Paul Otlet

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Bibliographe belge, Paul Otlet (1868-1944) est, avec Henri La Fontaine, le père de la Classification décimale universelle (CDU).

Fils d'Édouard Otlet, un financier qui a fait fortune dans les tramways, et de Maria Van Mons, Paul Otlet voit le jour à Bruxelles le 23 août 1868. Il fait des études au collège Saint-Michel à Bruxelles puis à l'Université catholique de Louvain avant de perdre la foi et de s'inscrire à l'Université libre de Bruxelles. Il se spécialise à Paris.

Paul Otlet se distingue par ses travaux en matière de bibliographie avec la création en 1895 de l’Office international de bibliographie grâce auquel il mettra en place le système de classification décimale universelle (CDU) et le standard de 125 sur 75 mm imposé aux fiches bibliographiques, toujours en vigueur dans les bibliothèques du monde entier. Père de la documentation, Otlet eut aussi, bien avant l’heure, l’intuition d’internet : « On peut imaginer le télescope électrique, permettant de lire de chez soi des livres exposés dans la salle teleg des grandes bibliothèques, aux pages demandées d’avance. Ce sera le livre téléphoté ».

Il écrit son premier ouvrage, L'Île du Levant à l'âge de quatorze ans. Proclamé docteur en droit le 15 juillet 1890, il fait son stage chez Edmond Picard (1836-1924), juriste renommé, fondateur du Journal des Tribunaux et des Pandectes et qui sera, quelques années plus tard, l'un des premiers sénateurs socialistes de Belgique. En 1891, Otlet publie avec Pierre Blanchemerle, Joseph Cassiers et Max Hallet Le Sommaire périodique des revues de droit, tables mensuelles de tous les articles juridiques publiés dans les périodiques belges. C'est de cette époque que date sa passion pour la bibliographie. L'année suivante, il consacre un essai à la théorie bibliographique.

À partir de 1895, il consacre le plus clair de son énergie au Mundaneum et aux nombreuses œuvres qu’il a créées autour de ce projet central. Il passe la Grande Guerre en Suisse et en France et perd un de ses fils, tombé sur le front de l'Yser. Pacifiste dans l'âme, il se met à travailler à un projet de Société des Nations qui garantirait la concorde par l'arbitrage des conflits. Dès octobre 1914, il publie son Traité de paix générale, charte mondiale déclarant les droits de l'humanité et organisant la confédération des États. En 1916, il préside à Lausanne le Congrès des nationalités. En 1917, La construction de la Société des Nations décrit les modalités pratiques de l'établissement de la SDN.

Durant l'entre-deux-guerres, il poursuit son projet de construction d'une Cité mondiale, en collaboration avec Le Corbusier, et tente de garder le Mundaneum en activité malgré de nombreuses mésaventures. Les difficultés, l'incompréhension générale dont ses projets sont l'objet, assombrissent ses dernières années.

En 1934, il publie son fameux Traité de documentation, véritable testament philosophique. À la fin de ce grand ouvrage, Otlet envisage plusieurs hypothèses visionnaires pour l’avenir du livre et de la documentation, dont celle où « la table de travail ne serait plus chargée d’aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. Là-bas au loin, dans un édifice immense, sont tous les livres et tous les renseignements… De là, on fait apparaître sur l’écran la page à lire pour connaître la réponse aux questions posées par téléphone, avec ou sans fil. Un écran serait double, quadruple ou décuple s’il s’agissait de multiplier les textes et les documents à confronter simultanément ; il y aurait un haut parleur si la vue devait être aidée par une donnée ouïe, si la vision devait être complétée par une audition. Utopie aujourd’hui, parce qu’elle n’existe encore nulle part, mais elle pourrait bien devenir la réalité pourvu que se perfectionnent encore nos méthodes et notre instrumentation. Et ce perfectionnement pourrait aller jusqu’à rendre automatique l’appel des documents sur l’écran, automatique aussi la projection consécutive…"
Le "Réseau" qu'il décrit est reconnu par un nombre grandissant de chercheurs comme une préfiguration d'internet.

On peut également considérer Otlet comme l'un des précurseurs conceptuels de l'encyclopédie Wikipedia. L'une des tâches essentielles des travailleurs intellectuels était en effet à ses yeux de réaliser "une Encyclopédie universelle et perpétuelle", ayant pour collaborateurs "tous les savants de tous les temps et de tous les pays".

Paul Otlet meurt le 10 décembre 1944. Son œuvre sombre pour longtemps dans l'oubli, avant d'être récemment redécouverte. Un musée rassemblant les collections survivantes du Mundaneum a été récemment ouvert à Mons (Belgique). Un film et une biographie viennent de lui être consacrés.

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