Expédition Braddock

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Bataille de la Monongahela
Route of the Braddock Expedition
Route suivie par l'expédition Braddock
Informations générales
Date 9 juillet 1755
Lieu Pittsburgh
Issue Victoire française
Belligérants
Royaume de France Royaume de France
Outaouais
Ojibwas
Potawatomis
 Grande-Bretagne
Commandants
Liénard de Beaujeu †
Jean-Daniel Dumas
Charles de Langlade
Edward Braddock
Forces en présence
105 soldats
147 miliciens
600 indiens
1 459 soldats et miliciens
Pertes
23 morts
16 blessés
456 morts
521 blessés
Guerre de Sept Ans
Europe

Minorque (navale) — Lobositz — Reichenberg — Prague — Kolin — Hastenbeck — Gross-Jägersdorf — Moys — Rossbach — Breslau — Leuthen — Krefeld — Domstadl — Zorndorf — Saint-Cast — Tornow — Hochkirch — Lutzelberg (1758) — Bergen — Kay — Minden — Kunersdorf — Neuwarp (navale) — Hoyerswerda — Maxen — Meissen — Landshut — Emsdorf — Warburg — Legnica — Kloster Kampen — Torgau — Villinghausen — Kolberg — Wilhelmstahl — Burkersdorf — Lutzelberg (1762) — Freiberg — Baie de Quiberon (navale)


Amérique du Nord
Jumonville Glen — Fort Necessity — Fort Beauséjour — Monongahela — Petitcoudiac — Lac George — Fort Bull — Fort Oswego — Kittanning — Fort William Henry — Louisbourg — Cran — Fort Carillon — Fort Frontenac — Fort Duquesne — Fort Ligonier — Fort Niagara — Beauport — Plaines d'Abraham — Sainte-Foy — Ristigouche (navale) — Mille-Îles — Signal Hill


Inde
Plassey — Gondelour — Negapatam (navale) — Pondichéry (navale) — Wandiwash


Philippines
Manille

L' expédition Braddock (également nommée "campagne de Braddock") fut une tentative britannique infructueuse qui visait à prendre Fort Duquesne aux français pendant l'été 1755 lors de la Guerre de Sept Ans. L'expédition tient son nom du Général Edward Braddock, qui commandait les forces britanniques et y laissa la vie. La défaite de Braddock lors de la bataille de la Monongahela fut un revers majeur pour les Britanniques lors des premières étapes de la guerre avec la France.

Sommaire

[modifier] Contexte

L'expédition Braddock n'est qu'un élément d'une offensive britannique massive contre la France en Amérique du Nord lors de cet été. En tant que Commandant en chef de la British Army en Amérique, le Général Braddock mènera l'attaque principale, à la tête de deux régiments (environ 1 350 hommes) et environ 500 hommes des milices des colonies britanniques en Amérique. Avec ses hommes, Braddock compte se saisir facilement de Fort Duquesne, puis continuer sur sa lancée pour prendre d'autres forts français et atteindre Fort Niagara. George Washington, âgé alors de vingt-trois ans, qui connaît bien la région, sert comme aide-de-camp volontaire du Général Braddock.[1]

Braddock tente de recruter des indiens provenant de tribus qui ne sont pas alliées aux français, sans succès, il ne ralie que huit Mingos qui serviront en tant qu'éclaireurs. Nombre d'indiens de la région, comme le chef Delaware Shingas, restent neutres. Pris entre deux empires européens en guerre, les Indiens ne peuvent se permettre de se retrouver du côté du perdant. Le succès ou la défaite de Braddock pourront influer sur leur décisions.

[modifier] En route

Route suivie par Braddock
Route suivie par Braddock

Quittant Fort Cumberland dans le Maryland le 29 mai 1755, l'expédition se trouve confrontée à un important problème de logistique: déplacer une troupe importante avec son équipement, ses provisions et surtout de très lourds canons, à travers la région fortement boisée des Monts Allegheny et de l'ouest de la Pennsylvanie, un voyage de presque 200 km. Braddock a reçu un fort soutien de Benjamin Franklin, qui l'a aidé à réunir des chariots et des provisions pour l'expédition. Parmi les conducteurs de ces chariots se trouvent deux hommes qui deviendront des personnages de légende dans l'histoire américaine: Daniel Boone et Daniel Morgan. Parmi les britanniques on trouve Thomas Gage; Charles Lee et Horatio Gates.

L'expédition progresse lentement, certains jours elle ne parcourt que trois kilomètres, créant lors de leur avance la Braddock's Road[2]. Pour accélérer le mouvement, Braddock divise ses troupe en une "colonne volante" d'environ 1 500 hommes (sous son commandement), et une colonne de transport (commandée par le colonel Thomas Dunbar), qui se trouve bientôt loin derrière. Ils passent devant les ruines de Fort Necessity sur leur chemin, où les Français ont défait Washington l'été précédent. De petits groupes de Français et d'Indiens harcèlent les hommes de Braddock pendant leur marche, mais ce ne sont que des escarmouches mineures.

Pendant ce temps à Fort Duquesne, la garnison est composée d'environ 250 hommes des troupes régulières et de la milice canadienne et environ 640 alliés indiens qui campent hors du fort. Les Indiens font partie de diverses tribus qui depuis très longtemps sont alliées des Français, comme les Outaouais, Ojibwas, et Potawatomis. Le commandant français, Jean-Daniel Dumas, qui reçoit régulièrement des rapports des éclaireurs indiens concernant l'avance des troupes britanniques, réalisant qu'il ne pourra pas résister au canons de Braddock, décide de lancer une attaque préventive: une embusquade lors de la traversée par les troupes de Braddock de la Monongahela. Les alliés indiens sont d'abord réticents à attaquer une force britannique aussi nombreuse, mais le commandant français leur fait cadeau de tenues de combat et autres présents, ce qui les persuade de le suivre.

[modifier] Bataille de la Monongahela

Gravure du XIXe siècle représentant la mort du Major-général Braddock lors de la bataille de la Monongahela.
Gravure du XIXe siècle représentant la mort du Major-général Braddock lors de la bataille de la Monongahela.

Le 9 juillet 1755, les hommes de Braddock traversent la Monongahela sans rencontrer d'opposition, à environ quinze kilomètres de Fort Duquesne. L'avant garde sous le commandement du Lieutenant-colonel Thomas Gage continue son avance, et tombe sur les Français et les Indiens qui se précipitent vers la rivière mais arrivent trop tard pour tendre leur embuscade. Lors de la furieuse escarmouche avec les hommes de Gage, le commandant français est tué, cependant, en apparence sa mort n'affecte pas les troupes françaises et leurs alliés indiens qui poursuivent l'attaque. La bataille, que l'on nommera ensuite la Bataille de la Monongahela (ou simplement la défaite de Braddock), débute. L'impressionnante colonne de 1500 hommes de Braddock fait face à moins de 900 Français et Indiens.[3]

Après une forte résistance, l'avant garde de Gage se replie. Il se heurtent aux troupes de Braddock qui, ayant entendu la fusillade, se sont précipitées à leur secours. Il s'ensuit un chaos au sein de leur colonne alors que les miliciens canadiens et les Indiens tirent sur les Britanniques depuis des arbres et des ravines sur les bas côtés du chemin. À ce moment les troupes régulières françaises commencent leur avance par le chemin pour repousser les Anglais.

Suivant l'exemple de Braddock, les officiers s'efforcent de rassembler leur troupes pour les remettre en ordre de bataille sur le chemin, la plupart du temps en vain, offrant simplement des cibles faciles à leurs adversaires. Les britanniques tentent même d'utiliser le canon qui n'a que peu d'effet sur cette route entourée d'une épaisse forêt. La milice coloniale qui accompagne les Britanniques fuit ou se met à couvert et renvoie un feu nourrit. Dans la confusion qui règne, certains des miliciens qui tirent depuis la forêt sont pris pour des ennemis par les Britanniques qui ouvrent le feu sur eux.

Finalement, après trois heures de combat intense, Braddock sur son cheval est abattu et la résistance s'effondre. Cependant, George Washington, qui n'a aucune fonction officielle dans la chaîne de commandement, parvient à maintenir un certain ordre dans l'arrière garde, ce qui permet à l'avant garde de se replier. Ceci lui vaudra le sobriquet de Hero of the Monongahela ainsi que des louanges et établira son aura dans un proche futur.

Au coucher du soleil, les troupes britanniques et américaines se replient le long de la route qu'ils ont construite. Braddock meurt de ses blessures durant la retraite, le 13 juillet, puis il est enterré à Fort Necessity.

Sur les 1 460 hommes de Braddock, 456 ont été tués et 421 blessés. (Les officiers furent les cibles principales: sur 86, 63 furent tués ou blessés.) Sur environ 50 femmes qui accompagnaient la colonne, comme cantinières, seules 4 survécurent. Les quelques 250 Français et Canadiens reportèrent 8 morts et 4 blessés; leurs 637 alliés indiens, 15 morts et 12 blessés.

Le colonel Dunbar, avec ses troupes d'arrière garde, prend le commandement lorsque les survivants les rejoignent. Il ordonne la destruction des provisions et des canons avant de se replier, brulant sur place quelques 150 chariots. À ce moment pourtant, les troupes britanniques démoralisées et désorganisées sont toujours largement supérieures en nombre aux troupes françaises qui ne se sont même pas risquées à les poursuivre.

[modifier] conséquences

La défaite de Braddock lors de la bataille de la Monongahela fut un évènement important pour les gens de la région. Les Français et leurs alliés indiens prirent la haute main dans la lutte pour le contrôle de l'Ohio Country, et une guerre féroce s'engagea alors sur la frontier. Les indiens de la région qui étaient plutôt enclins à la neutralité dans ce conflit durent choisir leur camp et les colons de Pennsylvanie et de Virginie se retrouvaient dès lors sans la protection de soldats de métier et durent s'organiser pour se défendre eux-mêmes. Cette guerre brutale sur la frontier continua jusqu'à ce que les Français abandonnent Fort Duquesne après l'expédition réussie du général John Forbes en 1758.

Un autre conséquence notable de la défaite de Braddock fut son effet sur la réputation de George Washington. Washington, malgré son état de santé précaire avant la bataille, s'y distingua par son calme et son courage sous le feu de l'ennemi. Il émergea du désastre comme le héros militaire de la Virginie.

[modifier] Débat

Le débat de savoir comment Braddock, avec des soldats de métier, supérieurs en nombre et mieux armés, avait pu faillir si misérablement commença sitôt après la bataille et persiste aujourd'hui encore. Certains blâmèrent Braddock ou ses officiers, d'autres les troupes régulières britanniques ou la milice coloniale. George Washington, pour sa part, soutint Braddock et mit la faute sur les troupes régulières.

Les tactiques de Braddock font toujours débat. Un école soutient que Braddock appliquait les méthodes de combat européennes de l'époque, où les hommes se tenaient côte à côte échangeant des volées de plombs à l'unisson, ce qui n'était pas approprié dans le contexte de la frontier et lui coûta la victoire. La tactique des escarmouches que les colons américains avaient appris de leurs luttes sur la frontier, où les hommes se mettaient à couvert et faisaient feu individuellement ("à l'indienne"), était bien supérieure dans l'environnement sauvage américain.[4]

Une interprétation moins commune, mais qui a sans doute la faveur des historiens militaires, veut que l'efficacité d'un feu nourrit à l'européenne était incomparable lorsqu'il était proprement exécuté et que la supériorité de la tactique de la frontier est un mythe américain. Selon les partisans de cette théorie, Braddock n'échoua pas parce qu'il n'avait pas appliqué les méthode de combat de la frontier, mais parce qu'il n'avait pas appliqué la doctrine militaire traditionnelle, en particulier celle d'une reconnaissance en profondeur du terrain hostile.[5]

[modifier] Bibliographie

  • Francis-J Audet. Jean-Daniel Dumas, le héros de la Monongahéla esquisse biographique. Montréal : G. Ducharme, 1920. (OCLC 53677257).
  • John Gilmary Shea. Relations diverses sur la bataille du Malangueulé : gagné le 9 juillet, 1755, par les François sous M. de Beaujeu, commandant du fort du Quesne sur les Anglois sous M. Braddock, général en chef des troupes angloises. Nouvelle York : De la Presse Cramoisy, 1860. (OCLC 15760312).
  • Chartrand, René. Monongahela, 1754-1755: Washington's Defeat, Braddock's Disaster. United Kingdom: Osprey Publishing, 2004. (ISBN 1-84176-683-6).
  • Jennings, Francis. Empire of Fortune: Crowns, Colonies, and Tribes in the Seven Years War in America. New York: Norton, 1988. (ISBN 0-393-30640-2).
  • Kopperman, Paul E. Braddock at the Monongahela. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 1973. (ISBN 0-8229-5819-8).
  • O'Meara, Walter. Guns at the Forks. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 1965. (ISBN 0-8229-5309-9).

[modifier] Notes et références

  1. Certaines sources indiquent que Washington commandait la milice de Virginie lors de l'Expédition Braddock, mais c'est incorrect. (Cependant il est vrai que Washington commanda cette milice avant et après l'expédition.) En tant qu'aide-de-camp volontaire, Washington servit essentiellement comme consultant sans grade et sans solde et avait en fait une autorité limitée.
  2. La Braddock's Road correspond a peu près à l'actuelle U.S. Route 40
  3. La Bataille de la Monongahela a souvent été, par erreur, décrite comme une embuscade. Mais elle fut en fait un engagement impromptu entre les deux forces en présence. La réaction vive des français et des Indiens amenèrent nombre d'hommes de Braddock à croire à une embuscade. Cependant, les documents français attestent que leurs troupes et celles des indiens étaient arrivées en retard pour préparere une embuscade et ont été tout aussi surprises que celles des Britanniques.
  4. Armstrong Starkey's European and Native American Warfare, 1675-1815 (University of Oklahoma Press, 1998). (OCLC 39181060)
  5. Guy Chet. Conquering the American Wilderness: The Triumph of European Warfare in the Colonial Northwest (University of Massachusetts Press, 2003). (OCLC 50802565)
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Braddock expedition ».

[modifier] Liens externes

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