Hezbollah

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Liban

Armoiries du Liban
Cet article fait partie de la série sur la
politique du Liban,
sous-série sur la politique.

 voir • disc. • mod. 

Portail politique - Portail national

Le Hezbollah (en arabe ‮حزب الله‬ ḥizbu-llāh, « Parti de Dieu ») fondé en juin 1982 est un mouvement politique chiite libanais possédant une branche armée qui est à son origine et qui fut créée en réaction à l'invasion israélienne au Liban en 1982, en s'appuyant sur un financement iranien. Il n'a aucun lien avec le Hezbollah turc.

Sommaire

Description

Drapeau du Hezbollah
Drapeau du Hezbollah

Emblème

L'emblème du Hezbollah est vert, couleur de l'islam, sur fond jaune. Il est composé du mot « Hezbollah » en calligraphie de style coufique, dont l'alif du mot Allah se transforme en un bras brandissant un fusil mitrailleur de type AK-47, surmonté d'un extrait de verset extrait du Coran écrit en rouge (Al-Maidah, V, 56) فإن حزب الله هم الغالبون (fāʾinna ḥizb allāh hum al-ġālibūn) ; « [...] car ceux qui suivent le parti de Dieu seront victorieux. ». En bas de l'image, on trouve en écriture rouge المقاومة الإسلامية في لبنان (al-muqāwamah al-islāmīyah fī lubnān) « résistance islamique au Liban ».

Le globe terrestre, le rameau, le poing tenant une AK47 et d'autre détails encore rappellent l'emblème des Gardiens de la Révolution islamique[réf. nécessaire].

Nature du Hezbollah

Le Hezbollah est considéré comme un mouvement de résistance par la Syrie, l'Iran et une partie de l'opinion publique des pays arabes ou musulmans,[réf. nécessaire] et comme organisation terroriste par les États-Unis[1] le Canada, et Israël. L'Australie et le Royaume-Uni ne considèrent que la branche armée comme terroriste, pas la branche politique[réf. nécessaire]. La Russie ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste.[2]

La position de l'Union européenne est contrastée : par la voix du président de l'Union en exercice au 1er août 2006, l'Union européenne signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes[réf. nécessaire]; toutefois, le Conseil de l'Union européenne inclut l'officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa'iz Mughniyah (alias Mughniyah, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes[3]. Cette classification est contraignante mais ne concerne pas la branche civile du parti et sa branche armée située à l'intérieur du Liban. Sur le mouvement considéré dans son ensemble, le Conseil de l'Union européenne a jusqu'ici jugé que le Hezbollah ne s'inscrivait pas parmi les mouvements terroristes, malgré plusieurs demandes états-uniennes. Certains diplomates européens estiment que le dernier refus de mars 2005 de l'inscrire sur la liste des mouvements terroristes était motivé par le fait que l'Union européenne ne souhaitait pas, en cette période d'instabilité au Liban, aggraver la situation.[réf. nécessaire] À la différence du Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen a adopté le 10 mars 2005 une résolution (par 473 voix pour et 33 contre)[4] déclarative et non contraignante pour les États membres qualifiant le Hezbollah de terroriste (« 7. considère qu'il existe des preuves irréfutables de l'action terroriste du Hezbollah et qu'il convient que le Conseil prenne toutes les mesures qui s'imposent pour mettre un terme à cette action »).

L'ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à son désarmement. (voir plus bas)

Le Hezbollah est tenu pour responsable de nombreuses prises d'otages d'occidentaux, pour l'essentiel diplomates et journalistes, et de soldats israéliens occupant le sud-Liban dans les années 1980 et de l'orchestration d'attentats spectaculaires et meurtriers contre les forces occidentales présentes au Liban à cette époque. Il jouit d'une certaine popularité dans le monde arabo-musulman pour avoir contribué au retrait israélien du Liban Sud en mai 2000. Il s'inspire du principe du velayat-e faqih, c'est-à-dire la primauté des théologiens (velayat-e faqih signifie « gouvernement du docte ») sur la communauté chiite, à présent controversé.

Enfin, Hassan Nasrallah déclara à plusieurs reprises ne pas soutenir le mouvement terroriste Al-Qaida. En effet l'esprit du parti politique Hezbollah est de distinguer clairement l'idée de résistance face a Israël et l'attitude de terroristes d'Al-Qaida. Hassan Nasrallah l'a déclaré plusieurs fois sur la chaine Al Jazeera ; c'est d'ailleurs la position de l'ayatollah Ali Khamenei, marja des Hezbollah iranien et libanais.

Organisation du pouvoir [5]

Le Conseil consultatif exécutif (Majlis ach-Choura al-Qarar) est constitué de 7 membres et présidé par le secrétaire général Hassan Nasrallah. Il prend ses décisions par consensus. Le secrétaire général possède une autorité très importante, mais non absolue. Cela permet notamment d'éviter que le décès du secrétaire général ne décapite totalement le mouvement.

Un grand nombre d'institutions plus secondaires forment le deuxième cercle du pouvoir exécutif au sein du Hezbollah. Les principales sont la Convention Générale et le bureau politique. La Convention Générale est dirigée par un Conseil exécutif de 12 membres. Elle élit les membres du Conseil exécutif, met en œuvre ses décisions, formule les choix effectués au quotidien et gère les relations extérieures avec les autres forces politiques libanaises. Chacun des membres du Conseil exécutif a en charge un portefeuille (santé, éducation, affaires régionales, etc.). Le Conseil consultatif exécutif a cependant le dernier mot vis à vis de la Convention Générale comme du bureau politique en ce qui concerne les décisions-clé.

Les représentants du Hezbollah au parlement libanais influencent les orientations de l'organisation. Ils sont considérés comme plus modérés et réformistes, comme le montre l'éviction de Mohammed Ra'ad de la tête du Conseil exécutif.

Certaines personnalités, chefs historiques de la résistance ont du fait de leur prestige une influence privilégiée. Ils disposent de droits de vote privilégiés au Conseil consultatif.

Les agences de sécurité (Amn al-Hizb), outre leur mission de protection des chefs du Hezbollah, jouent un rôle important de contrôle de la mise en œuvre des décisions auprès des différentes composantes de l'organisation. Leur influence dépasse cependant ces missions, et leur pouvoir s'exerce sur le Comité consultatif, et même sur Nasrallah en personne[6]. Leur pouvoir s'exerce par la limitation des contacts des dirigeants du parti avec le monde extérieur, l'imposition de sanctions disciplinaires, y compris la destitution d'un cadre. Durant le conflit de 2006, Hassan Nasrallah avouera au journaliste d'Al Jazeera Ghassan Ben-Jedo qu'il n'avait aucune idée d'où il se trouvait, puisqu'on lui avait bandé les yeux comme ce dernier.

Une autre agence créée en 2000 influence les décisions. Il s'agit d'une agence de « contre espionnage » (Amn alMuddad), ne faisant pas partie intégrante de l'organigramme du Hezbollah, mais incluant certains de ses membres ainsi que des agents libanais, anciens du parti, dont certains sont soupçonnés par les États-Unis d'avoir organisés des attentats terroristes sanglants.

Liens avec l'Iran

La filiation du Hezbollah avec l'Iran est historique[7][8][9][10][11][12]. En effet, la conception de la politique de ce mouvement découle à l'origine de l'idéologie développée par Rouhollah Khomeini, le Velayat-e faqih (gouvernement du docte)[7]. Une « libanisation » du mouvement s'opère cependant à partir de la fin des tensions liées à la guerre Iran-Irak en 1988, puis par la participation aux élections libanaises en 1992.

L'Iran fournit néanmmoins le Hezbollah en moyens financiers et en armes [13][14] et influence ses décisions[15][16]. Le Guide de la Révolution intervient sur les décisions stratégiques, mais permet surtout aux dirigeants locaux d’asseoir leur légitimité, leur permettant ainsi de faire face aux oppositions internes. Plus directement, l'Iran garde une influence sur les agences de sécurité et de renseignement du Hezbollah. Téhéran ne revendique toutefois qu'une partie de ce soutien et compare ses relations avec le Hezbollah à celles qu'entretiennent les États-Unis avec Israël.

De son coté, le Hezbollah, qui dispose d’une représentation officielle à Téhéran, se veut un mouvement d'abord nationaliste et tient à se démarquer de sa filiation originelle. Cependant, lors d’une interview donnée à l’occasion du premier anniversaire de la guerre du Liban de 2006, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé que son organisation avait combattu pour l’Iran, propos qui ont été censurés par la télévision iranienne en raison de l’embarras qu’ils ont suscité. Les adversaires libanais de Nasrallah affirment depuis longtemps que la loyauté de ce dernier est envers l'Iran, et que le Liban n'est pas sa priorité.[17].

Rôle social

Par ailleurs le Hezbollah traite d'affaires sociales par le biais d'hôpitaux, d'écoles, d'une chaîne de télévision et d'orphelinats. Il est le premier employeur au Liban. Suite aux élections législatives de mai-juin 2005, le mouvement compte 14 sièges au parlement libanais qui en compte 128 [18]. On remarque qu'à chaque élection, le mouvement présente des candidats sunnites et chrétiens en plus de candidats chiites. Le Hezbollah est actif principalement dans la vallée de la Bekaa, dans la banlieue sud de Beyrouth et au sud du Liban.

On peut noter que le mouvement a une forte mixité : si seulement quelques femmes ont participé à des actions combattantes, elles sont très nombreuses dans les structures sociales et certaines ont des hommes sous leur direction. Pour autant les cellules féminines sont représentées par un homme à la Majlis Choura (assemblée de la consultation - organe directionel du mouvement - où sont également présents 2 représentants de l'Iran). Selon les dirigeants du Hezbollah, une femme pourrait entrer à la Majlis Choura, mais l'occasion ne s'est pas encore présentée.

Le Hezbollah s'est beaucoup fait remarquer dans le monde musulman en étant favorable au Mut`a (qui n'existe que chez les chiites) traduit littéralement par « mariage de jouissance » et aussi appelé mariage temporaire. Comme son nom l'indique cette forme d'union est temporaire et ses modalités (dont la durée) résultent d'un contrat. Cette forme de mariage évite l'adultère car il ne faut le consentement que des époux (et du père de l'épouse si celle-ci est célibataire [ni veuve ni divorcée]). Dans les années 80, de nombreux islamistes sunnites et politiques ont accusé le Hezbollah de pratiquer une prostitution déguisée[réf. nécessaire].

Un financement controversé

Le groupe est financé principalement par l'Iran et la Syrie[réf. nécessaire], ainsi que par des fonds privés[réf. nécessaire]. Cependant, certaines sources parlent d'une source de financement plus occulte. Suite à un coup de filet des polices brésiliennes et équatoriennes, mené le 21 juin 2005, mettant à jour un réseau international de trafic de drogues, des soupçons se portent sur ce mouvement comme éventuelle destination des fonds issus de ce trafic[19],[20],[21]. D'autres allégations imputent au Hezbollah le financement de ses activités par le biais du commerce de diamants illicites, du trafic de drogue et du racket.[22]

Histoire

1982 - 1990 : la guerre civile

Panneau présentant les martyrs du Hezbollah (2004)
Panneau présentant les martyrs du Hezbollah (2004)

Fondé en juin 1982 avec l'appui de l'Iran, en réaction à l'invasion israélienne de juin 1982, le Hezbollah est rapidement devenu la principale organisation militaire s'opposant à l'occupation par Israël du sud du Liban.

Son origine remonte à l'installation d'un millier de chi'ites radicaux alors exilés en Iran dans la vallée de la Bekaa, alors sous contrôle syrien.

Le Hezbollah réunit diverses mouvances, principalement le Amal islamique (une dissidence d'Amal) et la branche libanaise du parti Ad-Daawa. Depuis 1979, une aile islamique s'était constituée au sein du Amal autour d'Hussein Moussawi. En 1982, Nabih Berri, le chef d'Amal, participe à un Comité de Salut National au côté de Béchir Gemayel (chef des Forces Libanaises). Téhéran le somme de s'en retirer mais il refuse. Hussein Moussawi et Ibrahim el Amine (représentants d'Amal à Téhéran) claquent la porte et fondent avec l'appui de 500 « gardiens de la révolution » iraniens le Amal islamique. Le rassemblement de celui-ci avec divers groupuscules chiites donne naissance au Hezbollah. Son guide spirituel était Hussein Fadlallah. À l'époque, les objectifs déclarés du parti étaient d'étendre la révolution islamique iranienne, et de créer un état islamique au Liban [23], ce qui leur donna le nom de « parti de Dieu » (Hezbollah) à l'origine par la critique. Aujourd'hui, il a renoncé à cet objectif. Dans les régions à prédominance chiite, il prend progressivement la place de son rival Amal, accusé de corruption tandis le Hezbollah est reconnu selon certains pour sa probité et son aide aux défavorisés[24]..

Les premières actions connues contre les intérêts occidentaux remontent à janvier 1983 où une grenade fut lancée contre une patrouille militaire française. En mars de cette même année, ce sont deux patrouilles américaines qui furent attaquées.

En avril, ce fut le premier grand attentat qui eut lieu contre l'ambassade américaine de Beyrouth faisant 63 morts.

Le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides contre la force multinationale d'interposition font 248 morts américains et 58 morts français dans l'attentat du Drakkar. Les États-Unis et la France accusent le Hezbollah et l'Iran d'être derrière l'attentat. Le Hezbollah nie toute implication[25].

Les représailles franco-américaines contre des positions du Hezbollah et de l'armée syrienne furent plus médiatiques que réellement significatives.

Certains pensent que l'attentat qui fit partir les États-Unis et la France a été réalisé par un groupe d'hommes n'appartenant à aucun parti et qui rejoindront pour la plupart le Hezbollah bien après l'opération.

Suit un ensemble d'actions faisant connaître le mouvement, notamment des prises d'otages telles que celles, en 1985, du journaliste Jean-Paul Kaufmann et du chercheur français Michel Seurat - ce dernier étant décédé en captivité - et un détournement d'avion le 14 juin 1985 (un passager abattu).

L'enlèvement temporaire de 4 diplomates soviétiques en 1985, cette affaire fut réglée promptement par le KGB avec des méthodes d'intimidation après l'assassinat d'un des diplomates.

En 1987, l'organisation organise des attentats en France dont celui de la rue de Rennes, perpétré devant le magasin Tati, le 17 septembre1986. C'est le dernier attentat et le plus meurtrier (7 morts et une soixantaine de blessés) d'une série commencée le 4 septembre (11 morts en tout). Ils sont revendiqués par le CSPPAC, une couverture dissimulant le Hezbollah agissant pour le compte de l'Iran [26], qui réclame la libération du chef libanais Georges Ibrahim Abdallah. Le chef du commando terroriste responsable des attaques, Ali Fouad Salah est arrêté en mars 1987.

De 1985 à 1987, Amal affronte le Parti socialiste progressiste, le Hezbollah et les Palestiniens dans un épisode appelé « guerre des camps ». Début 1987, Amal est en déroute et la Syrie intervient militairement pour soutenir son plus proche allié. Des combats éclatent entre les militaires syriens et le Hezbollah. L'Iran intervient alors pour imposer un cessez-le-feu.

A partir d'avril 1988, le Hezbollah et Amal s'affrontent violemment pour la domination du sud de Beyrouth dans des combats qui font 600 morts en 2 semaines et qui voient le Hezbollah occuper 95% de la zone dès le 11 mai. L'armée syrienne s'interpose alors, le 25 mai, pour faire cesser les combats. Cette guerre fratricide chiite se clôturera par une trêve en janvier 1989 puis un accord de paix en octobre 1990[27].

Contrairement à Hassan Nasrallah, le guide spirituel du Hezbollah, Mohammad Hussein Fadlallah a des réserves à propos de la primauté du faqih (la jurisprudence religieuse, nommée velayat-e faqih en persan), doctrine développée par le premier le guide de la révolution iranienne, Rouhollah Khomeini. Après la mort de Khomeyni en 1989, Fadlallah ne se sent pas tenu de suivre son successeur Ali Khamenei sur toutes les questions. L'influence de l'Iran sur le mouvement diminue tout en restant importante.

Le conflit au sud du Liban 1990-2000

Entre 1990 et 2000, le Hezbollah renforce son alliance avec la Syrie et consolide son aile militaire. Il poursuit sa guérilla face à Israël dans un conflit qui dépasse largement le cadre du sud du Liban. La tension culmine par l'Opération Raisins de la colère menée par l'armée israélienne en avril 1996, qui se solde par la mort de 154 civils dont 107 au cours du bombardement de Cana de 1996[28].

Le 17 mars 1992, un attentat à la bombe fait 29 morts et 242 blessés à l'ambassade israélienne en Argentine.

Le 18 juin 1994, un attentat à la bombe fait 86 morts et plus de 200 blessés dans un centre culturel juif de Buenos Aires.

L'État argentin a d'abord accusé formellement l'Iran et le Hezbollah d'être impliqués, et plusieurs membres de la communauté chiite locale sont arrêtés puis relâchés faute de preuve. La Cour suprême argentine n'a pu valider cette piste. L’enquête a continué, entachée de disparitions de preuves, de pistes ignorées, de vols de documents, de témoins menacés ou achetés. Parmi les suspects figurent plusieurs anciens membres de la police de la province de Buenos Aires qui, depuis plusieurs années, est impliquée dans de nombreux scandales de corruption. Cependant, le 25 octobre 2006, deux procureurs argentins recommandent à un juge d'ordonner l'arrestation de l'ancien président iranien Hachemi Rafsanjani et de sept autres hauts responsables iraniens, déclarant que "la décision d'attaquer" le centre "avait été prise en 1993 par les plus hautes autorités du gouvernement iranien de l'époque", et ajoutant que le Hezbollah libanais avait été chargé de commettre l'attentat. [29] Le 9 novembre 2006, suivant cette recommandation, le juge fédéral Rodolfo Canicoba Corral lance un mandat d'arrêt international contre M. Rafsandjani et des sept autres personnes et demande l'aide d'Interpol dans cette affaire.

Après le retrait israélien du Liban de juin 2000, une controverse éclate au sujet du secteur dit des fermes de Chebaa. Ce territoire occupé par Israël au cours de la guerre des Six-Jours est considéré comme syrien par l'ONU et Israël, mais libanais par le Liban, le Hezbollah et la Syrie. Les cartes officielles de l'ONU indiquent que les fermes de Chebaa se trouvent en territoire syrien, mais suite au retrait israélien, la Syrie et le Liban déclarent que ce territoire est libanais. L'ONU ne décide pas du tracé des frontières, mais puisque le gouvernement syrien refuse de notifier à l'ONU la souveraineté du Liban sur ces territoires, l'ONU considère actuellement les fermes de Chebaa comme syriennes. En conséquence, l'ONU considère le retrait israélien achevé, en accord avec les termes de la résolution 425 (1978).

Le conflit dure toujours entre Israël et le Hezbollah. Épisodiquement, ce dernier mène des attaques contre les forces militaires israéliennes dans ce territoire des fermes de Chebaa ou en lançant des roquettes Katioucha sur le nord d'Israël, tandis qu'en représailles les forces israéliennes pénètrent dans l'espace aérien libanais ou bombardent le Hezbollah en territoire libanais.

Le désarmement dans le cadre de la résolution 1559 (2004)

En septembre 2004, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté par 9 voix pour (Allemagne, Angola, Bénin, Chili, Espagne, États-Unis, France, Roumanie, Royaume-Uni) et 6 abstentions (Algérie, Brésil, Chine, Pakistan, Philippines, Russie)[30] une résolution exigeant, entre autres, le désarmement de l'ensemble des forces non gouvernementales au Liban (« 3. Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées »). Le Hezbollah fut très clairement désigné par les diplomates comme concerné, au premier chef, par cette résolution. Le Hezbollah a refusé, à ce jour, tout désarmement. Une partie des forces de l'opposition libanaise anti-syrienne favorables à l'exécution pleine et entière de cette résolution (c'est-à-dire un état libanais souverain) propose un plan de désarmement, que le Hezbollah refuse tant qu'il pense que l'armée libanaise ne peut pas assurer son travail au Sud-Liban. En mai 2005, les tractations se poursuivaient pour inciter le Hezbollah à proposer un plan de désarmement.

La huitième session de la conférence de dialogue visant à parvenir à un accord sur le désarmement du Hezbollah s’est ouverte le 8 juin 2006 à Beyrouth la capitale sur fond de désaccord. Les principaux leaders musulmans et chrétiens estiment que l’armée libanaise ne pourrait répondre face à la puissance militaire israélienne. Le Hezbollah estime être capable de « riposter aux agressions israéliennes contre le Liban » et demande le retrait israélien du secteur des fermes de Chebaa et le retour des Libanais prisonniers en Israël, tandis qu'Israël réclame une sécurisation de sa frontière nord contre toute attaque et le retour de ses soldats faits prisonniers par le Hezbollah.

Participation au gouvernement libanais

Suite aux élections de mai-juin 2005, le Hezbollah obtient 11% des suffrages et le Bloc de la résistance et du développement, auquel il appartient, 27,4%. Concernant l'équilibre politique intérieur et extérieur, le Hezbollah prône désormais l'entente et le dialogue, sans ingérence extérieure. Son chef, sayyed Hassan Nasrallah, appelle au dialogue et se prononce en faveur d'un « gouvernement d'unité nationale ». Fort de ses 14 députés (sur 128), le Hezbollah rejoint pour la première fois le gouvernement le 19 juillet 2005. Il obtient officiellement un ministère sur 24, celui de l'énergie attribué à Mohammad Fneich, ou trois officieusement puisque Faouzi Saloukh et Trad Hamadé, respectivement nommés aux postes de ministre des affaires étrangères et du travail, sont considérés comme pro-Hezbollah.

Conflit israélo-libanais de 2006

Icône de détail Article détaillé : Conflit israélo-libanais de 2006.

Le 12 juillet 2006, le Hezbollah lance une attaque sur une unité israélienne qui effectuait une patrouille de routine. Israël accuse le mouvement chiite d'avoir effectué cette opération sur son territoire tandis que le Hezbollah affirme que les soldats attaqués s'étaient infiltré en territoire libanais. Parmi les soldats du contingent qui composaient cette unité, trois sont tués et deux sont faits prisonniers par le Hezbollah. Une autre unité israélienne, tentant de libérer ces deux soldats, rencontrent une forte opposition armée : huit de ses soldats sont tués. Cette opération est dénoncée comme une « agression » par Israël [réf. nécessaire] même si la riposte qu'elle a généré, semble pour certains, pré-méditée. C'est en tout cas ce que suggère Georges Monbiot dans The gardian (14 Août 2006). Le journaliste cite ses confrères du San Francisco Chronicle qui rapportent que "plus d'un an (avant l’été 2006), un haut gradé de l'armée israélienne a commencé à faire des présentations sous PowerPoint, sur une base privée, à des diplomates, journalistes et groupes de réflexion étasuniens et autres, du plan de cette opération actuelle en détails révélateurs". Gerald Steinberg, professeur de Science Politique à l'Université de Bar-Ilan, a dit à ce journal que « de toutes les guerres d'Israël depuis 1948, celle (de l’été 2006) était celle pour laquelle Israël s'était le mieux préparé… À partir de 2004, la campagne militaire programmée pour durer environ trois semaines et à laquelle nous (avons assistée) (…) avait déjà été bouclée et, depuis un an ou deux, elle avait été simulée et répétée à tous les niveaux ». De même, un "officiel israélien important" a dit au Washington Post que le raid du Hezbollah le 11 juillet 2006 avait fourni à Israël un "moment exceptionnel" pour anéantir cette organisation.

De fait, dés le 12 juillet 2006, l'armée israélienne commence alors sa plus importante attaque du Liban depuis l'invasion de 1982. Un blocus aérien et maritime total est exercé sur le pays. L'attaque se déroule par voie aérienne principalement, avec bombardements quotidiens du Sud du Liban et des quartiers Sud de Beyrouth. Des commandos effectuent des missions ponctuelles, notamment à Baalbeck. Les grands axes routiers sont détruits par le bombardement systématique des ponts.

À la fin du conflit, une grande partie des infrastructures du Liban est détruite, mais le Hezbollah réclame la victoire. Pourtant après 34 jours de guerre, 1 183 civils libanais sont tués (décompte non définitif), alors que 160 morts dont 117 soldats sont décomptés en Israel. Une partie de la population, y compris une partie des chrétiens et des sunnites soutient le Hezbollah par ressentiment anti-israélien, toutefois, ce conflit (dont Nasrallah avoue avoir sous-estimé son intensité au moment de son déclenchement) avive les tensions communautaires au Liban. Certaines personnalités libanaises chrétiennes, toutefois minoritaires dans la communauté chrétienne comme la journaliste May Chidiac accusent le Hezbollah d'avoir déclenché unilatéralement une guerre désastreuse pour le pays. Le Hezbollah peut cependant s'appuyer sur un allié politique fidèle et de poids: le Courant Patriotique Libre, mouvement fondé par le Général Michel Aoun pronant un Liban laic et sans corruption. Le CPL et le Hezbollah avaient signé un document d'entente en Février 2006 soit 5 mois avant la guerre. Le soutien des militants du Tayyar s'est fait jour pendant le conflit, ces derniers ayant monté des centres d'accueil pour les réfugiés du Sud-Liban.

Bouclier humain

Nicolas Sarkozy, George W. Bush, Ehud Olmert ainsi que d'autres dirigeants accusent le Hezbollah d'avoir effectué des crimes de guerre en utilisant le « bouclier humain » ce qui aurait entrainé la mort de centaines de civils libanais, dont plusieurs dizaines d'enfants[réf. nécessaire]. Mais cela n'est pas prouvé et semble même partiellement contesté par les organisations humanitaires internationales qui d'autre part accusent Israël des mêmes faits.[réf. nécessaire] Dans un rapport rendu public le 4 aout 2006, Human Rights Watch (HRW) attestait que Tsahal était coupable de « crimes de guerre» en prouvant que « le déroulement des attaques dans plus de 20 cas étudiés montre que les défaillances ne peuvent pas être imputées à de simples accidents, ni liées à des pratiques injustifiées du Hezbollah. »[31],[32]

Le 23 juillet 2006, le responsable humanitaire de l’ONU Jan Egeland déclare[33] qu'« Israël viole le droit humanitaire » en bombardant la ville de Beyrouth et, le lendemain, il critique le Hezbollah. Pour M. Egeland, « le Hezbollah doit cesser de se fondre lâchement [...] parmi les femmes et les enfants. [...] J'ai entendu qu'ils étaient fiers parce qu'ils avaient perdu très peu de combattants et que ce sont les civils qui subissent le plus gros [des attaques israéliennes]. Je ne pense pas que quiconque devrait être fier d'avoir plus de morts parmi les enfants et les femmes que les hommes armés.»[34]

Attaque de civils

Le 29 août 2007, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport[35] dans lequel le Hezbollah est accusé d'avoir visé sciemment les populations civiles israéliennes, parfois de l'aveu même de commandants ou de combattants de l’organisation chiite. HRW reproche notamment au Hezbollah d’avoir tiré à l’aveugle en utilisant des roquettes non guidées pouvant s’écraser sur des zones civiles au lieu d’atteindre leurs cibles militaires éventuelles et d’avoir visé des villes comme Karmiel, Nahariya ou Kiryat Shmona qui étaient pourtant éloignées de toute cible militaire légitime apparente. Le Hezbollah est également accusé d’avoir fait usage de bombes à sous-munitions contenant des billes d'acier pouvant tuer ou gravement blesser dans un très large rayon autour de l'impact[36].

Avant la publication du rapport, le Hezbollah a lancé une vive campagne contre HRW par le biais de sa chaîne de télévision Al-Manar. La chaîne a qualifié HRW d’« association américaine greffée de juifs » [37] et des manifestations de plusieurs associations ont entraîné l'annulation de la conférence de presse que l’organisation américaine de défense des droits de l’homme avait prévu de tenir à Beyrouth. Selon Le Monde, la chaîne aurait ainsi un discours teinté d'antisémitisme.

Coup de force en 2008

Le 7 mai à Beyrouth, une démonstration de force du Hezbolla suite à une annonce du gouvernement libanais jugée provocatrice - une enquête sur le réseau de communication du Hezbollah et le limogeage de Wafic Choukair, le chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, considéré comme un proche du Parti de Dieu. -, les partisans de l’opposition bloquèrent plusieurs routes dans Beyrouth dont celles de l’aéroport, provoquant de violents affrontements dans la capitale. Les hostilités qui impliquèrent chiites, sunnites mais aussi druzes survinrent au terme de plusieurs mois d’une grave crise politique entre la majorité et l’opposition et on fait plus de 80 morts [38].

En Irak

En juin 2008, les forces américaines annoncent avoir capturé le n°2 de la branche militaire du Hezbollah durant la guerre en Irak en train d'entraîner l'armée du Mehdi[39].

Voir aussi

  • Al-Manar, chaîne libanaise de langue arabe, appartenant au Hezbollah.
  • Al-Nour, radio libanaise de langue arabe, liée à Al-Manar et donc au Hezbollah.
  • Attentat du Drakkar

Liens externes

Bibliographie

  • Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste par Walid Charara et Frédéric Domont, Fayard (2004) ISBN 9782213620091
  • Les Métamorphoses du Hezbollah par Jean-Loup Samaan, Karthala (2007) ISBN 9782845868786

Notes et références

  1. Chiffres du Département d'État américain
  2. (en) Hamas, Hizbullah not on Russia's terror list, Associated Press, 28 juillet 2006.
  3. Position commune 2005/427/PESC du Conseil du 6 juin 2005
  4. Résolution du Parlement européen
  5. Hizbollah : Rebel Without a Cause ?, International Crisis Group, Middle East Briefing Paper, 30 juillet 2003
  6. Entretiens réalisés par ICG auprès de journalistes et d'observateurs à Beyrouth en juin-juillet 2003 dont les résultats sont présentés dans le rapport cité plus haut
  7. ab (en)An open letter, le programme du Hezbollah : "We are the sons of the umma the party of God (Hizb Allah) the vanguard of which was made victorious by God in Iran. (...)We obey the orders of one leader (...): Ruhollah Musawi Khomeini."
  8. (en)Hezbollah's transformation, Asain Times, 20 juillet 2006
  9. Israel Ministry of Foreign Affairs, « Hizbullah », 11 avril 1996. Consulté le 17 août 2006
  10. (en)"FRONTLINE/WORLD . Lebanon - Party of God . The Story." PBS. 24 February 2007.
  11. Rubenstein, Colin. "Australia is right to ban Hezbollah. Here's why." The Age. 2 June 2003. 24 February 2007.
  12. (en)"National Geographic News Photo Gallery: Hezbollah, Igniting Conflict." National Geographic News. 24 February 2006.
  13. UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, « LEBANON: The many hands and faces of Hezbollah », 29 mars 2006. Consulté le 17 août 2006
  14. (en)Iranian official admits Tehran supplied missiles to Hezbollah
  15. (en)[http://www.state.gov/s/ct/rls/rpt/fto/2801.htm#hizballah U.S. Departement of state, Background Information on Foreign Terrorist Organizations, 1999.
  16. (en)Helena Cobban, Hizbullah’s New Face, In search of a Muslim democracy, Boston review, avril/mai 2005
  17. (en) Roee Nahmias, “Iran censors Nasrallah to protect Lebanese sensibilities”, Yediot Aharonot, 18 août 2007.
  18. Assemblée nationale (Liban)
  19. « 'Hezbollah drugs ring' broken up », BBC, 22 juin 2005
  20. Reprise des informations du quotidien France Soir sur le sujet par un site gouvernemental français : Revue de presse du 4 septembre 2002 : USA - terrorisme et ecstasy sur http://www.drogues.gouv.fr Mission Interministérielle de Lutte contre le drogue et la toxicomanie. Consulté le 4 juin 2007
  21. Intervention de la représentante israélienne à la troisième commission de l'ONU (troisième commission AG/SHC/3849) : La troisième commission s'inquiète de la progression du trafic de drogues dans le monde sur http://www.un.org/ Site des Nations-Unis. Consulté le 4 juin 2007. Voir les accusations d'Israël contre le Hezbollah au milieu du texte, et le droit de réponse Libanais en bas du texte.
  22. Les diamants, le racket, la drogue, par Alain Lallemand, in 'Le Soir, 09/08/2006
  23. Les Conséquences de la révolution religieuse iranienne sur l'émergence du Hezbollah et sa dimension sur la scène libanaise, Jérôme Yaghi, thèse de doctorat, Université de Nice, 2000.
  24. Le Hezbollah, état des lieux, éd. Sinbad, 2008.
  25. Le Monde
  26. (fr) [Michel Auboin, Arnaud Teyssier et Jean Tulard, La police, Histoire et dictionnaire, Éditions Robert Laffont, 2005, (ISBN 2221085736), p. 516 et 517]
  27. Elizabeth Picard, The Lebanese Shi’a and Political Violence, UNRISD, 1992, ISSN 1012-6511 ;
    Chronologie Quid?
  28. (en) Amnesty
  29. L'Iran au banc des accusés en Argentine, RFI 26.10.06
  30. résolution 1559 du Conseil de sécurité en anglais et en français
  31. Deliberate destruction or "collateral damage"? Israeli attacks on civilian infrastructure Rapport de Amnesty international
  32. (en) Israel’s Indiscriminate Attacks Against Civilians in Lebanon le rapport de HRW
  33. (en) Beirut bombings violate humanitarian law: UN, Canadian Broadcasting Corporation, 23 juillet 2006
  34. (en) U.N. Chief Accuses Hezbollah of 'Cowardly Blending' Among Refugees, Associated Press, 24 juillet 2006
  35. voir le communiqué de HRW.
  36. Monique Mas, « Le Hezbollah sur la sellette humanitaire », RFI, 30 août 2007.
  37. Mouna Naïm, « Le Hezbollah lance une campagne contre l'organisation Human Rights Watch », Le Monde, 29 août 2007.
  38. (fr) Les affrontements au Liban ont fait 81 morts en cinq jours, Nouvel Observateur, 7 juin 2008
  39. (en) Top Hezbollah Commander Captured In Iraq, The National Terror Alert