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DEVOIR DE PHILOSOPHIE

Sujet : « Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ? »

La vie quotidienne nous donne à chacun du fil à retordre et nous fait nous poser un certain nombre de questions variées sur notre existence, sur notre valeur ou encore au sujet de notre propre nature. Ces questions, parfois abstraites n’ont pas forcément de réponses claires et impartiales. La question du Moi fait partie de cet ensemble d’énigmes qu’engendre l’existence. On se demande qui l’on est, on se remet en question, on essaie de se juger en prenant du recul sur soi-même. La question est de savoir si l’individu lambda est le mieux placé pour savoir qui il est, pour prendre conscience de lui-même. Le problème réside dans la question même puisqu’il faudra prendre en compte l’objectivité de notre propre jugement, ainsi que le rôle d’Autrui et sa capacité à juger mais également le but d’arriver à la connaissance de soi. Pour répondre à cette question, il va falloir qu’on se demande si l’on peut réellement prendre conscience de soi de manière impartiale et irréfutable, pour ensuite nous pencher sur la comparaison entre le jugement d’Autrui et son propre jugement sur soi. Enfin, nous soulèverons le problème de savoir si l’on prend mieux conscience de soi en société ou dans la solitude.


Le premier problème auquel nous sommes confrontés tient donc dans l’objectivité de notre jugement sur nous-même. La question est de savoir si l’on est réellement apte à prendre conscience de soi objectivement et donc avec du recul. Chaque individu est amené régulièrement à se demander qui il est. Tout un chacun se doit de se remettre en question, de juger ses propres actes, ses opinions, ses idéaux. L’Homme a comme qualité essentielle d’être flexible dans ses jugements, une attitude bornée et réfractaire au changement serait contraire à ses principes fondamentaux. Savoir discerner le bien et le mal aide l’Homme à tendre vers un idéal de perfection, difficilement inaccessible, utopique mais souvent recherché. On se corrige afin d’être le plus près possible de ce que l’on considère comme le bien, notion abstraite et très attirante pour l’Homme. L’opinion, qui a pour caractéristique principale d’être changeante oscille ainsi vers différents axes, ce qui nous permet de nous améliorer, du moins de notre point de vue. Le but de cette prise de conscience est de pouvoir aller de l’avant, en sachant vers quelle direction tendre. Chacun cherche une vie meilleure en tentant de savoir qui il est vraiment. Les raisons de cet auto-jugement perpétuel sont variées, mais souvent liées à un échec, après lequel il faut rebondir, se relever en corrigeant ses erreurs. On peut dire d’un côté, qu’on peut objectivement arriver à la connaissance de soi, par différents moyens. Ceci nous renvoie à la pensée du psychiatre, philosophe et psychanalyste catalan, Henri Ey (XXème siècle), qui considère le Moi comme « l’être conscient de soi constitué en personne », en rajoutant : « la personne est ce qui commande les changements et leur survit. » Personne et personnage, c’est ce que l’on choisit d’être, de montrer. . On peut en effet admettre que certains critères de jugement du Moi ne sont connus que par la personne dont on veut connaître l’identité profonde et réelle. Seul le Moi serait alors capable de savoir qui il est au fond de lui-même. Le miroir fictif, grâce auquel on parvient à se voir est, suivant cette thèse, limpide et porteur d’informations peu réfutables. Il nous permet d’arriver à la conscience objective et suffisante de soi.

Cependant, on peut penser que ce miroir si limpide et si honnête de par sa juste réflexion du Moi, n’est pas aussi efficace pour tous les critères de connaissance de soi, et que parfois Autrui est plus à même de nous dire qui l’on est.

Ceci nous amène à nous pencher sur l’extrait des Pensées de Pascal. Ce passage est significatif de la thèse de ce philosophe du XVIIème siècle, en ce qui concerne le Moi. Celui-ci étonne ici le lecteur de par son cynisme, son jugement réducteur du pouvoir d’Autrui. En effet, Blaise Pascal est un grand chrétien, un penseur religieux et il serait donc plus commode qu’il fasse preuve de foi en l’humanité et qu’il prône l’amour de l’Homme, en tant que créature divine. Cependant, il n’en est rien : Le philosophe semble traiter le problème d’une toute autre manière que celle voulue par les dogmes religieux. Il semblerait que les autres ne soient pas aptes à savoir qui l’on est et que leur jugement n’ait, en définitive, aucune valeur. Pascal paraît être réticent à cette opinion extérieure, qui ne prendrait en considération que les qualités apparentes, comme la beauté, la gentillesse ou encore le jugement. On peut certes imaginer que l’on aime quelqu’un pour ses qualités présentes et passées, ou encore pour ce que l’on a vécu et partagé avec cette personne et l’on espère encore vivre et partager avec la personne des moments bénéfiques pour le Moi. En ce sens, le Moi ne serait fait que d’apparences et Autrui ne serait en aucun cas apte à savoir qui l’on est. On peut relier cette pensée du Moi avec un autre philosophe : Paul Valéry (XXème siècle) et le citer : « Les Hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent ». La conscience du Moi par Autrui est alors complètement obsolète, désuète de par la naïveté, en quelque sorte du juge. La partialité du jugement est alors bernée par des artifices de qualités et d’apparences.

 D’autre part, il semble indispensable de se pencher sur la thèse opposée à celles de Pascal et de Valéry, qui consiste à dire que les autres seraient plus aptes à savoir qui l’on est. En effet, en ce qui concerne plusieurs critères  de description des caractères du Moi, Autrui est souvent mieux placé pour savoir qui l’on est objectivement. La conscience de soi est essentielle à la stabilité morale de l’Etre. Chacun se doit de chercher à savoir qui il est. On peut prendre l’exemple des moines, qui par le recueillement, la méditation sont amenés à se regarder dans le Miroir et à prendre du recul sur la vie, afin de se remettre en question. D’autres ne parviennent pas à cette connaissance et cherchent à fuir la réalité, à nier leur propre Moi. Plusieurs moyens d’échappatoire sont à disposition de ces individus, comme la drogue ou l’alcool entre autres. Certains s’en remettent alors à l’avis de professionnels (psychiatres, psychologues, ou psychanalystes) qui se doivent d’éclairer la vision brouillée de ces consciences perdues. Les psychanalystes sont amenés à « tendre le miroir » à ceux qui ne savent plus où ils sont, ou encore à étudier les rêves afin de se rapprocher de la connaissance de l’individu en perdition.

Ceci nous conduit à aboutir notre réflexion par le problème de la conscience de soi. Prend-on mieux conscience de soi en société, ou dans la solitude ? Les autres sont-ils plus aptes à nous juger, ou a-t-on besoin de se mettre en marge du Monde pour savoir qui l’on est ?

Nous sommes donc amenés à nous demander s’il nous est plus aisé de tendre vers la réelle connaissance de Moi par le contact, la communication, ou dans la solitude. En ce qui concerne la solitude, elle n’est pas toute entière synonyme d’isolement ou d’abandon, ici elle est recherchée et assumée. Cette solitude est alors nécessaire à l’Homme pour accéder à la connaissance de soi. En effet, elle permet de faire le point sur sa vie, sur ses actes, sur ses opinions. Le ressourcement, qui revient à se retrouver face à soi-même, permet par la suite de repartir sainement, dans la bonne direction, vers les autres, vers le Monde. On peut le constater entre autre à la suite d’échecs. La solitude devient un besoin et elle apparaît alors comme nécessaire pour repartir dans le droit chemin de la connaissance de soi. Si l’on prend le cas des ermites qui s’exilent afin de se recueillir, on constate que la solitude est le moyen inévitable dans le périple de la recherche du Moi. Ces Hommes qui décident de se mettre en marge du Monde cherchent à se mettre face au miroir réfléchissant leur nature.

D’autre part, on se doit également de prendre en compte l’importance de la conscience de soi en société. Celle-ci nous amène différents éléments non-négligeables qui nous aident à aboutir à notre objectif, qui est de savoir qui l’on est. En fait l’objectif prioritaire serait d’agir et c’est la plupart du temps en cas d’échec que l’on en vient à se poser des questions sur soi, comme on a pu le constaté auparavant. Tout individu cherchant à accéder à son Moi est amené à s’aider d’Autrui. On ne peut pas se voir soi-même et l’on a besoin d’un avis extérieur afin de savoir qui l’on est. Autrui paraît alors plus apte à juger objectivement de notre nature en tant qu’Homme. On pourra alors citer Sartre : « L’Homme sera d’abord ce qu’il aura projeté d’être  », tout en le nuançant. L’ Homme décide peut-être de ce qu’il est, mais il a besoin des autres pour savoir ce que cela vaut dans la société où il vit.

Pour résumer, on peut dire que l’on a besoin des deux. La solitude, alliée à la vie en société permettent une impartiale connaissance de soi. Si l’on souhaite réellement savoir qui l’on est, il faut savoir trouver le juste milieu entre son propre jugement et celui des autres. La communication est nécessaire, tout autant que le recueillement à la connaissance de soi.


Nous avons donc vu que la recherche authentique du Moi, passant par un parcours sinueux nous confronte à certaines difficultés et qu’il faut user de différents moyens pour accéder à notre but final. Si l’on souhaite savoir qui l’on est, on a constaté qu’il faut à la fois prendre conscience de soi par soi-même, mais également compter sur Autrui pour nous apporter des éléments extérieurs, et inaccessibles dans la solitude. Le problème posé dans la question initiale réside quelque part dans sa formulation même. Nous pouvons penser qu’il est au fond impossible de savoir profondément et objectivement qui l’on est. Cependant, malgré les incertitudes devant lesquelles nous ne pouvons trouver d’issues, certains chemins sont accessibles dans la connaissance du Moi. La recherche de notre nature profonde est un sujet vaste et intemporel, qui ne pourra jamais évoluer fondamentalement, mais qui nous fascinera sûrement jusqu’à notre extinction.