Burnout (médecine)

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Le Burnout (nommé Burn Out Syndrome chez les anglophones et Karoshi ou mort par la fatigue au travail au Japon) est un syndrome d’épuisement professionnel qui fait partie des risques psychosociaux professionnels, consécutif à l'exposition à un stress permanent et prolongé.

Bradley (1969) a été le premier à envisager un stress particulier[1], lié au travail, qu'il nomma burnout. Quelques années plus tard le terme était repris par Freudenberger (1974)[2] et Maslach (1976)[3] pour désigner à nouveau des manifestations d'usure professionnelle. Pour ces premiers observateurs, le burnout visait les travailleurs sociaux, les professions médicales, les enseignants, les avocats etc., autrement dit ceux dont l'activité implique un engagement relationnel. Les obstacles rencontrés en aidant des patients aux difficultés complexes, des clients et des usagers agressifs, ou des étudiants peu motivés, les confrontations répétées à la douleur, à l'échec, représentaient pour ces chercheurs des causes déterminantes. Le burnout fut à cette époque conçu comme un syndrome psychologique spécifique aux professions "aidantes". Cette idée à prévalu quelque temps. Elle a marqué la conception du phénomène autant qu'elle a orienté les premiers travaux.

Les professions tournées vers autrui sont particulièrement exposées et sont toujours l'objet de nombreuses recherches[4]. Mais les connaissances accumulés depuis les premières observations de Freudenberger et de Maslach permettent d'affirmer que le burnout frappe l'ensemble des individus au travail, quelle que soit leur activité. Pour ne prendre que quelques exemples, des recherches récentes[5] portent sur des groupes aussi variés qu'employés de compagnie bancaire, opérateurs, comptables, employés de l'industrie alimentaire, techniciens et ouvriers de maintenance, entrepreneurs, etc.

Mais les conceptions actuelles sont inévitablement marquées par les conceptions originales et dépendent de celles-ci. Aussi nous retracerons d'abord les étapes de l'évolution du concept de burnout et de sa mesure. Ceci nous aidera, dans un second temps, à mieux comprendre comment nous l'envisageons et le définissons aujourd'hui[6]. Nous aborderons ensuite les causes et les manifestations du burnout et terminerons par un panorama des recherches actives.

Burnout (médecine)
CIM-10 : Z73.0

Sommaire

[modifier] Fondements du burnout

[modifier] Freudenberger et la première description

Freudenberger, parle de Burn-Out Syndrome[1] pour désigner l’état d’épuisement dans lequel se trouve le personnel soignant des Free Clinics, très investi professionnellement et émotionnellement avec les patients toxicomanes. Freudenberger définit alors le burnout comme la perte de motivation d'une personne pour son travail, surtout quand la forte implication de cette personne n'a pas produit les résultats désirés.

On cite toujours Herbert Freudenberger comme celui qui a découvert le burnout. Son article publié en 1974[2] en est la première tentative de description. Psychothérapeute, psychiatre, il dirigeait une sorte d'hôpital de jour alternatif acceuillant des toxicomanes dans le Lower East Side de New York. Cette free clinic fonctionnait principalement à l'aide de jeune bénévoles. Freudenberger observe un phénomène paradoxal. Beaucoup de ces bénévoles finissent, après un an d'activité, par perdre l'enthousiasme qui au départ suffisait à nourrir leurs engagements. Des symptômes physiques caractéristiques accompagnent ces changements : épuisement, fatigue, persistance de rhumes, de maux de tête, de troubles gastro-intestinaux, d'insomnies.

Freudenberger souligne d'avantage les symptômes comportementaux et dresse le portrait d'un individu submergé par ses émotions. Colère, irritation, incapacité à faire face aux tensions, aux nouvelles situations, mais aussi perte d'énergie sont parmi les premiers signes de ce qu'il nomme encore "craquage" (du verbe craquer et non du même mot en chimie) ou "épuisement émotionnel et mental".Attitudes négative cynisme font également partie du tableau clinique. Freudenberger relève aussi des stratégies de surenchère (passer de plus en plus de temps au travail en tournant en rond de façon inefficace) ou à l'inverse, d'évitement (chercher l'isolement, refuser le contact avec ses collègues).

Le terme burnout (utilisé entre autre à l'époque pour désigner les effets de la toxicomanie) représentait pour lui une bonne méthaphore pour désigner l'ensemble de ces symptômes. La traduction française est malaisée. Dans la langue anglaise courante, burnout signifie "s'user, s'épuiser, 'craquer' en raison de demandes excessives, d'energie, de forces ou de ressources". Le terme qualifie par exemple, l'état d'une bougie qui, après avoir éclairé de longues heures n'offre plus qu'une flamme désuète. L'image rend bien compte de l'interprétation avancée par Freundenberger. Chez les jeunes bénévoles, l'engagement initial, la certitude de faire un travail significatif, suffisent un temps à alimenter la satisfaction et à maintenir les efforts. Mais les clients résistent au changement, sont imperméables aux conseils. L'aide et l'énergie deployées deviennent une vie sans fin, tournent à vide. Freudenbeger[2] écrit : « C'est précisément parce que nous nous sommes consacrés à notre tâche que nous tombons dans le piège du "craquage" ». D'après Freudenberger et Richelson (1980)[1], le burnout se développe quand les individus ont une image idéalisée d'eux-mêmes, se perçoivent dynamiques, charismatiques, particulièrement compétents et finissent par perdre le lien avec leur soi véritable[7]. Les objectifs fixés deviennent impossibles à atteindre. Ici, les facteurs individuels se voient attribuer un rôle important dans le développement du burnout puisque ce sont des individus engagés, dévoués à un cause qui sont frappés. Le burnout est la « maladie du battant (Winner disease)[8] ». En 1980, Freudenberger et Richelson le définissent ainsi[1] :


« Un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie, ou une relation, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l'implication et l'accomplissement du travail. »


[modifier] Maslach et les relations interpersonnelles

Christiana Maslach, chercheuse en psychologie sociale, compte parmi ceux qui ont contribué à imposer le concept et à assoir sa validité. Dans un texte datant de 1993[9], elle relate comment les recherches qu'elle menait au cours des années 1970 l'ont conduite, un peu par hasard, à découvrir elle aussi le burnout. Elle s'intéressait aux stratégies utilisées pour faire face aux états d'activation émotionnelle, en particulier l'inquiétude distante (detached concern[10]) et l'objectivation[11] comme autodéfense (dehumanisation[12] in self-defence). L'inquiétude distante renvoie par exemple chez un médecin, à l'attitude idéale combinant compassion et détachement émotionnel. Si le médecin est soucieux du bien-être de son patient, il est également attentif à maintenir une objectivité, à éviter une trop grande implication. Le concept d'objectivation comme autodéfense, notion introduite par Zimbardo en 1970[13] exprime l'idée de se protéger du débordement émotionnel en considérant des "cas" plutôt que des personnes. Face à une maladie grave, à un état particulièrement préoccupant, il est plus facile pour un médecin de soigne s'il oublie l'individu qui souffre et se consacre au "cas", aux symptômes.

Armée théoriquement de ces deux concepts, Maslach va démarrer un programme de recherches par des entretiens auprès de professionnels su champ médical (médecins, infirmières)puis du champ de la santé mentale (psychiatres, infirmières psychiatriques). L'analyse dévoile plusieurs thèmes. D'abord si les expériences émotionnelles peuvent être gratifiantes (des patients qui guérissent suite aux efforts du professionnel), elles sont le plus souvent stressantes (travailler avec des patients difficiles, déplaisants, avoir de mauvaises nouvelles à annoncer, être en conflit avec les collègues). Ensuite les professionnels sont incapables d'atteindre le détachement. Avec le temps, ils adoptent des attitudes négatives envers leurs clients. Enfin, ils interprètent leurs expériences émotionnelles comme des échecs, s'interrogent sur leurs capacité à travailler dans ce secteur, déprécient leurs compétences.

Décrivant par hasard les résultats de ses premières analyses à un magistrat, Maslach s'entend dire qu'un phénomène similaire apparaît chez les avocats exerçant auprès de personnes en situation de difficultés sociales. Ces avocats nommaient ce phénomène "burnout". Le terme, que retiendra aussi Maslach était dans l'air. Il désignait une manifestation qui restait à étudier.

Puisque le burnout semblait commun aux professionnels de la santé et aux avocats, Maslash émis l'hypothèse que travailler avec d'autres, en particulier dans une relation d'aide, est le coeur du phénomène. A l'inverse de Freudenberger qui insistaient sur les facteurs personnels[1], elle situe d'avantage les causes du burnout dans l'environnement du travail et ses conditions. Elle chercha à valider cette idée en menant des entretiens auprès d'autres groupes professionnels dont l'activité suppose aussi une implication relationnelle. Dans tous les cas des thèmes récurrents émergeaient de l'analyse : épuisement émotionnel, attitudes distantes, négatives envers les clients ou les patients. A l'évidence, ces manifestations présentaient une régularité à travers les professions. Elles n'étaient pas une réponse produite par quelques individus mais un problème relativement répandu. Ainsi le terme burnout a apparemment comblé un vide en étiquetant un phénomène jusqu'ici sans nom mais prédominant[14]. Il a été séparé dès le départ des affections psychologiques inter-psychiques pour être apparenté aux désordres psychosociaux[15]. Certes nous verrons qu'il partage des symptômes communs avec des affections telles la dépression. Mais nous verrons aussi en examinant la validité divergente du fondement de burnout, qu'il s'en distingue clairement.

Et c'est dans un texte tout aussi descriptif que celui de Freudenbeger[2] que Maslash[9] relate les résultats de ses premières investigations. Si on peut parler de la « dynamisme du burnout[16] », à contrario de freudenberger on note qu'elle emploie dans son texte à plusieurs reprise le terme de "craquage" de ce dernier. Elle observe que ce "craquage" est suivi d'une perte d'efficacité dans les services de santé et d'action sociale, d'un absentéisme et d'un turnover élevé. Il provoque une déterioration du bien-être physique.


« Les professionnels sont épuisés, fréquemment malades et peuvent souffrir d'insomnies, d'ulcères et de maux de tête [...] Afin de surmonter ces problèmes physiques, le travailleur peut se tourner vers les tranquillisants, la drogue [...] Le burnout est encore associé à des manifestations comme l'alcoolisme, la maladie mentale, conflits conjugaux ou le suicide. »


Dans ce même texte, Maslash insiste particulièrement sur les modalités de mise à distance, de désengagement : stratégies verbales qui consistent à catégoriser les clients sous des labels abstraits ("mes dossiers"), techniques ("c'est un coronaire"), ou encore stigmatisant ("pauvres"). Mais aussi mise à distance physique, strict respect du règlement, autant d'attitudes qui permettent de limiter les implications personnelles. Elle utilisera le terme "dépersonnalisation" pour désigner ces attitudes. Nous n'en étions plus à l'inquiétude distante ...

[modifier] Etudes cliniques

C'est donc à partir d'observation, d'entretiens, voire d'analyses d'expériences personnellles (Freudenberger lui même a été atteint de burnout[17]) que les recherches ont commencé à s'organiser. Les cinq années suivant la première publication[2] ont vu paraître quantité d'articles, écrits par des professionnels pour des revues professionnelles. Ces publications étaient traversées par des préoccupations plus pragmatique qu'académique. Le plus souvent la nature stressante d'une activité était décrite, quelques études de cas cliniques illustraient le propos et les auteurs avançaient diverses recommandations. Les similitudes entre ces différents écris sont :

Cependant Maslach et Schautfeli [9] notent que ces premiers écris se caractérisent par les points suivants :

  • d'un auteur à l'autre, la signification du terme "burnout" n'était pas nécessairement la même ;
  • le terme à inclus tout un ensemble de "crises" que pouvais connaître un individu, au risque de tout englober et ne plus rien désigner ;
  • ces premiers écris ne reposaient pas sur des données empiriques, mais sur des études de cas isolés. Ils s'intéressaient en particulier aux symptômes que développent les individus atteints de burnout.

Perlman et Hartman[18] montrent à quel point cette phase est marquée par une dispersion des conceptions. Ils recensent dans les articles publiés entre 197 et 1980 quarante-huit définitions différentes ! Parmi celle-ci, on trouve des idées aussi disparates que :

Ils avancent toutefois une synthèse de toutes ces définitions[19] :


« Le burnout est une réponse au stress émotionnel chronique avec trois dimensions :

  1. l'épuisement émotionnel ou physique,
  2. la diminution de la productivité,
  3. la surdépersonnalisation. »

On comprend que ce syndrome ait d'abord alerté les praticiens puisqu'ils encourent le risque de le rencontrer chez leurs collègues ou d'être confrontés eux-mêmes à ses manifestations au cours de leurs activité. Mais ils étaient peu entrainés à concevoir des recherches systématiques, plus préoccupés à élaborer des interventions que des théories. Autrement dit leur intérêt portait sur « la façon de résoudre le problème, plutôt que de le conceptualiser[9] ». Inversement, les chercheurs se sont d'abord détournés du problème estimant qu'ils avaient affaire, avec la notion de burnout de "quelque-chose" de pseudo-scientifique. « Le premier livre de Maslach et Jackson[20] consacré au développement d'une échelle de mesure du burnout et à ses propriétés psychométriques a été retourné par une première maison d'édition avec un mot stipulant : "nous ne publions pas de psychologie populaire". Depuis cet instrument de mesure est reconnu internationalement, et utilisé dans des recherches publiées dans les revues scientifiques les plus prestigieuses.[21] »

[modifier] Syndrome tridimensionnel

C'est au début des années 1980 que les premières recherches empiriques systématiques ont été publiées. La notion de burnout fut alors plus clairement définie et conceptualisée. Maslach, à partir de ses recherches basés sur des entretiens[9], utilisait dans un premier temps une définition de travail selon laquelle le burnout recouvre deux dimensions. La première, l'épuisement émotionnel, correspond à l'assèchement des ressources, à la perte de motivation. La seconde, la dépersonnalisation, renvoi aux attitudes distantes, négatives envers les clients, patients, etc. Certes, ses recherches avaient révelé des pistes prometteuses, mais elles reposaient sur un nombre limité de cas individuels. Maslach souhaitait entreprendre des investigations plus systématiques, méthodologiquement rigoureuses. Elle voulait aussi s'adresser à des échantillons plus larges, à des fins de comparaison, et tenir compte des contextes situationnels. A ce stade, « la question clé était le développement d'une définition plus précise du burnout et la construction d'une mesure standardisée[9] ». Elle a donc mené (avec Kathy Kelly[22], Ayala Pines[23] et Susan Jackson[24]) des enquêtes par questionnaire et conduit un programme de recherches psychométrique pour aboutir à une définition plus opérationnelle et à une échelle de mesure valide.

[modifier] Étude de Maslach et Jackon

Au cours de ses recherches préliminaires par entretiens. Maslach avait accueillit un vaste registre d'émotions, d'attitudes exprimant l'usure ressentie, jalonnant ce [[phénomène qu'il fallait mieux cerner. Elle regroupa l'ensemble de ces expressions sur une échelle composée de quarante-sept items[20]. Cette échelle, représentant l'étendue des expériences associées au phénomène de burnout a été administrée à un échantillon de six cent cinq personnes réparties dans plusieurs corps professionnels (services sociaux, santé, enseignements). Les analyses statistiques confirmaient bien la présence des deux dimensions déjà mises à jour, épuisement émotionnel et dépersonnalisation. Mais en fait quatre dimensions présentaient des poids factoriels suffisants pour être retenues. Elles étaient réparties sur vingt-cinq items. Administrés à un nouvel échantillon de quatre cent vingt personnes, ces vingt-cinq items donnaient toujours les quatre mêmes dimensions correspondant aux significations suivantes : épuisement émotionnel, dépersonnalisation, sentiments de réduction de l'accomplissement personnel et implication. Le dernier facteur, l'implication, ne sera retenu que provisoirement. Maslach et Jackson vont définir le burnout comme « un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l'accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d'autrui.[20] »

L'épuisement émotionnel renvoie au manque d'énergie, au sentiment que les ressources émotionnelles sont épuisées. La personne est « vidée nerveusement [3] » a perdu tout sont entrain, n'est plus motivée par son travail qui devient une corvée. Elle ne réalise plus le travail qu'elle effectuait auparavant, ressent frustrations et tensions. L'épuisement émotionnel est souvent lié au stress et à la dépression. Autant les conceptions théoriques que les résultats empiriques actuels lui donnent un rôle central dans le processus de burnout.

La dépersonnalisation représente la dimension interpersonnelle du burnout. Elle renvoie au développement d'attitudes impersonnelles, détachées, négatives, cyniques, envers les personnes dont on s'occupe (élèves, patients, clients, etc.). L'individu ne se sent plus concerné par son travail, dresse une barrière qui l'isole de ses clients et de ses collègues. Parler de "l'appendicite de la chambre 22" est un exemple de ces attitudes. La dépersonnalisation peut prendre des formes plus dures et s'exprimer à travers des attitudes et des comportements de rejet, de stigmatisation, de maltraitance. Il s'agit d'une stratégie mal adaptée, destinée à faire face à l'épuisement des ressources internes en mettant à distance les bénéficiaires de l'aide, ou en rendant leurs demandes illégitimes. Cette attitude permet de s'adapter à l'effondrement de l'énergie et de la motivation. Les clients, les usagers, les patients, les élèves étant perçus sur un mode négatif, leurs demandes, leurs besoins apparaissent moins pressants, moins urgent à résoudre. Le terme de dépersonnalisation peut prêter à confusion vu qu'il désigne aussi l'état psychique où domine l'impression d'être étranger à soi-même. Le terme de déshumanisation[12] aurait pu être choisi, mais sa connotation est évidemment trop extrême pour qu'il soit retenu.

Le processus du burnout d'après le modèle tridimensionnel de Maslach et Jackson
Le processus du burnout d'après le modèle tridimensionnel de Maslach et Jackson[20]

Le manque ou la réduction de l'accomplissement personnel concerne à la fois la dévalorisation de son travail et de ses compétences, la croyance que les objectifs ne sont pas atteints, la diminution de l'estime de soi[7] et du sentiment d'auto-efficacité. La personne ne s'attribue aucune capacité à faire avancer les choses, convaincue de son inaptitude à répondre efficacement aux attentes de son entourage. L'accomplissement personnel représente la dimension auto-évaluative du burnout.

Quelques auteurs mis à part[6], un consensus se dégage pour affirmer que le burnout démarre avec l'épuisement émotionnel. Celui-ci entraine la dépersonnalisation. L'épuisement émotionnel réduit l'accomplissement personnel [7] soit directement, soit à travers de la dépersonnalisation (Cf. schéma ci-contre). On considère que l'épuisement émotionnel représente le composant affectif du burnout tandis que les deux autres dimensions, la dépersonnalisation et la réduction de l'accomplissement personnel constituent les composants attitudinaux ou cognitifs[9].

[modifier] Outil de mesure : le Maslach Burnout Inventory

Ces trois facteurs, et les items qui les composent ont été utilisés pour constituer la mesure du burnout. Cette mesure formée de trois sous-échelles est aujourd'hui largement validée[21]. Il s'agit du Maslach Burnout Inventory's (MBI)[20]. Simple d'utilisation, le MBI a permis de mesurer le burnout auprès de groupes importants et d'en étudier systématiquement les causes. Adapté en plusieurs langues, il est de loin l'instrument le plus employé pour mesurer le burnout.

Le MBI est constitué de vingt-deux items : neuf pour l'épuisement émotionnel, cinq pour la dépersonnalisation et huit pour l'accomplissement personnel. Chaque item représente une facette de l'évaluation que l'on peut faire de son travail. La personne interrogée indique la fréquence selon laquelle elle éprouve le sentiment en question.

L'épuisement, la dépersonnalisation et la réduction de l'accomplissement personnel sont mesurés séparément. Autrement dis, l'individu n'a pas un score global de burnout, mais un score pour chacune des trois dimensions. Le terme burnout continue de sésigner globalement ces trois dimensions qui pourtant sont distinctes, même si elles sont liées au sein d'un seul construct théorique qui les subsume. « Les recherches qui ont étudié la validité du MBI ont confirmé qu'une structure à trois dimensions correspondait mieux aux données qu'une structure à deux ou à une seule dimension[21] ».

Numérisation des réponses 2. Dépersonnalisation

0. Jamais
1. Quelques fois par an
2. Une fois par mois
3. Quelques fois par mois
4. Une fois par semaine
5. Quelques fois par semaine
6. Tous les jours

1. Je sens que je m'occupe de certains patients/clients/élèves de façon impersonnelle comme s'ils étaient des objets
2. Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que j'ai ce travail
3. Je crains que ce travail ne m'endurcisse émotionnellement
4. Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à certains de mes patients/clients/élèves
5. J'ai l'impression que mes patients/clients/élèves me rendent responsable de certains de leurs problèmes

1. Épuisement professionnel 3. Accomplissement personnel

1. Je me sens émotionnellement vidé(e) par mon travail
2. Je me sens à bout à la fin de ma journée de travail
3. Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j’ai à affronter une autre journée de travail
4. Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d'effort
5. Je sens que je craque à cause de mon travail
6. Je me sens frustré(e) par mon travail
7. Je sens que je travaille « trop dur » dans mon travail
8. Travailler en contact direct avec les gens me stresse trop
9. Je me sens au bout du rouleau

1. Je peux comprendre facilement ce que mes patients/clients/élèves ressentent
2. Je m'occupe très efficacement des problèmes de mes patients/clients/élèves
3. J'ai l'impression, à travers mon travail, d'avoir une influence positive sur les gens
4. Je me sens plein(e) d'énergie
5. J'arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes patients/clients/élèves
6. Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail j'ai été proche de mes patients/clients/élèves
7. J'ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans ce travail
8. Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement



 

[modifier] Conceptions initiales

[modifier] Cherniss

[modifier] Alaya Pines

[modifier] Différentes définitions du burnout

[modifier] Etat et processus

[modifier] Etat

[modifier] Processus

[modifier] Recherches

[modifier] Différents domaines


[modifier] Différentes formes

[modifier] Evolution

[modifier] Trois formes de burnout ou d'avantage

[modifier] Causes

[modifier] Organisationnelles

[modifier] interindividuelles

[modifier] intraindividuelles

[modifier] Manifestations et conséquences

[modifier] Physiques et émotionnelles

[modifier] Attitudinales et comportementales

[modifier] Individu

[modifier] Vie privée

[modifier] Travail

[modifier] Avancée de la recherche

[modifier] Avancées théoriques et méthodologiques

[modifier] Recherches transversales

[modifier] Conclusion

[modifier] Ressources

[modifier] Bibliographie

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[modifier] Liens externes