Ocytocine

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Molécule d'ocytocine
Molécule d'ocytocine

L'ocytocine est une hormone peptidique synthétisée par les noyaux paraventriculaire et supraoptique de l'hypothalamus et sécrétée par l'hypophyse postérieure (neurohypophyse).

« ocy » du grec ôkus : rapide et de « tocine » tokos : accouchement

Sommaire

[modifier] Structure

L'ocytocine est un polypeptide comportant neuf acides aminés, dont les deux groupements cystéine sont reliés par un pont disulfure (Cys1 - Cys6). La séquence des acides aminés est présentée ci-dessous.

Cys─Tyr─Ile─Gln─Asn─Cys─Pro─Leu─Gly─NH2

Bien que l'ocytocine et la vasopressine aient des structures voisines (sept acides aminés en commun), ces deux hormones possèdent des effets très différents.

[modifier] Effets

Les premiers effets reconnus de l'ocytocine ont été sa faculté d'accélérer l'accouchement chez les mammifères. L'ocytocine provoque en effet la contraction des muscles lisses de l'utérus et accélère le travail. Cette hormone permet aussi à l'utérus de se rétracter après l'expulsion, pour qu'il retrouve sa position initiale.

Du point de vue de l'évolution, l'ocytocine et la vasopressine sont d'anciennes substances dont les actions ont fortement contribué à la survie de l'espèce, bien que selon deux stratégies opposées : le système lutte ou fuite pour la vasopressine et le système calme et contact pour l'ocytocine. La composition chimique de l'ocytocine est la même chez tous les mammifères, tandis que la structure moléculaire de la vasopressine diffère légèrement chez certaines espèces.

L'injection d'ocytocine dans le cerveau d'un mammifère produit des modifications significatives de son comportement : diminution de l'agressivité, augmentation de la sociabilité, plus grande résistance à la douleur, baisse de la tension artérielle, augmentation de l'appétit et comportement maternel chez les femelles. Ces effets persistent en moyenne deux fois plus longtemps chez les femelles que chez les mâles. Il est intéressant de constater qu'ils se transmettent, bien qu'à une moindre dose, à d'autres animaux vivant dans la même cage et n'ayant pas subi le traitement. L'expérience a montré que cette transmission s'effectuait par la voie olfactive, vraisemblablement par les phéromones qui touchent une partie archaïque du système olfactif : l'organe voméro-nasal.

L'ocytocine naturelle produite dans le circuit neuronal joue un rôle essentiel dans l'attachement entre la femelle mammifère et son nouveau-né. Des études sur des brebis non-gestantes ont montré que l'injection d'ocytocine par voie intraventriculaire (dans le cerveau) permet de produire artificiellement des réflexes maternels. L'administration d'œstrogènes et de progestérone plus une stimulation vagino-cervicale (sexuelle) produit le même effet. Par contre, cet effet est annulé si la brebis est sous péridurale. (Source : KEVERNE EB, KENDRICK KM, 1994. Maternal-behavior in sheep and its neuroendocrine regulation. ACTA PAEDIATRICA, 83, p.47-56 Suppl. 397)

L'ocytocine dans le circuit sanguin est indispensable au réflexe d'éjection du placenta. Or, la phase qui suit immédiatement la naissance du bébé humain correspond pour la mère à un pic jamais égalé d'ocytocine naturelle, sous condition qu'elle n'ait pas reçu d'ocytocine artificielle (Syntocinon™), qu'elle n'ait pas froid, qu'elle ne soit pas soumise à une lumière intense, et que son intimité soit respectée. Dans le cas contraire, il est souvent nécessaire d'administrer de l'ocytocine artificielle (ou du misoprostol) pour faciliter l'éjection du placenta et prévenir une hémorragie de la délivrance, première cause de mortalité maternelle en France.

Au cours de la tétée, l'ocytocine stimule l'éjection du lait en favorisant la contraction des cellules myoépithéliales qui entourent les alvéoles (acini) des glandes mammaires. L'ocytocine n'a pas de contrôle sur la production du lait, qui est dépendante de la prolactine et des œstrogènes.

Dans le numéro 7042 de la revue Nature (juin 2005), une équipe de chercheurs de l'Université de Zurich publie les résultats d'une expérience tendant à prouver que l'ocytocine place celui qui en inhale dans un état de confiance. L'expérience consistait en un jeu de rôles dont les participants devaient décider ou non de confier de l'argent à une personne n'inspirant pas confiance mais promettant d'importants bénéfices. Près de la moitié des cobayes ayant inhalé de l'ocytocine ont décidé de confier leur argent à l'investisseur douteux, tandis qu'1/5 seulement des cobayes ayant inhalé un placebo ont accepté de le faire.

[modifier] Régulation

La régulation de la production d'ocytocine se fait par voie nerveuse. Pendant l'accouchement, le stimulus est la dilatation du col utérin qui est détectée par des mécanorécepteurs présents sur la paroi de l'utérus. Ces récepteurs envoient l'information au système nerveux central qui déclenche la production d'ocytocine.

Dans la glande mammaire, la succion du mamelon est de même détectée par des récepteurs reliés au système nerveux central : cette stimulation entraîne la production d'ocytocine par l'hypothalamus.

À l'inverse d'autres hormones, l'ocytocine ne bénéficie pas d'un dispositif régulateur (feed-back) qui permettrait de limiter sa production. Il semble au contraire que l'ocytocine active des processus qui fonctionnent en « cascade ». C'est pourquoi l'on peut en observer des pics importants et une production sur un mode « pulsatile ». Une étude récente menée par l'équipe de Kervin Uvnäs Moberg, en Suède, montre que la durée moyenne d'allaitement au sein est supérieure chez les femmes qui ont bénéficié de production pulsatile d'ocytocine naturelle pendant leur accouchement.

[modifier] Mode d'action

L'ocytocine se fixe sur les récepteurs des cellules musculaires de l'utérus et des glandes mammaires. Ces récepteurs, couplés à une protéine G, activent les phospholipases C conduisant à l'augmentation la concentration intracellulaire en calcium. Les ions Ca2+ ainsi libérés favorisent les interactions entre les protéines d'actine et de myosine, à la base de la contraction musculaire.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Ocytocine : l'hormone de l'amour, Santé - Bien-être - Relations, Pr. Kerstin UVNÄS MOBERG, Collection Champ d'idées, éditions Le Souffle d'Or, 2006

Note : la traduction et l'édition de cet ouvrage sont très imparfaites (pas de bibliographie etc.). Il est fortement recommandé de lire la version anglaise : The Oxytocin Factor. Tapping the Hormone of Calm, Love, and Healing. Cambridge MA: Da Capo Press, 2003.

[modifier] Liens externes