Cohabitation (politique)

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La cohabitation désigne la coexistence institutionnelle entre un chef de l'Etat et une majorité parlementaire politiquement antagonistes. En politique française, elle concerne le Président de la République et le gouvernement, qui appartiennent à des groupes politiques opposés. D'après le discours du 27 août 1958 de Michel Debré [1], le Président de la République est la « clef de voûte » du régime. Lorsqu'il a le soutien de la majorité parlementaire il joue un rôle primordial mais si celle-ci lui fait défaut alors son rôle est nettement plus effacé. Cette configuration est apparue trois fois lors de la Ve République.

Le chef de l'État assure la représentation de la France à l'étranger et décide de l'orientation de la politique étrangère (son domaine réservé parfois partagé dans le cas d'une cohabitation) alors que le premier ministre assure la gestion des affaires intérieures [2].

Sommaire

[modifier] Histoire

C'est Valéry Giscard d'Estaing, qui un des premiers, envisage la cohabitation [3], le concept est repris par Édouard Balladur [4] qui lui donne un nom : cohabitation.

[modifier] Première période

Icône de détail Article détaillé : Première cohabitation.

Le terme est né en 1986, lorsque François Mitterrand (issu du Parti socialiste) désigna Jacques Chirac (président du RPR) comme chef du gouvernement suite à la victoire de la droite aux élections législatives. La première cohabitation dure jusqu'en 1988, date de la réélection de François Mitterrand qui dissout l'Assemblée.

[modifier] Deuxième période

Icône de détail Article détaillé : Deuxième cohabitation.

La deuxième cohabitation dure de 1993 à 1995 et est surnommée la « cohabitation de velours ». François Mitterrand est toujours président et c'est à Édouard Balladur que revient la responsabilité de diriger le gouvernement.

[modifier] Troisième période

Icône de détail Article détaillé : Troisième cohabitation.

La troisième cohabitation intervient de 1997 à 2002, après la victoire de la Gauche plurielle lors des élections législatives anticipées. Celles-ci sont provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale décidée le 21 avril 1997 par Jacques Chirac, alors devenu président de la république. C'est à Lionel Jospin, leader de l'ancienne opposition, qu'il confie le poste de chef du gouvernement.

[modifier] Analyse politique

Dans l'optique du général De Gaulle, le président de la République était au-dessus des partis, et la notion de « cohabitation » hors de propos car « on ne saurait accepter qu'une dyarchie existât au sommet » [5]. Et si cela devait arriver, cela signifierait que le Président n'a plus la confiance du peuple, le seul choix qui lui reste serait donc la démission. Pour lui, le choix du Premier ministre devait se faire de façon à être « compatible » entre le Président et le Parlement, nommé par le premier sans opposition du second. Dans les faits, depuis la bipolarisation de la politique française, apparue en 1962, entre gauche et droite, le président est toujours apparu comme étant de l'un ou l'autre camp.

Si la politique générale est conduite par le gouvernement, le président peut y faire obstruction en refusant de signer les ordonnances ; le gouvernement doit alors passer par la voie parlementaire habituelle. Le président peut aussi théoriquement user de son pouvoir de dissolution, ce qui apparaît comme politiquement impossible dans le cours normal des choses.

Le président étant le chef des armées et le représentant de la France à l'étranger, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères sont généralement choisis par consensus entre le Président et le Premier ministre.

Certains jugent ces périodes de cohabitation néfastes pour le fonctionnement de l'État français car elles ne permettraient pas de mener de réformes importantes. C'est notamment pour cela que le quinquennat fut instauré en 2002. Même si la cohabitation demeure toujours possible, la réduction du mandat présidentiel à cinq ans en réduit considérablement la probabilité en le faisant coïncider avec le mandat parlementaire.

[modifier] Référence

  1. (fr) Discours de Michel Debré devant le Conseil d'État (27 août 1958) (extraits)
  2. (fr) Jean Massot, « Quelle place la Constitution de 1958 accorde-t-elle au Président de la République ? », Conseil constitutionnel. Consulté le 11 avril 2008
  3. dans le magazine L'Express du 14 janvier 1983
  4. dans le quotidien Le Monde du 16 septembre 1983
  5. (fr) Conférence de presse du général de Gaulle, 31 janvier 1964 (extraits)

[modifier] Lien externe