Ogoni

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Le peuple Ogoni est l'un des peuples indigènes vivant dans l'État de Rivers au sud du Nigéria. Cette population compte environ 500.000 personnes.

Drapeau de la communauté Ogoni, créé par Ken Saro-Wiwa
Drapeau de la communauté Ogoni, créé par Ken Saro-Wiwa

Le peuple Ogoni s'est fait connaître au niveau international après la campagne de protestation contre la compagnie pétrolière Shell. Le MOSOP (MOvement for the Survival of the Ogoni People) est un mouvement défenseur du peuple Ogoni dirigé jusqu'en 1995 par Ken Saro-Wiwa, qui a été à l'origine de plusieurs manifestations.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le peuple Ogoni est réparti sur un petit territoire du golfe de Guinée, à l'est de la ville de Port Harcourt au Nigéria. Ce territoire comprend des partie des LGA (Local Government Areas, sortes de départements du Nigéria) de Kana, Gokana, Tai et Eleme. Traditionnellement, le territoire des Ogonis s'étend sur les cinq royaumes de Babbe, Eleme, Gokana, Ken-Khana et Tai.

[modifier] Linguistique

Diverses langues sont parlées sur ce territoire, comme le Khana, le Gokana, le Tee et le Eleme. Ces langues ne sont qu'une partie de l'extrême diversité linguistique du Delta du Niger.

[modifier] Histoire

Comme d'autres peuples du Golfe de Guinée, les Ogonis possèdent une structure politique interne gérée par des chefs. Ils font partie des peuples ayant échappé à la traite des noirs durant la période esclavagiste grâce à un relatif isolement géographique.

En 1885, le Royaume-Uni commence à coloniser le golfe de Guinée, puis arrive sur les terres du peuple Ogoni en 1901. Le peuple Ogoni s'oppose à la colonisation jusqu'en 1914.

[modifier] Conflits liés à l'extraction du pétrole

article détaillé: MOSOP

La première découverte de pétrole sur les terres Ogoni date de 1958. La destruction de l'environnement causée par l'extraction du pétrole en terre Ogoni ainsi qu'un manque de partage des richesses du pétrole ont eu pour conséquence une opposition progressive de la part du peuple autochtone.

Ce n'est qu'à partir de 1990 avec les premières campagnes du MOSOP que les compagnies pétrolières rencontreront les premières vraies difficultés à contenir la résistance du peuple Ogoni. Lors des ses trois première années d'existence, le MOSOP a déclenché une campagne locale et internationale contre Shell, la compagnie pétrolière la plus critiquée pour ses actions en terre Ogoni.

Le gouvernement nigérian a répondu par une militarisation de la zone et la répression de ce mouvement, enfermant les leaders des manifestations. Ken Saro Wiwa, le parte-parole de ce mouvement se fait emprisonner plusieurs fois sans jugement jusqu'en 1995 où il sera emprisonné, jugé et exécuté le 10 novembre. Plusieurs ONG comme Amnesty International ont dénoncé vivement ce procès[1] et l'attitude du gouvernement militaire du Général Sani Abacha face aux manifestations pacifiques, le rôle de la compagnie Shell lors de l'arrestation de Saro-Wiwa a aussi été très critiqué. Selon certaines estimations, 2000 personnes ont été tuées depuis 1993 par l'armée nigérienne, de nombreux villages ont été détruits, beaucoup d'Ogoni se sont exilés au Bénin. Certains Ogonis ont été accueillis aussi au Canada et aux États-Unis[2]. Ces exactions ont eu pour conséquence l'expulsion du Nigéria du Commonwealth des Nations en 1995, mais certains se plaignent du manque d'action de la communauté internationale[3]. Le Nigéria a été réintégré au Commonwealth en 1999.

Selon plusieurs rapports, la situation des Ogonis ne s'est guère améliorée depuis

Après s'être retirée de ces terres pour des raisons de sécurité, la compagnie Shell tente parfois d'y retourner pour extraire du pétrole. En avril 2005, une des communautés Ogoni, appelée Agip Waterfront, à été détruite afin de faciliter l'expansion de la compagnie NAOC (Nigerian Agip Oil Company). Au moins un Ogoni a été tué lors de cette action[4].Selon plusieurs rapports[5],[6],[7],[8], la situation ne s'est pas améliorée pour le peuple Ogoni en dépit du changement de gouvernement au Nigéria.

Selon plusieurs sources, Shell aurait commis encore certains abus en 2006[9].

La situation actuelle est similaire dans d'autres régions pétrolifères du sud du Nigéria. D'autres combats continuent entre des compagnies pétrolières et des peuples autochtones du sud du Nigéria[10].

Beaucoup d'altermondialistes ont exprimé leur soutien aux peuples Ogoni. Ils dénoncent souvent le manque d'actions contres les multinationales abusives. Dans son livre No Logo, Naomi Klein prend le retrait de Shell des territoires Ogoni sous la pression locale et internationale comme l'un des premiers grand succès du mouvement altermondialiste sur le pouvoir grandissant des multinationales[11].

[modifier] Références

  1. Détention et procès de membres de la communauté ogoni: rapport d'Amnesty International de septembre 1995 sur la situation du peuple Ogoni.
  2. Document PBS: The New Americans: The Ogoni Refugees (en anglais)
  3. [http://www.concordiafrancais.org/avril2005/avr05_25.php article au sujet du manque d'action de la communauté internationale] du Concordia Français
  4. Communniqué de Minority Right International
  5. Injustice, pétrole et violence au Nigéria: rapport d'Amnesty International de novembre 2005 sur la situation du peuple Ogoni.
  6. L'intensification des tensions en pays ogoni fait au moins un mort: communiqué d'Amnesty International d'avril 2000 concernant le peuple Ogoni.
  7. prix du Conseil œcuménique des Églises
  8. Rapport de minority Right International datant de mai 2003 (traduit en français)
  9. Commentaire de Stop-usa sur la situation actuelle
  10. Article paru dans Le Monde Diplomatique d'avril 2006
  11. Voir l'article No Logo

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes