques des Vampires, où ces créatures ne sont plus des monstres sanguinaires, mais des héros doués d' une sensibilité.

[modifier] Les classiques

Le contexte d'écriture de cette dernière nouvelle est remarquable. Un défi fut lancé par Lord Byron lors d'une journée pluvieuse à, entre autres, John (qui refusa) et Mary Shelley, avec le but d'écrire une nouvelle mettant en scène un mort-vivant. Mary Shelley engendra d'ailleurs Frankenstein. En revanche, Lord Byron, manquant d'inspiration, abandonna ses notes à son secrétaire John William Polidori, qui travailla cette ébauche et eut un succès immédiat en Europe. De fait, la paternité de ce récit fut âprement disputée entre les deux écrivains et fût finalement attribuée à Lord Byron.
Lord Ruthven apparaît comme un dandy : élégant, cultivé mais manipulateur.

[modifier] Les modernes

Dans cette série, Anne Rice donne une interprétation originale des origines des vampires (voir Lestat le vampire), et axe une bonne partie de l'œuvre autour des interrogations métaphysiques et morales qui peuvent tenailler les vampires. Cela donne des personnages à la psychologie fouillée, et qui contrastent fort les uns avec les autres, mais qui, au final, possèdent tous la même motivation : celle, désespérée et amère, de « continuer » et de trouver leur place dans un monde où tout n'est que ténèbres. Leurs réflexions sont bien entendu un miroir à peine déformant pour les interrogations qui peuvent tenailler tout être humain, notamment en regard de l'évolution de la société, des mœurs, de la place de l'art, sans oublier les rapports avec Dieu.

Voici une liste non-exhaustive des personnages de vampires ou ouvrages qui traitent de vampires:

  • Timmy Valentine, trilogie de S.P. Somtow
  • Les Eloims de Storm Constantine dans Enterrer l'ombre, suivi de Exhumer l'Ombre
  • Nothing et consorts dans Les Ames Perdues de Poppy Z. Brite, qui par ailleurs a réuni des nouvelles sur le thème des vampires: Eros Vampire tomes 1 et 2.
  • Sonia Blue de Nancy Collins dans la Volupté du sang : via le personnage féminin de vampire Sonia Blue, ce livre remet en cause l'origine des vampires.
  • Le petit vampire, série éponyme pour enfants d'Angela Sommer-Bodenburg
  • Grand Vampire et Petit Vampire des séries éponymes de Joann Sfar
  • Je suis une légende de Richard Matheson; à noter que le personnage principal n'est pas un vampire, mais une victime des vampires.
  • Fascination, Tentation et Hésitation de Stephenie Meyer
  • L'aube écarlate de Lucius Shepard
  • Salem de Stephen King
  • Un vampire ordinaire de Suzy McKee Charnas dépeint un vampire beaucoup plus animal, prédateur, étranger à la société humaine, tout en ayant un intellect égal sinon supérieur à un être humain. Tout comme Je suis une légende, nous sommes là dans le domaine de la réinvention du mythe, en s’attachant plus à la cohérence interne qu’aux respect des clichés et acquis.
  • Le Bal du rat mort: bande dessinée avec un vampire qui égorge les habitants de la ville d'Ostende avec l'aide des rats.
  • Les Vampires de Manhattan* de M. de La Cruz

[modifier] Les vampires au cinéma

Max Schreck : le comte Orlock dans Nosferatu
Max Schreck : le comte Orlock dans Nosferatu

Après des représentations du Dracula de Bram Stoker au théâtre, le mythe fut porté à l'écran. Le premier film fut Nosferatu le Vampire par Friedrich Murnau en 1922. Ce film lui valut des poursuites judiciaires de la part de la veuve de Stoker qui estimait que le film était une adaptation du livre et que Murnau aurait dû en acheter les droits pour le porter à l'écran.
Vampyr, ou l'Étrange Aventure de David Gray (Vampyr – Der Traum des Allan Grey) est un film danois de Carl Theodor Dreyer sorti en 1932. (Synopsis : David Gray s'installe un soir dans l'auberge du village de Courtempierre. Pendant la nuit, un vieillard lui rend visite et lui confie un grimoire sur le vampirisme et les moyens d'y faire face. Dès cet instant, David doit affronter et déjouer les pièges d'une femme vampire…)

En 1931, Bela Lugosi joue pour la première fois Dracula dans un film de Tod Browning. Il endossera ce rôle quatre fois en tout. Pour l'anecdote, Bela Lugosi fut enterré avec la cape de Dracula. C'était en 1956. Le deuxième acteur le plus représentatif du rôle de Dracula fut Christopher Lee qui apparut en 1958 dans le film de Terence Fisher : le Cauchemar de Dracula. Lee joua ce rôle dans une dizaine de films.

Le cinéma présenta ensuite des œuvres plus ou moins noires ou parodiques sur le thème des vampires : Le Bal des vampires de Polanski en 1967 (parodie) avec Sharon Tate, Les Lèvres rouges en 1971 de Harry Kümel, Les Prédateurs de Tony Scott en 1983 avec Catherine Deneuve et David Bowie, les deux Vampire, vous avez dit Vampire? de Tom Holland en 1985 et de Tommy Lee Wallace en 1988… On peut noter l'excellent remake du Nosferatu de 1922, 'Nosferatu fantom der Nacht' (1978) de Werner Herzog, avec Klaus Kinski, Isabelle Adjani et Bruno Gans, mis en scène avec un romantisme magnifique et un travail de lumière éblouissant.

Un peu en marge, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, le cinéaste français Jean Rollin contribua à érotiser très forcément le mythe dans des réalisations d'un esthétisme très personnel.

En 1987, sortent deux films produits aux États-Unis Aux frontières de l'aube (Near Dark) et Génération perdue (Lost Generation) qui relancent l'intêret pour les films de Vampire. Le premier annoncant le fameux 30 jours de nuits en 2007.

Mais ce n'est qu'en 1992 que le thème des vampires reviendra en force sur les écrans avec Dracula de Francis Ford Coppola. Par la suite, la production de films sur ce thème augmenta et permit autant d'œuvres remarquables que d'œuvres inintéressantes. Sur la corporalité des vampires au cinéma, on consultera l'étude de Thomas Schlesser : « surnature et sous-nature du corps dans le cinéma fantastique, les figures antithétiques du zombi et du vampire » (voir ouvrage Représentations du corps dans bibliographie). Celle-ci montre en quoi le vampire, par opposition à la figure effacée et anonyme du zombie, est « tête d'affiche et affirmation physique », un « support privilégié à la composition de l'acteur » ainsi qu'« au spectacle du fantastique » et le symbole du surgissement violent et dramatique de la mort.

Certains animes japonais exploitent aussi le thème des vampires, le mariant à la culture traditionnelle nippone (le vampire oriental est plus proche du démon que du mort-vivant).

  • Mr Vampire 1 à 4 - Ricky Lau – 1985 à 1988
    Comédie Kung-Fu de Hong-Kong avec Lam Ching Ying
  • Queen of the Damned (La Reine des damnés) – de Michael Rymer avec Stuart Townsend, Aaliyah (2000). Adaptation du roman éponyme d'Anne Rice. Stuart Townsend reprend le rôle de Lestat le vampire, qui, se réveillant à notre époque, va fonder un groupe de rock/métal afin de réveler son identité au monde entier (B.O. et titres composés par Jonathan Davis, chanteur du groupe Korn)
  • Vampire Hunters de Wellson Chin (2002), film de Hong-Kong
  • Blood+ – Junichi Fujisaku – 2005
    Série d'animation japonaise
  • Hellsing – Kotha Hirano – 1998 Fantastique. Manga à la gloire d'Alucard, comte des Carpates devenu loyal à la couronne royale anglaise après sa défaite face à la bande de Bram Stoker. Adapté en série d'animation japonaise en 2001 (Hellsing (série télévisée d'animation)]]) puis en 2006 (Hellsing Ultimate)

[modifier] Les vampires à la télévision

Les vampires les plus connus à la télévision sont issus du monde créé par Joss Whedon dans les séries Buffy contre les vampires et Angel. Ceux-ci affichent une faibles partie des caractéristiques classiques des vampires. Mais, dans les scénarios de cette série, ils représentent essentiellement une métaphore des peurs et des angoisses que les adolescents doivent affronter pour devenir adultes, et que les jeunes adultes doivent surmonter pour mener leur vie. Mais cette série représente aussi l'Amour, le coup de foudre envers une personne qui peut être mi-ange, mi-démon et les limites à fixer dans un couple qui n'est pas très stable.

Dans la série Supernatural, les frères Winchester luttent également contre des vampires. On peut aussi citer les séries Moonlight et Blood Ties. Dans Blade les vampires ne craignent ni les croix ni l'eau bénite, de plus le fait d'être vampire vient d'un virus contenu dans la salive des vampires, leur besoin de sang vient du fait qu'ils n'ont pas ou peu d'hémoglobine. Il est facile d'imaginer plein de dérivés de vampires dans le cinéma, les séries et les mangas.

[modifier] Bandes dessinées

Les vampires ont été plusieurs fois mis à l'honneur dans la bande dessinée. Pour ne citer que les plus connu on retiendra quelques incontournables comme :

[modifier] Jeux vidéo

[modifier] Jeux de rôle

Archétype du monstre à visage humain, le vampire apparaît dans nombre de jeux de plateau (La Fureur de Dracula), de jeux vidéo et de jeux de rôle comme l'archi-ennemi à affronter dans le dernier épisode. Mais également comme personnage à incarner dans les jeux de rôle :

Icône de détail Article détaillé : Vampire dans les jeux de rôle.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Phillipe Retrius, De masticotione mortuorum, 1679
  • Michael Ranft, De masticatione mortuorum in tumulus, 1728
  • Dom Augustin Calmet, Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie, 1751
  • Collin de Plancy, Histoire des vampires et des spectres malfaisans, 1818
  • Roland Villeneuve, Loups-Garous et vampires, éd. J'ai Lu, A235
  • Jean Marigny, Sang pour Sang, Le Réveil des Vampires, Coll « Découvertes » N°161, Gallimard éditeur
  • Les Représentations du corps dans les œuvres fantastiques et de science-fiction, figures et fantasmes, textes réunis par Françoise Dupeyron-Lafay, Michel Houdiard Éditeur, 2006
  • Jean-Paul Bourre, Le culte du vampire aujourd'hui, aux Éditions INRI
  • Fascination, Tentation et Hésitation de Stephenie Meyer. Une histoire d'amour entre un vampire et une humaine.
  • Jean Goens, Loups-garous, vampires et autres monstres, CNRS éditions, Paris, 1993, 144 p. (ISBN 2-271-05085-5)
  • La série Chronique des Vampires de Anne Rice
  • Ioanna Andreesco, Où sont passés les vampires ?, éditions Payot 2004 (ISBN 2-228-89913-0)
  • Pérel Wilgowicz, Le Vampirisme, de la Dame Blanche au Golem, Essai sur la pulsion de mort et sur l'irreprésentable, éd. Césura, Juin 2000, (ISBN 2-905709-83-9)

[modifier] Références

  1. Dom Augustin Calmet, Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie, 1751
  2. Bram Stoker, Dracula, trad. Lucienne Molitor. Bruxelles, ed. Marabout, coll. Babel, 1975, p. 396
  3. Ib. , p 398
  4. abcdef Tradition populaire Cf. Jean Goens, Loups-garous, vampires et autres monstres, 1993
  5. La Mastication des morts : De masticotione mortuorum, Phillipe Retrius, 1679 et De masticatione mortuorum in tumulus, Michael Ranft, 1728, relatant des linceuls retrouvés mâchonnés
  6. Dracula II : Ascension (2003) de Patrick Lussier
  7. (fr) Troisième Partie. Examen du Vampirisme