Incassable

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Incassable
L'Indestructible
Titre original Unbreakable
Réalisation M. Night Shyamalan
Scénario M. Night Shyamalan
Musique James Newton Howard
Photographie Eduardo Serra
Production Touchstone Pictures
Budget 75.00 M$
Format 2.35:1
couleur
SDDS
Durée 106 min
Sortie 2000
Langue originale anglais
Pays d'origine États-Unis États-Unis

Incassable (Unbreakable) est un thriller réalisé en 2000 par M. Night Shyamalan avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson.

Sommaire

[modifier] Synopsis

David Dunn sort miraculeusement indemne de la catastrophe ferroviaire qui n'a laissé qu'un survivant. Son cas rend perplexe les médecins : pas une seule blessure, ni aucune écorchure. Simplement troublé. Il est peu après contacté par un homme étrange, qui, dit-il, détient l'explication…

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

  • Bruce Willis : David Dunn
  • Samuel L. Jackson : Elijah Price
  • Robin Wright Penn : Audrey Dunn
  • Spencer Treat Clark : Joseph Dunn
  • Charlayne Woodard : Mère d'Elijah
  • Eamonn Walker : Docteur Mathison
  • Leslie Stefanson : Kelly
  • Johnny Hiram Jamison : Elijah à 13 ans
  • Michaelia Carroll : Babysitter
  • Elizabeth Lawrence : Infirmière de l'école
  • David Duffield : David Dunn à l'âge de 20 ans
  • Laura Regan : Audrey à l'âge de 20 ans
  • Chance Kelly : Homme au pull orange
  • Michael Kelly : Docteur Dubin
  • Richard Council : Noel
  • Sherman Roberts : Physicien

[modifier] Anecdotes

  • Le réalisateur M. Night Shyamalan apparaît comme un dealer de drogues dans le stade où travaille David.
  • Les initiales de David Dunn sont identiques, comme la plupart des super héros de Marvel. Matt Murdock pour Daredevil, Peter Parker pour Spiderman, Bruce Banner (Hulk), Red Richards (Mr. Fantastic), Sue Storm (Invisible Woman), Scott Summers (Cyclope), Warren Worthington (Angel). Stan Lee nommait ses héros ainsi en tant que mnémotechnique, Shyamalan ne l'ignorait sans doute pas et nomma son personnage principal D.D. pour rester fidèle au monde des Comic Books.

[modifier] Analyse du film

Il existe deux types de personnages dans le cinéma de Shyamalan : ceux qui agissent rationnellement et ceux qui agissent irrationnellement. Dans les deux cas, irrémédiablement, ils suscitent notre sympathie de par leur humanité. Ses personnages sont, la plupart du temps, fragmentés par un dilemme. David Dunn (Bruce Willis) est par exemple affligé d’un choix difficile : il doit soit quitter sa femme et son fils pour travailler dans une autre ville ou soit rebâtir sa vie conjugale. Quant à Elijah Price (Samuel L. Jackson), son infirmité le fait douter de ses capacités. «Unbreakable» raconte essentiellement la naissance d’un superhéros dans un contexte réaliste et contemporain. Le personnage de David Dunn, le caractère relativiste du film ainsi que sa trame narrative, exposent non pas la naissance d’un superhéro, mais expose brillamment l’essence même de tous les superhéros du support comic book. Shyamalan à la limite se montre moralisateur.

Le réalisateur, au second degré, fait une analogie subtile avec le football universitaire : un milieu très convoité aux States où le succès n’a d’égal que l’effort que cela implique. Le talent n’est pas inné, il s’acquiert avec la persévérance, et encore la réussite n’est pas certaine. Le superhéros possède en lui un talent inné qui lui est encore inconnu. Lorsqu’il découvre son talent et qu’il l’utilise au service du bien, en conséquence il peut faire l’objet de beaucoup de convoitise. Qui n’a pas déjà rêvé de posséder des pouvoirs surnaturels ? Qui n’a pas déjà rêvé de faire sa propre justice ? Ainsi, «Unbreakable» met en opposition deux idéologies : 1) un profond désir pour l’américain moyen de se dépasser et d’accomplir des actions extraordinaires et 2) l’incapacité pour certains américains moyens d’accomplir de tels actes à cause d’une faiblesse ou d’une blessure. C’est comme si chaque individu avait son double; la personne en soi et l’autre, un idéal à atteindre, une pure illusion. D’ailleurs, vous remarquerez dans le film que Shyamalan fait souvent usage du reflet pour introduire ses personnages, le miroir caractérisant leur état d’esprit.

L’histoire débute lorsque David Dunn survit miraculeusement à un déraillement de train alors qu’il revient à Philadelphie. Le plus incroyable c’est qu’il s’en sort indemme. Shyamalan ne nous montre pas l’accident de train, il le suggère. Le regard d’effroi de David Dunn suffit à nous faire comprendre la gravité de la situation. Lorsqu’il reprend conscience à l’hôpital, Dunn est au second plan. En avant-plan, un homme saigne à mort. Pourtant, c’est Dunn qui capte toute notre attention; Shyamalan, spécialement dans ce film, se plaît à capter toute notre attention sur ses personnages principaux. En quelque sorte, c’est comme s’il voulait faire de chaque plan un carré de bande-dessinée. Lorsqu’il sort des urgences, il retrouve sa femme Audrey et son fils Joseph. Shyamalan tourne un long plan séquence sur les familles des victimes. Stupéfaits, ils dévisagent Dunn comme s’il était une sorte de miracle. David Dunn est construit tout au long du film comme un objet de convoitise.

C’est le contenu d’une carte avec l’inscription : «Combien de jours avez-vous été malade dans votre vie ?» qui pousse Dunn à l’introspection. Il fera la rencontre d’un mystérieux collectionneur, Elijah Price, qui souffre d’une maladie incurable qui rend ses os fragiles comme du verre. Shyamalan découpe la psychologie de Elijah Price sur deux périodes; dans son enfance, Elijah est méprisé par ses camarades de classe. Il est timide, chétif et angoissé. Puis, il y a le Elijah adulte : autoritaire, philanthrope et intrépide. Sa mère, un personnage secondaire, encourage son fils à se dépasser en lui offrant une longue série de bandes-dessinées. C’est l’événement clé du film en ce qui concerne le caractère d’Elijah Price.

Lors de sa première rencontre avec David Dunn, Elijah lui expose sa théorie : il est convaincu que les superhéros peuplent le monde, la bande-dessinée n’étant qu’une exagération, une caricature de la réalité. Elijah prétend être à l’extrémité d’une “échelle de vulnérabilité”. S’il existe une personne aussi vulnérable que moi, affirme-t-il, il doit bien exister un individu à l’autre extrémité de l’échelle : une personne quasi invulnérable. Dunn est circonspect. Son fils Joseph, à l’opposé, est emballé par cette éventualité. Joseph admire son père et l’idée que celui-ci pourrait être un superhéros le marquera jusqu’à l’obsession. Joseph viendra jusqu’à menacer son père avec un pistolet car il croit que la balle rebondira sur sa poitrine. David Dunn est un personnage généralement tempéré; c’est la seule scène du film où il se montre autoritaire. Comme s’il subissait en lui une période de transition.

Deux personnages aident David Dunn à reconnaître le surhomme en lui : Elijah Price qui gagne en crédibilité et qui se montre très persuasif et son fils Joseph qui lui fera découvrir une solidité insoupçonnée, notamment dans la scène de l’entraînement; à son insu, Joseph augmente graduellement le poids des haltères et, spontanément, Dunn se laisse prendre au jeu. Comme tous les superhéros, Shyamalan donne à son héros une faiblesse : l’eau. D’ailleurs, dans la scène de la piscine, Dunn devra s’y heurter.

La scène clé du film c’est lorsque Dunn, affublé de son costume, fait une entrée discrète dans la gare. Entièrement «reconstruit» par Elijah, le spectateur assiste à la naissance de «Unbreakable». Dunn est capable, du moins pendant un court instant, de lire dans les pensées des gens. Ainsi, à quatre reprises, il voit dans l’ordre : le vol d’un bijou, un acte de violence raciste, un viol et une séquestration. Il ne s’agit pas de prémonitions, car les méfaits ont déjà été accompli. Shyamalan, dans ce bain de foule, nous convie à replonger dans sa métaphore du reflet : qu’il existe au cœur de chaque homme et femme deux personnalités, l’une rationnelle et l’autre irrationnelle. Ceci dit, David Dunn choisit d’intervenir dans l’épisode de la séquestration. Le malfaiteur en question est le concierge de la gare, accoutré d’un habit orange vif. Subtilement, Dunn le suivra jusqu’à la résidence où il garde une famille en otage. Nous assistons à son premier combat et découvrons, par le fait même, qu’il est invulnérable.

Shyamalan nous amène progressivement vers le dénouement du film. La mère d’Elijah Price s’introduit à David Dunn dans la scène de l’exposition. Elle lui dit pas très subtilement qu’il y a deux types de vilains, le premier qui fait usage de ses muscles et le second, plus brillant, qui fait usage de son intelligence. C’est le dénouement inattendu que nous propose Shyamalan. Il apparaît qu’Elijah fait parti de la seconde catégorie. Une poignée de main suffit à Dunn pour le démasquer. Il est responsable, parmi d’autres désastres, du déraillement de son train. Motivé, semble-t-il, par le désir de trouver son opposé, Shyamalan conclut sur ces paroles d’Elijah : «Maintenant que nous savons qui vous êtes, je sais qui je suis. Je ne suis pas une erreur. Tout cela est logique : dans les bandes-dessinées, le vilain est à l’opposé du héros. Ils sont amis comme vous et moi.»

Il nous rappele également la raison de sa "descente aux enfers", que Elijah nous résume en cette courte phrase : "On m'appelait le bonhomme qui casse".

Que devons-nous conclure? Que Elijah est un détraqué? Bien sûr que non. Shyamalan s’explique: “Aucun personnage n’est méchant dans ce film”. Les actes d’Elijah sont irrationnels mais ils sont pardonnables : Elijah ou si vous préférez «monsieur verre» devait trouver une raison à son existence. Il trouva cette raison auprès de son nouvel ami. Il a minutieusement reconstruit David Dunn pour l’affronter face à face.

[modifier] Lien externe