Ligne DEW

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Tracé de la ligne DEW
Tracé de la ligne DEW

La ligne DEW (Distant Early Warning) était un réseau de stations radar situé dans la partie arctique du grand nord canadien, mais également sur la côte Nord de l'Alaska, les îles aléoutiennes, les îles Féroé, le Groenland et l'Islande. Son objectif était de détecter toute tentative d'intrusion soviétique pendant la guerre froide. Elle devint obsolète lorsque les missiles balistiques intercontinentaux firent leur apparition.

Représentation sommaire des trois lignes de défense en Amérique du Nord.
Représentation sommaire des trois lignes de défense en Amérique du Nord.
Station de la ligne DEW à Point Lay en Alaska en 1987.
Station de la ligne DEW à Point Lay en Alaska en 1987.

La ligne DEW était la plus performante des trois lignes canadiennes et celle qui se trouvait le plus au nord. La ligne Pinetree, la plus au sud, partait de Terre-Neuve pour finir sur l'île de Vancouver. Enfin, entre ces deux lignes se trouvait la ligne Mid-Canada.

[modifier] Historique

Lorsque les progrès de la technologie soviétique rendirent les lignes Pinetree et Mid-Canada obsolètes, les gouvernements canadien et américain s'accordèrent le 15 février 1954 sur la construction d'une troisième ligne de stations radars, cette fois-ci plus au nord. Cette ligne devait courir le long du 69ème parallèle, à 300 kilomètres au nord du cercle arctique. Les américains acceptèrent de payer le coût de la ligne tout en utilisant la main-d'oeuvre canadienne. La majorité des stations canadiennes sur la ligne DEW étaient sous la responsabilité de l'aviation royale du Canada (Forces canadiennes après 1968) alors que certaines étaient gérées conjointement avec l'United States Air Force.

La construction employa vingt-cinq mille personnes. La ligne était constituée de soixante-trois stations parsemées de l'Alaska à l'île de Baffin, soit sur presque dix mille kilomètres. La construction fut finie en 1957 et fut considérée comme une merveille techonologique. L'année suivante, la ligne devint une pierre angulaire de la nouvelle organisation NORAD de défense aérienne commune.

Il y avait trois types différents de stations:

  • les petites stations automatiques qui étaient inspectées par avion pendant les mois d'été.
  • les stations intermédiaires avec pour personnel un commandant, un cuisinier et un mécanicien.
  • les grandes stations avec un nombre d'employés variable et qui pouvaient contenir une bibliothèque, une salle de cinéma, ainsi que d'autres distractions.

Les stations utilisaient un certain nombre de radars AN/FPS-19 grande-ondes. Les intervalles entre les stations étaient scrutés par des radars Doppler AN/FPS-23 directionnels, similaires à ceux qui avaient équipés la ligne Mid-Canada quelques années plus tôt. Les stations étaient interconnectées par une série de systèmes de communication radio diffusant par la troposphère.

Peu après son achèvement, la ligne perdit la plus grande partie de son intérêt en se révélant inefficace contre les ICBM et les attaques par SNLE. Plusieurs stations furent décommissionnées, mais l'essentiel du dispositif resta actif afin de suivre les activités aériennes soviétiques et d'asseoir la souveraineté canadienne dans l'Arctique.

En 1985, les stations les plus efficaces de la ligne DEW furent améliorées et réunies avec de nouvelles stations au sein du North Warning System. L'automatisation fut augmentée et certaines stations furent fermées. Avec la fin de la guerre froide en 1990 et l'effondrement de l'Union Soviétique, les américains retirèrent tout leur personnel et laissèrent la gestion de toutes les stations canadiennes au Canada, tout en gardant la responsabilité des stations situées en Alaska et au Groenland.

Une controverse intervint entre les États-Unis et le Canada à propos du nettoyage des sites désactivés de la ligne DEW, entre autre dans l'île de Resolution Island (Nunavut). Les stations avaient en effet produit de grosses quantités de déchets dangereux, tout spécialement les polychloro-biphényles (PCB). Alors que les États-Unis insistaient sur le fait qu'il était de la responsabilité du Canada de nettoyer les sites qu'il avait sous sa responsabilité, le gouvernement canadien était en désaccord. En 1996, un accord fut trouvé dans lequel les États-Unis participèrent à hauteur de 100 millions de dollars pour un coût total de 600 millions.

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