Utilisateur:Aurevilly/François de Grossouvre

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François Durand de Grossouvre naît le 29 mars 1918 à Vienne dans l'Isère, et décède le 7 avril 1994 à Paris (France). Il fut médecin de formation.


Sommaire

[modifier] Biographie

À l'âge de 5 ans, il perd son père, le banquier Maurice Durand de Grossouvre, mort en 1923 des conséquences d'une exposition au gaz moutarde pendant la Grande Guerre.

Élevé en France chez les jésuites, il fait ensuite des études de médecine à Lyon.

Quand survient la Seconde Guerre mondiale, il est affecté comme médecin auxiliaire à un régiment de tirailleurs marocains, et rejoint une équipe d'éclaireurs skieurs dans le Vercors ; il y rencontre le capitaine Bousquet, qui crééra l'un des premiers réseaux de l'Organisation de résistance de l'armée (ORA).
François de Grossouvre revient à Lyon où il obtient son diplôme de docteur en médecine en 1942, et devient médecin du 11e cuirassiers, commandé par le colonel Lormeau.

Il rejoint quelque temps le Service d'ordre légionnaire (SOL), dirigé par Joseph Darnand, mais en 1943 quitte le SOL pour rejoindre le maquis de la Chartreuse (près de Grenoble) et participe aux combats du Vercors. À la Libération, il sera établi qu'il était infiltré au SOL en tant qu'agent de l'ORA.
Sous le nom de code de « Monsieur Leduc », il devient le chef du réseau stay-behind « Arc-en-ciel », installé par l'OTAN en France, dans le cadre de l'opération Gladio.

Il se marie avec Claude Berger en 1943, dont il aura six enfants. Il s'impose à la tête des sociétés de sa belle-famille Le Bon sucre (1944-63) et A. Berger et Cie (1949-63).

Il est parallèlement conseiller du commerce extérieur de la France (1952-67), vice-président de la Chambre de commerce franco-sarroise (1955-62).

Il se lie d'amitié avec François Mitterrand rencontré lors d'un voyage en Chine en 1959, s'éloigne progressivement du milieu industriel (sa proximité avec le leader du Parti Socialiste le rend suspect aux yeux de ses pairs), achète une propriété dans l'Allier (non loin de la Nièvre, fief électoral du futur président) qu'il exploite et où il peut se donner à ses deux grandes passions, l'équitation et la chasse.

Il prend également un pied-à-terre à Paris et s'active dans l'ombre de François Mitterrand.
En 1974, il devient le parrain de Mazarine, la fille qu'Anne Pingeot donne à celui-ci, et veille sur les secrets de la famille Mitterrand, dont aucun ne sera révélé de son vivant.

Tout naturellement, il est nommé dès juin 1981 chargé de mission auprès du Président de la République, qui lui confie les problèmes de sécurité et les dossiers sensibles, notamment ceux liés au Liban, à la Syrie, à la Tunisie, au Maroc, au Gabon, aux pays du Golfe, au Pakistan et aux deux Corée.

Il est également président du Comité des chasses présidentielles, fonction qu'il conservera jusqu'à son décès.

En juillet 1985, il quitte officiellement ses fonctions de chargé de mission et devient conseiller international des avions Marcel Dassault (1985-86).

Il conservera néanmoins son bureau élyséen, son appartement du quai Branly (voisin de celui d'Anne et Mazarine Pingeot), chauffeur, secrétaires et gardes du corps du GIGN, avec le budget correspondant ; il continue de recevoir de nombreux visiteurs importants à l'Élysée ou ailleurs.

Ces activités difficilement contrôlables n'ont pas manqué de susciter des jalousies, et François de Grossouvre faisait l'objet d'une surveillance constante.

Le 7 avril 1994, il est retrouvé mort, d'une balle de .357 Magnum, dans son bureau du Palais de l'Élysée.

[modifier] Les investigations sur la mort de François de Grossouvre

Sa mort violente, la première qui ait eu lieu officiellement à l'Élysée, a fait la une des journaux. La version officielle fut très controversée dans les jours qui suivirent et ensuite dans plusieurs livres.

Les uns contestent le suicide, les autres s'interrogent sur les mobiles, soit d'un suicide, soit d'un assassinat.

[modifier] L'enquête judiciaire (version officielle)

Le soir du 7 avril 1994, François de Grossouvre devait se rendre pour le dîner chez un ancien premier ministre gabonais. En homme raffiné (on le surnommait le duc de Guise), il fait envoyer à 18 heures un bouquet de fleurs à la maîtresse de maison avec un petit mot ("je me réjouis d'être avec vous ce soir").

À 20 heures, un gendarme venu lui apporter un télégramme découvre François de Grossouvre mort assis dans son fauteuil, son arme personnelle à la main, un Manurhin MR 73 de calibre .357 Magnum. Bizarrement, personne n'aurait entendu le coup de feu à l'Élysée, pas même le gendarme en faction sous sa fenêtre, alors que l'arme utilisée est de très gros calibre, qu'il y a "du sang jusqu'au plafond" (écrit le docteur Gubler dans "Le grand secret").

L'enquête judiciaire, écourtée (il n'y a notamment pas eu d'expertise balistique), conclut au suicide malgré des indices troublants : le rapport d'autopsie précise que le corps présentait « une luxation avant de l'épaule gauche et une ecchymose à la face », alors que le corps de François de Grossouvre a été retrouvé assis dans son fauteuil. De même, le rapport de police va « oublier » de préciser la disparition de toutes ses archives.

[modifier] La version du suicide

Pour étayer la thèse du suicide, les proches du pouvoir vont aller dire dans la presse que François de Grossouvre était dépressif, ne supportant pas le fait de veillir et vivant mal sa progressive mise à l'écart... C'est ce qu'écrira notamment le Docteur Gubler dans son livre "Le grand secret". Mais cela sera démenti par le médecin traitant et des amis de F. de Grossouvre.

[modifier] La version de l'assassinat

Le journaliste Jean Montaldo, dans la presse, puis dans son livre Mitterrand et les 40 voleurs, et le capitaine Paul Barril mettront en doute la version du suicide de François de Grossouvre.

Dans son livre Guerres secrètes à l'Élysée (qui lui valut d'être condamné le 27 mai 1997 par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffamé Gilles Ménage, ex-directeur adjoint de cabinet du président François Mitterrand), Paul Barril rappelle certains faits troublants, dont :

  • l'absence d'enquête sérieuse, notamment auprès des personnes présentes ce soir-là à l'Élysée, alors que les allées et venues y sont très contrôlées ;
  • la disparition de la totalité de ses notes au Président de la République, de nombreuses autres archives et surtout du manuscrit de "souvenirs" dont François de Grossouvre achevait la rédaction ;
  • la disparition d'une collection d'armes qu'il évalue à 14 millions de francs (plus de 2 millions d'euro) ;
  • les "suicides" en série : Pierre Bérégovoy, le capitaine Guézou.

Un autre fait n'a pas manqué d'intriguer : le gendre de François de Grossouvre, Philippe Brelot, se "suicidera" également d'une balle dans la tête, le 11 juillet 1997.

[modifier] Suicide ou assassinat : les interrogations sur les mobiles

Les derniers mois de sa vie, François de Grossouvre invitait régulièrement des journalistes pour leur faire des confidences sur les dérives du pouvoir mitterrandien, et il rédigeait des mémoires que ce dernier redoutait. "Ministre de la maison privée du Président", il connaissait tous les secrets de la Mitterrandie.

Un autre mobile possible serait lié à sa connaissance des relations entre la France et de nombreux pays africains, particulièrement le Rwanda en raison de la coïncidence (à un jour près) de sa mort avec l'attentat du 6 avril 1994 contre le président rwandais.

La journaliste Colette Braeckman, spécialiste des affaires africaines du journal Le Soir de Bruxelles (qui a introduit les éléments qui permettent d'envisager, parmi d'autres hypothèses, une participation française à cet attentat), a appris que l'une des dernières paroles de Grossouvre aurait été "Les cons ils n'ont pas fait ça". Le capitaine Paul Barril, qui revendique d'avoir été actif au Rwanda en 1994, était apprécié et soutenu par François de Grossouvre.

Le rapport sur le génocide au Rwanda, Aucun témoin ne doit survivre, réalisé conjointement par La Fédération internationale des droits de l'homme et Human Rights Watch, évoque le rôle de François de Grossouvre à deux reprises, et souligne cette coïncidence de dates.

[modifier] Décorations et distinctions

François de Grossouvre était :

et décoré de :

[modifier] Sources

  • Éminences grises, de Roger Faligot et Rémi Kauffer, éd. Fayard, 1992.
  • Les éminences grises, de Christine Fauvet-Mycia, éd. Belfond, 1988.
  • Guerres secrètes à l'Élysée, du Capitaine Paul Barril, éd. Albin Michel, 1996.
  • Le grand secret, de Claude Gubler et Michel Gonod, PLON, 1996.
  • Le Point du 5 avril 2002, N° 1542, page 15.
  • VSD 09-15 août 2001, pages 86-89.
  • Historia février 2002, N° 662, pages 62-63.
  • Who's Who in France, 24° Edition 1992-1993.
  • Aucun témoin ne doit survivre, Le génocide au Rwanda, d'Alison Des Forges, ed. Karthala, 1999.