Révolution brabançonne

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La Révolution brabançonne, parfois appelée "contre-révolution", se déroule dans les Pays-Bas autrichiens entre 1787 et 1790, sous le règne de Joseph II d'Autriche. Cette révolution est un rejet des réformes progressistes de Joseph II, et conduit en 1790 à la création des États-Belgiques-Unis, qui ne durent qu'un an.

Sommaire

[modifier] Causes de la révolution

Joseph II arrive au pouvoir en 1780, suite au décès de sa mère Marie-Thérèse d’Autriche (1740-1780). Empereur d'Autriche, il est aussi, à ce titre, le suzerain des différentes provinces qui composent les Pays-Bas autrichiens (duché de Brabant, comté de Hainaut, comté de Flandre...). Despote éclairé, il tente de leur imposer de nombreuses réformes centralisatrices et laïques, mais sans passer par la procédure habituelle: la consultation des Etats provinciaux. Ces mesures finissent par provoquer une vive opposition, tant pour des raisons de fond que de forme.

[modifier] Les réformes de Joseph II

Dès son accession au pouvoir, Joseph II se lance dans un ambitieux programme de réformes dans le domaine religieux, économique, administratif et judiciaire. Plusieurs de ces réformes de Joseph II annoncent déjà la Révolution française.

[modifier] Au niveau religieux

En 1781, il publie l'édit de tolérance, qui reconnaît la liberté de culte et permet aux protestants et aux juifs d'accéder aux fonctions publiques.

Il resserre davantage le contrôle de l’État sur l’Église. Le clergé ne peut plus censurer l’État, et les évêques doivent prêter un serment civil.

Valorisation du mariage civil et du divorce et abolition de la notion de crime d'hérésie. Joseph II établit la liberté de conscience et autorise la fréquentation des écoles de confession non catholique.

Les ordres contemplatifs voient leurs biens confisqués. L'argent récolté sert à la construction d'hôpitaux et d'écoles.

[modifier] Au niveau économique

Il supprime les règlements des corporations relatif à l'embauche.

L'Edit éternel de 1786 impose la libre circulation des grains. Mais cette mesure tombe mal car elle coïncide avec une terrible carence frumentaire, accentuée ainsi par des exportations spéculatives.

Il fait baisser les redevances féodales, supprime les corvées et les droits banaux.

[modifier] Au niveau administratif et judiciaire

En 1787, Joseph II bouleverse toute la structure administrative et judiciaire héritée du Moyen Age: il supprime les trois Conseils collatéraux et crée le Conseil général du gouvernement des Pays-Bas, présidé par un ministre dépendant de l’empereur. Les anciennes provinces sont remplacées par 9 Cercles, eux-mêmes divisés en 64 districts.

Les juridictions existantes (seigneuriales, urbaines et ecclésiastiques) sont également supprimées et remplacées par une organisation hiérarchisée: des tribunaux de première instance dans les Cercles et deux cours d'appel, l’une à Bruxelles et l’autre à Luxembourg, le tout étant chapeauté par un Conseil souverain de justice, à Bruxelles.

C'est cette réforme drastique des institutions traditionnelles du pays, décidée 'd'en haut' et sans concertation avec les Etats, qui met le feu aux poudres et qui déclenche la Révolution brabançonne.

[modifier] Déroulement de la Révolution brabançonne

En guise de protestation contre la réforme de l'administration et la jutice, qui risque de faire perdre leur emploi à des milliers de fonctionnaires, les Etats du Hainaut et du Brabant refusent de voter les subsides à l'empereur. Sur fond de tensions sociales, des milices bourgeoises se forment. Joseph II, déjà malade et occupé par des soulèvements en Hongrie, doit lâcher du lest en suspendant l'application des édits contestés. Le calme revient un moment.

Mais la tension reste vive, d'autant plus que les autorités autrichiennes mènent une politique de répression très dure. A l'occasion d'un nouveau rassemblement populaire, en janvier 1789, les troupes impériales tirent sur la foule. Le gouvernement supprime peu après les privilèges du duché de Brabant. Dès lors, les Brabançons considèrent que Joseph II a violé la Joyeuse Entrée - le serment par lequel il avait juré qu'il respecterait les libertés et les privilèges du duché de Brabant - et qu'ils sont eux aussi déliés de leur devoir d'obéissance. C'est l'épreuve de force.

Des insurgés belges prennent les armes et forment une petite armée de libération, qui se concentre à Breda, sur le territoire des Provinces Unies. Les deux figures de proue du mouvement sont Henri van der Noot et Jean-François Vonck, deux avocats bruxellois aux idées assez divergentes: soutenu par le clergé, la noblesse et les métiers, Van der Noot représente un courant conservateur, voire réactionnaire, qui prône le rétablissement pur et simple des anciennes structures des états provinciaux (c'est pourquoi ses partisans sont appelés les ‘statistes’ parce qu'ils sont en faveur des états) et la suppression de toutes les réformes de Joseph II; le courant de Vonck, porté par la bourgeoisie libérale, est davantage influencé par la philosophie des Lumières et n'est pas hostile à certaines réformes, mais conteste le dirigisme brutal d'un empereur qui décide depuis Vienne sans la moindre forme de concertation.

Les patriotes belges parviennent cependant à surmonter temporairement leurs divisions et, en octobre 1789, à mettre en fuite l'armée autrichienne, qui se replie sur le Luxembourg. Des villes se soulèvent un peu partout. En janvier 1790, les insurgés proclament l'indépendance des provinces belges, qui forment les États-Belgiques-Unis.

[modifier] Bibliographie

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