Utilisateur:Giordano Bruno
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Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, Je suis au regret de vous présenter ma démission de Wikipedia. Je cesse toute collaboration avec cette encyclopédie. Je mets en garde sur la nécessité de vigilance sur la déferlante irrationnaliste proche de l'anarchisme épistémologique et de la philosophie postmoderniste. L'argument du principe de neutralité des opinions est contre-rationnel, car la neutralité d'opinion est un moyen pernicieux de remplacer les faits. Sur le plan scientifique, Wiki prête à caution parce que souvent les sujets ne sont pas traités par des spécialistes. La démarche sceptique et critique est malheureusement souvent écartée, au profit de considérations personnelles selon l'inspiration de chacun. Wiki est une communauté qui considère que ses articles doivent être consensuels, et pas forcément vrais. La neutralité wikipédienne ne fait pas bon ménage avec la rigueur scientifique, ni même avec un minimum de rationalité. Si l'on vient à mélanger la recherche de connaissances scientifiques avec une vérité pseudo-scientifique ou irrationnelle, vous obtenez quelque chose qui n'a de valeur que celle de l'opinion consensuelle labellisée "wiki". Je vous laisse deviner la crédibilité de ce label auprès des gens doués de sens critique. Cette théorie de la collaboration relativiste, que je nomme conformisme postmoderniste, est totalement opposée à l'esprit de la collaboration scientifique, où chacun s'efforce d'apporter sa pierre dans un même but rationnel à travers des faits. J'ai décidé de me retirer définitivement de ces conflits de partialité inutiles et vains qui alimentent les discussions. Les opinions ne prévalent pas aux faits, c'est du moins la définition épistémologique de la science. Les consensus entretenus par des non-spécialistes, notamment les jeunes informaticiens qui maîtrisent très bien l'outil informatique mais dont les connaissances sont inadaptées aux sujets scientifiques, ne peuvent pas constituer un critère d'objectivité satisfaisant sur les sujets qu'ils connaissent mal. Il existe moults articles qui manquent de pertinence objective sur leur scientificité et qui sont toutefois tolérés... C'est selon les goûts des lecteurs ou des développeurs, semble t-il. C'est cela qui m'exaspère et qui motive mon départ. Les articles scientifiques ne doivent être développés que par les spécialistes de ces domaines. Dans Wiki, toute tentative d'analyse critique par un tiers est souvent redéfinie en "essai personnel". Je pense qu'un Wiki épaulé par l'analyse critique deviendrait plus crédible. D'aucuns considèrent que Wiki n'est pas un blog et je partage ici leur opinion. Toutefois je souligne qu'un blog soutient généralement des opinions, pas des faits objectifs. Je rappelle que c'est la nécessité des faits qui fait la science, appuyés par le critère de réfutabilité. Mon seul tort est de ne pas être neutre, parce que je prends le parti pris de l'esprit critique, mais mon mérite est de rechercher l'authenticité de l'information. Être véritablement neutre, c'est être objectif. Si l'écriture d'essais scientifiques semble peu tolérée dans Wiki, cela n'explique pas pourquoi certains livres discutables (comme la numérologie), oeuvres de considérations personnelles et sujette à de nombreuses interprétations, soient cependant tolérées. La démarche scientifique est neutre dans la mesure où ce sont les faits qui arbitrent les résultats. La rationalité n'institue pas des opinions arbitraires propres au dogmatisme, aux croyances et à la subjectivité. Si on pousse plus loin, la neutralité parfaite c'est l'agnosticisme général, qui ne prend aucun parti pris, où l'on s'abstient d'affirmer quoique ce soit, pour conclure en l'absence de connaissances véritables. Être neutre suppose une définition de la neutralité, et poser une définition de la neutralité ce n'est pas neutre, c'est un point de vue parmi d'autres points de vue possibles qui déterminent ce que peut être la neutralité. La neutralité basée sur le relativisme consensuel arrange ceux qui écartent toute analyse critique, mais cette neutralité est leur seul point de vue. Le conformisme postmoderniste risque malheureusement d'altérer la crédibilité d'une encyclopédie qui aurait pu devenir intéressante. Si Wiki était vraiment consensuelle et démocratique, plusieurs définitions de neutralités coexisteraient, dont la neutralité objective telle que définie par la méthode scientifique. Si l'on créait plusieurs encyclopédies Wiki ayant chacune leur propre définition de la neutralité, elles seraient différentes entre elles. Laquelle serait la plus pertinente, la plus sûr en soi ? Au cours du siècle des Lumières, le travail des encyclopédistes était essentiellement fait d'analyses critiques et philosophiques. Le XXIe siècle offre à l'ère d'Internet, semble t-il, des objectifs différents. Pour la rédaction d'un article ou d'un livre au contenu scientifique, Wiki s'inspire de sources diverses, et en général celles qui proviennent du web. Ces sources n'en font cependant pas un critère d'objectivité. Quantité d'information n'est pas qualité d'information. Certains articles semblent vouloir flatter les croyances personnelles ou exciter la rêverie, avec un chapitre adapté à chaque lecteur qui croit tout ce qu'il lit. Mais ce serait céder à l'imaginaire, au subjectif et à la facilité. Est-ce le but d'une encyclopédie ? En résumé, Wiki néglige en profondeur le rôle essentiel de l'objectivité et de l'esprit critique, en remplaçant ces notions par un relativisme ostentatoire des opinions propre à la société postmoderniste. Je ne cautionne pas cela. Je n'écrirai ni ne lirai donc plus le moindre texte controversé dans Wiki. J'estime que les lecteurs seront eux-mêmes aptes au discernement critique. En clair, les scientifiques ne lisent pas Wiki et lui préfèrent de loin les publications scientifiques à comité de lecture, comme les magazines Nature et Science. Pour être clair, je respecte et j'admire l'immense travail des wikipédiens dans son ensemble, notamment dans le domaine des arts. Le seul point de désaccord étant la définition wikipédienne de la neutralité, laquelle motive mon départ, parce que ce critère de neutralité ne peut pas s'appliquer aux sujets scientifiques ainsi que les sujets plus éloignés de la science qui concernent autant la rationalité. J'insiste sur la prudence à suivre en matière de vulgarisation scientifique dans Wiki, c'est sous la responsabilité de tous les rédacteurs. Il ne faut pas permettre aux opinions de surpasser les faits. Aucun lecteur ne doit faire l'erreur d'être perméable aux opinions. L'objectif des contributeurs et des administrateurs est d'améliorer ce projet qui devient malheureusement un vecteur de désinformation, d'intimidation et de provocation. Il suffit par exemple de jeter un œil dans les articles traitant de politique pour voir les polémiques entre rédacteurs. En regard de ces excès, l'encyclopédie perd son intérêt. C'est regrettable d'en arriver là. Je viens d'apprendre que l'encyclopédie Larousse s'inspire de Wikipédia pour faire rédiger ses articles par des bénévoles. On court à la catastrophe. Je vais retourner à la lecture de mes anciens dictionnaires, version papier, c'est plus sûr... Comme livres de chevet, je ne saurai trop vous recommander les publications d'Alan Sokal. |
Nous sommes le mardi 17 juin 2008, il est 16:43 UTC, il y a 672 586 articles dans Wikipédia francophone.
[modifier] Commentaires
Giordano Bruno, en tant que vulgarisateur et wikipedien, j'appréciais vos interventions. Je souhaite que vous puissiez reconsidérer votre position de ne plus intervenir sur Wikipedia.--arrakis 12 novembre 2007 à 22:13 (CET)
- On peut être très instruit mais être totalement dénué d'esprit critique...
La méthode scientifique et l'esprit critique sont basées sur le raisonnement et la vérification des faits. C'est une contribution à la formation d'une capacité d'appropriation critique du savoir humain. L'esprit critique encourage à découvrir par soi-même, avec ordre et méthode, afin de se constituer un véritable savoir.
Nous vivons dans une culture qui a toujours été sous le joug des croyances irrationnelles. On ne peut guère rester indifférent quand ces croyances s'autoproclament scientifiques de façon injustifiée. Les croyances ont le droit d'exister autant que la science, mais il faut faire une nette distinction entre ces domaines qui n'ont en commun que l'apparence.
Il a toujours été très tentant d'expliquer les mystères de la nature, et lorsqu'on dispose de peu de connaissances objectives, on a tendance à formuler des explications toutes faites afin de combler la vacuité sans se demander si ce que l'on conçoit est pertinent. Lorsque nous n'avons que peu de connaissances sur un sujet, nous devrions avoir l'honnêteté de nous dire je ne sais pas, plutôt que prendre le risque de s'inventer un pseudo-savoir par des idées préconçues erronées et évasives. Il faut éviter l'écueil du prêt-à-penser. Le meilleur moyen de combler le manque de connaissances, je le dis moi-même par expérience, est de s'informer et surtout de vérifier l'exactitude des informations auxquelles on accède.
Certaines méthodes de recrutement dans le domaine de l'emploi, qui utilisent des moyens irrationnels comme l'astrologie et la graphologie, constituent des croyances qui ne se basent sur aucun fait réel. Celles-ci prennent le masque de la science sans être elles-mêmes des sciences. Ces méthodes ne sont pas pertinentes, sont illégales et discriminent ceux qui postulent à un emploi.
En épistémologie, la pseudo-science se démarque de la science par une définition de base : une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique.
En logique, il est impossible de démontrer qu'une chose n'existe pas. Exemple de sophisme à la base de toute croyance :
- Peux-tu prouver que XXX n'existe pas ?
- Non...
- Donc XXX existe !
En logique, on peut cependant prouver qu'une chose existe. La charge de la preuve revient à ceux qui affirment l'existence d'une chose, ce n'est pas ceux qui nient qui pourront démontrer que la chose est inexistante.
L'esprit critique ne consiste surtout pas à tout réfuter et rejeter. Le doute est une méthode de raisonnement qui cherche à déterminer la part des choses à travers l'observation et l'analyse des faits, en se gardant d'affirmer arbitrairement sans avoir vérifié. S'il est plus facile de croire que de savoir, le doute est un art difficile. Il n'existe aucune vérité absolue, tout reste relatif. Si le criticisme n'est pas dans l'absolu un outil de la raison totale qui dominerait tout autre mode de pensée, il n'est relativement que l'une des meilleures bases parmi toutes les méthodes possibles de la pensée humaine.
L'être humain est faillible. Les livres ne sont pas des faits et ne sont pas exempts d'erreurs, même les ouvrages les plus réputés. Ce risque justifie donc que nous devons vérifier plusieurs sources indépendantes entre elles afin de déterminer si les informations auxquelles on accède sont fondées.
Les pseudo-sciences sont un système organisé de croyances qui regroupent plusieurs traits communs :
- elles s'autoproclament scientifiques sans utiliser la méthode scientifique
- elles recensent les "mystères"
- elles utilisent les mythes et l'analogie pour preuves
- elles jouent sur la quantité et la variété des récits pour preuves
- elles profitent de l'infirmation de thèses concurrentes pour se faire valoir
- elles ne se fient pas aux faits mais au scénarisme et à l'émotionnel
- elles refusent la vérification, la réfutabilité et le révisionnisme
- elles formulent des discours vagues, évasifs et abscons pour rendre la critique caduque
- elles tentent d'expliquer un phénomène avant de s'assurer qu'il existe
- elles refusent de prouver la véracité de leurs "théories"
- elles inversent les rôles : la science est tournée en dérision et la pseudo-science est considérée comme une valeur.
- Le tribut prélevé sur la crédulité humaine par les fausses sciences dépasse de loin le montant du budget de la recherche scientifique.
Les partisans des pseudo-sciences emploient souvent des sophismes pour attaquer leurs adversaires, comme l'expression suivante : la science est dogmatique. Il s'agit d'une erreur logique et d'une contradiction dans les définitions :
- Un dogme est un point fondamental d’une doctrine, devant être considéré comme vrai et qui n'admet aucune réfutation ou contestation.
- La science est l'ensemble de connaissances fondées sur l'objectivité et faisant appel à l'observation ainsi qu'à l'expérimentation. Une théorie réfutable et vérifiable est scientifique.
- L'expression science dogmatique est un oxymoron qui signifie que les faits sont considérés faux ou subjectif selon la "logique" des pseudo-sciences. La définition de cet oxymoron implique que la réalité ne serait pas réelle ni fiable, alors les pseudo-sciences délaissent les faits et prennent leurs rêves pour des réalités.
L'irrationnel rassure les gens de la réalité qu'ils n'acceptent pas, au prix de l'illusion, de l'endoctrinement et de l'ignorance.
- La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes ; parce que, pour elle se soumettre, ce serait cesser d'exister. Henri Poincaré, mathématicien et physicien français
Personnellement, j'ai beaucoup plus appris en 5 années par le cheminement de l'esprit critique que par l'acquisition scolaire préformatée des connaissances en une vingtaine d'années. Cette expérience a été pour moi une libération. Toutefois, ne considérons jamais l'attitude critique comme définitivement acquise, c'est un labeur permanent. Personne, ni même les sceptiques, n'est sauf de toute déviance vers des extrêmes comme le scientisme, l'intolérance ou la simple crédulité. Nous ne devons pas oublier que les gens ont la liberté de croire, c'est un des oublis les plus fréquents des sceptiques. La croyance doit cependant rimer avec prudence.
N'oublions pas la nécessité de l'autocritique :
- Quand on est un croyant, on doit savoir dans quoi on s'engage et où on va...
- Quand on est un sceptique, on doit souvent se rappeler que, comme les croyants, on doit savoir dans quoi on s'engage et où on va...
Enseigner est une activité difficile qui nécessite beaucoup de sociabilité, du savoir-faire dans le faire-savoir. Lorsqu'on est tenté de diffuser la connaissance scientifique tout en suivant l'actualité des découvertes scientifiques, on désire alors contribuer à vulgariser la science et la rendre accessible à tous dans un langage abordable et compréhensible. Cependant, l'enseignement de la science implique non seulement une maîtrise des domaines scientifiques, mais aussi un sens critique toujours en éveil, tout en prenant le plus grand soin dans le choix des mots. Il suffirait qu'une information possède un mot inadapté, erroné ou flou pour que le sens de l'information s'en trouve altéré, et que cette information soit mal comprise ou mal interprétée.
Je pense que l'usage de la métaphore pour vulgariser des concepts scientifiques est la plus sûre façon d'être mal compris. Exemple : le concept du Big Bang est représenté par le public comme une explosion de matière qui remplit un espace vide préexistant à partir d'un point. Le Big Bang n'est pas analogue ni comparable à une explosion, c'est l'espace qui se dilate partout et il n'y a aucun centre dans l'univers.
La "poétisation" et la métaphorisation de l'Univers court-circuite le rapport qui pourrait exister entre le public et le réel. C'est une source de lourdes confusions. La vulgarisation scientifique, pour être efficace, doit être compréhensible, concise et éviter la langue de bois. La métaphore rencontre beaucoup de succès chez le public, mais la compréhension des concepts scientifiques lui échappe souvent.
L'objectif de la vulgarisation scientifique est de favoriser l'assimilation de connaissances scientifiques. La métaphore en vulgarisation a des effets contraires : elle agit comme un opium propre à endormir les défenses critiques des lecteurs. De plus, le mot "vulgarisation" a une connotation péjorative. La métaphore rend justement la science vulgaire auprès du public. Rendons la science accessible à tous, passionnante et qui prête à matière de réflexion. Nous devrions réduire le décalage entre le public et les spécialistes.
Les concepts scientifiques ont tous un sens, et celui-ci devrait être idéalement le même dans l'esprit du public que dans celui des spécialistes, avec l'emploi de mots différents (simplification du jargon scientifique, mais sans métaphores) et avec les mêmes définitions de base.
Le public connaît mal la science, ou la comprend mal, parce qu'il ignore souvent les définitions élémentaires, comme les concepts d'énergie et de force. Qu'est-ce que la science, la connaissance, la réalité ? Ce sont ces questions fondamentales qui mènent les esprits curieux à la science.
Qu'est ce que la science ? La réponse à ces questions est développée dans les liens internes suivants :
- Méthode scientifique
- Philosophie des sciences
- Épistémologie
- Karl Popper
- Réfutabilité
- Rasoir d'Ockham
« Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » (Conjectures et réfutations, ch.1, section 1), Karl Popper.
« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes ; parce que, pour elle se soumettre, ce serait cesser d'exister. » Henri Poincaré, mathématicien et physicien français, précurseur de la théorie de la relativité restreinte.
« Le sujet idéal du règne totalitaire n’est ni le nazi convaincu, ni le communiste convaincu, mais l’homme pour qui la distinction entre fait et fiction et la distinction entre vrai et faux n’existent plus. » Hannah Arendt.
« Nos rêves peuvent être de bons serviteurs à travers nos projets, mais ce sont de mauvais maîtres s'il devaient diriger nos vies. » L'utilisateur wikipédien Giordano Bruno.
« Il n'existe aucune certitude dans l'univers ni au-delà, il ne reste que le doute. Il n'existe pas de vérité, mais il n'existe qu'une infinité de représentations faillibles de la vérité par l'homme, d'où la nécessité du doute, d'où la vanité de croire. » L'utilisateur wikipédien Giordano Bruno.