Institut géographique national (France)

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L'Institut géographique national (IGN) est un établissement public de l'État à caractère administratif ayant pour mission de service public d'assurer la production, l'entretien et la diffusion de l'information géographique de référence en France. L'IGN a été créé par décret le 27 juin 1940 et a succédé au Service géographique de l'Armée (SGA), dissout en 1940.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'IGN a été créé par décret le 27 juin 1940 et a succédé au Service géographique de l'Armée (SGA), fondé en 1887 et dissout en 1940. Le fonds de cartes anciennes est alors divisé en deux lots : un qui restera à l'Institut et l'autre qui rejoint les archives militaires de Vincennes. Le général Louis Hurault, qui fut à l'origine de ces modifications, est le premier directeur de l'IGN. Ce dernier négocie les statuts et tente, en vain, de récupérer le matériel saisi par les Allemands. Une loi en dix articles est signée le 14 septembre 1940 afin de définir les fonctions de l'IGN. Les statuts seront signés le 8 avril 1941. Ces derniers mettent notamment en place l'École nationale des sciences géographiques afin de former des ingénieurs cartographes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'IGN devint notamment fameuse pour ses faussaires. Les cartographes sont en effet experts en calligraphie et le matériel nécessaire à la production de faux papiers était disponible à l'Institut. Certains ingénieurs de l'IGN étaient en contact avec les services de renseignements alliés basés à Londres. Ils font notamment parvenir clandestinement à Londres un jeu complet de cartes couvrant la France et l'Afrique du Nord afin de remplacer le fonds détruit dans un bombardement. De plus, les agents de l'IGN participent activement à la résistance armée à partir du printemps 1943. Plusieurs agents sont fusillés par les Allemands ou meurent au combat. Entre septembre 1944 et le 8 mai 1945, l'IGN se met au service du gouvernement provisoire et une grande partie de son personnel et de ses moyens se transforment en « Service géographique militaire ». A la fin de la guerre, l'IGN reçoit les remerciements du général Bradley et du général Eisenhower.

Entre 1945 et 1946, le débat est intense concernant l'avenir de l'IGN, dernière création de la Troisième République. Un décret est finalement signé le 8 avril 1946. Il confirme l'appartenance de l'IGN au ministère des Travaux publics et met en place la « Section géographique de l'État-major de l'Armée », chargé de répondre aux besoins militaires.

En 1947, l'IGN reçoit la mission de couvrir l'ensemble de la France, mais aussi tous les territoires dépendants, comme l'Afrique du Nord, l'Afrique occidentale, Madagascar, les États associés d'Indochine et les départements et territoires d'Outre-Mer. La tâche est considérable avec plus de 12 millions de km² à couvrir. L'indépendance de ces pays aura pour conséquence la création de services nationaux dans chaque pays (exemples : DTGC au Sénégal, IGN-N au Niger).

Établissement public à caractère administratif depuis le 1er janvier 1967, il est placé sous la tutelle du ministère des Transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer.

En 1971, l'IGN et le CNES forment le « Groupe de recherches de géodésie spatiale ». Cette collaboration entre l'IGN et le CNES se poursuit avec la lancement du programme SPOT le 5 février 1978. Le lancement du satellite SPOT-1 a lieu le 22 février 1986.

Six jours après la mise en orbite de SPOT-1, l'IGN lance son programme de "bases de données". La BD des communes, la BD de diffusion du nivellement, la BD de diffusion de la géodésie, la BD des missions aérienne et la BD des toponymes sont ainsi mises en place progressivement. La « BDTopo », base de données topographiques numérisée, couvre désormais l'ensemble de la France et compte deux millions de toponymes.

Ses activités à l'étranger sont externalisées en 1986 au sein d'une nouvelle filiale de droit privé IGN France International.

En juin 2006, l'IGN a ouvert le service Géoportail permettant la visualisation cartographique du territoire français à la mode Google Map et utilisant d'une part un fonds de photos aériennes et d'autre part les cartes au 1/25 000 numérisées. La « phase 2 » du Géoportail a été mise en ligne un an plus tard, avec une nouvelle ergonomie.

Fin 2006, l'IGN s'est impliquée dans la production d'un récepteur GPS, pour la randonnée et la navigation automobile, appelé Evadeo. Le logiciel de navigation a été fourni par BCI navigation, les données routières sont de Navteq et l'antenne GPS de SiRF, et l'IGN fournit des dalles avec des extraits de ses cartes à différentes échelles.

En juin 2007, un service de personnalisation des cartes a été mis en place, la « Carte à la carte », à l'image de ce que faisait l'Ordnance Survey depuis quelques années.

En juillet 2007, Le Géportail propose la possibilité de naviguer en 3D sur le territoire à la mode GoogleEarth. Pour ce faire, il faut installer le plugin TerraExplorer de la société américaine Skyline Software Systems.

[modifier] Recrutement

Afin de former ses personnels techniques, l'IGN maintient un établissement d'enseignement de pointe dans le domaine des sciences géographiques : l'ENSG, à Marne-la-Vallée. Sur les quatorze cycles de formation dispensés à l'ENSG, trois sont composés d'élèves destinés à l'IGN :

  • les dessinateurs-cartographes (ouvriers) ;
  • les techniciens-géomètres ;
  • les ingénieurs des travaux.

Recrutés sur concours avant d'intégrer l'ENSG, les élèves de ces cycles y passent deux ou trois ans puis rejoignent l'Institut. L'ENSG est également associée aux quatre laboratoires de recherche pilotés par l'IGN : le COGIT (Conception d'objet et généralisation de l'information topographique), spécialisé en SIG et cartographie, le MATIS (Méthodes d'analyse et de traitement d'images pour la stéréorestitution), spécialisé en photogrammétrie, le LOEMI (Laboratoire d'optique, d'électronique et de micro-informatique) qui développe des instruments (notamment de prise de vues), et le LAREG (Laboratoire de recherche en géodésie), un laboratoire de géodésie situé dans les murs même de l'ENSG, qui entretient ITRF, le référentiel géodésique mondial.

[modifier] Cartes papier

L'IGN français publie plusieurs grands types de cartes topographiques :

  • les cartes au 1/25 000 (1 cm = 250 m) qui ont remplacé les cartes d'état-major ;
  • les cartes au 1/50 000 (1 cm = 500 m), qu'il a tendance à délaisser dans le cadre de sa politique commerciale, mais qui sont toujours très utilisées par les militaires de l'Armée de terre ;
  • les cartes au 1/100 000 (1 cm = 1 km) qui servent de cartes routières régionales ;
  • les cartes au 1/250 000 (1 cm = 2,5 km) qui servent pour l'atlas routier national ;
  • la carte routière de France au 1/1 000 000 (1 cm = 10 km).

À cela s'ajoutent des plans de ville.

L'IGN français est aussi le distributeur français sous son logo de cartes de villes et pays étrangers, notamment celles de l'éditeur Marco Polo.

[modifier] Cartes en relief

L'IGN français propose, en plus des cartes papier, toute une gamme de cartes en relief. Les zones proposées couvrent toute la France à des échelles très variées : du 1/3 400 000 et du 1/1 200 000 pour la France entière jusqu'à du 1/50 000 (massif du Mont-Blanc, Vanoise).

[modifier] Cartes anciennes

L'IGN dispose d'un véritable trésor de cartes anciennes[1] : cartes de Cassini (du XVIIIe siècle), cartes d'état-major (XIXe siècle), cartes des chasses du roi (XVIIe siècle), etc. Toutes ces cartes sont conservées sur leur support de cuivre original, ce qui permet une impression inchangée en taille-douce à Villefranche-sur-Cher.

De nombreuses autres cartes anciennes de la France mais aussi de certaines de ses anciennes colonies sont conservées et peuvent être consultées à la cartothèque de l'IGN à Saint-Mandé. L'IGN a longtemps pratiqué l'échange de cartes avec d'autres instituts étrangers et possède également un solide fond concernant l'étranger.

L'IGN a débuté un long processus de numérisation de ses cartes anciennes et de transfert des exemplaires papiers originaux de ces cartes à Villefranche-sur-Cher, centre de stockage de l'IGN.

[modifier] Photographies aériennes et Photothèque nationale

Une des missions de service public de l'IGN est d'assurer la cartographie au 1/25 000 de la France. Pour ce faire, les avions de l'IGN photographient le territoire français ; les prises de vues aériennes permettent la réalisation de la carte grâce aux techniques de restitution photogrammétriques. Longtemps argentiques, les prises de vues sont aujourd'hui numériques, ce qui améliore les traitements de restitution. L'IGN dispose de quatre avions sur sa base aérienne de Creil ; ils couvrent actuellement la totalité du territoire en cinq ans.

Parmi les avions notables de l'IGN, on peut citer les 14 Boeing B-17 « Forteresses volantes » utilisées de 1946 à 1975 et les 8 Hurel-Dubois HD-34 utilisés jusqu'en 1985. Le parc actuel est constitué de 4 Beechcraft Super KingAir 200T et d'un Mystère 20.

La Photothèque nationale conserve les clichés du territoire réalisés depuis 1921 d'abord par le Service géographique de l'Armée, puis par l'IGN, sur son site de Saint-Mandé.

[modifier] Système d'information géographique ou SIG

L'IGN fournit à ses clients publics ou privés des bases de données géographiques, constituant tout ou partie de systèmes d'information géographique. Ils permettent sur un fond de carte habituelle de sélectionner, ajouter et représenter des informations diverses mais cartographiables. L'IGN constitue et actualise le référentiel à grande échelle (RGE), comprenant quatre composantes : topographique, orthophotographique, parcellaire et adresse.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. En savoir plus : Les cartes anciennes de l'IGN

[modifier] Publications

L’IGN édite de nombreuses publications, parmi lesquelles :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

  • SHOM, service hydrographique français, pendant de l'IGN en mer

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Bibliographie

  • La boîte de Pandore : autres souvenirs retrouvés des derniers arpenteurs de l'IGN, Éditions APR-IGN, 1995
  • Les cahiers historiques de l'IGN, n° 1, avril 1999, 1940-1990 : une histoire mouvementée
  • Guy Lebègue, Du spatial aux Travaux publics - Partenariat Géoportail IGN/CSTB : les maquettes virtuelles, avec la collaboration de Eric Lebègue, CSTB et Laurent Lebègue, CNES, Lettre AAAF Cannes, spécial mars 2007, publiée sur Thélème, reprise dans La Lettre nationale AAAF, n° 6, juin 2007, (ISSN 1767-0675)