Oliver Cromwell

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Cromwell.
Oliver Cromwell
Oliver Cromwell
Portrait miniature d'Oliver Cromwell par Samuel Cooper, 1657
Portrait miniature d'Oliver Cromwell par Samuel Cooper, 1657

Oliver Cromwell (Huntingdon, 25 avril 1599Londres, 3 septembre 1658) est un militaire et homme politique anglais qui a gouverné l'Angleterre, sous le titre de Lord Protecteur, pendant les années 1650 jusqu'à sa mort en 1658.

Sommaire

[modifier] Origine et parcours

Descendant des premiers Tudors, et de la soeur du reformateur Thomas Cromwell, Olivier Cromwell naît dans une famille assez distinguée à Huntingdon, ville de l'est du pays, et étudie à l'Université de Cambridge. Entré de bonne heure dans le mouvement Puritain, il développe un esprit d'intolérance religieuse. Persécuté comme dissident, il est sur le point d'embarquer pour l'Amérique quand un ordre du roi interdit le départ.

En 1620, il épouse Elisabeth Bourchier et obtient un siège au Parlement en 1628. L'écrivain et député Sir Philip Warwick, dressa un portrait peu flatteur d'Olivier Cromwell :

« Il portait son habit de drap tout uni, grossièrement coupé, son linge grossier, sa rapière serrée contre sa cuisse. Il parlait avec une éloquence pleine de ferveur. Le motif de son discours n'était guère raisonnable: il plaidait pour un domestique qui avait distribué des libelles contre la reine. Je dois avouer que l'attention avec laquelle ce gentilhomme fut écouté diminua beaucoup ma révérence pour cette grande assemblée. »

Mais lorsque celui-ci est dissoute, en 1629, il retourne gérer la fortune paternelle. Député de l'Université de Cambridge au Long Parlement (1640), il s'y fait remarquer par ses déclamations contre le papisme et la royauté. Lorsque la guerre civile (civil war) commence, en janvier 1642, il est convaincu que c'est le signe de Dieu pour la lutte contre l'épiscopalisme et la monarchie détachée des affaires puritaines.

Il vit comme fermier-gentilhomme, membre de la gentry jusqu'au début de la première guerre civile anglaise, en 1642, quand il mène ses ouvriers (en fait une armée recrutée par ses soins) au service du Parlement. Il se signale par son habileté et sa bravoure, mais aussi par ses actes de cruauté. Après son service militaire, il devient un homme politique remarqué, et il est le seul apparemment capable de gouverner après la mort du roi Charles Ier.

Quelques auteurs ont affirmé qu'il était l'un des fondateurs de la franc-maçonnerie[1].

[modifier] Carrière militaire et politique à son apogée

Caricature hollandaise représentant Olivier Cromwell en monarque
Caricature hollandaise représentant Olivier Cromwell en monarque

En 1643, il lève à ses frais (il a hérité en 1638 d'une riche propriété) une troupe de cavalerie organisée selon des principes démocratiques (officiers élus par la troupe, discussions idéologiques...) : les Ironsides (Côtes de Fer). Le 2 juillet 1644, il s'illustre dans la bataille de Marston Moor, et celle de Newbury, en octobre. Le Parlement le nomme Lieutenant-général de cavalerie.

En 1645, le Parlement le charge de réorganiser l'armée sur le modèle de ses propres troupes (c'est la New Model Army). Il bat les royalistes à la bataille de Naseby le 14 juin de la même année.

Le 5 mai 1646, le roi se rend aux Écossais, qui, le 30 janvier 1647, le livrent au Parlement anglais.

L'armée parlementaire est divisée en deux camps : les Indépendants constitués par les officiers, et les Niveleurs composés par la troupe. Ceux-ci prônent un régime égalitaire. Cromwell est d'abord conquis par leurs idées. En 1648, Charles Ier s'enfuit de l'île de Wight, mais il est bientôt ramené à Londres. Le Parlement étant peu enclin à juger son souverain légal, Cromwell organise la purge dans ses rangs. Le procès a lieu du 20 au 27 janvier 1649, et Charles Ier est décapité à la hache le 30 janvier.

Une des opérations de siège les plus réussies de la New Model Army est le siège de Drogheda de 1649, dans le cadre de la Conquête cromwellienne de l'Irlande catholique.

Le 17 mai 1649, Cromwell proclame la République, ou Commonwealth . Mais les relations se détériorent entre le Parlement croupion, parlement à chambre unique, et l'armée ; Cromwell intervient et fait chasser les parlementaires par des soldats et institue un nouveau Conseil d'État dont il est partie prenante ainsi qu'un nouveau Parlement, mais dont les membres sont cette fois-ci nommés par le Conseil d'État. Ce Conseil ainsi que le Conseil des officiers, redoutant l'anarchie latente, nomme Cromwell Lord Protecteur de la République d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande en 1653.

Ses pouvoirs sont normalement contrebalancés par le Conseil et le Parlement, mais le Conseil lui est acquis et le Parlement est dissous dès le 20 avril 1653 :

« Allons, Moi, ou plutôt le Seigneur, nous en avons assez. Je vais mettre fin à votre bavardage. Il ne convient ni de l'intérêt de ces nations, ni au bien public, que vous siégiez ici plus longtemps. Je vous déclare donc que je dissous ce Parlement. »

Par ironie, il fait placer un écriteau sur la porte de la salle des séances où il est écrit: "Chambre non meublée à louer".

Cromwell impose ainsi un despotisme puritain, fait régner l'austérité, et pratique une certaine tolérance religieuse, sauf en ce qui concerne les catholiques. À l'initiative de Manasse ben Israel, il abolit en 1656 le décret de 1290 qui avait expulsé la communauté juive d'Angleterre[2]. Les séries de massacres commis par ses troupes durant la répression de la révolte de l'Irlande sont ainsi encore très présente dans la mémoire collective.

En 1656, il convoque un nouveau Parlement car il a besoin de subsides pour mener la guerre contre l'Espagne en Jamaïque, et le dissout dix jours plus tard.

Une troisième session est ouverte en 1658. Ce Parlement, fortement épuré, lui accorde les subsides et lui demande de devenir roi et de rétablir la royauté ; sous la pression de ses officiers, Cromwell refuse mais conserve le droit de désigner son successeur ; il désignera Richard, son fils, avant de dissoudre une dernière fois l'Assemblée, le 4 février de la même année:

« Tout cela ne tend qu'à faire le jeu du roi d'Écosse. De tout cela il ne peut sortir que de la confusion et du sang. Je crois qu'il est grand temps de mettre fin à votre session et je dissous ce Parlement. Que Dieu juge entre vous et moi. »

Depuis ce moment, Cromwell règne en souverain absolu. Du reste, il enlève la Jamaïque aux Espagnols, et abaisse la marine hollandaise ; il achève la réduction de l'Irlande et de l'Écosse.

[modifier] L'après-Cromwell

Pièce de monnaie représentant Cromwell
Pièce de monnaie représentant Cromwell

Cromwell s'éteint à Londres le 3 septembre 1658, victime de la malaria ou d'un empoisonnement. Son fils Richard Cromwell lui succède, mais pour très peu de temps, car le général George Monck gouverneur de l'Écosse, craint que la nation ne sombre dans le chaos et cherche à rétablir la monarchie. En février 1660, Monck et son armée marchent sur Londres, et avec le soutien populaire, force le Parlement à se dissoudre.

Charles II rentre à Londres et se fait couronner le 23 avril 1661.

Pour venger la mort de son père, il fait juger ses "assassins", et exhumer entre autres le corps de Cromwell de l'abbaye de Westminster et le soumet au rituel d'exécution post mortem le 30 janvier, date anniversaire de l'exécution de Charles Ier. Son corps est jeté dans un puits, et sa tête exposée sur un pieu devant l'abbaye de Westminster jusqu'en 1685.

La période qui suit le couronnement de Charles II est appelée la Restauration.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Anecdotes

[modifier] Notes et références

  1. Albert Mackey, The History of Freemasonry, Chapitre XXXIII : Oliver Cromwell and freemasonry
  2. (en)Oliver Cromwell et les juifs

[modifier] Sources

« Oliver Cromwell », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)


commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Oliver Cromwell.

Précédé par Oliver Cromwell Suivi par
Charles Ier
lord protecteur d'Angleterre et d'Irlande
Richard Cromwell
Charles Ier
lord protecteur d'Écosse