Roman d'espionnage

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Le roman d'espionnage est un genre littéraire, né au début du XXe siècle, rassemblant des romans ayant pour thème principal les activités d'espionnage. Il est communément assimilé à un sous-genre du roman policier, à tort selon certains spécialistes qui le rattachent à la « fiction militaire », voire à la « fiction politique ».

La genèse de ce genre est communément rattachée à des auteurs britanniques. Ce sont encore ces écrivains qui influenceront l'évolution du genre, faisant persister « l'hégémonie britannique sur le roman d'espionnage » jusqu'à nos jours.[1]

Sommaire

[modifier] Définition

Si le roman policier a été abondamment étudié, rares sont les études concernant l'univers de l'espionnage dans la littérature. Des textes anciens abordent les domaines proches des concepts modernes du renseignement et des opérations spéciales, dont la tradition historique présente généralement l'origine dans l'Antiquité. Ces activités d'espionnage sont évoquées par exemple dans l'Ancien Testament, L'Iliade de Homère[2], l'Énéide de Virgile, les ouvrages de stratégie militaire occidentaux et de nombreux textes chinois dont l'Art de la guerre ou des fresques historiques présentant des personnages d'espion (San Kouo de Lo Kouan-choung au XIVe siècle). Dans ces derniers ouvrages transparaissent la mise en valeur de la « guerre secrète » dans la culture chinoise. À l'opposé, la culture européenne médiévale et moderne, nourrie peut-être d'idéaux chevaleresques, semble traditionnellement craindre ou avoir honte des activités d'espionnage.

Au sens moderne du terme, le roman d'espionnage est un roman ayant pour cadre principal le « monde du secret » : celui des services de renseignement modernes, des opérations militaires spéciales, des opérations clandestines des États, des espions professionnels... Ces romans ont généralement pour trame historique le cadre géopolitique contemporain (actuel).

Une distinction importante est faite entre les romans réalistes (souvent écrits par d'anciens professionnels du renseignement) et les romans dits « fantastiques » (ou fantaisistes), dans lesquels les principes et les méthodes décrits ne correspondent pas aux véritables détails du monde du renseignement. À l'exemple de la série James Bond, ces derniers romans s'inscrivent dans un univers commun de l'espionnage véhiculant de nombreux clichés.

Selon Gabriel Veraldi, le roman d'espionnage est l'objet d'autres clichés :

D'abord, la confusion avec le roman policier, car « des ressemblances superficielles font que l'on associe constamment et machinalement ces deux genres»[3]. De même, Julian Symons souligne la confusion entre la fiction criminelle et la fiction militaire, en expliquant que « les histoires de détectives et de criminels appartiennent à une différente lignée que les histoires d'espions et les thrillers »[4].

Ensuite, l'assimilation générale du roman d'espionnage à des productions populaires et commerciales, sans aucune valeur littéraire. Gabriel Veraldi souligne particulièrement la persistance de ce préjugé dans la culture française, à l'opposé de la culture anglo-saxonne : peut-être en raison d'une différence culturelle dans le jugement des activités d'espionnage, mais aussi certainement d'un contexte différent entre les mondes de l'édition anglo-saxonne et française.

[modifier] Les romans précurseurs

Certaines romans du XIXe siècle peuvent être considérés comme précurseurs du roman d'espionnage. Bien que le domaine de l'espionnage ne soit pas le thème principal de ces romans, l'archétype de l'espion et les activités militaires secrètes y prennent une place importante et non anecdotique.

[modifier] En anglais

[modifier] En français

[modifier] Le roman d'espionnage moderne

[modifier] Romans britanniques

John Buchan, dit Lord Tweedsmuir (1875-1940)
John Buchan, dit Lord Tweedsmuir (1875-1940)

[modifier] Genèse du roman d'espionnage moderne

  • William Le Queux, journaliste anglais d'origine française et membre des services secrets britanniques est un romancier immensément populaire à son époque. Auteur de fictions de guerre, il est aussi considéré comme l'auteur de premiers romans d'espionnage (selon le modèle moderne), avec des œuvres romanesques, transcrivant pourtant une expérience réelle des affaires secrètes.
    • England's Peril (1899)
    • Secret of the Foreign Office (1903)
    • The Hunchback of Westminster (1904)
    • The Czar's Spy (1905)
  • Edward Phillips Oppenheim, The Mystérious Mr. Sabin en 1898 débute une série de romans d'espionnage populaires, « longue série d'histoires évoquant le monde obscur et mystérieux de la diplomatie »[6] selon ses propres termes.
  • Erskine Childers, officier de la Navy et héros de l'IRA patriotique : The Riddle of the Sands (1903)
  • John Buchan : Les Trente-Neuf Marches, d'où Hitchcock a tiré le sujet de son film éponyme.

[modifier] Les grands auteurs

Le réalisme :

  • Len Deighton, The Ipcress File (1962)
  • John le Carré, auteur de très nombreux romans d'espionnage, dont les plus connus sont L'espion qui venait du froid (1963), Les gens de Smiley (1980), La Taupe, La maison Russie. Son personnage récurrent, George Smiley, est souvent considéré comme l'archétype de l'anti-James Bond.

[modifier] Romans français

[modifier] Les premiers romans d'espionnage français

  • L'Espion X 323, l'homme sans visage, de Paul d'Ivoi, 1909.

A partir de 1910, des quotidiens nationalistes lancent des campagnes violentes de presse contre la présence d'allemands en France. Dans ce contexte politique, les romans populaires patriotiques ayant pour thème l'espionnage vont se multiplier, sur fond de germanophobie ou d'anglophobie, ; le « roman revanchard » selon Marc Angenot, cultivant un « fantasme belliqueux collectif ». Selon G. Veraldi, cette littérature populaire d'avant la Première Guerre mondiale répondait également à la propagande anti-française ; celle du roman d'espionnage anglais ou des publications populaires, philosophiques et scientifiques allemandes.

Maurice Leblanc (1864-1941)
Maurice Leblanc (1864-1941)

Par exemple les romans oubliés, L'Espionne du Bourget, 1909 de Paul Bertnay ou L'Espionne des Balkans (1913) de L. Solard. De même les aventures de héros de romans populaires célèbres vont se transformer parfois en aventures d'espionnage, avant et pendant la guerre. Ainsi le personnage Arsène Lupin (de Maurice Leblanc) combat une espionne dans L'Eclat d'obus. L'intrépide personnage Rouletabille (de Gaston Leroux) espionne puis sabote les infrastructures militaires ennemies (Rouletabille chez Krupp)

[modifier] Les œuvres majeures

  • Vladimir Volkoff a écrit plusieurs livres se déroulant dans les milieux des services secrets, les décrivant avec beaucoup de détails et réalisme, dont Le retournement (1979) et Le montage (1982), qui révèlent par exemple, les mécanismes secrets de la désinformation. Il est également l'auteur d'une série de romans d'espionnage pour la jeunesse : Langelot (1965 à 1986).

[modifier] Les romans commerciaux

Une grande partie des ventes actuelles semblent correspondre à des productions purement commerciales de quelques séries à succès dans des collections spécialisées « espionnage » (Série noire, Fleuve noir...). Des romans populaires, rédigés parfois à la volée, sous forme de séries (contenu standardisé), poussant au maximum les scènes érotiques (ou pornographiques), l'action et la violence (voire le sadisme ou le morbide) et l'exotisme du dépaysement (voire le racisme). À l'identique du clin d'oeil de San-Antonio : « Péripéties, ça oui. Sacré ! La base du métier. Coups tout azimut. Coups : de feu, de bite, de théâtre, du sort, et blessures, de poing, fourrés, pour coups... L'action, si j'ose dire (et j'ose tout), c'est une obligation. »[7].

De nombreux auteurs à succès avouent eux-mêmes opter pour les « styles » d'écriture les plus commerciaux[8]. Le monde de l'espionnage de ces romans consiste « en un mélange assez disparate d'informations, de légendes et de conventions romanesques, provenant de sources diversers : témoignages et romans de professionnels, inventions d'écrivains et de cinéastes considérés comme « réalistes », interprétations de la presse, campagnes de propagande et éventuellement d'observations personnelles sur les théâtres de guerre subversive »[9].

Exemples :

[modifier] Romans américains

En terme de ventes, les romans d'espionnage américains supplantent largement ceux des autres pays. À la profusion des auteurs s'ajoute tout un système favorisant une perfection technique de ces œuvres : cours de roman dans les universités, importance des ventes permettant aux auteurs à succès de vivre confortablement, etc. Néanmoins, par l'aspect littéraire, aucun d'entre ces romans n'a pourtant fait évoluer le genre, selon Gabriel Veraldi. Tous imitent les principes créés par les grands auteurs britanniques et aucun nom d'écrivain américain ne semble émerger de façon durable.

Quelques exemples :

  • James Grady, Six jours du Condor, 1974) : les aventures d'un expert en littérature travaillant pour la CIA. Adapté au cinéma avec Les Trois Jours du condor
  • Charles McCarry, The Dossier Miernik (1974)
  • Robert Littell : La compagnie - Le grand roman de la CIA, Ombres rouges, Les Enfants d'Abraham, Le Fil rouge, Le Sphinx de Sibérie...
  • Tom Clancy, auteur de nombreux romans et séries adaptés au cinéma

Il faut également mentionner l'usage encore actuel aux États-Unis du roman d'espionnage à des fins de propagande : critique de la politique d'états étrangers ou de la politique américaine (théorie du complot, scandales politiques), critique des services de renseignement (opérations de la CIA). Ce type de roman est assimilable au champ plus vaste de la « fiction politique » et à un moyen de communication de masse.

Voir aussi la catégorie Série télévisée d'espionnage

[modifier] Notes et références

  1. « Ce qui, par contre, surprend beaucoup, c'est que l'hégémonie britannique sur le roman d'espionnage ait persisté jusqu'à nos jours. La situation actuelle se présente en effet ainsi. », G. Veraldi, p.32
  2. La mission d'infiltration chez les Troyens et l'interrogatoire d'un prisonnier, par Ulysse et Diomède dans le livre X
  3. Gabriel Veraldi, p.20
  4. cité par G. Veraldi, p.20
  5. ou bien The Spy : a Tale of the Neutral Ground, Refering to some Particular Occurrences during the American War
  6. Cité par Veraldi
  7. San-Antonio, Si ma tante en avait
  8. Par exemple, San-Antonio. Paul Kenny : « Un ami qui publiait chez Julliard m'avait conseillé : tu as besoin de fric, tu n'as qu'à écrire une connerie et la porter au Fleuve noir. » (Lui, janv. 1967) ou Claude Rank : « Si j'écris des romans d'espionnage, c'est parce que mon éditeur me l'a demandé. Auparavant, je faisais dans le policier. » (idem) — cités par G. Veraldi
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[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes