Révolution cubaine

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La révolution cubaine se réfère au renversement à Cuba du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet ainsi qu'à la mise en place d'un régime pro-soviétique.

Carte de Cuba
Carte de Cuba

Sommaire

[modifier] Avant décembre 1956

Il est généralement admis que le point de départ de la révolution cubaine est le 26 juillet 1953, lorsqu'une centaine de guerilleros, mal armés, ont attaqué la Caserne de Moncada. Bon nombre d'entre eux furent tués mais certains comme Fidel Castro et son frère Raúl Castro furent capturés peu de temps après. Fidel Castro fait de son procès une tribune politique et parlera pendant près de quatre heures pour assurer sa défense. Il finira par ces mots : « peu importe que je sois condamné, l'Histoire m'affranchira ». Il est condamné à 15 ans de prison sur l'Île de la Jeunesse. Son frère est également condamné à 13 ans de prison.

En 1955, en raison de la pression de personnalités civiles, de l'opposition générale, et des jésuites qui avaient participé à l'instruction de Fidel Castro, Batista décide de libérer tous les prisonniers politiques, y compris les attaquants de Moncada. Les frères Castro partent en exil au Mexique, où se retrouvent tous les cubains décidés à renverser la dictature de Batista par la révolution cubaine. Pendant cette période, Castro a également rencontré Ernesto « Che » Guevara, qui a joint leurs forces. Ils sont entraînés par Alberto Bayo, un ancien chef militaire des républicains espagnols exilé au Mexique à la fin de la guerre civile espagnole.

Le groupe se forme à la guérilla sous la conduite de Fidel Castro et revient à Cuba en novembre 1956, sur un petit yacht appelé Gramna. Ils ont espéré que leur débarquement au Cuba oriental coïnciderait avec les soulèvements prévus dans les villes et une grève générale coordonnées par le mouvement du 26 juillet. L'objectif était de mener une offensive armée et de renverser le régime de Batista.

[modifier] De décembre 1956 à mi-1958

[modifier] De mi-1958 à janvier 1959

[modifier] Après 1959

Dans les premiers mois qui suivent la Révolution, les opposants au régime prétendent que plusieurs centaines d'opposants sont exécutés en 1959[1], plusieurs milliers dans les années 1960[2]. Plus de 600 partisans de Batista – ou considérés comme tels – auraient été exécutés[3] dans les premiers temps de la Révolution cubaine et du régime castriste. D'autres opposants sont emprisonnés et la presse est censurée[3].

En fait, les accusés sont pour la plupart des officiels du régime de Batista: policiers, hommes politiques ou personnes influentes accusées d'avoir contribué à la répression à laquelle le régime s'était livré notamment en 1958 juste avant sa chute[4], des membres du « bureau de la répression des activités communistes » qui avaient recours à l'enlèvement, la torture et l'assassinat[5], ou des militaires accusés de crime de guerre, mais aussi des dissidents politiques. Seuls les militaires et policiers sont condamnés à mort, les civils étant conduits devant un autre tribunal[6].

Castro va annoncer qu'il identifie son régime avec le communisme (étiquette qu'il n'avait pas revendiqué lors de la prise de pouvoir). Dans les années suivantes, face au blocus américain, il cherchera un allié économique de taille - l'Union Soviétique.

[modifier] Dates clés de la lutte armée

Le 2 décembre 1956 le bateau Granma, avec 82 guerilleros du Mouvement du 26 juillet, parmi lesquels Fidel Castro, Ernesto Che Guevara et Raúl Castro, s'échoue avec deux jours de retard sur la plage Las Coloradas située sur les côtes orientales de Cuba. Le retard empêcha que le soulèvement populaire organisé par Frank País, à Santiago de Cuba, atteigne son objectif de détourner l'attention des troupes de Batista pour faciliter le débarquement des guerilleros.

Séparés, perdus et poursuivis, les guérilleros endurent une série de déroutes initiales à Alegría de Pío. Seule une grosse vingtaine d'hommes purent arriver à la Sierra Maestra, une zone difficile d'accès à l'est de Cuba, où ils purent s'installer.

En 1957 :

  • 16 janvier : la guérilla castriste réalise sa première action militaire, attaquant et prenant le détachement militaire de La Plata.
  • 17 février : paraît dans le New York Times, une interview de Fidel Castro effectuée par Herbert Matthews dans la Sierra Maestra. L'impact est énorme et commence à générer une grande sympathie de l'opinion publique nationale et internationale envers les guerilleros.
  • 13 mars : le Directorio Revolucionario attaque le Palais présidentiel, entraînant la mort du leader José Antonio Echevarría.
  • 28 mai : bataille de El Uvero, première action ouverte de la guérilla du 26 mars 1957.
  • 17 juillet : création de la seconde colonne de l'armée Rebelle, appelée Nº 4, commandée par Ernesto Che Guevara.
  • 30 juillet : assassinat de Frank País à Santiago de Cuba qui provoque une révolte populaire et renverse l'opinion publique qui devient de plus en plus hostile au régime de Batista.
  • 5 septembre : soulèvement de la base navale de Cienfuegos dirigée par Alférez Dionisio San Román avec l'aide de la milice du Partido Auténtico et du Mouvement du 26 juillet. En réponse, le gouvernement opère une répression sanglante qui inclut le bombardement de la base avec des avions nord-américains B-26. 300 des 400 rebelles trouvent la mort et San Román est torturé pendant des mois.

En 1958 :

  • 27 février : Fidel Castro décide d'augmenter les opérations de la guérilla en créant trois nouvelles colonnes sous le commandement respectif de Juan Almeida, Raúl Castro et Camilo Cienfuegos. Almeida doit agir dans la zone orientale de la Sierra Maestra, et Raúl Castro ouvrir un second front et s'installer dans la Sierra Cristal, au nord de Santiago.
  • 9 avril : grève générale révolutionnaire appelée par le Mouvement du 26 juillet. Celle-ci étant mal planifiée, elle est étouffée rapidement par le gouvernement.
  • 6 mai : les troupes de Batista entreprennent une offensive générale dans la Sierra Maestra afin d'éliminer la guérilla castriste. D'importantes batailles ont lieu comme celles de El Jigue et de Santo Domingo.
  • 7 août : Batista ordonne à ses troupes de se retirer de la Sierra Maestra, montrant ainsi la faiblesse du régime. Fidel Castro décide donc de reprendre la guerre dans le reste de Cuba. Le Che et Camilo Cienfuegos doivent aller au nord afin de diviser l'île en deux parties et de façon à préparer l'attaque de Santa Clara, ville stratégique et clef du chemin pour La Havane; tandis que Fidel et Raúl Castro resteront à l'est pour contrôler la région et attaquer finalement Santiago de Cuba.
  • 31 août : les colonnes de Che Guevara et de Camilo Cienfuegos partent à la marche vers l'ouest de Cuba. Ils mettent six semaines à arriver dans la zone montagneuse de l'Escambray, dans l'ancienne province de Las Villas.
  • Septembre et octobre : une fois établi dans le centre de l'île, le Mouvement du 26 juillet coordonne ses actions avec d'autres forces de guérilla agissant dans la région telles le Directoire Revolutionnaire, le Second Front Révolutionnaire de l'Escambray et le Parti Socialiste Populaire (Communiste) et organisent l'appui logistique. Entre temps, à l'est, les forces rebelles se rapprochent des principales villes.
  • 3 novembre : des élections présidentielles sont organisées, cependant aucune formation politique ne leur reconnaît de légitimité.
  • Fin novembre : le gouvernement tente une offensive contre les positions de la guérilla dans l'Escambray.
  • 4 décembre: les troupes dirigées par le Che Guevara et Camilo Cienfuegos passent à l'offensive, elles assaillent les régiments situés dans la zone centrale de l'île afin de les isoler des troupes gouvernementales.
  • Vers la fin décembre 1958 la débâcle de la dictature de Batista apparaît inévitable. Le 28 décembre, les milices commandées par le Che débutent l'attaque décisive sur la cité de Santa Clara, clef du centre de l'île et dernier îlot de résistance avant La Havane. Le 31 décembre quand les troupes rebelles s'emparent du train blindé que le gouvernement avait envoyé pour fortifier la ville, Batista décide de s'enfuir vers Saint Domingue accompagné du président élu, Andres Rivero Aguero, laissant le pays virtuellement sans chef et à la charge du général Eulogio Cantillo.

Après une réunion entre Fidel Castro et le général Eulogio Cantillo, celui-ci essaya d'organiser une junte militaire assise sur le régiment de Campo Columbia, commandée par le colonel Ramón Barquín, avec l'appui des États-Unis. La manœuvre fut dénoncée par Fidel Castro qui appela à la grève générale et ordonna à ses commandants Che Guevara et Camilo Cienfuegos de marcher sur La Havane et de s'emparer des positions clefs de la capitale.

Dans la matinée du 1er janvier 1959, les troupes du Segundo Frente Nacional del Escambray sous les ordres d'Eloy Gutiérrez Menoyo entrèrent à La Havane. Le jour suivant, les troupes du Movimiento 26 de Julio, commandées par Camilo Cienfuegos et le Che Guevara, s'emparent sans résistance respectivement du régiment de Campo Columbia et de la forteresse de San Carlos de la Cabaña. En pénétrant dans le Campo Columbia, Cienfuegos retira son commandement au colonel Barquín et fit prisonnier le général Casillas. Peu après les hommes du Directorio Revolucionario, aux ordres de Faure Chomón, s'emparèrent du Palais Présidentiel.

Simultanement, ce même 1er janvier, Fidel Castro entra triomphalement à Santiago de Cuba, la déclarant capitale provisoire de Cuba et proclamant Manuel Urrutia président de la Nation. Le gouvernement des États-Unis reconnut immédiatement le nouveau gouvernement révolutionnaire cubain.

A partir de ce moment le pouvoir resta definitivement entre les mains des forces révolutionaires. Historiquement, le 1er janvier 1959 est considéré comme la date du triomphe de la révolution.

[modifier] La Révolution hors de Cuba

[modifier] En France

Un grand nombre d'intellectuels tiers-mondistes ont défendu de la Révolution cubaine et du régime castriste : ce fut le cas du philosophe Jean-Paul Sartre qui, en juin 1960, écrit dans France-Soir 16 articles intitulés « Ouragan sur le sucre »[3]. Chris Marker réalisa un film Cuba si, favorable au régime de la Havane. À Paris, la librairie La Joie de lire des éditions Maspero était l'un des hauts lieux du soutien à Fidel Castro[3]. Il faut attendre 1971 et l’affaire du poète cubain Heberto Padilla, pour que Jean-Paul Sartre conteste les méthodes du régime castriste. En 1970, K. S. Karol et René Dumont publient respectivement Les Guérilleros au pouvoir et Cuba est-il socialiste ?, deux critiques de la politique menée par La Havane[3].


Le débat à gauche en France a tourné autour de la question de si le fait d'être sous la pression constante des Etats-Unis signifiait que la gauche devait soutenir le régime Castriste[réf. nécessaire]. Les opposants ont mis en avant le non-respect des droits de l'homme à Cuba, notamment la répression des dissidents et des homosexuels[7] bien que la situation des homosexuels à Cuba soit nettement plus favorable que dans le reste de l'Amérique latine[8][9]. Les sympathisants du régime ont mis en avant des réformes sociales (système de santé etc) mises en place à Cuba, là où dans d'autres pays d'Amérique latine les services sociaux restaient bien inférieurs.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. Les chiffres de la répression varient selon les auteurs : 550 pour Thomas E. Skidmore, Modern Latin America, 4e éd., 1997 ; plus de 2000 pour Martin Gilbert, A History of the Twentieth Century, 1997
  2. 5 000 exécutions pour Hugh Thomas, Cuba, or, the pursuit of freedom, 1971, 1988 ; entre 7000 et 10 000 personnes exécutées d'après Charles Ronsac (dir.), Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 2000, ISBN 2-221-08861-1, p.768
  3. abcde Bertrand Le Gendre, « Le castrisme, une passion française, par Bertrand Le Gendre », dans Le Monde du 22-02-2008, [lire en ligne], mis en ligne le 21-02-2008
  4. Le nombre total de morts dont le régime dictatorial de Batista est accusé est controversé : le nombre total de morts par combat ou par exécution durant la période de la dictature de Batista (de 1952 à 1958) irait de 1 700 et ce en comptant les morts au sein des forces gouvernementales aussi bien qu'au sein des factions de guérillas (cf. Jeanine Verdes-Leroux, "La Lune et le Caudillo", Éditions de l'Arpenteur, Paris, 1989, pp.19) à 20 000 morts, chiffre publié à l'époque par certains médias (cf. (en) L'histoire de Cuba (Cuban Story), (45 min., 1959, États-Unis), réalisation: Errol Flynn/Victor Pahlen, Arte dim. 15 avr 2007. 23h25), dont certains responsables ont depuis avoué que ce chiffre était irréaliste et qu'il n'avait pas été vérifié (cf. Jeanine Verdes-Leroux, op. cit.).
  5. Le BRAC ou « bureau de la répression des activités communistes » était une unité de police secrète ou de contre-espionnage qui avait recours à l'enlèvement, la torture et l'assassinat contre la minorité de communistes (ou supposé communistes) soupçonnés d'activités illégales.
  6. (es) Pacho O'Donnell, « Che, la vida por un mundo mejor », random house mandatori, 2003, p. 173
  7. C. Ronsac (dir.), Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 2000, ISBN 2221088611, p.768-769
  8. http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=406 La situation des gays à Cuba : mythes et réalités
  9. http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=828 Mariela Castro : Vérités sur Cuba et les droits des homosexuels

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes


[modifier] Bibliographie

  • Languepin, Olivier Cuba : La faillite d'une utopie
  • Collectif, Charles Ronsac (dir.), Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 2000, ISBN 2-221-08861-1, p.759-779