Tanka

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Le tanka (短歌? lit. poème court) est un poème japonais sans rime, de 31 syllabes sur cinq lignes. Le tanka est une forme de la poésie traditionnelle waka (和歌?) et est plus vieux que le haïku, dont il peut être considéré comme un ancêtre. Il fleurit pendant la période Heian (794-1192). Le tanka classique est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Les tanka (sans s) reste un mot invariable, même au pluriel.

Sommaire

[modifier] Constructions

Le tanka est un poème construit en deux parties, la deuxième venant conforter la première. Un tanka soucieux du respect des règles originelles doit ainsi marquer une légère pause entre les deux et ne traiter que d'un seul sujet à la fois. Il peut questionner mais ne donne aucune réponse. Le tanka est basé sur l'observation, non sur la réflexion. Il doit être un ressenti sincère et vécu non imaginé. La première partie est traditionnellement un tercet de 17 pieds d'une structure 5-7-5 (devenu plus tard haïku) appelé kami-no-ku (上の句), et la deuxième un distique de 14 pieds de structure 7-7 appelé shimo-no-ku (下の句)[1]. Il arrive cependant que la première partie soit le distique et la deuxième le tercet.

La première montre une image naturelle, tandis que la seconde peut éventuellement exprimer des sentiments humains ressentis, liés au sujet précédent, sans que cela soit une règle absolue. Au Japon, la règle interdit également d'utiliser des mots d'origine chinoise [réf. nécessaire]. La pratique du tanka était réservé à la cour impériale, et toute personne de rang inférieur surpris à pratiquer le tanka était condamnée à mort. Cela explique le succès populaire du haïku beaucoup moins strict.

L'apparente simplicité des thèmes observés donnent au tanka toute sa légèreté et son caractère universel.

[modifier] Les renku

Les tanka sont généralement écrits par un même poète, mais il n'est pas rare d'en voir écrits à plusieurs, l'un répondant à (ou relançant) l'autre. On les appelait alors renga ; le terme actuel est renku. Suivant leur nombre de chaînons, les renku prennent des noms différents : Les formes les plus utilisées sont : le juinku (12 versets), le jusanbutsu (13 versets), le shishi (16 versets), le hankasen (18 versets), le kasen (36 versets) et le hyakuhin (100 versets). Pour le kasen, les règles peuvent être encore beaucoup plus strictes du fait de l'obligation de placer des versets à thème (amour, lune d’automne, fleurs...) à des endroits très particuliers.

[modifier] Exemples de tanka

« Plume légère
Là détachée de l’oiseau
Posée sur le vent
À l’encre me rappelle
Que je ne crie point »
Liam

« Les arbres eux-mêmes
Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n'être qu'un enfant unique! »
Ichihara

« Telle une feuille
Qui, là, de l'arbre tombe
Chantant le vide
Que sont les certitudes
À l'orée de l'automne ? »
Liam

« Et ronde lune
Riant du bout des doigts
Secrète le jour
Qui de mes mains s’écoule
Tel un chant de rivière »
Liam

Nota : la rythmique de 5/7 n'est pas respectée dans ces exemples traduits littéralement du japonais.

[modifier] Exemple de tanka occidental

Certains poètes catalans ont pratiqué cette forme poétique, dont voici un exemple traduit :

« L'éclat le plus clair
traverse les cloisons, les meubles,
vieilles chaises de canne
de jonc, de prémonitions,
sans pénétrer le mystère. »
Pere Gomila

[modifier] Maîtres du tanka

[modifier] Recueils de tanka

  • Sarada Kinenbi (Salad Anniversary, 1987) par Machi Tawara. Recueil vendu à plus de huit millions d'exemplaires dans le monde.

[modifier] Notes et références

  1. Cf. (en) Haruo Shirane, « Lyricism and Intertextuality: An Approach to Shunzei's Poetics  », dans Harvard Journal of Asiatic Studies, Vol. 50, no 1 (juin 1990), p. 71-85 ou (en) A Science Application of Hyakunin Isshu