Kham

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Le Kham (Tibétain: Image:Khams.jpg khams, chinois: 康, Pinyin: Kang) est l'une des trois provinces traditionnelles du Tibet, les autres étant l'Ü-Tsang et l'Amdo, selon le gouvernement tibétain en exil. Située à l'est de Lhassa, elle inclut une partie de la province du Sichuan (à l'ouest de Chengdu), ainsi que l'extrémité nord-ouest du Yunnan.

Situation du Kham, région dans le Tibet oriental
Situation du Kham, région dans le Tibet oriental
Jeune fille Kham, Tibet
Jeune fille Kham, Tibet

Sommaire

[modifier] Géographie

La plus grande partie de la région du Kham est distribuée sur l'est de la région autonome du Tibet (préfecture de Qamdo) et l'ouest de la province du Sichuan (préfectures de Garzê et d'Aba, district de Muli), complétée par des parties plus petites dans les provinces du Qinghai (sud-est de la préfecture de Yushu) et du Yunnan (préfecture de Dêqên)[1].

[modifier] Histoire

En 1905, alors que l'empire mandchou de la dynastie Qing était dans son déclin, les frères Zhao Erfeng et Zhao Erxun(趙爾巽), seigneurs de guerre chinois, se partagèrent la tâche de découper le Tibet en différentes régions administratives.[2] A l'issue de la Conférence de Simla, à laquelle participèrent les plénipotentiaires de la Grande-Bretagne, de la Chine, et du Tibet, Henry Mac-Mahon tranchera le 11 mars 1914 pour résoudre les problèmes frontaliers par un accord, la Convention de Simla. Cette Convention proposait notamment la division du Tibet en « Tibet Extérieur » sous l'administration du gouvernement du Dalaï Lama et « Tibet Intérieur » où Lhassa aurait l'autorité spirituelle uniquement, les deux secteurs étant considérés comme sous la "suzeraineté" chinoise.[3] Un suzerain est un état qui a une certaine autorité sur un état dépendant. Les trois représentants paraphèrent l'accord le 27 avril 1914.[4] Pékin s'est opposé à la frontière proposée entre Tibet Intérieur et Extérieur et a renié l'accord et le paraphe de son délégué.[5] Quant aux Tibétains, ils contestèrent les frontières orientales du Tibet avec la Chine.[2]

En 1918, les forces tibétaines réussirent à occuper la partie orientale du Kham, qui demeura une province du Tibet ayant pour centre administratif Chamdo, la capitale du Kham.[6] Ainsi, le Kham oriental, à l'ouest des territoires du Yangtze Supérieur, fut sous administration du gouvernement tibétain. Le Domed Chikyab (le Gouverneur Général du Kham) était responsable des questions administratives et militaires du Kham.[7] Robert W. Ford, qui fut nommé membre du gouvernement tibétain par le Dalaï Lama et prit ses fonctions à Chamdo avant d'être capturé en 1950 par l'armée chinoise de Mao Tse-tung lors de leur invasion de cette région, relate l'indépendance de cette région dans son livre "Tibet Rouge, capturé par l’armée chinoise au Kham".[8] Curieusement, les districts du Kham à l'est du Yangze, restés nommément aux mains des Chinois, étaient plus indépendants, les Khampas ayant une nette préférence pour l'autorité de leurs propres chefs, que Chögyam Trungpa Rinpoché nomme "rois", ce qui n'empêchait pas leur loyauté envers le Dalaï Lama, en tant que chef spirituel de divers peuples tibétains.[6] Le 7 octobre 1950, l'armée de la République populaire de Chine entre au Tibet sur trois fronts. Sur le front du Xinjiang, l’armée pénétra l’ouest du Tibet par la province de Ngari, sur le front de l’Amdo et enfin sur le front du Kham avec une force de 40 000 soldats d’après le gouvernement tibétain en exil, ou de 84 000 selon Pierre-Antoine Donnet ; les 5000 hommes de l’armée tibétaine ne purent tenir bien longtemps, mais un mouvement de résistance tibétaine se développa dans le Kham et l’Amdo. Les réformes du régime communiste de Mao Tse-tung incluant la collectivisation des terres ne furent pas acceptées par les propriétaires et une partie significative de la population tibétaine de ces régions. En 1956 débute à Litang une révolte des Tibétains, qui s'étend la même année à l’ensemble du Kham, puis en 1957 et 1958 à l’Amdo, et en 1958 et 1959 à Ü-Tsang, pour atteindre Lhassa et culminer dans la révolte de 1959 et l’exil du 14e Dalaï Lama. Après l'invasion chinoise du Tibet, les provinces tibétaines de l'Amdo et du Kham furent intégrées aux provinces chinoises du Qinghai et du Xikang.[2] En 1965, le territoire tibétain fut entièrement découpé. En 1965, le Tibet est officiellement découpé entre diverses provinces : la Région Autonome du Tibet (incluant essentiellement le Ü-Tsang), le Sichuan et le Yunnan (incluant essentiellement le Kham), le Qinghai et le Gansu (incluant essentiellement l’Amdo).[9]

[modifier] Culture

Le Kham est une province traditionnelle tibétaine, où s'est notamment développé le Bouddhisme tibétain, comme en atteste le grand nombre de monastères dont beaucoup furent détruits à la suite de l'invasion chinoise. La sphère culturelle du Kham est une des plus importantes et diversifiées du haut-plateau tibétain. Les dialectes du Kham sont des dialectes principaux de la langue tibétaine. Les habitants ne se nomment pas Böpa (bod pa), la désignation normale des Tibétains selon le gouvernement du Lhassa, mais Khampa (khams pa). Cependant, les Khampas ne sont pas reconnus comme une des 56 ethnies de la République populaire de Chine, ils sont donc considérés comme des Tibétains par la Chine.

[modifier] Végétation

Avant l'arrivée des Chinois, la couverture forestière était de 221 000 km². En 1985, elle était réduite à 134 000. Plus de 40 % de la forêt a été abattue pour l'exploitation du bois qui ne profite même pas à la population locale : il est exporté à l'étranger.[10]

[modifier] Notes et références

  1. Dokham, the eastern part of tibetan plateau (extrait de The Cultural Monuments of Tibet’s Outer Provinces: Kham, Andreas Gruschke, cf bibliographie)
  2. abc Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, 2000, Calmann-Lévy
  3. "Convention Between Great Britain, China, and Tibet, Simla (1914)"
  4. Calvin, James Barnard, "The China-India Border War", Marine Corps Command and Staff College, April 1984
  5. Goldstein, 1989, p. 75
  6. ab Chögyam Trungpa Rinpoché Né au Tibet, Ed Buchet/Chastel 1968, Ed. Seuil 1991, cf Préface de Marco Pallis
  7. The Dragon in the Land of Snows, par Tsering Shakya
  8. Robert W. Ford
  9. Le conflit sino-tibétain
  10. GEO N° 186 Août 1994 p.69

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes