Guitare électrique

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Un exemple de guitare électrique : la Squier "Stratocaster"
Un exemple de guitare électrique : la Squier "Stratocaster"

La guitare électrique est un type de guitare pourvue d'un corps le plus souvent plein (solid body) et qui produit des sons via des micros captant et transformant les vibrations des cordes en signal électrique. Ce signal peut ensuite être modifié par divers accessoires comme des pédales d'effets avant d'être amplifié et converti en signal sonore par un ampli de guitare, ce qui augmente significativement la puissance et la richesse de l'instrument.

Contrairement à la majorité des instruments à cordes, la guitare électrique ne doit pas sa sonorité uniquement à ses caractéristiques acoustiques – même si elles demeurent importantes pour la qualité globale du timbre. Grâce aux micros de cet instrument électromécanique, on a vu se développer un nouvel art de la lutherie amenant des formes de guitare originales voire excentriques. On peut d'ailleurs noter qu'en théorie, une guitare au corps le plus réduit possible aura un excellent sustain.

La guitare électrique est massivement utilisée dans des styles musicaux très divers, les plus représentatifs étant le rock, le heavy metal, le blues et le jazz.

Sommaire

[modifier] Origines

Les premières guitares électriques sont l'œuvre d'équipes hétéroclites, comprenant luthiers, mordus d'électroniques et fabricants d'instruments. On trouve des modèles dès les années 1930 chez Rickenbacker, des guitares munies de micros en tungstène. Le développement de la guitare électrique coïncide avec celui des formations big band, des orchestres de jazz dans lesquels la guitare ne pouvait plus rivaliser en terme de niveau sonore avec la multitude d'autres instruments, cuivres compris. À la base, les guitares étaient plus simplement électrifiées : une guitare Archtop à caisse de résonance était pourvue de transducteurs électroacoustiques.

De nos jours, une grande partie des guitares électriques sont dites solid body, car elles ne disposent pas de caisse de résonance : leur corps est plein. Une des premières solid body a été conçue par le célèbre guitariste et inventeur Les Paul au début des années 1940, alors qu'il travaillait, en tant qu'hôte, dans l'usine d'Epiphone Guitar. Sa guitare était appelée log («  la poutre » en anglais) car elle était de forme rectangulaire, simplement munie d'un manche et d'une tête. Mais des recherches approfondies ont révélé que d'autres guitares électriques avaient déjà été fabriquées auparavant. Il s'agissait de prototypes de luthiers, certains modèles ayant même été commercialisés en petite série, comme chez Audiovox et Rickenbacker vers 1935.

Orville Gibson, luthier, proposait également une guitare semi-acoustique pourvue de micros. Mais c'est par l'électricien et fabriquant d'amplificateur Leo Fender, que le premier modèle « solid body » à succès est fabriqué en 1950 : la Fender Telecaster, suivie en 1954 par la guitare électrique la plus répandue et copiée depuis lors : la Stratocaster. Cette même année sort la Gibson Les Paul, encore aujourd'hui un instrument de luxe. Fender inventera aussi la basse électrique moderne, qui vint remplacer les prototypes précédents et les contrebasses utilisées jusqu'alors.

Les Paul et Stratocaster demeurent les deux types de guitares électriques dominants, aux formes maintes fois copiées. Les premières Fender introduisirent sur le marché l'idée du manche vissé et fabriqué séparément du corps, idée largement répandue aujourd'hui.

Inventée aux États-Unis, la guitare électrique s'est vite imposée tout autour de la planète, sa fabrication aussi. La facture instrumentale italienne déjà développée dans les années 50, s'est emparée de ce nouvel instrument, citons Eko, Davoli, Crucianelli, Meazzi, Galanti et bien d'autres. En Allemagne également, où étaient stationnés de nombreux soldats américains, de beaux instruments ont été produits : Höfner, Hoyer... Citons aussi Hagström en Suède.

En France les premiers chantres de la guitares électrique furent en 1956 les Frères Jacobacci suivis en 1978 par Christophe Leduc, en 1980 par Patrice Vigier, et en 1982 par Lag. De très nombreux artisans s'installeront ensuite contribuant à donner une renommée internationale à la lutherie française, citons Franck Cheval, Maurice Dupont ou Frédéric Pons.

[modifier] Principe et fonctionnement

[modifier] Types de guitares électriques

Une guitare électrique comporte le plus souvent six cordes métalliques. Trois d'entre elles, les basses – voire quatre pour les guitares de jazz – sont filées, c'est-à-dire munies d'une gaine. L'accord traditionnel à vide est, de la note la plus grave à la plus aiguë : mi la sol si mi (E A D G B E en notation internationale). Il existe également des guitares électriques à sept cordes (la corde supplémentaire étant souvent plus grave, un si) généralisées par Steve Vai, et d'autres à douze cordes groupées par paires pour un son puissant et cristallin. On trouve également des guitares à deux manches permettant de coupler en un seul instrument une guitare six cordes et une douze cordes comme en jouait Jimmy Page, ou encore une acoustique et une électrique.

Plusieurs types de guitares électriques existent :

  • les guitares à corps plein dites solid body, très populaires dans le rock et la pop, sont très polyvalentes. On peut citer parmi les modèles les plus représentatifs les Gibson SG, Fender Telecaster, Fender Stratocaster et Gibson Les Paul ;
  • les guitares demi-caisses ou quart de caisse dites semi-hollow, avec ou sans poutre centrale, ont un son plus « chaud » et sont préférées dans le rock'n'roll et le blues. La Gibson ES-335 et ses variantes sont parmi les modèles les plus connus , on peut aussi cité les Gretsh utilisés par George Harrison.Les demi-caisses etaient celles qu'utilisaient les Beatles ;
  • les guitares à caisse dites hollow, dont font parties les guitares archtop, sont équipées de micros doubles et utilisées essentiellement en jazz, car elles offrent un son plus rond. La Gibson ES-175 est un exemple répandu.

Certaines guitares électriques ont un chevalet acceptant un vibrato (tremolo ou whammy bar en anglais) pour réaliser des bends et des vibrato. Le Floyd Rose est un type de chevalet qui résout le problème du désaccordage rapide dû à l'usage du vibrato.

[modifier] Type de micros

Corps de guitare électrique (Stratocaster) avec 3 micros simples, le potentiomètre de volume et le chevalet flottant à deux points d'ancrage
Corps de guitare électrique (Stratocaster) avec 3 micros simples, le potentiomètre de volume et le chevalet flottant à deux points d'ancrage
Icône de détail Article détaillé : Micro (guitare).

Le son est capté par des micros magnétiques spécialement conçus pour capter les vibrations des cordes. Le rôle du micro est de transformer en signal électrique les vibrations des cordes et de transmettre ce signal à un dispositif d'amplification.

Une micro type « Humbucker »
Une micro type « Humbucker »

Les deux formes les plus courantes pour les guitares électriques sont les micros simple et double bobinage.

  • Les micros à simple bobinage (typiques des débuts de la marque Fender) possèdent un son pur et transparent mais captent les perturbations électromagnétiques ambiantes (le 'hum' produit par les transformateurs, écrans vidéo, tubes néon, téléphones...).
  • Les micros à double bobinage ont été créés pour supprimer les parasites captés par les micros a simple bobinage, ils comportent deux bobines parallèles dont le champ magnétique est inversé afin d'annuler les perturbations électromagnétiques. Ces micros dits humbuckers se caractérisent par un son plus chaud, mais souvent par un niveau de sortie plus élevé que sur des micros à simple bobinage .


Les micros peuvent être réglés en hauteur, plus ou moins près des cordes grâce à deux vis situées à leurs extrémités :

  • près des cordes, le niveau de sortie est plus élevé mais l'aimantation du micro peut perturber la vibration de la corde, (particulièrement sur les micros à simple bobinage);
  • plus éloigné, le niveau sera moins élevé et le rapport signal/bruit plus favorable.


On peut souvent observer des boutons de contrôle (potentiomètres/inverseurs) placés sur le corps de la guitare, ils permettent d'en modifier la sonorité. Ces contrôles permettent généralement de modifier le volume, de sélectionner les micros (dont le timbre varie en fonction leur distance au cordier) ou d'ajuster la tonalité de l'instrument (filtre passe-bas).

[modifier] Le sillet et le chevalet

Chevalet standard flottant à six points d'ancrage d'une guitare électrique
Chevalet standard flottant à six points d'ancrage d'une guitare électrique

Les cordes pincées à vides résonnent entre le sillet et le chevalet. Le sillet, qui est situé en tête de guitare, près des mécaniques, est une simple barre disposée perpendiculairement aux cordes, dotée de six encoches pour laisser passer ces dernières. Le chevalet est fixé sur le corps de la guitare, il peut être fixe ou avec articulation. Ce dernier est parfois accompagné d'une tige métallique à la fois conçu pour faire pivoter le chevalet (et créer un « bend » simultané pour toutes les cordes, cf. vibrato) et interférer avec le champ magnétique des micros.

Un chevalet à couteaux classique : le « Floyd Rose »
Un chevalet à couteaux classique : le « Floyd Rose »

Le chevalet permet de régler les cordes selon deux axes :

  • l'axe parallèle aux cordes, via les vis fine tuner, qui permettent de faire en sorte que la corde sonne juste, quel que soit l'endroit où sont positionnés les doigts. En effet, pour des raisons physiques et de justesse du son, la distance entre le chevalet et la 12e frette doit être la même qu'entre la douzième frette et le sillet ;
  • l'axe perpendiculaire au corps de la guitare, via les vis de pontet, qui permettent de positionner la corde à la hauteur juste :
    • trop basse, elle friseraient (en vibrant contre les frettes en produisant un son parasite et un son crypté),
    • trop haute, elle gêneraient le guitariste lorsqu'il joue.

[modifier] Traitement du son

Le propre d'une guitare électrique est de permettre une altération du signal électrique. La diversité des effets possibles avec une guitare électrique en fait un instrument très polyvalent.

[modifier] Effets

Pédale d'effet (compresseur).
Pédale d'effet (compresseur).
Pédale multi-effets.
Pédale multi-effets.

La guitare électrique permet des effets impossibles avec un instrument acoustique. Si les techniques de jeu pour guitare permettent de créer quelques effets sonores intéressants, on entend par « effets » la très large palette d'altération du son en continu basé sur le traitement du signal électrique fourni par les micros. Des effets extérieurs peuvent donc être greffés à loisir, par l'intermédiaire de pédales d'effets ou de rack. Parmi ces effets, on peut citer :

  • la distorsion du son, obtenue par saturation d'un étage d'amplification quelconque. Très utilisée en heavy métal et hard rock ; (exemple: Saxon, Metallica, AC/DC, Black Sabbath, Jimi Hendrix, Korn etc.)
  • le fuzz saturation puissante et typée (utilisée par Jimi Hendrix ( Hot Fuzz) et nombre de groupes notamment dit rock psychédélique) ;
  • la réverbération, un écho plus ou moins lointain du son original simulant l'effet que peut produire l'émission d'un son dans une grande pièce fermée ou semi-ouverte ;
  • le delay ou chambre d'écho, une recopie du son de la guitare avec un décalage dans le temps paramétré par la durée entre chaque répétition et la variation du volume de ces répétitions en fonction du temps (exemple : l'introduction de Another Brick In The Wall part 1 de Pink Floyd ou Smells Like Teen Spirit de Nirvana , ou encore sur My mistake were made for you (The last shadow puppets);
  • le chorus, ajout au son de la guitare de légères perturbations en temps et en fréquence du son original, ce qui donne l'impression que plusieurs guitaristes jouent la même partition (exemple : introduction de Come As You Are de Nirvana) ;
  • le flanger, au fonctionnement dérivé du chorus (exemple : pont de Are You Gonna Go My Way de Lenny Kravitz ou Brianstorm d'Arctic Monkeys) ;
  • le phasing ou Phaser, réinjection du signal avec variation de phase ;
  • la wah-wah, exagération d'une partie des fréquences du son piloté par une pédale dite d'expression : si celle-ci est baissée, les aigus sont favorisés, si elle est levée, ce sont les graves. L'alternance donne un effet caractéristique de couinement (exemple : la très célèbre introduction de Voodoo Child (Slight Return) de Jimi Hendrix) ;
  • le noise gate qui permet de couper automatiquement le son lorsque l'instrument n'est pas joué afin d'éviter le souffle produit par les appareils électriques intervenant dans la production du son. Certains noise gates sont également utilisé pour produire un "ploc" caractéristique au début de chaque riff, donnant ainsi un caractère particulier au morceau.
  • le treble booster (utilisé par Brian May, Rory Gallagher, Eric Clapton...) ;
  • le larsen, qui n'est pas un effet en soi, mais la conséquence (a priori indésirable) de la ré-injection en boucle (en anglais feedback) d'un son déjà amplifié, via le(s) microphone(s) de l'instrument relié à cet amplificateur. Il naît alors un son strident, dont l'amplitude croit jusqu'à la saturation. Certains savent néanmoins utiliser ce couplage acoustique avec musicalité, comme Santana dans "Samba-pa-ti" ou encore Gary Moore dans Parisienne Walkways, etc. ;
  • le compresseur permet d'agir sur la dynamique du signal entrant ;
  • l'octaver permet d'ajouter un doublage du signal à une ou plusieurs octaves au dessus ou en dessous de celui joué , une célèbre pédale utilisant cet effet , la whammy de Digitech utilisé par Tom Morello (RATM) , par Matthew Bellamy sur le solo de new born et invincible ;
  • le tremolo qui permet de faire varier l'intensité de la note et le volume du signal (exemple: introduction de Boulevard Of Broken Dreams de Green Day)
  • les multi effets sont quant à eux un regroupement de plusieurs effets au sein d'une seule et même pédale ou module ;
  • Il existe maintenant des effets pour guitares sous forme de logiciels. À titre d'exemple, on peut citer Guitar Rig qui est un ensemble d'effets, de simulateur d'amplis fonctionnant en mode autonome ou au sein d'un logiciel hôte.

[modifier] Amplification

L'amplificateur permet d'amplifier le signal reçu par la guitare en entrée, et délivre en sortie le son grâce à un haut-parleur ou un casque. Les modèles modernes pour guitares et basses amplifient le son en deux fois. On distingue deux « étages » ayant chacun un rôle distinct et basés sur des composants électroniques appelés transistors et/ou lampes, suivant la technologie retenue par le fabricant. La différence qui réside entre ces deux techniques d'amplification sont :

  • le prix pour commencer, la technologie à lampes est beaucoup plus chère à l'achat puisque celles ci ont été remplacées dans les instruments électrique par les transistors il y a de ça de nombreuses années (fabrication de lampes en baisse puisqu'elles sont exclusivement réservées à l'amplification, donc hausse du prix) ;
  • le son lui aussi est très différent. Les amplifications à lampes ont un rendu sonore beaucoup plus chaleureux, propre et puissant (que ce soit en son clair ou en distorsion) par rapport à celles à transistor.

Le premier étage d'amplification est le pré-amplificateur ou préampli, qui regroupe les fonctions d'égalisation ou de tonalité et de réglage de gain. Cet étage est d'une importance capitale pour les guitaristes et bassistes. En effet, il peut présenter un comportement dit non-linéaire permettant de provoquer un des effets les plus recherchés dans les instruments amplifiés : quand la sensibilité d'entrée (le « gain ») est poussée au maximum, un phénomène de distorsion du son est observé. Les sinusoïdes qui représentent le son produit par la guitare sont aplaties à leurs extrémités à cause de la non-linéarité des composants électroniques sur-sollicités par le gain trop important en entrée. Un signal sinusoïdal devient par conséquent crénelé, produisant un son caractéristique qui est recherché par les guitaristes de rock ou de blues. Dans les années 1960, des guitaristes comme Jimi Hendrix ont popularisé ce type de son, en combinant la distorsion du préampli ou d'appareillages dédiés avec celle de l'amplificateur de puissance.

Le signal sortant du pré-amplificateur est injecté dans un l'étage amplificateur dit de puissance, qui se charge d'augmenter le signal à un niveau permettant d'alimenter un ou plusieurs haut-parleurs. Cet étage est lui aussi susceptible de produire un son distordu s'il est monté à son niveau maximal. La qualité de cette distortion étant dépendante de la technologie de composant électronique utilisée : transistors , lampes ou tubes, etc.

Certain « couples » guitare/amplificateur sont devenus célèbres popularisés par tel ou tel artiste :

[modifier] Lutherie

La guitare électrique est très diversifiée dans ses formes et ses techniques de construction, car l'acoustique générale de l'instrument ne fait que colorer le son capté par les micros et l' amplifier. Les formes classiques ont été reprises, d'autres sont apparues, mais on trouve une multitude de guitares originales, notamment dans le métal (flying V et eXplorer par exemple). La marque B.C. Rich est devenue célèbre grâce à ses guitares de formes excentriques.

[modifier] Les formes classiques

Principaux types de guitares électriques :

[modifier] Grands luthiers

  • Leo Fender, ingénieur ayant fondé la marque Fender, et concepteur d'une lignée de guitares électriques devenues des « standards », également inventeur de la guitare basse électrique.
  • Orville Gibson, concepteur de la guitare archtop et fondateur de la marque Gibson.
  • Seth Lover, guitariste et inventeur du micro double bobinage ou humbucker.
  • Paul Reed Smith, guitariste et créateur de la marque de guitares PRS.
  • Hugh Manson,Fondateur des guitares Manson , il a notamment fabriqué les guitares utilisés par Matthew Bellamy (Muse).

[modifier] Voir aussi

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Guitare électrique.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes