Primatie
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La Primatie, du latin prima sedes episcoporum, est la dignité d'un « primat », évêque qui possède une suprématie, au moins honorifique, sur tous les évêques et archevêques d'une région. Le terme désigne aussi l'étendue du ressort de la juridiction ecclésiastique du primat, et le siège de cette juridiction. L'église cathédrale du primat reçoit le titre de « primatiale ».
La primatie, généralement due à l'ancienneté du siège, s'exerçait sur les propres diocésains du primat ainsi que sur les évêchés qui étaient ses suffragants. En France, où l'établissement des patriarches n'avait pas été reçu, ce sont les primats qui en tenaient lieu ; on en appelait de l'évêque diocésain au métropolitain, de celui-ci au primat, et du primat au pape. L'official primatial jugeait les appels interjetés de l'official métropolitain.
La primatie ne comporte plus, habituellement, aucun pouvoir de gouvernement, en dehors de prérogatives honorifiques[1].
En France, seul le titre de Primat des Gaules, attribué à l'archevêque de Lyon, a conservé des prérogatives honorifiques réelles. Les autres titres primatiaux sont d'ailleurs très rarement utilisés depuis les années 1960-1970.
Dans les Églises d'Orient, le titre de primat est porté par l'évêque (patriarche ou archevêque) qui préside le synode permanent d'une Église autocéphale ou autonome. Le mot primatie est très rarement utilisé, on parle plutôt de primauté. Les notions de primat et de primauté n'ont rien à voir avec celle d'exarchat. Il n'y a pas de primat à titre simplement honorifique comme en Occident.
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[modifier] Histoire
Le titre de primat fut, à partir du IVe siècle, attribué à quelques sièges épiscopaux de l'Occident. Il correspondait à celui d'exarque qui existait en Orient. Le plus ancien primat fut celui de Carthage, qui présidait aux églises du Nord de l'Afrique. On le trouve mentionné dans les synodes tenus dans cette ville en 390 et en 397. Les évêques d'Arles et de Thessalonique reçurent le même titre parce qu'ils étaient légats pontificaux. Plusieurs sièges en furent décorés à cause de l'importance politique de leur ville : Tolède, Narbonne, Bourges, Vienne, Trèves, Mayence, Magdebourg, Lund, Cantorbéry, York, Saint Andrews.
L'origine du titre dérivait d'anciennes attributions fondées sur la coutume. Pour plusieurs titres primatices, on possède les lettres pontificales qui en font mention : d'Urbain II, en 1088 pour Tolède, de Boniface IX en 1394 et de Nicolas V, en 1451, pour Gran, en Hongrie, de Léon X, en 1515, pour Gnesne en Pologne.
Plus récemment, le titre primatice fut accordé à quelques sièges par des décrets du Saint-Siège : Varsovie 1805, Lemberg 1849, Salzbourg 1854.
Au Ier concile du Vatican, furent reconnus omme primats, en vertu d'anciennes coutumes, le archevêques d'Antivari (Monténégro), Braga (Portugal), Malines (Belgique), Saint-Sauveur (Brésil) et Tarragone (Espagne).
[modifier] Attibutions
Les attributions des primats différaient considérablement selon les régions. C'est en Afrique du Nord qu'elles étaient le plus étendues. Le primat y exerçait un droit de vigilance et de contrôle, comme il ressort des conciles de Carthage en 397 et du concile de Milève, en Numidie en 402. Le primat de Gran possédait également certains droits de juridiction sur les évêchés.
Ailleurs, diverses prérogatives pouvaient être reconnues aux primats : droit de convoquer les conciles nationaux et de les présider, droit de couronner les rois, doit de recevoir les instances d'appel. Mais généralement leurs prérogatives étaient purement honorifiques.
Le droit actuel de l'Église, sauf exceptions dues à la coutume ou en vertu d'un privilège accordé par le Siège apostolique, ne reconnaît que ces prérogatives honorifiques et exclut tout pouvoir de gouvernement des primats[2].
[modifier] Héraldique
Le primat qui n'est pas cardinal timbre ses armes, comme l'archevêque, de la croix à deux traverses, et du chapeau vert avec cinq rangées de houppes, comme les patriarches.
Tous les signes de noblesse ou de dignités temporelles qui ne sont pas liés à leur siège et toutes les décorations sont interdits, à l'exception des croix des ordres chevaleresques, tels Malte et le Saint-Sépulcre.
[modifier] Sièges primatiaux de l'Église latine
Région | Siège épiscopal | Titre primatice | |
---|---|---|---|
Afrique du Nord | Carthage | Primat d'Afrique | |
Autriche | Salzbourg | primat de Germanie | Titre reçu au XVIIe siècle. Il était, auparavant, porté par l'archevêque de Magdebourg, lié à sa présidence du Conseil des princes de l'Empire. Avant 1803, le prince-archevêque de Mayence portait lui aussi le titre de primat de Germanie, car il lui revenait de présider le Conseil des princes-électeurs. |
Belgique | Malines | Primat de Belgique | Siège actuellement uni à celui de Bruxelles |
Brésil | Saõ Salvador da Bahia | Primat du Brésil | |
Canada | Québec | Primat du Canada | |
Espagne | Tolède | Primat des Espagnes | |
Tarragone | Primat d'Espagne | ||
États-Unis | Baltimore | L'archevêque n'est pas primat stricto sensu, mais possède une préséance sur les autres évêques. | |
France | Lyon | Primat des Gaules | Confirmé en 1079 par une bulle de Grégoire VII. |
Vienne | Primat des Sept provinces | ||
Bourges | Primat des Aquitaines | L'archevêque de Bourges est également patriarche d'Aquitaine. | |
Bordeaux | Primat d'Aquitaine | ||
Auch | Primat de Novempopulanie et de Navarre | ||
Nancy | Primat de Lorraine | ||
Dol, puis Rennes | Primat de Bretagne. | La primatie de Dol était une revendication bretonne qui n'a jamais été accordée au détriment de l'archevêché de Tours. | |
Rouen | Primat de Normandie | ||
Narbonne | Primat de la Gaule narbonnaise | Narbonne, Arles et Vienne se sont disputées le titre. | |
Reims | Primat de la Gaule belgique | ||
Sens | Primat des Gaules et de Germanie | Primatie attribuée en 876. | |
Hongrie | Gran | Primat de Hongrie | Actuellement Esztergom, siège uni à celui de Budapest. L'archevêque est prince-primat de Gran. |
Irlande | Armagh | Primat de toute l'Irlande (Primate of all Ireland) |
Les titres sont les mêmes dans la Communion anglicane. |
Dublin | Primat d'Irlande | ||
Italie | Rome | Primat d'Italie | L'évêque de Rome est le pape. |
Pologne | Gnesne | Primat de Pologne | Dans les faits, c'est aujourd'hui le cardinal Józef Glemp, archevêque émérite de Varsovie qui le porte. En effet, les sièges de Varsovie et Gniezno étaient réunis depuis 1926. En 1992, les sièges ont été séparés mais le cardinal Glemp a conservé le titre primatice. Lorsqu'il a démissionné de sa charge en décembre 2006, le pape Benoît XVI lui a concédé le privilège de conserver ce titre jusqu'à son quatre-vingtième anniversaire, en décembre 2009. À cette date, l'archevêque de Gniezno recouvrera la primatie liée à son siège. |
Portugal | Braga | Primat des Espagnes | Titre contesté à l'archevêque de Tolède. |
Royaume-Uni | Westminster | primat d'Angleterre et de Galles | Le titre de primat d'Angleterre et de Galles était jadis porté par l'archevêque catholique de Cantorbéry. Depuis la Réforme, dans la Communion anglicane, l'archevêque anglican de Cantorbéry est primat de toute l'Angleterre (Primate of all England), et celui d'York est primat d'Angleterre, anciens titres catholiques. |
St Andrews | Primat d'Écosse | ||
Scandinavie | Lund | Primat de Scandinavie |
[modifier] Références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Antiquité tardive
- Liste des provinces ecclésiastiques catholiques
- Liste des provinces ecclésiastiques anglicanes
- Liste des archevêques de Lyon
- Liste des Églises orthodoxes canoniques autocéphales