Radio en France

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Malgré quelques tentatives dès la fin du XIXe siècle, la radio ne s'est développée en France que pendant l'entre-deux-guerres. Après des années sombres entre 1940 et 1944, la radio devient un monopole d'État. Elle serait "libérée" en 1981, sous l'influence de François Mitterrand.

Sommaire

[modifier] Histoire de la Radio en France

[modifier] Les premières émissions

Le 5 novembre 1898, Eugène Ducretet fit une démonstration publique de transmission par « télégraphie sans fil » entre la Tour Eiffel et le Panthéon. Suite aux travaux de l'Américain Lee De Forest (1906), on passe de la « télégraphie sans fil » à la « téléphonie sans fil ».

À cette époque, l'usage de la radio se limite aux usages militaires et maritimes. Dès 1905, la Marine nationale utilise la TSF. On installe de nombreux émetteurs, tant en métropole que dans les colonies. En 1906, l'armée de terre place ses émetteurs sur la tour Eiffel. Les PTT utilisent également la TSF pour des liaisons. Les événements de la Grande Guerre conduisent à encadrer strictement l'usage de la radio, à partir du 28 septembre 1914.

[modifier] La radio d'une guerre à l'autre

La paix retrouvée, deux choix s'offrent aux pouvoirs publics : établir un monopole au profit de l'État (cas de la majorité des pays), ou bien laisser se développer des radios privées. On décida de créer des radios d'État tout en laissant se développer les radios privées. C'est le début de l'épopée radiophonique en France. La première émission de radio en France destinée au public eu lieu le 24 décembre 1921 par Radio Tour Eiffel. En 1922, la Société française radioélectrique (SFR) obtint une autorisation d'émettre et créa ainsi la première radio privée Radiola.

En 1939, on trouvait comme principales radios d'Etat à Paris:

À Paris, il existe aussi des radios privées : Poste Parisien, Radio Cité (à l'origine Radio LL), Poste de l’Ile de France (à l'origine Radio Vitus) ou Radio 37. (Voir également l'article détaillé : Radio à Paris)

Les Postes d'émissions se multiplient aussi en province, soit d'initiative soit publique (PTT), soit privée (généralement la SFR) : Radio Lyon (1924) et PTT Lyon-la-Doua (1925) à Lyon, PTT Marseille-Provence (1925) à Marseille, Radio Sud-Ouest (1924) et Radio Bordeaux-Lafayette (1926) à Bordeaux, Radio Toulouse (1925) et PTT Toulouse-Pyrénées (1925) à Toulouse, Rennes-Bretagne (1927) à Rennes, Radio Grenoble (1926) à Grenoble, Radio Alger (1926) à Alger, Lille PTT (1927) à Lille, Radio Juan-les-Pins (1927) à Cannes, Limoges PTT (1927) à Limoges, Radio Agen (1924) à Agen, Radio Montpellier (1925) et Montpellier-Languedoc (1929) à Montpellier, Radio Béziers (1926) à Béziers, Radio Strasbourg (1930) à Strasbourg, Radio Nîmes (1927) à Nîmes, Radio Normandie (1929) à Fécamp, Nice-Côte d'Azur (1931) à Nice, etc.

À l'étranger, Radio Luxembourg émet à partir de 1933. Elle développe ainsi le phénomène des radios périphériques.

L'invasion allemande de juin 1940 met fin à cette période de développement.

[modifier] La radio pendant la Seconde Guerre mondiale

De nombreuses radios cessèrent d'émettre au fur et à mesure de l'invasion allemande. Les radios qui subsistèrent furent fortement contrôlées. La principale de ces radios collaborationnistes fut Radio Paris. Philippe Henriot fut un des piliers de la collaboration culturelle et de la propagande vichyste. Il fut assassiné par les résistants le 28 juin 1944. La France libre n'était pas en reste avec les émissions de Radio Londres. Les Allemands créèrent RMC en 1943. Durant la Seconde Guerre mondiale le régime de Philippe Pétain subventionne les radios privées[1]:

Subvention mensuelle de Vichy aux radios privées
Station Francs(1941) Euros(2002)
Radio-Toulouse 505 000 139 400
Radio-Lyon 205 000 56 600
Radio-Méditerranée 205 000 56 600
Radio-Nîmes 45 000 12 400
Radio-Agen 45 000 12 400
Radio-Montpellier 45 000 12 400

[modifier] La nationalisation des radios

L'ordonnance du 23 mars 1945 établit le monopole d'État sur les stations de radio. Cependant, les années de guerre ont anéanti une grande part du réseau de transmission français. C'est sur un poste émetteur laissé par l'armée américaine que se crée la première radio publique de l'après-guerre. C'est «Paris Inter». Elle commence a émettre sur la région parisienne le 16 février 1947. Elle sera baptisée plus tard France 1 puis RTF Inter.

L'année charnière pour la radio est 1963. L'ORTF s'installe à la maison de Radio France, quai Kennedy à Paris. On opère aussi une réorganisation des réseaux. La grande station nationale généraliste «RTF Inter» devient France Inter. À côté, la RTF crée deux stations thématiques : France-Culture et France-Musique. Deux autres suivront : Suivront France Inter Paris (1971, devenue FIP) et RFI (1975) (reprise de l'ancienne Paris Mondial). Ces stations existent toujours. Seule RFI a quitté le giron de Radio France.

En 1974 l'ORTF est démantelée et le secteur radio échoue à l'entreprise publique Radio France.

Deux phénomènes se développent en réaction à ce monopole : les radios périphériques et les radios pirates.

[modifier] Des radios pirates aux radios libres

Les radios périphériques plaçaient leurs émetteurs hors du sol français, mais le plus proche possible des frontières afin de pouvoir être reçues en France. Les principales furent Radio Luxembourg (futur-RTL) qui émettait depuis le Luxembourg, RMC à Monaco, Europe 1 en Sarre et Radio Andorre et Sud Radio qui émettaient depuis l'Andorre.

Mais de nombreuses autres radios se sont développées illégalement sur le sol Français. On les appelait les radios pirates. Le phénomène se développa surtout à partir de la fin des années 1970. Il faut citer : Radio Campus à Lille, Radio cœur d'acier à Longwy et sur tout le bassin sidérurgique lorrain, Radio Ivre à Paris, Radio Verte à Béziers, Radio Active à Lyon, L'Eko des Garrigues et Radio Fil Bleu à Montpellier.

Consciente du phénomène, en 1980, Radio France lance cinq nouvelles stations : Radio 7 et Radio Bleue, ciblant pour l'une les jeunes et pour l'autre la "troisième jeunesse", ainsi que trois stations régionales : Fréquence Nord, Radio France Mayenne et Radio France Melun.

Malgré les efforts de Radio France, le monopole prend fin le 10 mai 1981. C'était une des promesses de François Mitterrand pour l'élection présidentielle. Les radios pirates deviennent des radios libres.

[modifier] Jusqu'à nos jours

À partir de 1981, les radios ne sont plus illégales. Cependant, en raison des particularités propre à la communication par ondes radio, notamment l'attribution de fréquence, il apparaît très vite nécessaire de mettre en place une autorité qui puisse répartir les fréquences, de manière indépendante autant que faire se peut. La loi du 29 juillet 1982 crée la Haute Autorité de la communication audiovisuelle qui est chargée d'attribuer les fréquences et des garantir l'indépendance des radios qui reste dans le secteur public (celles de Radio France). La Haute autorité sera remplacée en 1986 par la Commission nationale de la communication et des libertés, puis par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en 1989.

Afin que les autorisations d'émettre ne soient pas distribuées arbitrairement et pour garantir l'éclectisme de l'offre radio, des conditions ont été posées et chaque demande d'autorisation doit être accompagnée qu'un cahier des charges qui décrit le type de programmes qui seront émis.

Le paysage français de la radio privée va se former progressivement. Les anciennes radios périphériques sont conservées, sauf Radio Andorre qui périclite. De nombreuses radios sont créées, souvent par des anciens des radios pirates. Dès 1981 naissent : NRJ (la Nouvelle Radio des Jeunes), Radio Nova, Radio Contact devenue Nostalgie, RFM ou encore Cité Future devenue Skyrock, ainsi que de très nombreuses radios locales.

Dans les années 1980, les radios ont très généralement un statut associatif. Elles peinent assez souvent à trouver des crédits et vivent de subventions publiques ou privées. Ce n'est qu'en 1984 que la publicité sera officiellement autorisée à la radio. De 1981 à 1984, TDF brouillera (sur ordre du pouvoir) des radios de droit privé faisant de la publicité et dont les émetteurs étaient en Italie; citons Radio Midi, Radio K ou encore Radio Vingt Mille (basée à Vintimille, en Italie).

L'offre radiophonique publique évolue elle aussi : France Info est créée le 1er juin 1987. De nombreuses radios locales sont aussi créées par Radio France, elles seront unifiées en 2000 dans le réseau France Bleu. En 1997, Le Mouv' est créé, elle vise le public jeune.

Au fur et à mesure, les différentes radios vont êtres réunies au sein de quelques grands groupes comme RTL Group, NRJ Group, NextRadioTV ou encore Lagardère Active. Certains voient dans ces conglomérats une diminution de la liberté des radios.

En 1991, le CSA décida d'attribuer une fréquence unique aux radios d'autoroutes. On leur réserva 107,7 MHZ en isofréquence, à la limite de la bande FM. Aujourd'hui cinq stations se partagent le territoire, chacune affiliée à une société concessionnaire d'autoroute.

[modifier] Quelques dates de l'histoire de la radio

[modifier] Radio et actualités

  • Le 6 janvier 1923, le premier journal parlé est émis sur Radiola initié par Maurice Vinot.
  • Le 6 octobre 1923, le premier reportage en direct a lieu toujours sur Radiola depuis la Salle Wagram, c'est un match de boxe.
  • Avril-mai 1936. Première campagne électorale radiodiffusée.

[modifier] Radio et sport

  • Le 6 mai 1923, premier reportage en quasi-direct du match de boxe Carpentier-Nilles, sur Radiola.
  • Juillet 1929. Première retransmission en direct du Tour de France.
  • Eté 1936. Retransmission radiophonique en direct des Jeux Olympiques de Berlin.

[modifier] Radio et culture

  • Janvier 1927. Premier sermons religieux radiodiffusés (Radio Paris)
  • Octobre 1927. Radio Toulouse parvient à relier une platine disque (alors appelé pick-up) à un micro. Cette innovation permet la radiodiffusion de disques avec une bonne qualité sonore. Jusque-là, on devait en effet se contenter de placer un micro devant un haut-parleur, occasionnant une perte de qualité du son. On préférait alors faire jouer en direct des orchestres.
  • Mai 1936. Naissance du "crochet radiophonique" sur Radio Cité.
  • En 1937, le Poste Parisien lance l'émission «Les Incollables» qui sera ensuite déclinée sur RTL sous le titre des «Grosses têtes».


[modifier] Catégorie de radios privées en France

Il existe en France cinq catégories de radios privées définies par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.

  • catégorie A : entrent dans cette catégorie les radios associatives de proximité ou communautaires; radios qui sont éligibles au Fonds de soutien à l'expression radiophonique.
  • catégorie B : il s'agit de radios locales ou régionales commerciales qui ne sont pas affiliées à un réseau national.
  • catégorie C : font partie de cette catégorie les stations locales ou régionales qui sont affiliées ou abonnées à un réseau national.
  • catégorie D : il s'agit de radios diffusant le programme d'un réseau thématique national sans décrochage régional.
  • catégorie E : trois radios entrent dans cette catégorie. Il s'agit des trois radios généralistes nationales (Europe 1, RTL et RMC Info) qui étaient appelées radios périphériques avant 1982 puisqu'elle émettaient alors en grandes ondes depuis l'étranger (Europe 1 depuis Felsberg en Sarre, RTL depuis Junglister au Grand-Duché de Luxembourg. RMC, bien que de droit monégasque, possède son émetteur en territoire français).
  • Les radios du service public (Radio france) ne rentrent pas dans ces catégories.

Plus de mille opérateurs se partagent les fréquences FM réservées au secteur privé. Les autorisations d'émettre sont délivrées par le CSA pour une durée de cinq ans renouvelable deux fois. Les stations concluent avec le CSA une convention qui fixe leurs obligations, notamment en matière de contenu du programme, de publicité et de proportion de chansons françaises.

[modifier] Les stations de radio françaises

Voir l'article : Stations de radio françaises

[modifier] Liens internes

Catégories :

[modifier] Notes

  1. Dans Fabrice d’Almeida, Christian Delporte, Histoire des médias en France, de la Grande Guerre à nos jours, Paris, Flammarion, Collection Champs-Université, 2003, p. 108.

[modifier] Liens externes

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