Massacre de Tulle

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Le massacre de Tulle désigne l'assassinat par pendaison de 99 civils en juin 1944 dans la ville de Tulle par la 2e division SS Das Reich à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] Contexte historique

[modifier] La division Das Reich

Au début de 1944, après avoir subi de lourdes pertes sur le front de l'Est, la 2e division blindée SS Das Reich, sous le commandement du Gruppenführer Heinz Lammerding, est regroupée dans la région de Montauban, pour être reformée en prévision d'un débarquement allié quelque part sur le front Ouest. Elle est composée de 18 000 hommes appuyés de blindés légers et de chars. Cette division présente les quatre critères déterminants pour les auteurs de massacres en France, tels que définis par Peter Lieb : ses membres sont imprégnés par l'idéologie nationale-socialiste, elle a combattu sur le front de l'Est, se perçoit comme une unité militaire d'élite et a déjà participé à des opérations de lutte contre les partisans[1].

Au lendemain du débarquement de Normandie, elle reçoit l'ordre de se positionner dans la région entre Tulle et Limoges pour y réduire les maquis qui, depuis l'annonce du débarquement allié, ont intensifié les actions de sabotage et de harcèlement des garnisons allemandes. C'est le régiment Der Führer qui est chargé de préparer l'arrivée de la division.

La lutte contre les partisans est régie par des ordres émis début 1944, connus sous le nom d’ordonnance Sperrle, du nom du Maréchal, adjoint au haut commandement de l'Ouest. Selon ces ordres, la troupe est tenue de riposter immédiatement aux attaques terroristes en ouvrant le feu et si des civils innocents sont touchés, c'est regrettable, mais la responsabilité en incombe exclusivement aux terroristes ; les zones doivent être bouclées et tous les habitants, quels qu'ils soient, arrêtés ; les maisons qui ont abrité des partisans doivent être incendiées. L'ordonnance poursuit en précisant qu'« il ne faut punir que le chef manquant de fermeté et de résolution car il menace la sécurité des troupes qui lui sont subordonnées et l'autorité de l'armée allemande. Face à la situation actuelle, des mesures trop sévères ne peuvent entraîner de punitions pour leurs auteurs »[2]. Les ordres particuliers du commandant de la division apportent des précisions tactiques : « Les forces de la Résistance doivent être anéanties par des manœuvres d'encerclement »[3]. Le 5 juin 1944, le général Lammerding fait approuver par sa hiérarchie un programme répressif qui reprend les mesures mises en œuvre en Europe de l'Est et à l'arrière du front dans la lutte contre les partisans à partir de 1941[4]. Ce programme prévoit notamment des actions de contre-propagande et de discrimination, « actions ayant pour but de monter la population contre les terroristes » ; il prévoit aussi des arrestations massives et préventives, l'occupation de localités et le ratissage de zones, la réquisition de véhicules. Il précise enfin « l'annonce et l'exécution de la disposition que, pour chaque Allemand blessé et pour chaque Allemand tombé, 10 terroristes seront pendus (et non fusillés). L'exécution par pendaison n'est pas usuelle dans la justice française. Par son application aux terroristes, ceux-ci seront discriminés et exclus de la communauté du peuple français »[4].

Entre le début mai et le 9 juin, la division, et particulièrement le régimentDer Führer effectue, sous les directives du service de renseignements, de nombreuses missions de recherche de bases et dépôts de partisans ainsi que des opérations suite aux actes de la résistance. Au cours de ces opérations, une soixantaine de maquisards est tuée et une vingtaine envoyée en déportation ; une centaine de civils est également tuée en diverses circonstances et un millier déporté en Allemagne. Plusieurs centaines de maisons sont incendiées[5].

[modifier] La répression allemande en Corrèze

Compte tenu de l'activité de la Résistance dans la région, la Corrèze et plus particulièrement la ville de Tulle et ses alentours font l'objet d'un ratissage systématique au cours du mois d'avril, effectué par un groupe composé du 799e bataillon d'infanterie et d'un batailllon du 95e régiment de sécurité commandé par le général Brehmer [6]. Du 1er au 7 avril 1944, la division Brehmer arrête 3 000 personnes et en assassine 150 ; dans le village du Lonzac, 17 habitants sont abattus et 24 maisons incendiées ; à Brive, 300 personnes sont arrêtées et envoyées dans des camps de travail en Allemagne[6]. La division Brehmer quite la Corrèze en mai, après avoir opéré une centaine d'arrestations supplémentaires. Cette vague de répression explique l'attaque de la ville de Tulle par la Résistance qui espère mettre fin aux souffrances de la population[6].

[modifier] La bataile de Tulle

[modifier] La libération

L'attaque de Tulle est planifiée par le commandant des maquis FTP de Corrèze, Jacques Chapu, dit Kléber, fin avril ou début mai 1944 : « à l'origine, il semble bien que cette attaque ait été envisagée sans aucun lien avec le débarquement dont la date était encore imprévisible[7]. » Elle poursuit plusieurs objectifs : « désarmer, et si possible, anéantir la garnison allemande ; désarmer les Gardes Mobiles et s'approprier leurs armes et véhicules ; rendre inoffensifs la Milice et les collaborateurs connus[8] », mais aussi, « creuser des vides dans la garnison, inspirer une crainte salutaire à ses chefs et les amener à se retrancher dans Tulle sans en plus sortir, faisant ainsi cesser, au moins pour un temps, les expéditions contre les maquis[9]. » Contactés, les responsables de l'Armée secrète se montrent tout à fait opposés à une opération contre un centre urbain[10].

Tulle est défendue par une garnison de sept cents[11] hommes du 3e bataillon du 95e régiment de sécurité de la Wehrmacht, auxquels il faut ajouter six ou sept cents hommes des Gardes Mobiles et de la Milice ; face à eux, les résistants disposent de 1 350 combattants, dont 450 ne participeront pas au déclenchement de l'opération et de 1 350 hommes en soutien[12].
L'offensive[13] se déclenche le 7 juin 1944 à cinq heures matin et un coup de bazooka tiré sur la caserne du Champ de Mars où sont cantonnées les forces de maintien de l'ordre donne le signal de l'attaque. Dès six heures, les édifices dans lesquels se trouvent la garnison allemande sont cernés, la poste et la mairie, où les FTP établissent leur poste de commandement sont occupés. À huit heures, la gare elle aussi est prise par les résistants, qui y trouvent dix-huit garde-voies français : invités à rejoinfdre le maquis, ceux-ci préfèrent attendre la fin des combats dans la salle d'attente . À 11 h 30, les forces de la Milice et des GMR hissent de drapeau blanc sur la caserne du Champ de Mars : après des négociations, ils quittent la ville vers seize heures, en emportant tour leur matériel. Pendant ce temps, vers 13 h 30, les Allemands reprennent brièvement le contrôle de la gare, dans laquelle ils découvrent à leur tour les garde-voies, porteurs d'un brassard blanc, signe distinctif de leur fonction, mais semblable à celui des FTP. Dès que les garde-voies sortent du bâtiment, sans le moindre interrogatoire, ils sont pris sous le feu des troupes allemandes dans la cour de la gare ou le long des voies menant au garage du chemin de fer départemental. Seul l'un d'entre eux survit à la fusillade. Pour B. Kartheuser, il s'agit d'un assassinat délibéré, les Allemands étant au courant de la présence des gardes-voies et connaissant leur tenue[14]. Dans la nuit du 7 au 8, alors que les maquisards, toujours privé des 450 hommes du groupe A se sont retirés sur les hauteurs, la garnison allemande se regroupe en trois lieux : l'école normale de jeunes filles au nord, la manufacture d'armes et l'école de Souilhac au sud. Les combats reprennent le à cinq heures du matin, la principale offensive étant dirigée contre l'école normale, bastion principal des troupes allemandes. Face à la résistance des Allemans, les FTP boutent le feu à l'édifice vers quinze heures . Vers dix-sept heures, dans des circonstances qui restent peu claires et discutés, les Allemands tentent une sortie ou essaient de se rendre : si l'un d'entre eux agite un chiffon blanc , d'autres portent des grenades amorcées. Dans la confusion la plus totale, les maquisards ouvrent le feu à l'arme automatique : certains soldats sont fauchés à bout portant, des grenades explosent, ce qui explique les blessures, terriblement mutilantes observées sur les cadavres. les combats cessent dès ce moment, les résistants se contentant de maintenir l'encerclement de la manufacture d'armes et de l'école de Souilhac, qu'ils comptent attaquer le lendemain. Alors que les blessés allemands et fraçais sont emmenés à l'hôpital, Kléber se rend à la préfecture et demande au préfet Trouillé de continuer à assurer la direction de l'administration. Pour la résistance, à l'exception des deux petits bastions à pendre le lendemain, Tulle est libérée.

Les pertes allemandes sont estimées à 37 morts, 25 blessés et 35 disparus par Sarah Farmer[15]. Pour G. Penaud, elles s’élèvent à un cinquantaine de morts, une soixantaine de disparus, sans doute faits prisonniers et de 23 à 37 blessés. La majorité des prisonniers sera vraisemblablement abattue par la suite, seuls quelques soldats d'origine polonaise ayant accepté de se joindre au maquis[16].

[modifier] La réoccupation

À 21 heures[17], les premiers chars de la 2e division blindée SS Das Reich arrivent à Tulle par trois axes de pénétration, prenat les maquisadrs par surprise. Les postes de l' Armée secrète et des FTP établis à distance ayant été balayés par les blindés, aucune alerte n'avait été donnée. Les maquisards quittent immédiatement la ville vers les hauteurs, sans livrer de combats, face à « une colonne de secours [...] [qui] ne comprenait que des éléments lours et disposait d'une puissance de feu considérable » : si des tirs de bazookas depuis le plateau qui domine la ville auraient pu infliger des pertes aux léments de la Das Reich, les résistant y renoncent par crainte de causer de pertes parmi la population civile. Les SS installent leur premier poste de commandement dans le quartier de Souilac, , près de la manufacture d'armes, avant de s'installer, le lendemain en fin de matinée, à l'hôtel Moderne. À ce moment, l'officier les plus élevé en grade est le SS-Sturmbannführer Kowatsch, officier de renseignement de l'état-major de la division. Durant toute la nuit du 8 au 9 juin, ils patrouillent dans la ville et assurent l'encerclement de celle-ci. Le 9 juin, à six heures du matin, les Allemands fouillent la préfecture et menacent d'exécuter le préfet Trouillé, après avoir découvert des armes et munitions abandonnés par les Gardes Mobiles. Le préfet parvient à convaincre les officiers de rendre visite aux blessés allemands soignés à l'hôpital, visite durant laquelle l'un des blessés allemands apostrophe le doctuer Toty, médecin chf des FTP qui s'était opposé la veille à l'enlèvement des blessés de la Wehrmacht par les maquisards en déclarant : « cet homme nous a sauvé la vie, il a empêché le maquis de nous emmener. »

[modifier] Le massacre

[modifier] La rafle et le tri

Le lendemain, dès six heures, les troupes allemandes raflent les « hommes valides » (entre 16 et 60 ans) et perquisitionnent les habitations à la recherche d'armes et de matériel de guerre cachés. Environ 2 000 hommes sont ainsi rassemblés dans la Manufacture d'armes. Les procédures policières habituelles (contrôle des documents d'identité, interrogatoire de chaque individu) sont mises en œuvre dans une certaine précipitation par l'officier-interprète du Sipo-SD de Brive, Walter Schmald, en présence du Colonel Bouty, le « maire » et du chef de cabinet du préfet, Torrès, sous contrainte de la clause n° 10 du traité d'Armistice[18]. À leur issue, 120 hommes sont considérés comme suspects de participation à la Résistance par les Allemands, ce sur des indices à valeur problématique : domicile hors de la ville, tenue vestimentaire, réponses insatisfaisantes ou comportement « anormal » lors de l'interrogatoire, convictions communistes connues, réfugié politique, ou absence de personne garante[19]. Les 120 hommes sélectionnés sont voués à la mort par pendaison, Walter Schmald refusant de les faire fusiller. Les hommes encore détenus dans la Manufacture furent amenés afin qu'ils assistent aux exécutions.

[modifier] Les pendaisons

Grâce à l'intervention de Jean Espinasse, l'aumônier du lycée, lui-même pris dans cette rafle, qui avait été admis à prodiguer aux condamnés les réconforts de la religion et recueillir les objets et derniers mots destinés aux leurs, la procédure de pendaison aux balcons et réverbères de la ville fut interrompue au chiffre de 99. A l'abbé qui venait d'obtenir la grâce du dernier groupe d'otages et soulignait que c'étaient des innocents qui étaient exécutés, Walter Schmald répondit qu'il ne faisait qu'exécuter les ordres[20].

Les Allemands déclarent avoir fait preuve d'indulgence, ce en reconnaissance de l'intervention du préfet et du médecin qui avaient empêché le meurtre par les maquisards de 25 soldats allemands blessés, en soins dans l'établissement hospitalier. Cette intervention leur vaut un message de reconnaissance :« le commandement allemand tiendra compte de votre intervention dans les représailles inéluctables pour les crimes commis contre nos camarades de la garnison allemande de Tulle, ceci sera compté à l'avantage de la population de Tulle »[21].

Sur les 360 civils arrêtés et emmenés à la prison de Limoges, près de deux cents sont déportés dont une centaine périra dans les camps : en comptant les pendus, les gardes-voies fusillés et les morts en déportation, l'opération fait 200 victimes parmi les habitants de Tulle[22] « D'une certaine façon, le général SS a atteint son objectif : la discrimination des résistants et la terreur de la population[22]. »

Le 11 ou le 12 juin, la division entame sa remontée vers le front de Normandie. Avec le massacre de Tulle et celui Oradour-sur-Glane, et de nombreuses autres tueries, elle a fait 4 000 victimes, dont de nombreux civils[23]

[modifier] Analyse

[modifier] L'analyse des historiens

Les proclamations publiques et les explications allemandes auprès des autorités françaises font systématiquement référence aux éventuels sévices et à l'assassinat de soldats allemands désarmés. Selon la thèse allemande, les représailles sont conformes au droit militaire international, au traité d'armistice et aux conventions de La Haye. Suite aux procès menés en Belgique concernant l'exécution d'otages par les troupes allemandes et à celui mené en Italie pour le massacre des Fosses Adréatines, on peut conclure que le massacre de Tulle a bien été effectué en violation du droit militaire international[24], notamment des articles 40 et 41 de l'annexe à la Convention (IV) de La Haye (1907) concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre[25]. Bruno Kartheuser conteste quant à lui l'usage même du terme représailles : « le meurtre et la déportation de quelques centaines d'habitants de Tulle les 9 et 10 juin relèvent très clairement du crime de guerre. Toute autre appellation, comme celle de représailles, d'épuration ou de mesure expiatoire, appartient au jargon des auteurs de ces crimes et participe de leur logique à eux[26]. »

[modifier] La thèse révisionniste

Selon le récit auto-publié du SS-Sturmbannführer Otto Weidinger, plusieurs dizaines de soldats allemands auraient été abattus après leur reddition et de nombreux cadavres auraient porté des traces de mutilations,[27]. Cette thèse est reprise et amplifiée par deux autres révisionnistes, Sadi Schneid[28], pseudonyme d'un ancien Waffen-SS Elimar Schneider[29], et Herbert Taege, ancien fonctionnaire des Jeunesses hitlériennes[29],[30].

Pour les historiens, le récit de Weidinger n'a aucun crédit. Eberhard Jaeckel « doute de la véracité de ces affirmations et se demande si les atrocités alléguées n'ont pas servi de justification au comportement des SS »[31]. Pour G. Penaud, « divers témoignages de militaires ou de civils allemands retrouvés par Bruno Kartheuser sont assez contradictoires sur la question des mutilations dont auraient été victimes, d'après la rumeur, les victimes allemandes ; à vrai dire, à la lecture des déclarations ultérieures de SS, il n'a pas trouvé une seule qui rapporte un témoignage direct de ces atrocités : tous ceux qui exprimèrent ce reproche [...] colportèrent indirectement les dires de témoins dont il semble difficile de soutenir la crédibilité »[32].

B. Kartheuser a réfuté point par point ces thèses révisionnistes. Le seul fait contraire à l’article 23c et 23d de l'annexe à la Conventions de La Haye de 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre[33] qui stipule qu’«  il est notamment interdit [...] de tuer ou de blesser un ennemi qui, ayant mis bas les armes ou n'ayant plus les moyens de se défendre, s'est rendu à discrétion [ainsi que] de déclarer qu'il ne sera pas fait de quartier », consiste en l'exécution sans jugement de neuf membres du SD et Gestapistes en fin de l'après-midi du 8 juin[34]. Quant aux prétendues mutilations, il ne s'agit que des traces d'impact de mitrailleuse. Selon un témoin, Robert Lajugie, « dès la reddition des assiégés, j'ai vu les corps des victimes. Certains, assurément, étaient abîmés et il est exact que des crânes laissaient échapper leur cervelle, mais c'était là le résultat d'une concentration des tirs d'armes automatiques. [...] C'est dans cet état que les éléments de la 2e panzerdivision SS Das Reich trouvèrent leurs compatriotes avec, en plus, cette aggravation que les camions venus enlever les cadavres furent pris par les arrivants, fous furieux, pour les instrumens dont on se fût servi pour écraser les corps ou les têtes[35]. » Ce récit est confirmé par le Dr. Heinz Schmidt, médecin du 3e bataillon du 95e régiment de sécurité : « Parce qu'on voulait avoir une justification présentable d'une certaine manière au niveau international pour les mesures de représailles, je fus cité en qualité de médecin de la place auprès du médecin principal de la division Das Reich. Il me demanda si j'avais constaté des mutilations sur les cadavres de nos soldats tombés la veille. Contrairement aux affirmations disant que cela avait été le cas, j'ai déclaré énergiquement que je n'avais pas constaté de mutilations sur les soixante morts que j'avais vus[36]. » A propos du livre de Schneid, Karteuser écrit qu'il « formule, de la manière la plus grossière entre toutes les versions qui ont circulé, les reproches de mutilations voulues opérées sur certains cadavres allemands. Schneider n'évoque pas ce qu'il a vu. [...] Il ne fait que colporter une version qui fut répandue dès les premiers jours, entre autres par les milieux SS et nazis d'époque mais également par la propagande officielle[37]. » Il remarque également que Weidinger et Taege ne se basent, eux aussi, sur aucun témoin direct[37].


[modifier] Les suites du massacre

Walter Schmald, du SIPO- SD est capturé par des maquisards à Brive le 15 août 1944, et exécuté par ceux-ci le 22 août, sans avoir fait l’objet d’un procès[38].

Otto Weidinger, dernier commandant du régiment Der Führer est interrogé au sujet du massacre pendant sa détention de 1947 à 1951. Il ne fait l’objet de poursuites que pour son adhésion volontaire à la Waffen-SS, jugée comme organisation criminelle lors du procès de Nuremberg, et est acquitté [39] . Après sa libération, il écrit de nombreux ouvrages sur la 2e panzerdivision SS Das Reich, considérés en France comme révisionniste.

Le 29 mars 1949 s’ouvre à Bordeaux le premier procès consacré au massacre de Tulle, où comparaissent dix membres du 95e régiment de sécurité, responsable du meurtre de dix-huit gardes-voies. Parmi les accusés, les deux officiers et le sous-officier sont condamnées à dix ou quinze ans de travaux forcés, les hommes du rang étant libérés ou acquittés. L’information judiciaire ouverte le 18 juin 1947 débouche notamment sur trois mandats d’arrêts successifs à l’encontre du SS-Gruppenführer Heinz Lammerding. Condamné à mort par le tribunal militaire de Bordeaux le 5 juillet 1951, son extradition est demandée par le gouvernement français fin janvier 1953 et le Haut-Commissariat britannique décerne à son tour un mandat d’arrêt à son encontre le 27 février 1953, conformément à la loi n° 10 du Conseil de contrôle allié. Il n'y eu aucune suite à ces demandes.

Lors du jugement du 5 juillet 1951, sont également prononcées la condamnation à mort par contumace du SS-Hauptsturmführer Aurel Kowatsch, en réalité tué en mars 1945 à la frontière hongroise, ainsi que des peines de dix ans de travaux forcés contre le SS-Sturmbannführer Heinrich Wulf et le SS-Oberscharführer Otto Hoff. Le jugement ayant été cassé pour vice de forme, un nouveau procès est organisé par le tribunal militaire de Marseille le 27 mai 1952, où le seul accusé est Otto Hoff, Heinrich Wulf ayant incompréhensiblement été libéré la semaine précédente. La peine de Hoff est réduite à cinq ans de prison.


[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages

  • Jacques-Louis Bourdelle, Départs (Souvenirs de l'année 1944), Éditions de la rue Mémoire (1re éd. 1945), 135 p.
  • Collectif, Maquis de Corrèze, Naves, Imprimerie du Corrézien, 1995 (5e édition), 797 p.
  • Jacques Delarue, Crimes et Trafics sous l'occupation, Paris, Fayard, Le livre de poche, 1971Cet ouvrage a été utilisé pour la rédaction de cet article
  • Jean Espinasse, Tulle le 9 Juin 1944, La Table Ronde, 1994 (1re éd. 1953), 144 p., (ISBN 2710306190)
  • Jean Espinasse, Prêtre en Corrèze, Paris, Robert Laffont, 1979, 294 p.
  • Jean-Jacques Fouché, Oradour, Paris, Liana Lévi, 2001.
  • Jean-Jacques Fouché, Gilbert Beaubatie, Tulle. Nouveaux regards sur les pendaisons et les événements de juin 1944, Éditions Lucien Souny, 2008, 318 p.(ISBN 9782848861715)
  • Bruno Kartheuser, Walter, SD à Tulle : la tragédie du 9 juin. Les années 30 à Eupen-Malmedy : regard sur le réseau de la subversion allemande, t. 1, Neundorf, Krautgarten, 2001, 180 p.
  • Bruno Kartheuser, Walter, SD à Tulle : la tragédie du 9 juin. La France occupée, 1940-1943, t. 2, Neundorf, Krautgarten, 2002, 258 p.
  • Bruno Kartheuser, Walter, SD à Tulle : la tragédie du 9 juin. Les pendaisons de Tulle, le 9 juin 1944, t. 3, Neundorf, Krautgarten, 2004, 560 p.Cet ouvrage a été utilisé pour la rédaction de cet article
  • Peter Lieb, Répression et massacres. L’occupant allemand face à la résistance française, 1943-1944, in Gaël Eismann et Stefan Maertens (dir.), Occupation et répression militaires allemandes, 1939-1945, Autrement, coll. Mémoires/Histoire, Paris, 2006, p.169-185 .(ISBN 9782746709030)Cet ouvrage a été utilisé pour la rédaction de cet article
  • Paul Mons, Afin que nul n'oublie : en France, la Das Reich fit la guerre aux civils, Brive, Ecritures, 2004, préface de Jean-Jacques de Bresson, 339 p. (+ 16 p. de planches).
  • Guy Penaud, La "Das Reich", 2° SS Panzer Division, Périgueux, Editions de La Lauze, 2005, (ISBN 2912032768)Cet ouvrage a été utilisé pour la rédaction de cet article
  • Gilbert Renault, Les Balcons de Tulle, Paris, Librairie académique Perrin, 1962.
  • Antoine Soulier, Le Drame de Tulle - 9 juin 1944, 4ème édition, Naves, 2002, 176 p.
  • Pierre Trouillé, Journal d'un préfet pendant l'Occupation, Paris, Gallimard, 1964, 240 p.

[modifier] Articles

  • Gilbert Beaubatie, "Le Drame de Tulle ou les protestations de la mémoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 99, 1996, p.282-287.
  • Ibid., "Le Drame de Tulle et les silences de l'Histoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 100, 1997, p.258-266.
  • Ibid., "Le Drame de Tulle : des sources pour une Histoire", in Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 102, 1999, p.183-211.
  • Ibid., "Pour mieux comprendre le Drame de Tulle", in Un siècle militant. Engagement(s), Résistance(s) et mémoire(s) au XXème siècle en Limousin, Limoges, Pulim, 2005.
  • Ibid., "La Division SS Das reich sème la terreur en Limousin", in Cahiers Robert Margerit, tome X, 2006.
  • Ibid., "Les Pendus de Tulle", in Arkheia. revue d'"histoire, n°17-18, 2006, p.50-59.

[modifier] Liens internes


[modifier] Notes et références

  1. Peter Lieb, Répression et massacres. L’occupant allemand face à la résistance française, 1943-1944, in Gaël Eismann et Stefan Maertens (dir.), Occupation et répression militaires allemandes, 1939-1945, Autrement, coll. Mémoires/Histoire, Paris, 2006, p. 181
  2. P. Lieb, op. cit, p.176-177
  3. Guy Penaud, La "Das Reich" 2e SS Panzer Division, La Lauze, 2005 (ISBN 2912032768), p.65-8, 109-57, 175-231
  4. ab Jean-Jacques Fouché, Oradour, Paris, Liana Lévi, 2001, p. 55-56
  5. G. Penaud, op. cit., p.72-107 et 159-179
  6. abc J.J. Fouché, op. cit., p. 64
  7. Jacques Delarue, Crimes et Trafics sous l'occupation, Paris, Fayard, Le livre de poche, 1971, p. 346
  8. Bruno Kartheuser, Walter Schmald, agent du SD à Tulle, tome 3, Les pendaisons à Tulle. Le 9 juin 1944, Neundorf, Krauntgarten orte,2004, p. 304
  9. J. Delarue, op. cit., p. 345
  10. J. Delarue, op. cit., p. 347
  11. Quatre cents selon J.J. Fouché, op. cit., p. 64
  12. J. Delarue, op. cit., p.348-350
  13. Sauf mention contraire, les combats sont décrits sur la base de J. Delarue, op. cit., p. 350-359
  14. B. Kartheuser, op. cit., p. 320
  15. Sarah Farmer, Oradour : arrêt sur mémoire, Paris, Calmann-Lévy, coll. Essai/histoire, 1994 , p. 59
  16. G. Penaud, op. cit., p.198
  17. Sauf mention contraire, cette section est écrite sur la base de J. Delarue, op. cit., p.358-365
  18. « Le gouvernement français s'engage à n'entreprendre à l'avenir aucune action hostile contre le reich allemand avec aucune partie des forces armées qui lui reste ni d'aucune manière. Le gouvernement français interdira aux ressortissants français de combattre contre l'Allemagne au service d'Etats avec lesquels l'Allemagne se trouve encore en guerre. Les ressortissants français qui ne se conformeraient pas à cette prescription seront traités par les troupes allemandes comme francs-tireurs »
  19. Penaud, p.200 à 215
  20. Penaud, p.222
  21. Trouillé, Journal d'un préfet pendant l'occupation, Gallimard, 1964
  22. ab J.J. Fouché, op. cit., p.65.
  23. P. Lieb, op.cit., p. 181
  24. Marjorie Courtoy, La question des otages en Belgique pendant la seconde guerre mondiale, in Gaël Eismann et Stefan Maertens (dir.), Occupation et répression militaires allemandes, 1939-1945, Autrement, coll. Mémoires/Histoire, Paris, 2006, p. 125-126
  25. Texte de la Convention IV
  26. Kartheuser, p. 15
  27. Otto Weidinger, Tulle et Oradour, une tragédie franco-allemande, s. l., auto-édité, s. d., 62p,
  28. Sadi Schneid, SS-Beutedeutscher. Weg und Wandlung eines Elsässers, Lindhorst, Askania, 1979
  29. ab B. Kartheuser, op. cit., p. 357
  30. Herbert Tage, Wo ist Kain? Enthüllungen und Dokument zum Komplex Tulle+Oradour, Lindhorst, Askania
  31. Eberhard, Jaeckel, La France dans l'Europe de Hitler, Paris, Fayard, 1968, cité par S. Farmer, op. cit., p. 59
  32. G. Penaud, op. cit, p. 195
  33. voir le texte de la convention [1]
  34. B. Kartheuser, op. cit., p. 341-342
  35. B. Kartheuser, op. cit., p.359
  36. B. Kartheuser, op. cit., p. 363
  37. ab B. Kartheuser, op. cit., p. 357-364
  38. sauf mention contraire, la présente section est basée sur G. Penaud, op. cit, p 491-499
  39. G. Penaud, op. cit., p.492
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