Paysage urbain

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Si un paysage est « ce que l'on voit lorsqu'on regarde son environnement à perte de vue, à l'exception des points d'intérêts proches de l'observateur » (comme défini dans l'article "paysage" de Wikipedia), alors la ville ne peut offrir de paysages du fait des barrières présentes, par exemple les murs, et de notre proximité avec elles; on peut tout de même distinguer un paysage de ville suivant la définition précédente, celui vu (ou « lu » ou « imaginé » on le verra par la suite) depuis les toits. Le principal problème quant au paysage tient donc de sa définition: ainsi, dans un premier temps nous allons essayer de (re)définir le paysage « classique » et ensuite appliquer et préciser cette définition à l'espace urbain.

Sommaire

[modifier] Définition du paysage

[modifier] « Ce qui se voit » (R. Brunet)

Tous s'accordent à dire que le paysage est avant tout une "vue": à la fois vue d'un espace qui existe indépendamment de nous, comme par exemple la montagne, et donc susceptible de pouvoir être étudié de façon objective: l’altitude, la température, la structure interne...mais aussi vue d’un espace que l’on perçoit, que l’on sent et cela, chacun de manière différente (« il voit les mêmes choses, mais avec d’autres yeux », N. Gogol, Tarass Boulba). A partir du moment où l’appréciation esthétique rentre en compte, où l’on charge l’espace « de significations et d’émotions » (A.Corbin, L’homme dans le paysage), l’étude paysagère ne peut être que subjective.

[modifier] Une analyse scientifique du paysage ?

Cette subjectivité remet en cause l’idée d’une analyse scientifique du paysage, avant tout naturaliste, notamment développée chez les géographes russes (en Russie, « tout s’explique par l’étendue et le climat »). Cette non - scientificité du paysage, Alain Roger l’oppose à l ‘environnement : « le paysage ne fait pas partie de l’environnement »(Court traité du paysage). En effet, « l’environnement » est un concept récent, d’origine écologique, et justiciable d’un traitement scientifique ; il regroupe l’eau, la terre, l’air, la végétation, les reliefs : « il est alors équivalent de ce que, mais bien à tort, certains géographes physiciens nomment paysage » (R. Brunet, Les mots de la géographie, Dictionnaire critique) qui réduisent ce dernier a son socle naturel. Cependant, comme le rappelle Corbin, un paysage s’inscrit, est « inséré », dans un environnement.

[modifier] Le paysage et l’art

Pour Alain Roger, « tout paysage est un produit de l’art » et développe sa notion d’artialisation, empruntée à Montaigne. L’artialisation permet de passer du « degré zéro du paysage », le pays, au paysage lui-même ; elle est « lente, diffuse, complexe, souvent difficile a reconstituer, mais toujours indispensable. Cela soit dit à l’intention de ceux qui s’obstinent à prôner l’idée d’une beauté naturelle. » Il donne ainsi l’exemple du milieu montagnard ou de la mer pour qui il a fallu attendre le XVIII pour qu’il soit considéré comme « beau » : si un espace n’est pas contemplé, pas apprécié, sa présence matérielle ne suffit pas à en faire un paysage.

[modifier] Une approche pluri-sensorielle

Jusqu’ici nous avons considéré le paysage par la vision or il s’agit plus globalement d’une « sensation interne », ce que Diderot appelait « rumeur des viscères ». En effet, tous les sens entrent dans la construction du paysage, qu’il s’agisse du toucher, de l’odorat, de l’ouïe... Le paysage sonore a notamment été étudié par le compositeur et musicologue canadien Raymond Murray Schafer. Pour lui, ce paysage est soumis à la fois à la discontinuité (il n’y pas de fond sonore véritable) et à la disjonction entre « l’entendu et l’identifié » (difficulté de reconnaître, de situer, la source d’un bruit émis). Alors qu’autrefois il était bien supporté, aujourd’hui le bruit suscite la plainte et est connoté négativement, rattaché aux couches populaires, d’où l’ascension des vertus de silence devenu paradoxalement moyen de distinction. L’étude paysagère par le biais de l’odorat et du toucher est très intéressante mais beaucoup moins développée.

[modifier] Le paysage urbain

Pour la majorité de la population le paysage est surtout rural, rattaché à la campagne, et à son mode particulier d’occupation du sol et de l’espace. Les ruraux eux ne voient pas forcément de paysage et ne voient de leur entourage qu’un outil de production et de rentabilité (Henri Cueco in ‘’Théorie du paysage en France’’, dirigé par Alain Roger). On peut se demander si ce n’est justement pas ce qui se passe également pour les citadins qui ne voient dans la ville que leur lieu de vie et donc toutes ses contraintes. De plus, la notion de paysage renvoie à l’idée de la nature, de la végétation, du vert or quoi de plus anthropisé qu’une ville ?

Le paysage urbain est un produit culturel forme sous l influence de l'environnement. En parlant du paysage urbain ce que se discute consiste la mentalité des hommes vivant dans un environnement et leur interprétation de l'environ. A d'autres termes, nous pouvons définir le paysage urbain en tant que notre compréhension de notre environnement qui se forme par des traces de l'homme et sa vie dans la nature.

[modifier] Paysage urbain et santé

Certains paysages sont depuis longtemps considérés comme favorisant une bonne santé. Ce sont généralement des paysages à haute naturalité, éloignés des villes. Inversement, les paysages urbains très minéralisés sont réputés mauvais pour la santé et l'épanouissement physique, mais certains éléments tels que les pièces d'eau, les ceintures vertes, les jardins et espaces verts ont une valeur pour la santé publique qui semble plébiscitée.

Outre un air de meilleure qualité, l’effet visuellement déstressant de la végétation et des formes de ces espaces pourraient être des facteurs d’amélioration de la santé ; Par exemple, une étude[1], publiée en aout 2007 montre qu’en Angleterre les urbains disposant de plus d’espaces verts sont en meilleure santé, sauf pour deux catégories d’urbains : ceux qui sont les plus riches (vivant en banlieue ou en zone rurale), et ceux qui sont les plus pauvres.
- Les riches ne sont pas en meilleure santé dans un contexte plus riche en espaces verts publics, probablement parce qu’ils ont déjà leurs propres jardins, et qu’ils peuvent mieux profiter de la Nature lors des vacances.
- Paradoxalement, les habitants pauvres des banlieues sont en Angleterre en moins bonne santé lorsqu’ils "bénéficient" d’espaces verts proches et plus nombreux, peut-être – comme le laissent penser certains indices – parce que les espaces verts de banlieue sont d’une moindre qualité, moins accessibles et/ou moins esthétiques (selon les auteurs de cette étude, qui se demandent même si des espaces verts de qualité médiocre ne seraient pas mauvais pour la santé). Les espaces verts de banlieue sont souvent de vastes espaces ouverts, engazonnés, mal protégés du vent et du soleil.

Une autre étude, hispano-norvégienne [2], montre que :

- les paysages naturels ont un effet positif sur la santé plus net que les paysages urbains.
- à court terme, la récupération du stress et des maladies est meilleure et plus rapide qu’en milieu urbain
- à long terme, la santé et le bien-être s’améliorent globalement mieux dans les paysages « naturels » qu’en ville.

[modifier] Le paysage urbain dans l'art

Le paysage urbain, street's scenes en anglais, est un des thèmes récurrents de la peinture hyperréaliste américaine depuis les années 1970. Les principaux peintres, en Amérique du Nord, à avoir peint les rues, sont Richard Estes, Robert Bechtle, John Baeder, Anthony Brunelli... En France, on peut noter les œuvres de Gilles Esnault.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Greenspace, urbanity and health: relationships in England Richard Mitchell and Frank Popham, Journal of epidemiology and community health 2007; 61: 681-683. doi:10.1136/jech.2006.053553 (http://jech.bmj.com/cgi/reprint/61/8/681 Lire (PDF)]
  2. Revue Urban forestry & urban greening, 2007
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