Lagune Buada

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0° 32′ 07″ S 166° 55′ 21″ E / -0.5354, 166.9226

Pour l’article homonyme?, voir Buada
Lagune Buada (fr)
Buada Lagoon (en)
Carte de la lagune Buada
Administration
Pays  Nauru
Province {{{province}}}
District forestier {{{district forestier}}}
Statut {{{statut}}}
Géographie
Type lac naturel[1]
Origine dépression karstique[1]
Bioclimat {{{bioclimat}}}
Superficie
 · Maximale
 · Minimale
3 ha[1]
4 ha[1]
3 ha[1]
Longueur 280 m
Largeur 140 m
Altitude variable, environ 0 m[2]
Profondeur
 · Maximale
1 à 2 m
5 m[2]
Volume Erreur d'expression : l'opérateur >= n'est pas reconnu
Hydrographie
Bassin versant 0,12 km²[2]
Alimentation précipitations[1]
Émissaire(s) aucun[1]
Durée de rétention
Îles
Nombre d'îles aucune
Île(s) principale(s) {{{îles principales}}}
Divers
Peuplement piscicole tilapias du Mozambique
poissons-lait
gambusias[1],[3]
Peuplement avifaune oiseaux marins[2]
rousserolle de Nauru[4]
Commentaire

La lagune Buada, en anglais Buada Lagoon, est le plus grand et le seul véritable lac de l'île de Nauru, une petite République indépendante d'Océanie constituée d'une île très plate de 21,3 km2. Le lac est situé dans le district de Buada d'où il tire son nom. Ce n'est pas une lagune à proprement parler dans le sens où le lac n'est pas en communication avec la mer mais où ses eaux sont légèrement saumâtres[1],[5].

L'eau douce à Nauru est rare car uniquement représentée par une petite nappe phréatique, par le puits Moqua, un petit lac souterrain, et par la lagune Buada qui constitue la réserve d'eau douce la plus visible, les cours d'eau étant totalement absents dans le pays[6],[7].

Le lac a traditionnellement servi de bassin de pisciculture de poisson-laits pour la consommation humaine durant des siècles et malgré son abandon dans les années 1960, cette activité bénéficie d'efforts récents pour la relancer en dépit de la pollution de ses eaux.

Sommaire

[modifier] Géographie

[modifier] Géologie et régime hydrique

Vue de la lagune Buada.
Vue de la lagune Buada.

La lagune Buada, située au sud-ouest du plateau qui occupe la majorité du centre de l'île de Nauru, se loge au milieu d'une dépression marécageuse de douze hectares de superficie[2]. Cette cuvette karstique[7], dominée au nord-ouest par le Command Ridge, le point culminant de l'île, est née d'un affaissement du sol à la suite de la dissolution du calcaire corallien qui constitue une grande partie des roches du plateau sous forme de pinacles entre lesquels est logé du minerai de phosphate d'une grande pureté[8]. Le bassin de la lagune Buada constitue d'ailleurs la seule région du plateau de Nauru où ce minerai, qui représentait la principale richesse de Nauru au cours du XXe siècle, n'a pas été exploité[8].

De forme ovale avec environ 280 mètres de longueur dans le sens nord-sud pour environ 140 mètres de largeur et situé à environ 1,3 kilomètre des côtes, la lagune Buada est peu profonde (un à deux mètres, cinq au maximum[2]) et l'altitude moyenne de ses eaux est proche du niveau de la mer[2],[1]. Mais ce niveau des eaux du lac peut fortement varier en raison de l'endoréisme de la lagune Buada qui ne possède aucun cours d'eau émissaire et est uniquement alimenté par les précipitations (Nauru ne possède aucun cours d'eau)[1]. Ainsi, entre la période de la mousson (de novembre à février) qui concentre la majorité précipitations (2 126 millimètres par an en moyenne[2],[9]) et la saison sèche, notamment lors des années où La Niña est présente[7], le niveau des basses eaux peut descendre jusqu'à cinq mètres sous le niveau de la mer[2],[1].

Les eaux aux reflets verts du lac sont légèrement saumâtres (concentration en sel de 2‰[5],[1]) et légèrement basiques (pH 8[1]).

[modifier] Flore

Vue de la lagune Buada.
Vue de la lagune Buada.

Très peu d'informations sont disponibles sur la flore lacustre de la lagune Buada[9],[1] bien que la présence de jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes) soit avérée depuis peu[10].

La végétation aux abords du lac constitue en grande partie une relique de la forêt tropicale qui occupait 90% de l'île avant l'exploitation du phosphate au XXe siècle[10]. Couvrant quarante hectares et poussant sur un sol fertile hydromorphique (saturé en eau)[7], elle est principalement composée de takamakas (Calophyllum inophyllum) accompagnés de quelques Rubiaceae (exemple : Guettarda speciosa), de Premna serratifolia, de badamiers, d'Adenanthera pavonina, de fromagers, de sensitives, de manguiers, de faux manguiers et de cocotiers et dont le sous-bois est majoritairement formé de Scaevola (notamment Scaevola taccada), de nonis, de bois de reinette, de Physalis angulata, de fougères (Phymatosorus scolopendria et Nephrolepis biserrata) et de plantes parasites comme Cassytha filiformis ou encore Psilotum nudum[10]. Glochidion societatis est installé dans les espaces ouverts tandis que des Cyperus (Cyperus javanicus et Cyperus compressus, espèces proches du papyrus), des pourpiers et des Ipomoea aquatica sont présents dans les zones marécageuses (en grande partie détruites sous l'occupation japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale)[10]. Des plantes exotiques comme le goyavier, le thé de Gambie, Desmodium triflorum et Chamaesyce hirta ont quant à elles colonisé des sites ayant subi des perturbations écologiques[10].

Sous cette forêt sont cultivés dans de petites parcelles des arbres fruitiers (Pandanus, arbres à pain, bananiers, manguiers, goyaviers et corossoliers) et des légumes (choux, margoses) pour la consommation[1],[11] ainsi que de l'ylang-ylang, des Cassia grandis, des Crotalaria spectabilis, des Samanea saman, des Coccoloba uvifera (raisiniers bord de mer) et des Asteraceae (Ageratum conyzoides et Synedrella nodiflora) pour l'ornementation[10].

[modifier] Faune

[modifier] Insectes

La dépression de la lagune Buada est une des zones de prolifération d'insectes dans l'île à cause de la proximité entre plans d'eau douce stagnante (lagune Buada, citernes d'eau de pluie, etc), habitations et cultures[11],[3].

Ainsi, quatre espèces de moustiques (Culex annulirostris, Culex pipens fatigans, Culex sitiens et Aedes aegypti) prolifèrent surtout lors de la mousson (novembre à février) près des plans d'eau stagnante comme les citernes d'eau pluviale des habitations, les pneus usagés, les puits, etc mais aussi la lagune Buada, bien qu'en moindre mesure par rapport à la côte[3]. Ces moustiques, outre le fait de causer des désagréments à la population en général à l'aube, véhiculent une maladie parasitaire, la filariose, mais sans grande incidence dans la population[3]. Les seuls prédateurs de ces moustiques sont deux espèces de poissons, le poisson-lait et le gambusia, qui se nourrissent des larves ainsi que deux espèces d'odonates[3].

Trois espèces de mouches des fruits (mouche orientale des fruits, mouche des fruits du Pacifique et mouche de la mangue) étaient présentes à Nauru avant les années 2000 et causaient d'importants dommages aux cultures[11]. Les abords de la lagune Buada étaient touchés par ces mouches qui y trouvaient de nombreux arbres fruitiers cultivés pour s'y reproduire. Ces mouches des fruits ont toutefois fait l'objet de campagnes d'éradication dont certaines ont remporté des succès comme celle contre la mouche orientale des fruits éliminée en 1999[12],[13] et celle contre la mouche des fruits du Pacifique présente à Nauru entre 1992 et 2000[11].

[modifier] Oiseaux

Les oiseaux, particulièrement marins, sont les animaux les plus visibles à Nauru et certains s'y arrêtent en escale ou pour y nidifier[2].

Seule une espèce d'oiseau, la rousserolle de Nauru, est endémique de l'île mais elle est menacée d'extinction par la destruction de son habitat bien qu'elle colonise les espaces récemment reboisés avec l'arrêt de l'exploitation du minerai de phosphate sur le plateau de l'île[4]. Cette espèce affectionne les zones arbustives des forêts tropicales et subtropicales humides, les cultures et les jardins, y compris les abords de la lagune Buada qui associent ces trois habitats[4].

[modifier] Poissons

Scène de pêche dans la lagune Buada, 1938.
Scène de pêche dans la lagune Buada, 1938.
Vue d'un bassin fermé par un muret dans la lagune Buada.
Vue d'un bassin fermé par un muret dans la lagune Buada.

Trois espèces de poissons se rencontrent dans la lagune Buada : des poissons-lait, des tilapias du Mozambique et des gambusias[1],[3], ces deux dernières espèces ayant été introduites à Nauru pour apporter une nouvelle source de nourriture à la population (tilapia du Mozambique)[1] ou pour éradiquer les moustiques (gambusia)[14].

Pendant des centaines d'années, les Nauruans pratiquaient de manière traditionnelle la pisciculture en capturant des poissons-lait dans le lagon et en les relâchant dans la lagune Buada et dans une lagune à Anabar[13],[1]. En effet, ces poissons d'élevage étaient déjà considérés comme une nourriture de grande qualité par les Nauruans car étant riches en graisse[13]. La pisciculture servait alors d'organisation sociale entre les différentes tribus : les exploitations étaient partagées entre les tribus avec des murets, l'entretien des poissons était confié aux hommes qui pataugeaient régulièrement dans les bassins pour oxygéner l'eau et la charger en nutriments, les enfants ayant interdiction de déranger les poissons lorsqu'ils se baignaient dans les bassins[13].

Vers 1960, des tilapias du Mozambique furent introduits dans la lagune Buada dans le but de relancer la pisciculture et de limiter l'invasion des moustiques[13],[1],[9]. Malheureusement, les tilapias se sont multipliés au point de concurrencer les poissons-lait qui y étaient élevés[1] de sorte qu'aucun poisson ne dépassait plus la taille minimale de consommation (vingt centimètres de longueur). Ceci a eu pour conséquence l'abandon de la pisciculture par de nombreux éleveurs car les tilapias sont peu prisés pour la consommation[13].

Pour réparer cette erreur écologique, de nombreuses tentatives ont alors été lancées, certaines sans succès, d'autres aggravant encore la situation. Ainsi, la FAO, sur demande de Nauru, avait mis en place un programme de réduction de la population de tilapias entre 1979 et 1980[9],[1]. Ce programme, qui consistait à répandre sur le lac de la roténone, une molécule fortement toxique notamment pour les poissons et dangereuse pour les humains, a entraîné un empoisonnement temporaire du lac, la molécule étant biodégradable[1].

En 1991, le Projet de développement de l'aquaculture dans le Pacifique Sud de la FAO (SPADP) a montré qu'il était possible que le poison-lait et le tilapia coexistent dans un élevage de pisciculture[13]. Cet organisme a alors introduit en 1998 dans la lagune Buada des tilapias du Nil, une expérience similaire dans les Fidji ayant montré que ses qualités gustatives sont plus appréciées par la population, la pisciculture peut ainsi être potentiellement relancée[13]. Dans le même temps, un projet taïwanais relançait la croissance des poissons en utilisant des méthodes d'élevage intensives mais elles ont pourtant été abandonnées faute de moyens financiers[13].

L'échec de ses tentatives de relance de la pisciculture directement dans le lac a alors déclenché la mise en place d'un programme d'aquaculture semi-intensive taïwanais en 2001 avec la construction de bassins en béton (vingt mètres de longueur pour dix mètres de largeur et 1,5 mètre de profondeur) équipés d'oxygénateurs, de filets et de nourriture adaptée[13]. L'objectif de ces bassins est de permettre l'élevage de poissons-lait en utilisant l'eau de mer et sans cohabitation avec les tilapias[13].

[modifier] Présence humaine

Carte du district de Buada.

La lagune Buada, seule zone de l'intérieur de Nauru à être habitée avec 660 habitants à ses abords[7], est située au centre-ouest du district de Buada. Ceinturé par une route, les abords du lac sont constitués de parcelles privées[1] habitées où sont cultivés arbres fruitiers (pandanus, arbres à pain, bananiers, manguiers, goyaviers et corossoliers) et légumes (choux, margoses)[1],[11] et qui forment le village d'Arenibek.

Les systèmes de traitement des eaux grises et de collecte des déchets ménagers étant déficients sur l'île, le lac recueille les eaux usées des riverains ainsi que leurs déchets[1],[15], entraînant la présence d'Escherichia coli dans le lac[16].

En dépit de ces menaces de dégradation du milieu, aucune mesure de protection n'est entreprise bien que la lagune Buada semble répondre aux critères de la Convention de Ramsar sur les zones humides[9].

[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur la lagune Buada.

[modifier] Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Buada Lagoon ».
  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Buada-Lagune ».
  1. abcdefghijklmnopqrstuvwxyz (en) Protected Areas and World Heritage Programme - Buada Lagoon
  2. abcdefghij (en) Republic of Nauru National Assessment Report
  3. abcdef (en) Organisation mondiale de la santé - A survey of Nauru island for mosquitoes and their internal pathogens and parasite
  4. abc Référence IUCN : Acrocephalus rehsei (Finsch, 1883) (en)
  5. ab Wetlands International - A Directory of Wetlands in Oceania
  6. (en) Climate Change Response Under the United Nations Framework Convention on Climate Change
  7. abcde (en) United Nations Convention to Combat Desertification - First National Report for Nauru
  8. ab Carl N. McDaniel, John M. Gowdy, Paradise for Sale, Chapitre 2
  9. abcde (en) Protected Areas and World Heritage Programme - Nauru
  10. abcdef (en) University of Hawaii at Manoa - Atoll Research Bulletin n° 392 The Flora of Nauru
  11. abcde (en) Eradication of introduced Bactrocera species in Nauru using male annihilation and protein bait application techniques
  12. (fr) Service de la protection des végétaux - Secrétariat général de la Communauté du Pacifique
  13. abcdefghijk (en) Secretary of the Pacific Community - Bactrocera dorsalis
  14. (en) Australian Dictionnary of Biography - Chalmers, Frederick Royden (1881 - 1943)
  15. (en) The way ahead: an assessment of waste problems for the Buada community, and strategies toward community waste reduction in Nauru Problèmes de santé à Nauru, en particulier à la lagune Buada.
  16. (en) Secretariat of the Pacific Community - Newsletter n°111 d'octobre et décembre 2004
Bon article La version du 1er août 2007 de cet article a été reconnue comme « bon article » (comparer avec la version actuelle).
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