Joseph Engelmajer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Lucien Engelmajer (né Joseph Engelmajer le 27 novembre 1920 à Francfort-sur-le-Main, Allemagne et mort le 30 août 2007, Belize), apatride, est le fondateur de l'association Le Patriarche, destinée au soin des toxicomanes, et qui a été suspectée d'être un mouvement sectaire.

Sommaire

[modifier] Biographie

Les informations biographiques dont on dispose sont celles qu'a donné Engelmajer dans ses ouvrages, et peuvent donc être sujettes à caution. D'autres sont celles données par son fils Pascal et peuvent aussi être soumises à caution, ainsi que les documents cités.

Son père Israël Engelmayer - noter le Y - est un ouvrier typographe polonais ayant fui les pogroms avec sa famille (Makta Vrodania Hanna Engelmajer - noter le J, sa femme et Alice, une petite fille de deux ans). Le patronyme avec un "J" sera celui de Joseph et de Alice et de leurs descendants. Les parents s'étant remariés en France, les frères et soeurs de Joseph ont un "Y" dans leur nom. Israël n'est pas un typographe ordinaire, né en Pologne, juif ashkénaze hassidique issu d'une famille prestigieuse et mystique (Herbert le Porrier dans une dédicace de son roman "Le médecin de Cordoue" à Lucien Engelmajer, pense que la famille d'Israël descend de Maimonide, de nombreux "Wunder rabbi" figurent parmi leurs ancêtres). Il pratique le polonais, le yidiche (dialecte germanique à graphie hébraïque), l'allemand (langue de l'élite ashkénaze) et le français.

Sous l'intransigeance de sa mère le petit "Bob" recevra, à Metz, une éducation religieuse destinée à en faire un docteur de la loi. L'épisode nazi en décidera autrement et en fera un athée proche des idées communistes.

À dix-neuf ans il s'engage dans l'armée française (le 3 novembre 1939 à 15 h à Poitiers, 9e région, N° du régistre 55, démobilisé à Auch en octobre 1941, espérant obtenir la nationalité française (ceci est une interprétation contestable qui n'a rien de factuelle !). Il est versé dans les corps francs polonais (2e compagnie, 2e régiment polonais, 4e corps armée, où il est décoré pour avoir sauvé le commandant de son unité. L'ensemble de son bataillon est fait prisonnier de guerre en juin 1941 Comme en atteste un document de la Kriegsgefangenenpost daté du 21/7/41 Prisonnier n° 2000 Stalag XI A. Après son évasion, il collabore avec des éléments du MOI, rencontre sa première femme à Clermont-Ferrand lors d'un bombardement allié.

En 1946, il fonde une famille à Toulouse. Il travaille comme vendeur, représentant. Il travaillera ensuite à Paris pour le Fond juif pour l'enfance. (Chantal est née à Paris.) Dans les années 50, avec sa femme, il crée un commerce "La Maison Lucien" qui deviendra "Les Dépôts Lucien". En 1966, il divorce d'avec Gabrielle Vieux sa femme dont il a eu six enfants: Pascal, Chantal, Bénédicte, Dominique, Benjamin et Emmanuel. Il se remarie avec Renée Yuféra, une jeune et belle comédienne. Il abandonne commerce et enfants pour créer à Thil, en Haute-Garonne, une communauté basée sur la poésie : Le Patriarche.

De nombreux artistes fréquentent son "salon" : Mouloudji, Amand Gati, etc. "Réna" lui donnera trois enfants Elsa, François et Kim qui grandiront entièrement dans l'environnement du Patriarche.

Vingt ans plus tard il divorce à nouveau et épouse une ancienne toxicomane : Maria de los Desamparados (Amparo) Juan Llabres, de nationalité espagnole dont il reconnaitra un fils, Alfredo Engelmajer, Amparo, qui meurt à Genève le 7 octobre 1995 à l'age de 47 ans.

[modifier] Le développement de l'association Le Patriarche

Icône de détail Article détaillé : Le Patriarche.

Abandonnant les affaires il s'installe en 1970 au lieu-dit La Boëre à Saint-Paul-sur-Save, où, avec une douzaine de jeunes drogués sans ressources, il met en place un lieu d'aide pour toxicomanes. L'association Le Patriarche est fondée le 2 mai 1974. Engelmajer en est le président-fondateur et il est déjà surnommé Le Patriarche depuis qu'il a fondé le "Groupe du Patriarche" un club poétique. Il dispose alors de l'appui général des spécialistes dont le célèbre Claude Ollivenstein, Francis Curtet, Gabriel Nahas, le Pr Armengaud, Jean-Claude Cherman...

En France, les structures publiques de soins pour toxicomanes sont alors peu développées, les traitements de substitution des opiacés n'existent pas encore, et la demande de soins, forte, est encore renforcée par l'émergence de l'épidémie de sida. Au fil des années, l'association va connaitre un important développement en France, puis dans le monde, avec plus de 210 centres dans dix-sept pays[1], en bénéficiant de financements institutionnels importants. Financés jusqu'à 600 lits par l'état, les centres français du Patriarche recueillerons jusqu'à près de 3 000 personnes. Les centres français seront très déficitaires et une grande partie des fonds utilisés proviendront de l'Espagne, du Portugal et de l'Italie via des comptes difficiles à contrôler en Suisse et au Luxembourg. Des circuits d'autofinancements seront créés. Des sommes importantes circuleront ainsi attirant au passage certaines convoitises. Seul Jean-Paul Séguéla, ancien député RPR de Haute-Garonne et conseiller de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur pour les questions de toxicomanie jusqu'en 1995, a été inquiété dans une période où la chasse aux anciens collaborateurs de Charles Pasqua était ouverte (Jean-Charles Marchiani, Leandri, Guillet...).

L'association est progressivement présentée comme étant sectaire par plusieurs rapports parlementaires ainsi que par des associations anti-sectes, et les plaintes d'anciens patients se multiplient.

[modifier] Les affaires judiciaires et l'exil

En 1998, il est contraint à la démission par le conseil d'administration. L'association compte alors un peu plus de trois cents centres en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique Latine. L'association abandonne toute référence à son créateur et prend le nom de Dianova, sauf en Italie. L'essentiel des moyens capitalisés reste au service des toxicomanes. Les responsables adoptent un fonctionnement plus traditionnel et plus respectueux des lois.

En France un patrimoine considérable est liquidé de manière douteuse, sans que ni la justice, ni les médias, ni la brigade financière n'y trouvent à redire. Ainsi le domaine de Lamothe, près de Saint-Cézert aurait été vendu, sans véritables enchères, au propriétaire du KL pour la somme de 180 000 euros, une partie du domaine aurait été revendue pour 1 million d'euros. Les châteaux de Chartres, Trouville, Lamothe (Isère), les dizaines de propriétés sont à l'origine d'un scandale et d'une spoliation renouvelée des anciens toxicomanes. Des dizaines de toxicomanes sont jetés à la rue.

La Justice commence à s'intéresser aux affaires du patriarche, et celui-ci s'exile en Amérique centrale, et prend en 1998 la nationalité bélizienne. Condamné par le tribunal correctionnel en février 2007, à Toulouse, à cinq ans de prison et 375.000€ d'amende dans un dossier où son association d'aide aux toxicomanes était accusée de dérives sectaires, abus de biens sociaux, emploi de travailleurs clandestins. Pour cette affaire, il était sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Il était également visé par des plaintes traitées en procédure criminelle. Il était notamment renvoyé devant la cour d'assises par la justice toulousaine pour des affaires de viols et tentatives de viols sur des mineurs qu'il a toujours niées. Parmi les parties civiles se retrouvent d'anciens proches collaborateurs de Lucien Engelmajer ayant profité sans vergogne de nombreux privilèges.

Le Patriarche est mort à Bélize-City, de complications cardiaques liées à un choc septicémique dû à une pneumonie, survenue lors du passage de l'ouragan Dean (à Corozal où il avait une maison). Il était soigné dans la clinique Universal Health Services Ltd. de Belize City le 30 août 2007 (certificat du Dr Jorge Hidalgo). Agé de 86 ans et 10 mois, il était en exil depuis 1998 soit environ depuis neuf ans et non vingt ans, comme l'affirment certains journalistes, afin d'échapper à la justice française.

[modifier] Œuvres

Lucien Engelmajer a publié de très nombreux ouvrages. A l'exception du premier, il s'agit de recueils d'aphorismes et de poésies auto-édités.

  • Pour les drogués : l'espoir (Ed. Stock 1982 )
  • Drogues : symptomatologie, réflexions, cures (Le Pâtre-1985)
  • Prière d'elle ; (Le Pâtre 1985)
  • L'amour dit-on (Le Patre 1985)
  • Les poèmes du Patriarche ( 6 tomes - Le Pâtre, 1986)
  • L'espoir en action (Le Pâtre)
  • Profession de foi (Le Pâtre)
  • Le parvis de l'automne au Canada (Le Pâtre)
  • Ode au printemps (Le Pâtre)
  • Drogues et sida : réalités, symptomatologie, réflexions (Le Pâtre-1988)
  • L'espoir au combat. L 'espoir accuse (Le Pâtre 1990)
  • Graphie auto bio etc. (Le Pâtre 1993)
  • Poésie, arbre de vie (Le Pâtre 1995)

[modifier] Notes et références

  1. Gilbert Laval. Insaisissable Patriarche. Libération, 8 novembre 2006.

[modifier] Liens externes