Histoire de Jersey

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Histoire des Îles Britanniques

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Histoire thématique

La Hougue Bie, monument néolithique et chapelle médiévale
La Hougue Bie, monument néolithique et chapelle médiévale

Sommaire

[modifier] Préhistoire

La première trace d'activité humaine sur ce qui est aujourd'hui l'île de Jersey (la séparation d'avec le continent s'est probablement faite vers 8 000 ans BP) remonte à environ 250 000 ans, époque à laquelle les grottes de La Cotte de Saint Brélade étaient probablement utilisées par des groupes d'individus comme base pour la chasse au mammouth et au rhinocéros. On retrouve des vestiges témoignant de la présence sporadique de groupes nomades, jusqu'à l'arrivée des premières communautés sédentaires au Néolithique ; de cette période subsistent plusieurs sites funéraires, et notamment des dolmens. Le nombre, la taille et la localisation de ces mégalithes - en particulier à La Hougue Bie - laissent penser qu'il existait alors une organisation sociale exerçant son autorité sur un espace étendu, incluant les côtes environnantes, et capable de mener de tels projets de construction à grande échelle. Les recherches archéologiques ont montré que les populations présentes sur l'île commerçaient avec la Bretagne et la côte sud de l'Angleterre.

[modifier] Antiquité et Moyen Âge

Le Pinacle
Le Pinacle

Des caches de pièces de monnaie prouvent que l’île a été colonisée par des tribus celtiques vers 300 av. J.-C. Jersey est connue des Romains, qui lui donnent le nom d'Andium, sans toutefois s'y implanter. Au Pinacle, lieu sacré préhistorique des landes du nord-ouest, on peut cependant observer les restes d'un fanum, petit temple gallo-romain. On ne trouve pas de trace avant le XIVe siècle du nom latin de Caesarea (Césarée) d'où aurait pu dériver Jersey.

Les îles anglo-normandes, alors appelées îles Lenur, sont occupées par les Bretons lors de leur migration vers la Bretagne, aux Ve siècle et VIe siècle. Plusieurs saints celtes, comme Samson de Dol et Brélade sont présents dans la région à l'époque ; la tradition a retenu le nom de saint Hélier comme le premier à avoir introduit le christianisme sur l'île, au VIe siècle. Il serait resté une quinzaine d’années sur un rocher dans la baie de la ville avant d'être martyrisé par des pirates. Le village construit autour de l’église fondée en sa mémoire sur les dunes de la côte voisine serait devenu la ville de Saint-Hélier, capitale de l’île. Une chapelle médiévale, l’Hermitage de Saint-Hélier, construite sur le rocher sur lequel le saint est réputé avoir vécu, se visite chaque année le 16 juillet, fête patronale, avec pèlerinage municipal et œcuménique.

La Gazette de Césarée en 1812 évoque le nom latin traditionnel de Jersey
La Gazette de Césarée en 1812 évoque le nom latin traditionnel de Jersey

En 803, Charlemagne y envoie un émissaire ; dans les documents de l'époque, l île est mentionnée sous lenom d'Angia, ou Agna. Les Vikings exercent ensuite leur influence dans la région, et c'est à cette époque que l'île prend son nom actuel. Le nom actuel de l'île dérive du vieux norrois; on propose qu'un nom d'un chef s'ajoute à -ey : île. D'autres interprétations mettent en jeu des radicaux vieux norrois (jarth : la terre) ou gaulois (gar- : le chêne, -ceton : la forêt). Sur le plan politique, Jersey reste liée à la Bretagne jusqu'en 933, date à laquelle le duc Guillaume Ier Longue-Épée s'empare du Cotentin et des îles anglo-normandes. Victorieux d'Harold II en 1066 à Hastings, le duc Guillaume le Conquérant monte sur le trône d'Angleterre, mais continue à administrer ses possessions françaises dans le cadre d'une entité séparée pour laquelle il est vassal du roi de France. Jersey continue donc de faire partie du duché de Normandie ; mais en 1204, Philippe-Auguste conquiert la Normandie continentale. Les îles anglo-normandes restent des possessions personnelles du roi d'Angleterre, et c'est sur les Constitutions octroyées par le roi Jean que reposent le statut particulier dont elles disposent encore aujourd'hui.

À partir de 1204, les îles anglo-normandes deviennent l'un des enjeux de la rivalité entre l'Angleterre et la France. C'est à cette époque qu'est construit le château de Mont-Orgueil, pour servir de forteresse royale et de base militaire. Pendant la Guerre de Cent Ans, l'île est attaquée à de nombreuses reprises, et même occupée pendant deux ou trois ans, vers 1380. En raison de l'importance stratégique de Jersey, ses habitants obtiennent de la monarchie anglaise un certain nombre de privilèges. Au cours de la Guerre des Deux-Roses, l'île est occupée par la France pendant sept ans, de 1461 à 1468, avant que Sir Richard Harliston ne la reprenne pour le compte du roi d'Angleterre.

[modifier] Époque moderne

Au XVIe siècle, la plupart des Jersiais adoptent le religion protestante, et le style de vie devient très austère. L'usage croissant de la poudre à canon sur le champ de bataille conduit à améliorer les fortifications de l'île ; une nouvelle forteresse est construite pour défendre la baie de Saint-Aubin. Sir Walter Raleigh, alors gouverneur de l'île, lui donne le nom de Château Élizabeth, en l'honneur de la reine. La milice de l'île est réorganisée sur une base paroissiale, chaque paroisse devant entretenir deux canons, que l'on conservait habituellement dans l'église. Un de ceux de la paroisse Saint-Pierre peut encore être observé, aux pieds du Beaumont.

Sur cette carte de Jersey, établie en 1639, le tracé du littoral reste très approximatif.
Sur cette carte de Jersey, établie en 1639, le tracé du littoral reste très approximatif.

La production de vêtements de laine prend une telle ampleur à cette époque que des lois doivent être promulguée pour définir strictement quelles personnes pouvaient tisser. Une partie de la population de l'île est également impliquée dans les pêcheries de Terre-Neuve : les bateaux quittaient l'île en février-mars, après un office religieux en l'église de Saint-Brélade, et ne revenaient qu'en septembre octobre. Dans les années 1640, l'Angleterre est ravagée par la guerre civile, et les troubles se répandent en Écosse et en Irlande. Jersey aussi se divise ; la majorité des habitants est favorable au Parlement, tandis que la famille Carteret, qui soutiennent le roi, conservent le contrôle de l'île.

Le futur roi Charles II visite l'île en 1646, puis en 1649, peu après l'exécution de son père. C'est dans la Place du Marché, à Saint-Hélier, que Charles est proclamé roi publiquement. En 1651, les troupes parlementaires finissent par prendre l'île. Plus tard, en remerciement pour l'aide qu'il lui avait apporté pendant son exil, Charles II accorde à George Carteret, bailli et gouverneur de l'île, des terres dans les colonies américaines, auxquelles celui-ci donne le nom de New Jersey - qui est aujourd'hui le nom un État des États-Unis d'Amérique.

Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, les liens entre Jersey et l'Amérique se renforcent, et beaucoup d'insulaires émigrent en Nouvelle-Angleterre et dans le Nord-Est du Canada. Les marchands de Jersey se constituent un empire commercial florissant, notamment dans les pêcheries de Terre-Neuve et de Gaspésie. La Chambre de commerce de Jersey, crée le 24 février 1768, est la plus ancienne du Commonwealth

Le code de 1771 rassemble pour la première fois dans un même ouvrage l'ensemble des lois s'appliquant à Jersey, et à compter de cette date, les limites entre les attributions de la Cour royale et des États de Jersey furent précisées, les États étant désormais le seul détenteur du pouvoir législatif.

Le méthodisme arrive sur Jersey en 1774, introduit par des pêcheurs de retour de Terre-Neuve. Cela provoqua des conflits avec les autorités civiles lorsque des hommes commencèrent à refuser de se rendre aux entraînements de la Milice lorsque qu'ils se déroulaient en même temps que les réunions méthodistes. La Cour royale tenta d'interdire ces dernières, mais le roi George III refusa une telle restriction de la liberté de religion. Le premier ministre du culte méthodiste fut nommé en 1783 ; John Wesley prêcha à Jersey en août 1789. Le premier bâtiment spécialement consacré au culte méthodiste fut construit à Saint-Ouen en 1809.

En raison des tensions permanentes entre la France et la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, l'île est constamment sur le pied de guerre. Pendant la Guerre d'indépendance américaine, deux tentatives d'invasion ont lieu : en 1779, le prince de Nassau ne parvient pas à débarquer dans la baie de Saint-Ouen ; le 6 janvier 1781, des troupes sous le commandement du baron de Rullecourt prennent Saint-Hélier, avant d'être vaincue par l'armée britannique du major Peirson, lors de la bataille de Jersey. Vers 1799-1800 après l'évacuation des Pays-Bas par les troupes alliées, six mille soldats russes sont cantonnés sur l'île.

[modifier] Le XIXe siècle

La livre tournois était resté en usage au fil des siècles. Supprimée pendant la Révolution française, elle n'était plus émise, mais continua d'avoir cours jusqu'en 1834, date à laquelle la réduction du volume monétaire en circulation et les difficultés qui s'ensuivaient pour le commerce conduisirent à adopter la livre sterling comme monnaie d'échange.