Sumatra

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Sumatra
Pays Indonésie
Archipel Îles de la Sonde
Localisation Océan Indien,
mer d'Andaman,
mer de Java
Superficie 443 065 km²
Côtes 4 869 km
Point culminant Kerinci
3 805 m
Géologie Île volcanique
Population 45 000 000 hab. (2005)
Densité 102 hab./km²

Sumatra est une île indonésienne située sur l'équateur. Son nom vient de Samudra, un royaume musulman du XIIIe siècle dans le nord de l'île (en langue malaise, samudera veut dire "océan").

Avec ses 443 065 km², elle est la sixième plus grande île au monde. Elle compte environ 45 millions d'habitants.

Les principales langues qu'on parle à Sumatra sont les suivantes : aceh, batak, malais, minangkabau. La majorité des habitants sont musulmans, mais Sumatra compte aussi des protestants, catholiques, bouddhistes, hindouistes.

Sur un territoire qui s'étend des marais de la côte est de l'île jusqu'au piémont de la chaîne des Bukit Barisan vivent des populations dispersées en petits groupes qui se désignent elles-mêmes sous le nom d'Orang Darat, c'est-à-dire "peuples de la terre". Chasseurs-cueilleurs semi-nomades, ces populations cultivent le sagou et troquent des produits de la forêt contre du sel et des métaux fournis par leurs voisins paysans sédentaires, Batak, Minangkabau et Malais.

Sommaire

[modifier] Divisions administratives

Une mosquée de la ville de Meulaboh
Une mosquée de la ville de Meulaboh

Sumatra est divisée en 10 provinces :

[modifier] Histoire

[modifier] La préhistoire

Il y a 5 000 ans, des habitants du littoral de la Chine du sud commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taiwan. Vers 2 000 avant J.-C., des migrations ont lieu de Taiwan vers les Philippines. De nouvelles migrations commencent bientôt des Philippines vers Célèbes et Timor et de là, les autres îles de l'archipel indonésien, dont Sumatra. Les Austronésiens sont sans doute les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité.

[modifier] L'entrée dans l'histoire

Des fouilles effectuées dans l'embouchure du fleuve Musi, en aval de Palembang dans le sud de Sumatra, aux alentours de 2000 ont révélé l'existence de deux sites portuaires qui dateraient du Ier siècle après J.-C.

On trouve dans l'épopée indienne du Ramayana, écrite entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C., le nom de Suvarnadvipa, "l'île de l'or", qui désigne probablement Sumatra car l'or était sans doute déjà exploité dans la région de Barus sur la côte ouest de l'île.

Les Jataka (recueil de contes bouddhistes composé entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C.) et la chronique ceylanaise du Mahavamsa (écrite au VIe siècle après J.-C.) parlent d'un pays du nom de Suvarnabhumi, qui signifie "Terre de l'Or" et désigne peut-être Sumatra ou Java.

Ptolémée (vers 90-168 J.-C.), un des précurseurs de la géographie moderne, mentionne dans son traité La géographie une Chersonèse d'Or ou "péninsule de l'or", dont on pense qu'elle désigne la péninsule malaise ou Sumatra.

Les plus anciens documents écrits trouvés à Sumatra sont des inscriptions en vieux-malais. Une inscription datée de 683 après J. C., dite de Kedukan Bukit dans l'île de Bangka à côté de Sumatra, proclame que le souverain de Sriwijaya, à la tête de 20 000 soldats, a embarqué a bord de 1 300 vaisseaux. Des textes arabes et chinois confirment que Sriwijaya est un État puissant qui contrôle le détroit de Malacca, à l'époque déjà une importante voie maritime internationale. La cité-État de Sriwijaya se trouvait à l'emplacement de l'actuelle Palembang. Ses souverains observaient le culte du bouddhisme mahâyâna (Grand Véhicule).

Barus sur la côte nord-ouest de Sumatra est un port connu depuis longtemps comme un lieu d'où provenaient le camphre et le benjoin. La présence d'un évêché chrétien de rite nestorien y est attestée dès le VIIe siècle, celle d'une ligue de marchands tamouls au XIe siècle.

Une expédition menée en 1275 par le roi Kertanegara de Singasari contre le royaume de Malayu, c'est-à-dire Jambi dans l'est de Sumatra, est mentionnée dans le Nagarakertagama, poème épique écrit en 1365 sous le règne du roi Hayam Wuruk (1350-89) de Majapahit dans l'est de l'île de Java. Une statue trouvée dans le centre de Sumatra porte une inscription datée de 1286 qui précise que cette statue est un présent de Kertanegara au "peuple de Malayu et son roi".

En 1282, le roi de Samudra, situé dans l'actuel Aceh, envoie en Chine deux émissaires portant des noms arabes. Dans son voyage de retour de la cour de Kubilai Khan à Venise en 1292, Marco Polo fait escale à Perlak, voisin de Samudra, et note que le souverain de ce port est musulman, ce qui n'est pas le cas de "Basma" et "Samara". On a essayé d'identifier, sans certitude, Samara à Samudra et Basma à Pasai, une autre principauté voisine. Barus et Samudra sont mentionnés dans liste des quelque 100 "contrées tributaires" de Majapahit énumérée dans le Nagarakertagama.

Le voyageur marocain Ibn Battuta fait escale à Samudra à l'aller et au retour de son voyage en Chine en 1345-46. Il note que le souverain est musulman de l'école shafi'ite.

Adityawarman (1356-75), un protégé de Majapahit, introduit le système de gouvernement royal en pays Minangkabau (situé dans l'actuelle Sumatra Ouest).

Selon la tradition, peu avant 1400 Parameswra, un prince de Sriwijaya, fonde le port de Malacca sur la péninsule malaise.

Deux pierres tombales musulmanes à Minye Tujuh en Aceh témoignent de la transition en train de s'opérer dans le pays. Toutes deux rédigées en malais, l'une est écrite dans un alphabet d'origine indienne qualifié de "proto-sumatranais", l'autre en arabe. Elles signalent le décès d'une fille du sultan Malik al Zahir. Les deux inscriptions portent une date en ère Saka et en ère de l'Hégire, mais diffèrent d'une dizaine d'années, l'une mentionnant l'équivalent de 1380 après J.-C. et l'autre, 1389.

Les souverains de Malacca se convertissent bientôt à l'islam. Le grand amiral chinois Zheng He, qui mènera sept expéditions vers l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Est entre 1405 et 1433, musulman, fait plusieurs fois escale à Malacca.

[modifier] L'arrivée des Européens

En 1511, une flotte portugaise, partie de Goa en Inde sous le commandement du vice-roi Afonso de Albuquerque, s'empare de Malacca, qui était devenu le plus grand port d'Asie du Sud-Est, une sorte de précurseur de l'actuelle Singapour. Le Sultan Mahmud se réfugie dans l'île de Bintan, puis fonde une nouvelle capitale à Johor à la pointe sud de la péninsule malaise.

La prospérité de Malacca reposait sur un réseau commercial dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. Malacca périclite rapidement.

Vers 1780, les mines sont épuisées. L'importance grandissante de nouvelles sources de profit comme le café, le sel, les textiles, se traduit par l'essor de la région des hautes terres, notamment le pays d'Agam, qui commerce avec les Anglais basés dans leur comptoir de Penang fondé en 1786, et les Américains.

Cette nouvelle économie permet aux riches marchands d'Agam de faire le pèlerinage de la Mecque. Ces marchands cherchent dans la loi islamique la protection nécessaire à leur commerce, leurs biens, leurs personnes. La conquête de la Mecque en 1803 par les Wahabites puritains inspirent un groupe de pélerins. À leur retour, ces Padri ("gens de Pedir", du nom du port d'Aceh d'où les pélerins embarquaient pour la Mecque) entreprennent d'imposer par la violence une réforme de la société minangkabau. Ils dénoncent le jeu et les combats de coqs, la consommation d'opium et d'alcool, le tabac et le bétel, et enfin les traditions matrilinéaires. En 1815, la famille royale de Tanah Datar, qui résistait au mouvement, est massacrée. La noblesse minangkabau demande l'aide des Hollandais. Ceux-ci attaquent les Padri, dirigé par Imam Bonjol, en 1821. La guerre des Padri ne prendra fin qu'en 1838 avec la capture d'Imam Bonjol.

[modifier] La période coloniale

En 1820, le sultanat d'Aceh à la pointe nord de Sumatra produit plus de la moitié du poivre mondial. Européens et Américains profitent de la concurrence que se livrent les différents princes qui leur vendent ce poivre. Un de ces princes, Tuanku Ibrahim, émerge comme le plus puissant d'entre eux. En 1854, il lance une expédition et soumet les sultanats de Langkat, Deli (l'actuelle Medan) et Serdang, menaçant les Hollandais, qui occupent déjà le reste de Sumatra.

Le traité de Londres de 1824, signé entre les Anglais et les Hollandais, accorde à ces derniers le contrôle des territoires revendiqué par les Européens au sud de Singapour. Sumatra est ainsi séparée de la péninsule malaise, à laquelle elle était liée.

En 1871, les Hollandais signent avec les Anglais le Traité de Sumatra. Les Hollandais cèdent leurs possessions en Afrique de l'Ouest aux Anglais. En échange, ils ont les mains libres pour Aceh. En 1873, le consul américain à Singapour rencontre un émissaire d'Aceh pour discuter d'un traité entre les deux pays. Les Hollandais décident d'attaquer Aceh. Commence une longue guerre. Le sultan Daud Shah se rend en 1903, mais les ulama (oulémas), chefs religieux, poursuivent la résistance. Les Indes néerlandaises ont atteint leur forme définitive en 1908.

[modifier] Occupation japonaise

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le quartier général impérial implanta plusieurs dizaines de camps de prisonniers à Sumatra dont les déplorables conditions de détention ont été décrites dans de nombreux mémoires comme ceux de Helen Coljin et Betty Jeffrey ainsi que dans le film La route du paradis.

[modifier] Aujourd'hui

Le 26 décembre 2004 les côtes Nord-Ouest de l'île de Sumatra furent dévastées par un tsunami d'une dizaine de mètres de haut, provoqué par un tremblement de terre à l'ouest de ses côtes.

[modifier] Faune et Flore

On trouve une très grande variété de plantes à Sumatra, dont le Pin de Sumatra, Rafflesia arnoldii (la fleur la plus grande du monde), l'Arum titan (la plus haute et la plus grande fleur fluorescente du monde), ainsi que des plantes carnivores et plus particulièrement des nepenthes.

L'île abrite 201 espèces de mammifères et 580 espèces d'oiseaux. On peut citer le tigre de sumatra (le plus petit de tous les tigres), l'orang outan, le rhinocéros de Sumatra, le tapir de malaisie.

Le risque majeur pour les forêts de Sumatra est leur exploitation pour l'industrie du papier, et le développement des plantations de palmiers à huile.

L'île abrite plus de 10 parcs nationaux, dont le le parc national de Gunung Leuser, la parc national de Kerinci Seblat et le parc national de Bukit Barisan Selatan.

[modifier] Tourisme

Comme ailleurs en Indonésie, de nombreuses régions de Sumatra se caractérisent par la beauté de leurs paysages, l'agrément de leur climat, l'originalité de leurs cultures.

[modifier] Linguistique

Sur le plan linguistique, on appelle « sumatrien » un groupe de la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes qui comprend :

Ces langues sont donc parlées, d'une part dans la partie occidentale de la province de Sumatra Nord, d'autre part dans la chaîne d'îles qui s'étire au large de la côte ouest de Sumatra.

Les autres langues de Sumatra, tout en étant également des langues malayo-polynésiennes, appartiennent à d'autres groupes, dits :

  • Gayo, langue du sud de la province d'Aceh qui forme un groupe à elle toute seule,
  • Lampungique dans la province de Lampung et
  • Malaïque, qui comprend notamment :

[modifier] Bibliographie

  • Anonyme, Histoire des rois de Pasey (Hikayat Raja Pasai), traduction d'Aristide Marre (1823-1918), Anacharsis, 2004
  • Manguin, Pierre-Yves, A Bibliography for Sriwijayan Studies, EFEO, 1989
  • Schnitger, F. M., Fürer-Haimendorf, C. von, Tichelman, G. L. and Miksic, John N., Forgotten Kingdoms in Sumatra, Oxford in Asia Paperbacks, 1989
  • Ricklefs, M. C., A History of Modern Indonesia since c. 1300 (2de édition), 1993
  • Wolters, O. W., The Fall of Sriwijaya in Malay History, 1970

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externes

[modifier] Articles connexes


  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sumatra ».