Empire britannique

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L'Empire britannique (délimité en rose) en 1897
L'Empire britannique (délimité en rose) en 1897

L’Empire britannique établi par le Royaume-Uni fut pendant près d'un siècle la première puissance économique, politique, culturelle et scientifique mondiale. Il a souvent été décrit comme la première hyperpuissance mondiale, principalement en raison de son hégémonie et de son étendue. À son zénith, dans les premières décennies du XXe siècle, il comptait une population de 400 à 500 millions (environ le quart des humains) et s’étendait sur des territoires couvrant 36,6 millions de km2 (environ le quart des terres émergées), s'établissant ainsi comme l'empire le plus vaste de l'histoire.

Cet empire commença environ 300 ans plus tôt au cours d'une succession de phases d’expansion par le commerce, la colonisation ou la conquête entrecoupées d'intervalles d’activités pacifiques ou de contractions. Ses territoires étaient éparpillés sur tous les continents.

L’empire facilitait la propagation des technologies, l'essor du commerce, de la langue et du gouvernement britannique autour du globe. Cette hégémonie contribuait à l’expansion économique extraordinaire et renforçait considérablement son influence sur l’évolution du monde. Tout en étendant son emprise outre-mer il continua à développer et élargir ses institutions démocratiques dans la métropole.

Du point de vue des colonies, le bilan est plus partagé. Elles reçurent la langue anglaise (le phénomène de créolisation est resté très marginal), une structure administrative et légale fondée sur le modèle britannique au moins au sommet, un développement technologique et économique. Néanmoins, la politique coloniale britannique fut toujours menée en fonction des intérêts commerciaux de la métropole. Alors que les économies de peuplement furent développées avec l’infrastructure pour supporter un développement équilibré celles en Afrique tropicale n’étaient destinées qu'à fournir des matières premières et une monoculture basée sur le principe de l’avantage comparatif. La manipulation des conflits identitaires et ethniques afin de ne pas permettre qu'on se ligue contre le pouvoir occupant - la stratégie classique du diviser pour régner - laissa en héritage de sérieuses difficultés entre communautés ayant un statut différent, comme les amérindiens en Amérique du Nord qui s'aggrave avec le déséquilibre démographique.

Sommaire

[modifier] Origine du colonialisme anglais

Carte des différentes emprises de l'empire britannique.  1. Rose :   colonies occupées en 1945 2. Lavande :  Dominions 3. Rose entouré lavande : colonies de Dominions 4. Rose foncé :  régions perdues avant 1920 5. Bleu pâle :   régions occupées durant la Seconde Guerre mondiale 6. Violet :  Protectorats et États princiers (en Inde) 7. Jaune :  régions anglaises avant 1705 8. Rayures :         sphère d'influence 9. Bleu :         régions occupées de l'Axe défait 1943-1955
Carte des différentes emprises de l'empire britannique.
1. Rose : colonies occupées en 1945
2. Lavande : Dominions
3. Rose entouré lavande : colonies de Dominions
4. Rose foncé : régions perdues avant 1920
5. Bleu pâle : régions occupées durant la Seconde Guerre mondiale
6. Violet : Protectorats et États princiers (en Inde)
7. Jaune : régions anglaises avant 1705
8. Rayures : sphère d'influence
9. Bleu : régions occupées de l'Axe défait 1943-1955

Après sa conquête par les Normands de Guillaume le Conquérant en 1066, l’Angleterre est impliquée dans les affaires du duché de Normandie jusqu’en 1204. Des héritages lui permettent de contrôler de vaste régions dans l'ouest de la France (Guyenne, Gascogne, Aquitaine,...) perdues à la fin de la Guerre de Cent Ans. Elle conservera cependant le port de Calais jusqu’en 1558.

Le Pays de Galles est conquis à partir de 1282, et l’Irlande à partir de 1169. En 1707, l’Écosse et l'Angleterre (gouvernées par les même souverains depuis 1603) sont unies pour créer, en partenariat égal, la Grande-Bretagne avec le Union Act.

Dès la fin du XIVe siècle, l’exportation de la laine en Europe devint un facteur essentiel du développement économique anglais.

L’empire d'outre-mer fut lancé sous le règne d'Henri VII d'Angleterre (de 1485 à 1509) avec la création des compagnies privées d’exploitation sur les autres continents, la construction du premier chantier naval à Portsmouth et des améliorations à la petite flotte.

Plus décisif encore, Henri commanda les voyages d’explorations de l’italien Giovanni Caboto (John Cabot) en 1496 et 1497 en Amérique du Nord. Les très abondants bancs de morue au large de Terre-Neuve attirèrent les pêcheurs d’Europe de l’ouest.

Henri VIII d'Angleterre tripla le nombre de navires de guerre beaucoup plus grands avec des canons à longue portée qu’il plaça dans une organisation centralisée ; il fit construire un réseau de balises et phares pour faciliter la navigation. La Royal Navy infligera ainsi une déroute à l’Invincible Armada en 1588.

Pendant le règne d’Élisabeth Ire, de 1577 à 1580, Sir Francis Drake fit le tour du monde, le second à l'entreprendre après Ferdinand Magellan. Les premiers tentatives de colonisation américaines furent cependant des échecs.

[modifier] Colonisation des Amériques

Au début du XVIIe siècle, les colonies de la côte Est deux cent]] qui deviendront les États-Unis), des provinces maritimes du Canada et des petites îles des Antilles comme la Jamaïque et la Barbade se développent avec succès. L'invasion des colonies espagnoles d'Amérique du Sud est bloquée par l'échec de la prise de Cartagène. Cette expansion dans les Amériques est considérée par certains historiens comme la fin du premier empire britannique ; la seconde phase aura lieu en Asie et en Afrique.

À l'origine, les colonies les plus lucratives sont celles produisant du sucre : aux Antilles, l’esclavage devient le pilier de l’économie locale. Les colonies continentales produisent du tabac, du coton et du riz dans le Sud, celles du nord fournissant du bois et des fourrures. Les grands espaces de bonnes terres agricoles attirent les excédents démographiques de la métropole.

Lentement, ces colonies prennent le dessus sur leurs voisins, notamment les Hollandais (New York), puis les Français à Louisbourg et à Québec.

Au début du XIXe siècle, l’Australie (colonie pénale) et la Nouvelle-Zélande furent colonisés et devinrent des exportateurs de platine.

[modifier] Libre échange et « empire informel »

La volonté de tirer systématiquement profit des colonies américaines irrita leurs habitants qui, lorsqu’il en eurent les moyens, déclarèrent et obtinrent l’Indépendance.

Les Britanniques dominaient les mers et furent les premiers à mettre en œuvre une révolution industrielle qui leur donnait un avantage considérable et rendait l’esclavage obsolète. Ils firent donc une très forte pression sur les autres puissances pour que les barrières douanières soient abattues et l’esclavage aboli. Mais sans aller jusqu'à une analyse globale (en restant au laissez faire) ce qui entraina une grande misère des prolétaires dans les centres de production, d'où l'apparition de doctrines plus extrêmes comme le marxisme, puis l'interventionisme grandissant de l'État, notamment lors de la grande dépression des années 1930.

[modifier] L’empire britannique en Asie

La Compagnie anglaise des Indes orientales avait obtenu une victoire décisive à Plassey en 1757 lui ouvrant la province du Bengale. Au XIXe siècle, la compagnie prit le contrôle du reste de l’Inde. Après la mutinerie de 1857, la couronne prit le relais et la reine Victoria fut déclarée Impératrice des Indes en 1876.

Ceylan (Sri Lanka) et la Birmanie furent ajoutés aux territoires qui s’étendirent à l’est à la Malaisie, puis en 1841 à Hong Kong après le succès de la première guerre de l'opium sur la Chine.

L’intérêt porté à ce dernier pays commença lorsque l’importation du thé connu un important déficit. Ensuite, les relations furent complexes, car ils aidèrent la dynastie Qing à mater les rébellions en alliance avec la France, mais ils maintinrent le commerce suivant leurs besoins.

[modifier] Dislocation de la Pax Britannica

Au cours du XIXe siècle les autres nations occidentales s’industrialisent, d’où une compétition acharnée pour les ressources et les marchés. Par exemple, les industries textile, chimique et métallurgique allemandes avaient, en 1870 déjà, surpassé celles du Royaume-Uni par leur organisation et leur efficacité technique.

Tandis que les exportations invisibles (banque, assurance et services de transport) maintenaient le Royaume Uni “hors du rouge”, sa part du commerce mondiale était passée du quart en 1880 à un sixième en 1913, notamment avec les pays moins développés.

Les améliorations techniques dopèrent les possibilités de produire et de diffuser ce qui renforça l’intérêt pour un empire conçu comme un marché exclusif et un moyen de se fournir à bas coûts les matières premières. L'Allemagne abandonna officiellement le libre-échange en 1879, la France en 1881, et bien que n’y renonçant officiellement qu’en 1932, le Royaume-Uni avait déjà depuis longtemps appliqué une politique qui mena aux raidissements et aux guerres.

[modifier] Le Royaume-Uni et le nouvel impérialisme

Entre 1870 et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’idéologie de l’expansion coloniale européenne est souvent appelée le nouvel impérialisme. Cette course eut surtout lieu en Afrique qui n’était pas accessible auparavant à cause du manque de médicaments comme la quinine pour traiter les maladies endémiques, et en Asie du Sud-Est. Le racisme de l’esclavage s'est transposé sur ces populations avec des grandes différences de traitement.

L’entrée du Royaume-Uni date de 1875 quand le gouvernement conservateur acheta au chef de l’Égypte Ismaïl Pacha endetté, ses parts du canal de Suez pour s’assurer du contrôle de cette voie maritime stratégique ouverte six ans auparavant, pour finalement occuper militairement la zone en 1882.

La crainte de l’expansion séculaire de la Russie vers le sud fut un autre facteur stratégique déterminant : en 1878, le Royaume-Uni inclut Chypre à son empire comme une base pour parer une attaque des Russes contre l’Empire ottoman après avoir pris part dans la guerre de Crimée et envahit l’Afghanistan. Dans ce pays, la rébellion et le terrain difficile frustrèrent les objectifs britanniques et une armée complète fut détruite lors de la retraite de Kaboul. D’autres campagnes en 1880, puis en 1919 furent également ratées. Une expédition au Tibet en 1903-1904 fut sanglante et inutile.

Joseph Chamberlain devint le champion de cette doctrine, mais sa campagne pour la réforme des tarifs n’aboutit pas.

[modifier] Une petite armée pour un grand empire

Sous le règne de la reine Victoria 1ere, il y en tout 72 campagnes militaires cependant les Forces armées britanniques n'ont représenté qu'environ 0,8 % de la population. En 1898, la British Army comptait 99 000 soldats professionnels dans les îles britanniques, 75 000 dans l'empire des Indes et 41 000 dans le reste de l'Empire; l'armée britannique des Indes était forte de 148 000 hommes tandis que la Royal Navy comptait 100 000 hommes. Pourtant le budget de la Défense cette année était de 40 millions de livre sterling soit 2,5 % du PNB.

[modifier] Afrique

En 1875, les deux plus importantes têtes de pont coloniales en Afrique étaient l'Algérie tenue par la France et la colonie du Cap. En 1914, seule l’Éthiopie et le Libéria n’étaient pas sous le contrôle d'une puissance européenne.

La conférence de Berlin de 1884-5 chercha à organiser la compétition entre les pouvoirs en définissant une « occupation effective » comme le critère pour une reconnaissance internationale des prétentions territoriales, une formulation qui nécessitait l’utilisation de routine des forces armées contre les états indigènes.

L’occupation en 1882 de l’Égypte pour contrôler le Canal de Suez poussa à élargir le périmètre de sécurité y compris la vallée du Nil, puis le Soudan voisin et même une confrontation avec l’expédition militaire française à Fachoda en 1898.

En 1899, le Royaume-Uni commença la capture totale de l’Afrique du Sud avec l’envahissement des états boers, riches en minerai d’or au Transvaal et de l’État libre d'Orange. La Rhodésie sera occupée par les troupes de Cecil Rhodes. La critique pour cette campagne mena à l’isolation splendide du Royaume-Uni.

L’expansion dans le sud et l’est de l’Afrique décidèrent Rhodes et Alfred Milner, haut commissaire pour l’Afrique du Sud à réclamer un lien ferroviaire “du Cap au Caire”, mais l’occupation allemande du Tanganyika empêcha sa réalisation jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Paradoxalement, le Royaume-Uni, officiellement le champion déclaré du libre-échange, émergea comme la puissance qui avait l’empire le plus important notamment avec le Nigeria qui comptait alors 15 millions d’habitants.

[modifier] Autonomie pour les colonies blanches

La transition pour les colonies peuplées majoritairement par des habitants d'origine britannique et européenne (Terre-Neuve, Canada, Australie (1901), Nouvelle-Zélande ainsi que l’Afrique du Sud (1910)) était déjà largement entamée sauf pour la politique extérieure et la déclaration de guerre de 1914 enclencha automatiquement celle de tous ces pays (dominions) qui forme ce que l'on appelle aujourd'hui le monde anglo-saxon.

[modifier] L’impact de la première guerre mondiale

Après le conflit, une nouvelle extension eut lieu au Moyen-Orient sur des régions qui appartenaient à l’Empire ottoman, et en Afrique, sur ceux qui étaient de celui d’Allemagne. En revanche, la Ruhr (temporairement occupée) ne fit pas partie de l’empire.

Mais la grande guerre avait ruiné le Royaume-Uni, financièrement et humainement et l’empêchait de maintenir un si vaste empire. Le déséquilibre de traitement entre les diverses catégories de ces habitants devenait impossible à contenir. La fierté nationaliste et la volonté des élites locales d’avoir plus de pouvoir augmentaient la tension.

La difficulté d'obtenir l’appui des dominions lors d’une opération militaire contre la Turquie en 1922 força la déclaration Balfour de 1926 et le statut de Westminster de 1931. Désormais, le lien de subordination à la Couronne britannique par un gouverneur général irait en s’atténuant et les dominions auraient leurs ambassadeurs et une politique totalement séparée. Le Canada ouvrit une mission diplomatique aux États-Unis en 1927 et l’Australie en 1940 dont la demande deux ans plus tard du retrait des troupes sous commandement britannique en Birmanie est le signe que l'intérêt national l'emportait sur celui de l'empire.

[modifier] Décolonisation

Après la Seconde Guerre mondiale, la décolonisation devint un mouvement global et les tentatives pour geler la situation comme en Rhodésie entraina la prise du pouvoir par les plus radicaux qui obtinrent l'expulsion des colons. Le Royaume-Uni n’était plus qu’une puissance moyenne face à l’émergence du la puissance des États-Unis, obligée de se rapprocher des pays continentaux dans l’Union européenne.

Les Indes obtinrent leur indépendance en 1947. Une dernière tentative d’action directe eut lieu en 1956 lors de la crise de Suez puis rapidement tous les pays d’une certaine importance obtinrent leur liberté.

Hong Kong fut rendu à la Chine en juillet 1997.

Gibraltar et les îles Malouines restent des territoires appartenant au Royaume-Uni.

Diego Garcia est géré par les États-Unis.

[modifier] Bibliographie

Albert Demangeon, "L'Empire britannique. Etude de géographie coloniale", Paris, Armand Colin, 1923, 280 p. (réédité)

[modifier] Territoires restant de nos jours sous administration britannique

Voir aussi l'article dédié Commonwealth correspondant à la structure administrative

[modifier] Autres territoires

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externe


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