Sergueï Korolev

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Sergueï Pavlovitch Korolev
Sergueï Pavlovitch Korolev

Sergueï Pavlovitch Korolev (aussi cité comme Sergueï Koroliov ou dans sa forme anglaise Sergey Korolyov; en russe : Сергей Павлович Королёв, en ukrainien : Сергій Павлович Корольов) (12 janvier 1907 (Calendrier julien : 30 décembre 1906), Jitomir, Ukraine - 14 janvier 1966, Moscou, Russie) était un ingénieur considéré comme le père de l'astronautique soviétique.

Il est considéré comme l'équivalent soviétique de Wernher von Braun.

Sommaire

[modifier] Son enfance

Korolev est né à Jytomyr, un petit centre provincial dans le centre de l'Ukraine, alors partie de la Russie impériale. Ses parents sont Maria Mykolayivna Moskalenko (Ukrainienne) et Pavel Yakovlevich Korolev (Russe) : il s'agit d'un mariage arrangé et leur union n'est pas très heureuse. Trois ans après sa naissance, ses parents se séparent en raison de difficultés financières. Sa mère lui annonce le décès de son père alors que celui-ci est survenu seulement en 1929 (il n'a jamais revu son père après le divorce de ses parents).

Korolev grandit à Nizhyn (Nezhin), sous la garde de ses grands-parents. Sa mère voulant qu'il ait une formation supérieure, il suit des cours à Kiev. C'est un enfant solitaire avec peu d'amis, mais il est bon élève, notamment en mathématiques. En 1916, sa mère épouse Grigory Mikhaïlovitch Balanin, un ingénieur électricien, qui a une bonne influence sur l'enfant. Grigory ayant obtenu un emploi aux chemins de fer régionaux, la famille déménage à Odessa en 1917.

L'année 1918 est tumultueuse en Russie, avec la fin de la guerre mondiale et la Révolution russe. Les luttes intestines continuent jusqu'en 1920. Pendant cette période, les locaux des écoles restent fermés et le jeune Korolev doit poursuivre ses études à la maison.

Korolev termine les études à l'Université Technique d'État de Moscou en 1929.

[modifier] Début de carrière

Après avoir été diplômé, Korolev commence à travailler au bureau de la conception d'un aéronef désigné OPO-4, ou 4ème section expérimentale. Il est dirigé par un Français nommé Paul Richard dans ce projet qui comprend un certain nombre des meilleurs créateurs russes. Il ne se distingue pas particulièrement dans le groupe, mais s'emploie dans plusieurs projets personnels. L'un d'eux est la mise au point d'un planeur capable d'accomplir de la voltige. En 1930, il devient le principal ingénieur sur le Tupolev TB-3, un bombardier lourd.

C'est au cours de 1930 que Korolov s'intéresse à des possibilités d'alimentation liquide pour les fusées. Mais son intérêt est surtout dans les avions, dans lesquels il voit un débouché pour ce type de moteurs. En 1931, en collaboration avec Friedrich Zander, un amateur de voyages dans l'espace, il participe à la création du Jet Propulsion Research Group (GIRD), l'un des premiers centres parrainés par l'Etat pour le développement de roquettes en URSS. En mai 1932, Korolev est nommé chef du groupe.

Durant les années qui suivent, la GIRD groupe développe trois différents systèmes de propulsion, à chaque fois plus performants que les précédents. En 1932, les militaires s'intéressent aux efforts déployés par le groupe et commencent à fournir des fonds. En 1933, le groupe réalise son premier tir d'une fusée à propulsion liquide, appelée GIRD-09, soit sept ans après Robert Goddard et son lancement peu médiatisé en 1926. En 1934, Korolev publie l'ouvrage Une fusée dans la stratosphère.

L’intérêt militaire augmente dans cette nouvelle technologie, d’où la décision du gouvernement en 1933 de fusionner le GRID avec le GDL (Gas Dynamics Laboratory). Cette fusion crée le Jet Propulsion Research Institute (RNII), dirigé par l'ingénieur militaire Ivan Kleimenov. Cependant, il reste un nombre de personnes intéressées par les voyages dans l’espace, comme Valentin Glouchko. Korolev devenu le chef adjoint de l'institut, il dirige la mise au point de missiles de croisière et de vols de fusées-planeur motorisées.

Le RNII poursuit ses travaux sur le développement de fusées, avec un accent particulier sur la zone de stabilité et de contrôle. Il met ainsi au point des systèmes automatisés de gyroscopes permettant de stabiliser le vol le long d'une trajectoire programmée. Korolev est un leader charismatique qui sert d'abord comme ingénieur chef de projet.

[modifier] Descente aux enfers

En 1938, alors ingénieur en aéronautique, il est arrêté pendant la Grande Terreur menée par Staline. Dénoncé par son ami Valentin Glouchko, lui-même torturé pour de faux crimes et qui dénonce Korolev au hasard, il est jugé pour activité anti-soviétique. Condamné à dix ans de travaux forcés à l'issue du procès, il est déporté dans un camp du Goulag. Pendant cette période, il sera torturé et aura la mâchoire fracassée pendant un interrogatoire, ce qui lui fera perdre toutes ses dents.

Il ne devra sa survie qu'à Andreï Tupolev qui demandera et obtiendra en 1940 son transfert dans une équipe d'ingénierie d'avions de combat. Cette équipe travaillera cependant derrière les barreaux et participera au développement du célèbre lance-roquettes en rafale Katioucha. Il restera prisonnier jusqu'en 1944.

[modifier] Les missiles

Durant la Seconde Guerre Mondiale, Wernher von Braun développe le V2, premier missile balistique au monde au potentiel énorme, devant lequel jubilent les États-Unis et l'URSS. À la fin de la guerre, la « course » pour la capture de Wernher von Braun est lancée, mais celui ci décide finalement de se rendre aux Américains.

Après cet échec, l'URSS s'empresse de contacter ses meilleurs ingénieurs, y compris Glouchko. Il recommandera personnellement Korolev, qui sera finalement relâché en 1944 afin de percer les secrets du V2.

[modifier] La conquête spatiale

Pour des raisons politiques, Korolev demeure dans l'ombre de la conquête spatiale russe. Son nom n'apparaît dans aucun communiqué officiel, alors qu'il est le maître d'œuvre du programme spatial de l'Union Soviétique, lancé à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Korolev a une rêve: celui de lancer le premier un objet dans l'espace, un satellite autour de la Terre. Homme intelligent, il accepte (ou plutôt obéit) la volonté du parti et se lance dans la conception d'un missile balistique intercontinental d'un portée de 8000km, capable de toucher tous les points du globe (de part l'immensité du territoire russe) et notamment les Etats-Unis. Il invente et met au point la Semiorka (la fusée R-7), sur la base d'un missile balistique. Il doit néanmoins convaincre les membres du parti ainsi que les militaires, mais les deux restent sceptiques. Korolev tente cependant régulièrement de convaincre le parti de lancer un satellite dans l'espace. La volonté de Serguei est strictement scientifique: il s'appuiera donc sur des arguments d'une portée militaire et politique afin d'obtenir un tir. Après de nombreux échecs dus successivement à des fuites de carburant, à des allumages tardifs ou prématurés d'un moteur, à un mauvais calcul de trajectoire ou aux vibrations de la fusée lors de son ascension, Korolev réussit un tir. Il en informe ses hauts supérieurs, et obtient auprès des dirigeants (politiques et militaires) du programme spatial soviétique d'effectuer un tir, s'il y a confirmation de la fiabilité de la R7, afin de mettre en orbite un satellite. L'ancien bagnard, torturé, battu, qui a failli mourir au Goulag, s'apprête à propulser l'URSS au premier rang de puissance spatiale, face à l'ancien ingénieur nazi, Von Braun, criminel mais néanmmoins génial inventeur de la fusée V2 (c'est la V2 qui fonda les bases des premières fusées fonctionnelles). En effet, l'ingénieur en fuséologie, après avoir renié son passé et avoir été toléré dans l'armée américaine, est en course avec Korolev, dont il suit les progrès grâce à l'espionnage et aux vols indécelables des U2. Il est cependant retardé par ses détracteurs lui reprochant son passé honteux et impardonnable, et ne bénificie pas des crédits nécessaires, même si l'USAF et la Navy vantent l'importance d'atteindre l'espace avant l'URSS. L'objet D ("spoutnik") trop lourd voit sa masse réduite et son équipement scientifique en souffre. Le 4 octobre 1957, une fusée R7 lance le premier satellite artificiel dans l'espace, Spoutnik-1 (spoutnik signifie « compagnon de route » en russe), qui après débat, a pris la forme d'un sphère selon le voeux de Korolev. Le 3 novembre 1957, il envoie le premier animal terrestre dans l'espace, une chienne nommée Laïka. Elle y reste 6 heures, mais décède d'hyperthermie, le système de régulation de température de sa capsule étant hors service.

C'est également lui qui permet à Youri Gagarine de devenir le premier homme dans l'espace le 12 avril 1961 via le programme Vostok.

Plus tard, il participe au programme Soyouz.

Il se charge aussi de la tentative de conquête de la Lune. Il dessine pour cela les plans de la fusée N1 qui n'a connu que des échecs. Les dernières fusées de ce type seront d'ailleurs transformées en hangar.

Timbre soviétique de 10 kopeks à la mémoire de Sergueï Korolev, 1969.
Timbre soviétique de 10 kopeks à la mémoire de Sergueï Korolev, 1969.

Affaibli par la pression exercée par le Politburo et sa charge de travail, il subira une chirurgie exploratrice qui révélera une tumeur. Son cœur, affaibli par les six années passées au Goulag, ne résistera pas à l'anesthésie ; il meurt d'un arrêt cardiaque le 14 janvier 1966. Ses cendres sont encastrées dans le mur du Kremlin.

Après son décès, son adjoint Vassily Michine prendra sa succession en tant que constructeur général.

[modifier] Hommage

Le président Vladimir Poutine lui rend finalement hommage le 12 janvier 2007, à la veille du centième anniversaire de sa naissance.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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