Belges

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Carte des peuples gaulois.
Carte des peuples gaulois.

Les Belges (latin: Belgae) sont un peuple antique, localisé en Europe de l'Ouest peu avant l'ère chrétienne, plus précisément en Gaule septentrionale. Selon Strabon, leurs territoires se situaient entre le Rhin et la Loire et selon Jules César ils sont séparés des Celtes ou Gaulois par la Marne. César signale aussi que ce seraient des Belges qui occupaient à l'époque de la Guerre des Gaules les territoires maritimes de la Bretagne insulaire, ce que confirme Dion Cassius.

César, dans la Guerre des Gaules décrit ainsi les populations habitant la Gaule :

« Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. (La Gaule toute entière est divisée en trois parties : les Belges habitent l'une, les Aquitains l'autre et ceux qui s'appellent Celtes dans leur propre langue et que nous appelons Gaulois dans la nôtre occupent la troisième.) »

Il poursuit en précisant, dans sa célèbre « éloge » du peuple belge, que les Belges sont les plus braves parmi ces trois peuples car les plus éloignés de la culture et de la civilisation de Rome. Il explique aussi que les Belges (du Nord) descendent de tribus ayant traversé le Rhin longtemps auparavant. Selon lui, les Belges avaient acquis une rude réputation en combattant les Germains. L'archéologie moderne pourtant contredit Caesar : les Belges étaient nullement retardés, ils ont même introduit les premières pièces de monnaie en (Grande) Bretagne [1].

Tacite nous révèle que les Nerviens refusaient de se faire appeler Gaulois. Cette attitude était probablement la même pour la plupart des tribus belges du nord.

Sommaire

[modifier] Origine

Longtemps les Belges furent considérés comme un peuple gaulois, ou comme un peuple germanique dominé par une aristocratie gauloise (hypothèse suggérée par le fait que les noms des chefs belges ont des affinités avec les noms celtes et non avec les noms germaniques). Des analyses plus précises des noms de leurs tribus, de leurs chefs et de leurs dieux ont permis d'établir les hypothèses suivantes :

Les noms de leurs chefs seraient d'origine gauloises et indiqueraient leur rang. Cela se compare avec les noms pour des rangs militaires modernes, comme général, colonel, capitaine... qui sont d'origine française, mais utilisés aussi en anglais, allemand, néerlandais, etc. Ceci met en évidence l'appartenance culturelle des Belges au monde celtique.

On peut s'interroger sur la nature assez mystérieuse du troisième groupe. Une analyse de la toponymie de la région a permis de supposer que ceux-ci occupaient initialement l'ensemble de la région comprise entre l'Aisne et la Weser, avant de subir les pressions des Celtes et des Germains. Ce que l'on connaît de leur langue montre de nombreuses affinités avec les langues indo-européennes du sud de l'Europe, en particulier avec les langues italiques. Cela peut sembler étonnant à première vue, mais cela n'est pas du tout invraisemblable. Avant leur migration vers le sud, les Italiques devaient séjourner en Europe centrale, au voisinage des Germains et des Slaves, comme le montre le large vocabulaire commun entre ces groupes. Il n'est pas impossible qu'une partie d'entre eux ait migré vers le nord-ouest, tandis que les autres se dirigeaient vers la péninsule italienne.

A part cette troisième langue mystérieuse, cette récente interprétation linguistique suggère fortement que la Belgique antique fut déjà traversé par une frontière linguistique. L'emplacement médiévale, bien attestée, semble logique.

[modifier] Étymologie

Il n'y a pas de consensus quant à l'étymologie du mot Belge.

  • On a pensé à une étymologie simple, BEL+GA => *bel = objet gonflé, objet rond, pensez à balle, boule, bille, etc. Mot proto-indo-européen. Au sens figuratif: cercle, alliance. *-ga est moins sûr = (gaulois) homme armé. Belges signifierait "les hommes de l'alliance (cercle)". Le mot serait ainsi d'origine gaulois. César nous confirme l'existence d'une alliance de tribus. Possibilité differente: dérivé du verbe *belgen = se fâcher, (se) gonfler. Ce mot serait alors d'origine germanique, mais tout aussi bien dérivé du mot *bel.
  • Toutefois, il est plus probable que cet étymon proviennet du mot *volk qui signifie "peuple" (cf. Volques Tectosages).

[modifier] Bibliographie

  • Hans Kuhn, "Vor- und frühgermanisch Ortsnamen in Nord-Deutschland und die Niederlanden", Westfälische Forschungen, 12, pp. 5 - 44, 1959.
  • Hans Kuhn, Rolf Hachmann et Georg Kossack, Völker zwischen Germanen und Kelten. Schriftquellen, Bodenfunde und Namengute zur Geschichte des nördlischen Westdeutschlands um Christi Geburt, Neumünster, Karl Wachholz, 1962.
  • Wolfgang Meid, "Hans Kuhn "Nordwestblock" Hypothese: zur Problematik der Völker zwischen Germanen und Kelten", in Germanenproblem in heutiger Sicht, Berlin, De Gruyter, 1986.
  • Bernard Sergent, Les Indo-Européens: Histoire, langues, mythes, Bibliothèques scientifiques Payot. Paris, 1995.
  • Victor Tourneur, Les Belges avant César, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1944, 115p.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Stephen Oppenheimer "The Origins of the british"