Papauté d'Avignon

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Façade du Palais des Papes à Avignon
Façade du Palais des Papes à Avignon

La papauté d’Avignon désigne la résidence du pape à Avignon (France). Cette résidence qui déroge à la résidence historique de Rome (Italie) depuis saint Pierre, se divise en deux grandes périodes consécutives :

  • La première, celle de la papauté d’Avignon proprement dite, correspond à une époque où le pape, toujours reconnu unique chef de l’Église catholique romaine, et sa cour se trouvent installés dans la ville d’Avignon au lieu de Rome. Elle dure de 1309 à 1378.
  • La seconde coïncide avec le Grand Schisme d’Occident où deux papes rivaux (et bientôt trois) prétendent régner sur la chrétienté, l’un installé à Rome, et l’autre à Avignon. Elle se déroule de 1378 à 1418.

Sommaire

[modifier] Conflits entre pouvoirs temporels et spirituels

[modifier] Crise de l'Église après la dissuolution de l'empire carolingien

Icône de détail Article détaillé : Césaropapisme.
Othon Ier et le pape Jean XII, miniature de 1450
Othon Ier et le pape Jean XII, miniature de 1450

Au IXe siècle, l'empire carolingien se délite. L'autorité du roi s'effondre d'autant plus vite que l'armée carolingienne est taillée pour une stratégie offensive avec l'organisation de campagnes annuelles qui forcent les voisins au respect (ils finissent d'ailleurs par payer un tribut). Cette logistique lourde ne peut répondre aux raids rapides et incessants des sarrasins, des vikings ou des Magyars dont le principal atout est la mobilité[1]. Dès lors la défense doit être prise en charge localement. Au Xe siècle, les châteaux forts prolifèrent, parfois au mépris de toute légalité, leurs propriétaires exerçant protection et domination sur les territoires alentours[2]. Dans ces temps incertains d'invasions et de guerres privées continuelles, les habitants viennent se regrouper à proximité du château ce qui légitime le châtelain et l'exercice du ban seigneurial. Celui-ci peut imposer taxes, péages, corvées, banalités (usage imposé d'équipements seigneuriaux à titre onéreux: fours, moulins...) levées par ses sergents. En échange, les vivres stockés au château pourvoient à la survie des manants (vient du latin « résider ») réfugiés entre ses murs en cas de pillage[2]. Enfin, les amendes prélevées en rendant justice selon le principe du Wergeld de la loi salique sont une autre source appréciable de revenus seigneuriaux. Avec l'affaiblissement de l'autorité royale et comtale les ambitions personnelles se dévoilent, engendrant convoitises et contestations. Les tentatives d'imposer le droit de ban aux marges du territoire contrôlé et les conflits de succession dus à l'instauration récente du droit d'aînesse, dégénèrent régulièrement en guerres privées[3]. Le meilleur moyen pour s'assurer une clientèle sans disperser ses possssions est d'avoir des religieux pour vassaux (leurs charges n'étant pas transmissibles héréditairement sont récupérées à leur mort). Les charges ecclésiastiques, abbatiales ou paroissiales sont donc souvent données à des proches des princes souvent laïcs. La moralité de l'Église s'effondre et les cas de Nicolaïsme ou de Simonie deviennent monnaie courante.

Otton Ier du Saint-Empire vainqueur des Magyars à la bataille du Lechfeld, nomme des évêques comme vassaux et fort de sa puissante clientèle peut mettre au pas les autres princes germaniques. Il peut ainsi reconstituer l'empire, sa puissance est sans équivalent en occident et il peut imposer sa prééminence au pape Jean XII.

Le 2 février 962,il est couronné empereur des Romains à Rome. Le 13 février 962, il promulgue le Privilegium Ottonianum qui accorde au souverain pontife les mêmes privilèges que ceux que les Carolingiens avaient reconnus à la papauté, à savoir les donations faites par Pépin le bref et Charlemagne. Le Privilegium Ottonianum, reprenant un diplôme de Lothaire Ier, oblige tout nouveau pape à prêter serment auprès de l'empereur ou de son envoyé avant de recevoir la consécration pontificale. Tout en donnant des privilèges au saint Siège, le Privilegium Ottonianum place la papauté sous tutelle impériale.

Otton Ier exige de contrôler l’élection pontificale. Il interdit qu’à l’avenir que l'on couronne le nouveau pape élu sans que la régularité du scrutin ait été constatée par les officiers impériaux[4]. La collaboration étroite entre des deux pouvoirs se fait dès lors à l’avantage de l’empereur. Otton Ier pousse son avantage en promulguant, le 13 février 962, le Privilegium Ottonianum qui, reprenant un diplôme de Lothaire Ier, oblige tout nouveau pape à prêter serment auprès de l’empereur ou de son envoyé avant de recevoir la consécration. Otton Ier n’hésite pas à faire déposer par un concile le pape qui intriguait contre lui dès 963. Il exige ensuite des Romains un serment où ceux-ci s’engagent à : « ils n’éliraient ni n’ordonneraient aucun pape en dehors du consentement du seigneur Otton ou de son fils »[4]. L’empereur contrôle alors totalement l’élection du pape. Les avantages en sont considérables. Pouvoir compter sur la collaboration du pontife garantit l’autorité impériale sur les Églises locales du Saint-Empire. L’empereur utilise en effet les évêques pour diriger l’empire.

Otton III s’occupe lui aussi des affaires de la papauté. Dans un premier temps, il fait élire son cousin Bruno au siège pontifical[5]. Il dénoue les conflits qui opposent le pape et les nobles romains. Dans un texte de janvier 1001, les rapports entre le pape Sylvestre II et l’empereur sont redéfinis. Il est précisé que la donation de Constantin est un faux. Otton III refuse de confirmer le Privilegium Ottonianum. L’empereur accorde au souverain pontife huit comtés de la Pentapole, mais il s’agit d’une donation, non pas d’une restitution. L’empereur se voit comme « esclave des apôtres », le représentant direct de Pierre et le responsable de son patrimoine. Il se met donc sur le même plan que le pape et souhaite gouverner la chrétienté, présidant à ses côtés les synodes[6].

[modifier] Émancipation de l'église

Le mouvement de la paix de Dieu assoit par des décisions conciliaires le rôle de chacun des trois ordres dans la société médiévale.
Le mouvement de la paix de Dieu assoit par des décisions conciliaires le rôle de chacun des trois ordres dans la société médiévale.

L'église n'est pas épargnée par les désordres des IXe et Xe siècle. Des charges d'abbés, paroissiales ou ecclésiastiques sont données à des laïcs pour se former des clientèles et la discipline monastique se relâche, le niveau culturel des prêtres chute[7]. En contrepoint, les rares monastères qui ont conservé une conduite irréprochable acquièrent une grande autorité morale.

A l'approche de l'an mil, un renouveau de ferveur religieuse apparait. Un soin particulier est mis à se laver de ses péchés. En particulier les monastères intègres reçoivent de nombreuses donations pour obtenir des prières d'absolution postmortem[8]. Le choix des abbés s'oriente de plus en plus vers des hommes d'une grande intégrité et certains tels Guillaume d'Aquitaine vont jusqu'à donner l'autonomie et l'immunité à des monastères qui élisent leur abbé. Ce fut le cas de Gorze, Brogne ou Cluny. D'autres monastères utilisent des faux certificats d'immunité pour acquérir l'autonomie[9].

De tous ceux-ci, Cluny connaît le développement et l'influence les plus remarquables. Sous la férule d'abbés dynamiques tels qu'Odon, Maïeul ou Odilon, l'abbaye entraîne d'autres monastères qui lui sont rattachés et constitue bientôt un ordre très puissant(en 994, l'ordre de Cluny compte déjà 34 couvents)[10]. L'une des grandes forces de Cluny est de recruter une bonne partie des ses membres et particulièrement ses abbés dans la haute aristocratie[11].

L'ordre soutien activement le mouvement de La Paix de Dieu, qui utilisant la mobilisation populaire et le soutien des puissants, moralise la conduite des chevaliers souvent responsable d'exactions dans leur imposition du droit de ban.Ce faisant, l'Église impose l'image d'une société divisée en trois ordres[12].

L'autorité de l'empereur est faible sur ses vassaux et pendant le règne d'Henri III, comte de Tusculum, une puissante famille romaine est maitresse de la ville. Habituée à faire élire le pape, elle tente de reprendre ses prérogatives. Critiquant la faible moralité des papes désignés par l'empereur, elle fait élire un pape concurrent, obligeant l'empereur à intervenir militairement et à réunir un grand concile le 20 décembre 1046 pour démettre les papes concurrents[13]. Mais cela ne suffit pas : coup sur coup, deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Clément II et Damase II). Le nouveau candidat envoyé par l'empereur a la finesse de demander aux romains de l'élire, ce qui leur convient: il est sacré sous le nom de Léon IX en 1049[13]. Élevé dans l'esprit de la réforme monastique, il conclut que c'est l'indignité des papes précédents qui leur à valu leur désaveu par les romains et leur déchéance. Il nomme un clunisien, Hildebrand (le futur Grégoire VII), sous-diacre et le charge de l'administration des revenus du saint-siège, proche de la faillite. Hildebrand, agissant en véritable éminence grise, est à l'origine des actes les plus importants de son pontificat et de ceux de ses successeurs (Victor II (1055-1057), Étienne IV (1057-1058), Nicolas II (1058-1061), Alexandre II (1061-1073))[14]. De fait, Hildebrand lance la réforme grégorienne vingt-cinq ans avant de devenir pape lui-même. Il émancipe progressivement l'Église de la tutelle de l'empereur.

Laissant le pouvoir temporel et militaire à la noblesse, l'Église devient le garant moral de l'équilibre social. Concentrant toutes les connaissances depuis la fin de l'antiquité et étant le principal promoteur de l'enseignement et des progrès scientifiques et techniques (principalement au sein des abbayes), le clergé se positionne comme l'élément central et indispensable de la société médiévale. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives[15] et les écoles[16]. Par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an[17]. Maîtrisant les échanges culturels et bénéficiant des meilleures connaissances techniques, les abbayes se taillent vite la part du lion dans le tissu économique encore majoritairement agricole. L'Église connaît l'apogée de sa puissance économique, culturelle, politique et même militaire (grâce aux ordres militaires qui permettent de pouvoir compter sur des forces armées permanentes sans avoir à les solder) pendant les croisades.

[modifier] Lutte du Pape contre les empereurs

La querelle des Investitures est l’occasion d’une lutte sans merci entre le pape et l’empereur allemand. Dans les Dictatus papae, Grégoire VII affirme que la plénitude de pouvoir, en latin plenitudo potestatis, appartient au souverain pontife. Le concordat de Worms de 1122 sonne définitivement le glas du césaropapisme en Occident[18]. Bien plus, dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, la plénitude de pouvoir spirituel est devenue une "notion totalitaire"[19]. L’Église ne peut tolérer un autre pouvoir que celui du pape. Selon la théorie des deux glaives, le pape détient aussi bien le glaive spirituel que le glaive temporel. Il donne le second au prince pour qu’il en fasse l’usage que le pape lui indique[19]. L’Église catholique romaine tente ainsi d’instaurer une théocratie pontificale en faisant du pape le représentant de Dieu sur terre.

[modifier] Mutation sociétale

À partir de la fin du XIIIe siècle, l'équilibre entre les trois ordres se rompt. D'une part la bourgeoisie détient une puissance économique qui la rend progressivement indispensable politiquement (princes et ecclésiastiques lui empruntent des fonds)[20]. D'autre part, pour les besoins du commerce, puis pour assurer sa propre ascension sociale, elle a pris en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques[21] et finançant un mécénat culturel[22] ainsi que nombre d'œuvres sociales[23]. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt)[24], artisans (tels Jacoppo et Giovanni di Dondi, concepteurs de l'horloge à échappement[25])... La place de choix, accordée à l'Église dans la société pour son rôle culturel et social, se justifie de moins en moins.

Les travaux de Pierre de Maricourt sur le magnétisme permettent la mise au point de compas : Epistola de magnete (1269).
Les travaux de Pierre de Maricourt sur le magnétisme permettent la mise au point de compas : Epistola de magnete (1269).

Alors que le clergé était à la pointe du progrès scientifique et philosophique avec des universitaires comme Roger Bacon, Robert Grossetête, Pierre de Maricourt, Pierre Abélard ou Thomas d'Aquin, certains de ses membres craignent d'être dépassés par des évolutions qui remettent en cause sa place. Un tournant est pris le 7 mars 1277, lorsque l'évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne les averroïstes (Siger de Brabant) et certaines thèses de Thomas d'Aquin[26]. L'Église devient une force conservatrice tout en laissant se développer des positions mystiques, laissant la bourgeoisie prendre un rôle croissant dans le progrès scientifique et philosophique[26].

Confrontée à une perte d'influence spirituelle, elle tente d'accaparer le pouvoir temporel. Philippe le Bel y réagit très violemment, s'appuyant en particulier sur les universitaires et la bourgeoisie auxquels il donne une place politique plus importante par l'intermédiaire de la création des États généraux. Les XIVe et XVe siècles sont marqués par la lutte entre deux conceptions de la société qui transparaît en filigrane dans la guerre de cent ans où l'ordre féodal est menacé par la demande de reconnaissance politique des villes (Étienne Marcel, ordonnance cabochienne…).

Icône de détail Articles détaillés : Paix de Dieu, Croisades et Renaissance du XIIe siècle.

[modifier] L'affrontement entre Philippe le Bel et la papauté

Philippe le Bel.
Philippe le Bel.

Philippe le Bel a besoin de ressources pour entretenir une armée et une marine capable de maîtriser les velléités d'autonomie des riches villes flamandes. Il décide de lever, en 1295, un impôt exceptionnel sur le clergé, la « décime ». Le pape Boniface VIII, qui tire des revenus abondants de France, répond par la bulle de 1296, Clericis laicos. Dans cette dernière, il dit, à l'intention des souverains, que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication.

En rétorsion, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une part importante de ses ressources. Les rapports avec Rome se tendent et en 1302, par la bulle Unam Sanctam, Boniface VIII affirme la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel et, de ce fait, la supériorité du pape sur les rois, ces derniers étant responsables devant le chef de l'Église[27]. C'en est trop pour Philippe le Bel, qui réunit un concile des évêques de France pour condamner le pape, puis également des assemblées de nobles et de bourgeois à Paris. Le roi cherche l'appui de tous ses sujets, afin de légitimer la lutte qu'il mène contre le pape[28]. Ce dernier menace d'excommunier Philippe IV et de jeter l'interdit sur le royaume de France.

Tombe de Boniface VIII, grotte vaticane.
Tombe de Boniface VIII, grotte vaticane.

Fort du soutien de la population et des ecclésiastiques, le roi envoie son Garde des Sceaux, le chevalier Guillaume de Nogaret avec une petite escorte armée vers l'Italie afin d'arrêter le pape et de le faire juger par un concile. Nogaret est bientôt rejoint par un ennemi personnel de Boniface VIII, Sciarra Colonna, qui lui fait savoir que le pape s'est réfugié à Anagni. Le 8 septembre 1303, lors d'un entretien tumultueux, le pape Boniface VIII est menacé par Guillaume de Nogaret. Il meurt quelques semaines plus tard[28].

Icône de détail Article détaillé : Attentat d'Anagni.

Son successeur Benoît XI est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère détestable. Il annule la plupart des mesures de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304.

Pendant onze mois, de pénibles tractations se déroulent entre le parti français, conduit par la famille romaine des Colonna, et le parti du défunt Boniface VIII, emmené par les Caetani. On décide finalement de choisir le pape à l'extérieur du Sacré Collège des cardinaux et l'unanimité ou presque se fait sur le nom de Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Le 5 juin 1305, les cardinaux, réunis en conclave à Pérouse, portent à la tête de l'Église Bertrand de Got qui choisit le nom de Clément V. C'est le premier pape français depuis l'élection de Sylvestre II en 999. Il monte sur le trône de Saint Pierre à l'âge de quarante ans alors que l'Église traverse une grave crise politique.

Le nouveau pape renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et des risques liés au conflit des guelfes et des gibelins[29]: Il choisit en définitive de se faire couronner à Lyon, en terre d'Empire, le 1er novembre.

Façade du Palais des Papes à Avignon
Façade du Palais des Papes à Avignon

Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel, mais repousse sa demande d'ouvrir un procès posthume contre Boniface VIII qui aurait pu justifier à posteriori l'attentat d'Anagni[29]. En 1307, il a un entretien avec le roi capétien où il est question en particulier du sort des Templiers. Philippe le Bel veut supprimer cet influent et riche ordre de moines-chevaliers. C'est chose faite le vendredi 13 octobre 1307 sans que le pape ait pu s'y opposer.

Comme il n'est toujours pas en mesure de s'établir à Rome et veut suivre de près le procès des Templiers, Clément V décide en 1309 de s'établir «provisoirement» dans un couvent de dominicains hors les murs d'Avignon, au monastère du Groseau (aujourd'hui dans la commune de Malaucène), sur des terres d'Empire qui lui sont cédées par le roi de Sicile, par ailleurs comte de Provence.

Même «provisoire», cet établissement aux frontières du royaume de France traduit l'abaissement de la papauté depuis l'époque où Innocent III, un siècle plus tôt, prétendait soumettre les rois à son autorité.

[modifier] La papauté à Avignon

Les papes d'Avignon sont tous français selon le territoire actuel. En réalité, ce sont des papes de langues d'oc dont la région d'origine dépendait, soit directement du roi de France, soit du roi d'Angleterre (pour ses terres relevant du roi de France), soit du comté de Provence (qui relevait du saint Empire romain germanique). Clément V - largement cité mais à tort - n'est pas le premier pape d'Avignon. Ce titre revient à ses successeurs à savoir: Jean XXII, Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI.

Urbain V prendra la décision de retourner à Rome mais la situation chaotique qu’il y trouve l’empêche de s’y maintenir. Il doit retourner en France pour arbitrer un conflit entre les Français et les Anglais et, de fait, il se réinstalle à Avignon. Il meurt très peu de temps après. Son successeur Grégoire XI décide à son tour de rentrer à Rome, ce qui met fin à la première période de la papauté d’Avignon.

Les papes d'Avignon
Jean XXII, Pape de 1316 à 1334.
Jean XXII, Pape de 1316 à 1334.
Benoît XII, Pape de 1334 à 1342
Benoît XII, Pape de 1334 à 1342
Clément VI, Pape de 1342 à 1352
Clément VI, Pape de 1342 à 1352
Innocent VI, Pape de 1352 à 1362
Innocent VI, Pape de 1352 à 1362
Urbain V, Pape de 1362 à 1370
Urbain V, Pape de 1362 à 1370
Grégoire XI, Pape de 1370 à 1378
Grégoire XI, Pape de 1370 à 1378

[modifier] La papauté d’Avignon en compétition avec celle de Rome

La deuxième période débute en 1378 quand les cardinaux, en conflit avec Urbain VI, qu’ils venaient d’élire à Rome après la mort de Grégoire XI, se révoltent contre lui, se réunissent à Fondi, le déposent et élisent à la place le cardinal français Robert de Genève qui prend le nom de Clément VII. Soutenu par de nombreux États, dont la France, c’est naturellement à Avignon qu’il se réinstalle avec sa cour, tandis qu’Urbain VI et la sienne restent à Rome (les détails de cette période sont donnés à l’article Grand Schisme d’Occident).

À Clément VII, succédera, toujours à Avignon, l’Aragonais Benoît XIII (tous deux sont aujourd’hui considérés comme antipapes par l’Église catholique).

Le concile de Pise échoue en 1409 à résoudre le schisme. Il élit un troisième pape (dit pape de Pise bien qu’il ne réside pas à Pise), en la personne d’Alexandre V, très vite remplacé par Jean XXIII. Cependant, le pape de Pise reçoit de nombreux soutiens d’États jusqu’ici fidèles à l’un ou l’autre pape.

Le pape Benoît XIII d’Avignon perd ainsi le soutien français et doit s’exiler en Aragon, dernier pays à le soutenir. Il y restera jusqu’à sa mort, aura même des successeurs qui sombreront peu à peu dans l’oubli. Mais le départ de Benoît XIII marque la fin définitive de la papauté d’Avignon.

[modifier] Bibliographie

  • Bernard Guillemain, La cour pontificale d'Avignon 1309-1376 — Étude d'une société, 807 p., Éditions De Boccard, 1966
  • Bernard Guillemain, Les Papes d'Avignon : 1309-1376, Éditions du Cerf, 1998, (ISBN 2-204-05895-5)
  • Jean Favier, Les papes d'Avignon, Fayard, 2006, (ISBN 2-213-62524-7)

[modifier] Notes et références

  1. Jean Renaud, Les Vikings en France, Clio.fr
  2. ab Georges Duby, Les féodaux (980-1075) tiré de Histoire de la France, Larousse 2007, p.264-266
  3. Georges Duby, Les féodaux (980-1075) tiré de Histoire de la France, Larousse 2007, p.272
  4. ab Otton Ier le Grand (912-973). Roi de Germanie (936-973) et empereur (962-973)
  5. Joseph Rovan, Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours, 3e éd. revue et augmentée, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire » nº 254, Paris, 1999 (1re éd. 1994) (ISBN 2-02-18296-3) [détail des éditions], p. 100
  6. Otton III (980-1002) Roi de Germanie (983) et empereur (996-1002)
  7. Georges Duby, Les féodaux (980-1075) tiré de Histoire de la France, Larousse 2007, p.277
  8. Georges Duby, Les féodaux (980-1075) tiré de Histoire de la France, Larousse 2007, p.276
  9. Christian Lauranzon-Rosaz, La Paix des Montagnes: Origines auvergnates de la Paix de Dieu, p.19
  10. Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, p. 104-105
  11. Jacques Paviot,Le moine est maître chez lui Historia Thématique N°90: La France féodale p.43
  12. Christian Lauranzon-Rosaz, « Paix de Dieu » Site de l'université de droit et de science politique de Clermont-Ferrand et Stéphane Pouyllau, La Paix et la Trêve de Dieu, [1]
  13. ab Prosper Alfaric, Un pape alsacien: Léon IX d'Eguisheim, Annuaire de la Société Historique, Littéraire et Scientifique du Club Vosgien, volume I (1-2), Strasbourg Imprimerie Alsacienne 1933, Encyclopédie universelle
  14. MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg et F.-Camille Dreyfus, Le pape Grégoire VII, La Grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de savants et de gens de lettres, Paris, Société anonyme de La Grande encyclopédie, 1885-1902, Encyclopédie universelle
  15. Marie-Thérèse Lorcin,Des Restos du cœur avant la lettre Historia Thématique N°65 : Un Moyen Age inattendu pages 48 à 51
  16. Colette Beaune, « Petite école, grand ascenseur social », Historia Thématique n°65 : Un Moyen Age inattendu pages 42 à 47
  17. Jean-Michel Mehl,Près de cent quarante jours chômés par an Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu pages 58 à 64
  18. Jean Chélini, Histoire religieuse de l’Occident médiéval, Hachette, 1991, p. 291
  19. ab Université de Paris X-Nanterre, « Histoire du droit », Ire partie, titre 3, chapitre 1, Cours de 1re année de DEUG, UP 2 «  , 2e semestre, année 2000-2001.] » sur [2]. Consulté le 21 août 2007
  20. Jacques Le Goff, Marchands et banquiers du Moyen-Âge, Que sais-je ?, PUF, 2006, p.60-62
  21. Jacques Le Goff, Marchands et banquiers du Moyen-Âge, Que sais-je ? PUF, 2006, p.97-98
  22. Jacques Le Goff, Marchands et banquiers du Moyen-Âge, Que sais-je ? PUF, 2006, p.104-108
  23. Marie-Thérèse Lorcin, « Des Restos du cœur avant la lettre », Historia Thématique N°65 : Un Moyen Age inattendu pages 48 à 51
  24. Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Âge, Éditions seuil 1975 p. 113-140
  25. Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Age, Éditions seuil 1975 p. 149-157
  26. ab Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Âge, Éditions Seuil, 1975, p. 188-190
  27. (en) John Wyclif's Political Philosophy, Stanford Encyclopedia of Philosophy
  28. ab Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge français, Perrin 1992, p. 240-241
  29. ab Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Hachette 2003, page 285

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes