Lotharingie

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La Lotharingie désigne le royaume de Lothaire II (du latin Lotharii Regnum), arrière-petit-fils de Charlemagne. Après sa mort, elle fut l'enjeu de luttes entre les royaumes de Francie Occidentale et de Francie Orientale, avant d'être rattachée au Saint-Empire romain germanique. Cette terre est parfois désignée sous le nom de Francie médiane[1]. Le nom de Lotharingie a aussi donné le nom actuel de Lorraine (en allemand « Lothringen »).

Première partition de l'Empire d'Occident par le traité de Verdun (843).
Première partition de l'Empire d'Occident par le traité de Verdun (843).
Seconde partition par le Traité de Prüm : division de l'empire de Lothaire Ier entre ses trois fils.
Seconde partition par le Traité de Prüm : division de l'empire de Lothaire Ier entre ses trois fils.

Sommaire

[modifier] Naissance de la Lotharingie

La Lotharingie est créée en 843 au traité de Verdun. En 855, à la mort de l'empereur Lothaire Ier, ses trois fils se partagent son empire au traité de Prüm :

  • l'aîné Louis II (†875), reçoit la couronne impériale et l'Italie ;
  • le deuxième, Lothaire II (†869), la partie nord, de la Frise à la Suisse ;
  • le troisième, Charles (†863), le royaume de Bourgogne, formé de la Provence et de la Bourgogne proprement dite.

La part de Lothaire II fut dénommée Lotharii regnum (royaume de Lothaire), et ce terme évolua ensuite vers la forme Lotharingie. Il sera ensuite à l'origine des noms allemand Lothringen et français Lorraine.

La Lotharingie initiale couvrait :

[modifier] La Lotharingie, entre France et Germanie

La situation en 870
La situation en 870

En 869 à la mort du roi Lothaire II, ses possessions sont occupées par son oncle Charles le Chauve. Mais cette acquisition est contestée par Louis le Germanique, son autre oncle, et Louis II le Jeune, frère et héritier de Lothaire II. Ce dernier, occupé au sud de l'Italie à combattre les Sarrazins, ne peut faire valoir ses droits, et les deux oncles s'entendent en août 870 par le traité de Meerssen pour partager la Lotharingie :

  • Louis le Germanique reçoit la partie orientale de la Lotharingie avec la Frise, Aix-la-Chapelle, Stavelot, Metz, Strasbourg et Bâle. Il y reconnaît de 872 à 875 la souveraineté nominale de l'empereur Louis II ;
  • Charles le Chauve conserve la partie occidentale de la Lotharingie avec Liège, Visé et Maastricht ;

En 876 à la mort de Louis le Germanique, ses possessions sont partagées entre ses trois fils : Louis le Jeune hérite alors de la partie orientale de la Lotharingie avec la Saxe, Franconie, Thuringe et la Frise

En 877, à la mort de Charles le Chauve, la partie occidentale de la Lotharingie, passe à son fils Louis le Bègue, puis en 879 à ses fils Louis III (†882) et Carloman (†884)

En 880, par traité de Ribemont ces derniers cèdent à Louis le Jeune leur part de la Lotharingie en échange de la neutralité de ce dernier. La Lotharingie réunifiée est ainsi rattachée à la Germanie.

En 882, à la mort de Louis le Jeune, son frère, l'empereur Charles le Gros, recueille sa succession. En 884, il est proclamé roi de France. L'empire de Charlemagne est reconstitué à l'exception de la Provence et de la Bourgogne transjurane. Mais Charles le Gros est déposé en 887 à la Diète de Tribur (Mayence). Arnoul de Carinthie (†899), fils bâtard de Carloman de Bavière (†878), est proclamé roi en Germanie, Lotharingie et Italie. Celui-ci intrônise en 894 son fils bâtard Zwentibold comme roi de Lotharingie.

Zwentibold est tué en 900 par ses vassaux révoltés et le royaume de Lotharingie est rattaché à la Germanie de Louis IV l'Enfant (†911).

En 903, ce dernier confie le gouvernement du pays au comte Gebhard de Wetterau (mort le 22 juin 910). À sa mort, puis à celle du roi Louis l'Enfant en 911, la Lotharingie se donne à Charles le Simple, sous l'impulsion des puissants princes territoriaux Régnier au Long Col (†915), comte de Hainaut et margrave de Lotharingie, et Wigéric, comte palatin de Lotharingie. Après la mort de Régnier en 915, la puissance territoriale semble passer complètement au comte palatin Wigeric (mort entre 919 et 922), puis à Gislebert, fils de Régnier au Long Col, qui se révolte contre Charles le Simple en 918. Gislebert change souvent d'alliance entre le roi de France et le roi de Germanie, mais se rallie définitivement en 925 à Henri Ier l'Oiseleur, qui le fait duc de Lotharingie en 928. Mais Gislebert se révolte encore en 939, et les rois de Germanie confient la Lotharingie à divers seigneurs, qui se révoltent tellement souvent que le dernier duc, Brunon de Cologne, en accord avec son frère Otton Ier, divise la Lotharingie en deux pour former :

[modifier] Lothaire - Lotharingie - Lorraine ; l'histoire d'un nom

Le royaume dont hérita Lothaire II en 855 s'étendait sur les terres comprises entre la Meuse et le Rhin, de la Mer du Nord à Besançon. Alors que d'autres pays étaient désignés par le nom des peuples qui les habitaient (Alémanie, Lombardie...), l'héritage de Lothaire n'avait pas de nom car il était fait de peuples divers. On le nommait par rapport au roi défunt. Ainsi un document daté de 868 parle des Lotharienses, c'est-à-dire des gens de Lothaire, pour les distinguer des Karlenses, les sujets de Charles le Chauve. De même le pays est nommé par rapport au souverain : Regnum Lothariense ou Regnum Lotharicum, le royaume de Lothaire

Plus tard en 912, les annales d'une abbaye d'Alsace parlent de Hlutaringi ou encore de Hlodarii pour désigner les sujets de Lothaire et de ses successeurs. Bien que le suffixe -ingi soit normalement réservé aux membres d'une dynastie (la famille du roi comme dans Carolingiens), il s'appliquait ici à tous les habitants. A la fin du Xe siècle Lotharingi (les Lotharingiens) finit par l'emporter sur les autres désignations et donna naissance à Lotharingia (Lotharingie).

Il fallut ainsi un siècle pour que s'impose un nom qui désignât le royaume et les peuples de Lothaire et de ses successeurs. Dans l'esprit des chroniqueurs, ce royaume et ce peuple existaient bien en tant que tels puisqu'ils avaient inventé des mots pour les nommer. Ils leur prêtaient d'ailleurs un caractère, comme en témoigne le Saxon Widukind lorsqu'il évoque la ruse dont avait dû user Henri 1er l'Oiseleur pour venir à bout des Lotharingiens "...parce que c'est un peuple changeant, habitué aux ruses, prompt à la guerre et prêt à s'adapter aux nouveautés". Un autre historien du Xe siècle mentionne l'existence à la frontière occidentale du royaume de Lothaire "d'une barbarie indomptée, jalouse du bonheur d'autrui et de son propre salut, méprisant les admonestations paternelles du Duc et craignant à peine l'autorité".

Dans la langue courante le mot Lotharingia subit des transformations. Il évolua en particulier vers Lohereigne puis Lorraine, mais aussi Lothier pour les Wallons et Lothringen pour les germanophones. Dans les textes médiévaux, le mot "Lotharingus" pouvait aussi bien désigner un habitant de Toul, de Metz, de Liège ou de Cambrai.

Après le partage de l'ancien royaume de Lothaire II en deux duchés, le nom "Lorraine" s'appliqua progressivement au seul duché méridional, c'est-à-dire l'équivalent de trois des quatre départements lorrains actuels (le département de la Meuse étant partagé entre le comté puis duché de Bar et l'Evêché de Verdun).

SOURCES

  • Encyclopédie illustrée de la Lorraine - L'époque médiévale Austrasie, Lotharingie, Lorraine, Michel Parisse, 1990, Serpenoise, (ISBN 2-87692-050-6)
  • Lorraine (Editions Christine Bonneton)
  • Naissance de deux peuples – Français et Allemands IXe-Xie siècles (Carlichard Brühl – Fayard 1995)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Références

  1. Voir Francie.
Dynastie carolingienne (751 - 1002)

Rois des Francs


Francie médiane

Aquitaine


Francie orientale

Francie occidentale

Généalogie