Kim Jong-il

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Kim Jong-il est un nom coréen ; le nom de famille, Kim, précède donc le prénom.
Kim Jong-il
Kim Jong-il

Kim Jong-il, né à Vyatskoye près de Khabarovsk en Sibérie (Union soviétique), le 16 février 1942 selon sa biographie officielle (le 16 février 1941 selon d'autres sources), est un homme d'État nord-coréen. Il est l'actuel dirigeant de la Corée du Nord depuis 1994.

Il a succédé à son père, Kim Il-sung, qui a dirigé le pays depuis 1948. Appelé le « Cher dirigeant », il occupe aujourd'hui les fonctions de président du Comité de la défense nationale et de secrétaire général du Parti ouvrier coréen.

La dévotion vouée à Kim, est considérée comme un culte de la personnalité. Sa biographie officielle, au titre de "Brief history" de 160 pages [1] diffère sur plusieurs points des biographies des observateurs occidentaux.

Sommaire

[modifier] Biographie

Selon sa biographie officielle, Kim Jong-il est né au Mont Paektu en Corée du Nord, le 16 février 1942 : à cette occasion, un double arc-en-ciel serait apparu, ainsi qu'une étoile, la plus haute dans le ciel[2]. Les médias et observateurs occidentaux retiennent généralement la date du 16 février 1941.

Selon d'autres sources occidentales et sud-coréennes, Kim Jong-il serait né sous le nom de Youri Irsenovitch Kim dans un petit village de Viatskoe (ou Viatsk), un camp militaire près de Khabarovsk, en Union soviétique, où son père Kim Il-sung était une figure importante parmi les Coréens communistes exilés, ayant le grade de commandant de bataillon dans la 88e brigade soviétique, composés de Chinois et de Coréens. La mère de Kim Jong-il est la première épouse de Kim Il-sung, Kim Jong-suk.

Kim est né pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père est rentré à Pyongyang en septembre 1945, en tant qu'ancien dirigeant de la guérilla communiste anti-japonaise. En novembre, Kim Il-sung a accompagné ses deux fils (Kim Jong-il et son frère cadet, Shura Kim, mort accidentellement noyé alors qu'il était encore enfant) lors de leur retour en Corée, à bord d'un navire soviétique qui fit escale à Unggi. En 1948, Kim Jong-il commença l'école élémentaire. Sa mère est décédée en 1949.

Selon sa biographie officielle, Kim Jong-il est diplômé de l'école Namsan de Pyongyang, fréquentée notamment par les enfants des cadres communistes nord-coréens. Puis il a suivi des cours à l'université Kim Il-sung où il obtint un diplôme en Économie politique en 1964. Kim Jong-il a également reçu des cours d'anglais à l'Université de Malte au début des années 1970, au cours de ses fréquentes vacances à Malte comme invité du Premier ministre maltais, Dom Mintoff.

Selon d'autres sources, occidentales, Kim a également été formé en République populaire de Chine, où il fut éloigné de son père pour des raisons de sécurité durant la Guerre de Corée.

Histoire de la Corée
Grandes périodes
Préhistoire de la Corée
Période Ko-Chosŏn
Puyŏ / Samhan
Trois Royaumes de Corée
Balhae / Période Silla
Koryŏ
Période Chosŏn
Période contemporaine
Empire coréen
Occupation japonaise
Guerre de Corée
Corée du Nord ~ Corée du Sud
Pages annexes
Personnages

[modifier] Ascension politique

Après l'obtention de son diplôme de 1964, Kim Jong-il a commencé son ascension à travers la hiérarchie du Parti ouvrier coréen, travaillant d'abord dans le département d'Organisation, avant de devenir membre du Politburo en 1968. En 1969, il a été nommé directeur du Département de la Propagande.

Entre-temps, Kim Il-sung s'était remarié et avait eu un autre fils, Kim Pyong-il, à l'origine d'une intense rivalité entre les deux demi-frères selon des sources occidentales. Kim Pyong-il a embrassé une carrière diplomatique, ayant notamment été en poste à l'ambassade de Hongrie.

En 1973, Kim Jong-il fut nommé secrétaire de parti de la propagande et en 1974, il a été officieusement désigné comme successeur de son père selon des observateurs occidentaux. Durant les quinze années suivantes, il aurait occupé successivement d'autres postes, dont celui de ministre de la Culture, et notamment au sein des services secrets nord-coréens.

La Corée du Sud a ainsi accusé Kim Jong-il d'avoir organisé en 1983 un attentat à la bombe à Rangoon, en Birmanie, qui tua dix-sept Sud-Coréens en visite officielle, dont quatre membre de cabinets ministériels, ainsi qu'un autre attentat qui a causé la mort des cent quinze passagers d'un vol de Korean Airlines. Les éléments de preuve manquent à l'appui et le gouvernement nord-coréen a toujours nié toute implication dans l'attentat de Rangoon. Un agent nord-coréen aurait en revanche reconnu avoir placé une bombe dans l'attentat du vol de Korean Airlines.

Kim Jong-il se serait progressivement affirmé au sein du Parti ouvrier coréen à partir de la septième session plénière du Comité central en septembre 1973, menant les campagnes des « Trois Révolutions ». Il apparaît pour la première fois publiquement, aux côtés de son père, comme l'un des principaux dirigeants lors du sixième congrès du Parti du travail de Corée, organisé en octobre 1980, à l'issue duquel il siège au Politburo, à la Commission militaire et au secrétariat du Parti.

En 1991, Kim Jong-il est nommé commandant suprême des forces armées nord-coréennes. Le rôle important joué par l'armée en Corée du Nord explique que, selon certains observateurs occidentaux, cette fonction soit considérée comme la plus éminente parmi celles alors exercées par Kim Jong-il.

En 1992, Kim Il-sung déclara publiquement que son fils était en charge des affaires intérieures nord-coréennes.

[modifier] Dirigeant de la Corée du Nord

La période de trois ans entre la mort de Kim Il-sung, en 1994, et la confirmation de son fils Kim Jong-il comme nouveau dirigeant de la Corée du Nord, en 1997, a souvent été interprétée à l'étranger comme le signe d'une succession plus difficile que prévu. Les autorités nord-coréennes font observer qu'il s'agissait seulement de respecter la durée du deuil de trois ans qui est d'usage en Corée lors de la mort du père. Le changement de pouvoir est intervenu à une période critique pour la Corée du Nord, dans un contexte de crise nucléaire et d'aggravation des difficultés agricoles ayant conduit à une sévère pénurie alimentaire.

[modifier] Dialogue avec la Corée du Sud

Kim Jong-il a participé à la relance du dialogue entre les deux Corées, sur la base de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, en vue d'une réunification de la Corée. À l'occasion de cette rencontre historique entre les deux dirigeants coréens à Pyongyang, le numéro un nord-coréen a donné l'image d'un homme ouvert et cultivé qui a fortement contrasté avec celle qui prévalait jusqu'alors en dehors de la Corée du Nord :

« Au sommet de juin avec le président sud-coréen Kim Dae-jung, le dirigeant nord-coréen est apparu sur la scène mondiale comme un diplomate affable, un hôte sympathique et un débatteur brillant. C'est ce Kim-là qui a rencontré ici Albright pour de longues conversations lundi et jeudi. « Il est étonnamment bien informé et extrêmement cultivé », a déclaré un Américain qui participait aux rencontres. « Il est concret, réfléchi, très attentif. Il prenait des notes. Il a le sens de l'humour. Ce n'est pas le fou qu'avaient dépeint beaucoup de gens. » D'autres personnes l'ayant rencontré récemment ont porté les mêmes jugements. Kim Dae-jung, dont le pays est officiellement en guerre avec la Corée du Nord depuis cinquante ans, l'a décrit comme « un dirigeant pragmatique avec un solide jugement. » Albright l'a qualifié de « très décidé et doué d'un grand sens pratique. » [3] même si elle l'a également trouvé illogique lorsqu'il lui a dévoilé ses plans économiques pour la Corée du Nord (source: BBC).

Selon l'ancien ministre sud-coréen de l'unification Park Song-wu, qui avait préparé le sommet intercoréen de juin 2000, le dirigeant Kim Jong-il souhaitait d'abord rencontrer le président américain Bill Clinton avant de venir à son tour à Séoul. Cependant, l'élection à la présidence des Etats-Unis de George W. Bush - et non du vice-président Al Gore, comme l'escomptait Pyongyang - aurait empêché la concrétisation de ces projets (source : entretien de Park Song-wu au quotidien The Korea Times, en date du 2 janvier 2007, reproduit et traduit à l'adresse suivante [1]).

Lors du second sommet intercoréen au niveau des chefs d'Etat, organisé à Pyongyang du 2 au 4 octobre 2007, le numéro un nord-coréen Kim Jong-il a reçu son homologue sud-coréen Roh Moo-hyun : les deux dirigeants ont signé un document commun où ils s'engagent à promouvoir la paix et la prospérité économique dans la péninsule. A cette fin, ils négocieront avec les Etats-Unis et la Chine la mise en place, selon les termes de la déclaration conjointe du 4 octobre, d'"un système de paix permanent" qui remplacerait l'actuelle situation d'armistice, laquelle prévaut toujours dans la péninsule depuis la fin de guerre de Corée en 1953[4].

[modifier] Politique et constitution

L'accession de Kim Jong-il aux fonctions de principal dirigeant de la République populaire démocratique de Corée s'est traduite par une modification des équilibres institutionnels lors de la révision constitutionnelle de 1998[5] :

  • les pouvoirs du Comité central, prépondérants dans le système institutionnel issu de la Constitution de 1972, ont diminué au profit du Comité de la défense nationale, présidé par le dirigeant Kim Jong-il, qui définit les priorités militaires, économiques et politiques ;
  • le président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême exerce les fonctions de chef de l'État ;
  • un cabinet des ministres remplace le Conseil administratif, parallèlement à un renforcement de l'autonomie des autorités locales.

En outre, la transition politique a conduit, selon le spécialiste de la Corée du Nord Alexandre Y. Mansourov, à une certaine libéralisation politique :

«[La] transition politique s'est accompagnée d'une "décompression" politique graduelle, qui se manifeste par un semblant de glasnost dans les médias nord-coréens, en particulier pour la couverture des événements extérieurs, le recours à une langue non orthodoxe dans le compte rendu des nouvelles, quelques réhabilitations politiques sans précédent, ainsi qu'une transparence inhabituelle dans les processus de prises de décision gouvernementale et les modes de pensée.»[6]

Au plan théorique, Kim Jong-il a créé et développé la politique de songun, présentée pour la première fois officiellement le 20 octobre 1998[7], qui accorde la priorité au renforcement de l'armée dans la construction du socialisme nord-coréen.

[modifier] Politique économique

Icône de détail Article détaillé : Économie de la Corée du Nord.

Au plan intérieur, Kim Jong-il a initié des mesures d'ouverture économique, marquées par la libéralisation des prix et des salaires en 2002 et l'ouverture de zones économiques spéciales accueillant les investissements étrangers.

De 1995 à 1999, la Corée du Nord a traversé une période de pénurie alimentaire ayant entraîné de 200.000 morts (chiffre officiel) à 2.000.000 de morts (selon certaines ONG, dont plusieurs ont choisi de se retirer de Corée du Nord en estimant que l'aide n'affectait pas les populations qui en avait le plus besoin mais bénéficiait d'abord à l'armée et aux cadres dirigeants [8]).

[modifier] Controverses

[modifier] Culte de la personnalité

La personne de Kim Jong-il est entourée d'un culte de la personnalité : monuments, défilés, portraits et badges [9][10]. Ses anniversaires donnent en général lieu a des célébrations somptueuses. En 2002, la BBC note que 10000 jeunes ont participé à un vaste spectacle afin de lui souhaiter un bon anniversaire [11] Cependant en 2004, Kim Jong-il fit soudainement enlever tous ses portraits de la rue, ne laissant que ceux de son père, Kim Il-sung [12].

D'après des réfugiés anciens journalistes, les étudiants apprendraient dès l'école de journalisme à placer les articles concernant Kim Jong-il avant toute autre information et suivraient régulièrement des stages de mise à niveau en « grandes réalisations de Kim Jong-Il et Kim Il-Sung »[13].

Le kimjongilia est une variété de bégonia, ainsi dénommée en référence à Kim Jong-il.

[modifier] Train de vie

De nombreux observateurs notent les goûts de luxe et le train de vie fastueux du « Cher Guide ». De 1989 a 1999, Kim Jong-Il aurait commandé, selon ABC entre 650 000 $ et 800 000 $ d'alcools et de vins fins par an [14].

Kim Jong-il a aussi, selon des réfugiés, un goût pour les mets fins, que son escouade de chefs étrangers va acheter directement à l'étranger, que ce soit au Japon, en Chine ou en Europe. Ce luxe bénéficie également à ses quatre troupes de danse, exclusivement féminines et jeunes, afin qu'elles aient toutes la peau claire et de bon aspect [15].

En l'absence de toute source extérieure aux informations officielles, le Washington Post, estime cependant que les éléments du train de vie prêté à Kim Jong-il relèvent de rumeurs parfois aussi extravagantes que sa mythologie officielle, même s'il reconnaît également que la réalité est tout aussi étrange que ce qu'on a rapporté [16].

La disparition en 1978 du réalisateur sud-coréen Shin Sang-ok et de son ancienne épouse, l'actrice Choi Eun-hee, réapparus ensuite à Pyongyang où ils ont contribué au développement du cinéma nord-coréen, aurait été, le résultat d'un enlèvement sur ordre de Kim Jong-il, avant qu'ils n'obtiennent l'asile politique lors d'un déplacement en Europe. Les conditions dans lesquelles Shin et Choi ont rejoint la Corée du Nord sont cependant controversées car cette version des faits est celle donnée par Shin et Choi après leur retour au Sud[17].

Le "Washington Post" fait également état des spectacles osés (pour la Corée du Nord) auxquels s'adonnerait la troupe personnelle de danse du dirigeant.

Konstantin Pulikovsky, un émissaire russe ayant voyagé avec le "cher leader" dans son luxueux train personnel entre la Corée du Nord et la Chine a rapporté qu'il dinait de homards frais, apportés chaque jour par hélicoptère avec des baguettes en argent [18].

[modifier] Vie privée

Le samedi 22 juin 2006, un journal sud-coréen annonce que Kim Jong-il se serait marié pour la 4e fois.

Son épouse actuelle serait Kim Ok, 42 ans, diplômée de piano de l'Université de Pyongyang. Kim Jong-il avait auparavant eu trois épouses, toutes décédées. Sa première épouse, Kim Young-sook, s'est éteinte dans les années 1970 pour une raison non déterminée. Sa seconde, Sung Hae-rim, ancienne actrice, est décédée de maladie cardiaque à Moscou en 2003, et sa troisième, Ko Yong-hui, ancienne danseuse, est morte d'un cancer du sein, à Paris, en août 2004.

[modifier] Références

  1. (en) Brief history [pdf]
  2. (en) Profile: Kim Jong-il, BBC
  3. NucNews - October 26, 2000
  4. "Les deux Corées s'engagent sur la paix et la prospérité économique",^in "Le Monde", d'après APF, 4 octobre 2007
  5. Source : Alexandre Y. Mansourov, "Emergence of the Second Republic. The Kim Regime Adapts to the Challenge of Modernity", in Young Whan-kihl et Hong Nack-kim (sous la direction de), North Korea. The Politics of Regime Survival, East Gate Book, New York, 2005, pp. 44-46.
  6. Alexandre Y. Mansourov, art. cit., p. 45.
  7. Source : Ilpyong J. Kim, "Kim Jong Il's Military First Politics", in Young Whan-kihl et Hong Nack-kim (sous la direction de), North Korea. The Politics of Regime Survival, East Gate Book, New York, 2005, p. 65.
  8. IRIS - Corée au cœur de la nouvelle Asie
  9. (fr) Le «Dr No» qui affame son pays, Le Figaro du 7 juillet 2006
  10. Voir cependant « Disparition des badges de Kim Jong-Il en Corée du Nord, selon Séoul », Agence France Presse, 25 novembre 2004
  11. (en) North Korea marks leader's birthday, BBC
  12. (fr) Kim Jong-Il a lui-même ordonné le retrait de ses portraits
  13. (fr) Corée du Nord - Rapport annuel 2005, Reporters sans frontières
  14. (en) Kim Jong-Il: psychology of a dictator
  15. (en) A gulag with nukes: inside North Korea
  16. (en) Sins of the Son, The Washington Post
  17. Biographie de Shin Sang-ok dans le quotidien britannique "The Independent"
  18. (en) Profile: Kim Jong-il, BBC

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe