Anarchisme

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Illustration du livre Le principe anarchiste de Pierre Kropotkine (1913)
Illustration du livre Le principe anarchiste de Pierre Kropotkine (1913)

L'anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et pratiques anti-autoritaires[1]. Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées sur ce principe[2], l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion[3].

Sommaire

[modifier] Étymologie

Icône de détail Article détaillé : Étymologie du terme anarchie.
Anarchisme
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
Courants

Anti-industrielAutonome
CapitalisteChrétien
Collectiviste
CommunisteFéministe
EcologiqueIndividualiste
InsurrectionnelMutualiste
PhilosophiquePrimitiviste
SocialisteSyndicaliste

Concepts

AcratieAction directe
Amour libreAnationalisme
Anticapitalisme
Anticléricalisme • Antiétatisme
AntifascismeAntimilitarisme
Antiparlementarisme
Antipatriotisme
AntithéismeAthéisme
AutogestionBlack Bloc
Classe ouvrièreCollectivisme
EntraideFédéralisme
Gradualisme
Grève généraleIllégalisme
MutuellismeNaturisme
Néo-malthusianismeNudisme
Objection de conscience
PacifismePlateformisme
Propagande par le fait
Réappropriation
Reprise individuelleSabotage
SymbolismeSynthésisme
Végétarisme

Histoire

Précurseurs de l'anarchisme
Histoire de l'anarchisme
Chronologie de l'anarchisme
Presse anarchiste
1ere internationale
Congrès de Saint-Imier
Fédération jurassienne
Commune de ParisChristiania
Makhnovtchina
Bande à Bonnot
Affaire Sacco et Vanzetti
Mai 68
Premier maiPunk
Révolution mexicaine
Révolte de Kronstadt
Révolution espagnole
Révolte du Chiapas

Presse anarchiste

Alternative libertaire
CQFDEkintza Zuzena
FreedomGreen Anarchy
Infos et analyses libertaires
Le Monde libertaire
Rojo y NegroSicilia libertaria
Solidaridad Obrera
Tierra y Libertad
Umanità Nova

Organisations

Alternative libertaire
Anarchists Against the Wall
CNTCGAGARAS
Fédération anarchiste
NEFAC
OCLOLSOSL
SCALP

« À mauvaise paye mauvais travail ! »
Portail de l'anarchisme
v · d · m

Le terme anarchie est un dérivé du grec « αναρχία » (« anarkhia  »)[4],[5]. Composé du préfixe a- privatif « an- » (en grec αν, « sans », « privé de ») et du mot « arkhê », (en grec αρχn, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »)[6][7]. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de chef[8] », « absence d'autorité[2] » ou « absence de gouvernement[7] ».

Dans un sens négatif, l'anarchie évoque le chaos et le désordre, l'anomie[9]. Dans un sens positif un système où les individus sont dégagés de toute autorité[9]. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoricien socialiste Pierre Joseph Proudhon (1809-1865). Dans Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare anarchiste et précise ce qu'il entend par anarchie : une forme de gouvernement sans maître ni souverain[9].

[modifier] Précurseurs de l'anarchisme

Icône de détail Article détaillé : Précurseurs de l'anarchisme.
Diogenes par John William Waterhouse.

Pour de nombreux théoriciens de l'anarchisme, l'esprit libertaire remonte aux origines de l'humanité[10]. À l'image des Inuits, des Pygmées, des Santals, des Tivs, des Piaroa ou des Merina, de nombreuses sociétés fonctionnent, parfois depuis des millénaires, sans autorité politique (État ou police)[11] ou suivant des pratiques revendiquées par l'anarchisme comme l'autonomie, l'association volontaire, l'auto-organisation, l'aide mutuelle ou la démocratie directe[12].

Les premières expressions d'une philosophie libertaire peuvent être trouvées dans le taoïsme et le bouddhisme[13]. Au taoïsme l'anarchisme emprunte le principe de non-interférence avec les flux des choses et de la nature, un idéal collectiviste et une critique de l'État ; Au bouddhisme, l'individualisme libertaire, la recherche de l'accomplissement personnel et le rejet de la propriété privée[9].

Un courant individualiste et libertaire peut également être trouvé dans la philosophie de la Grèce antique, dans les écrits épicuriens, cyniques et stoïciens[14].

Certains éléments libertaires du christianisme ont influencés le développement de l'anarchisme[15], en particulier de l'anarchisme chrétien[16]. À partir du Moyen Âge, certaines hérésies et révoltes paysannes attendent l'avènement sur terre d'un nouvel âge de liberté[9]. Des mouvements religieux, à l'exemple des hussites ou des anabaptistes s'inspirèrent souvent de principes libertaires[17].

Plusieurs idées et tendances libertaires émergent dans les utopies françaises et anglaises de la Renaissance et du siècle des Lumières[18]. Pendant la Révolution française, le mouvement des Enragés s'oppose au principe jacobin du pouvoir de l'État et propose une forme de communisme[19]. En France, en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis, les idées anarchistes se diffusent par la défense de la liberté individuelle, les attaques contre l'État et la religion, les critiques du libéralisme et du socialisme[9]. Certains penseurs libertaires américains comme Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson et Walt Whitman, préfigurent l'anarchisme contemporain de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile[20].

[modifier] Définitions

[modifier] Principes généraux

L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social actuel.

L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeant. Un ordre basé sur la coopération volontaire des hommes et des femmes libres et conscients qui ont pour but de favoriser un double épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe au premier.

À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle et/ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.

Le « A » inscrit dans un « O », un des symboles de l'anarchisme de l'origine maçonnique
Le « A » inscrit dans un « O », un des symboles de l'anarchisme de l'origine maçonnique

L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition.

L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité sous quelque forme qu'elle soit. L'État est le principal ennemi des anarchistes : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire). Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal défini par une orthodoxie majoritaire, un pouvoir à la pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui-même et d'exprimer librement sa pensée.

Certains Anarchistes dits "spontanéistes" pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui imposait l'État, l'ordre naturel précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O » (« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir », Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une éthique du droit naturel (elle-même affiliée à Rousseau). D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel » que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme comme moyen permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En outre, ces derniers ne reconnaissent de mandats qu'impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et limités à un mandat précis et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas d'absolue nécessité (le moins souvent possible donc).

Le rejet du centralisme, pour le fédéralisme, aboutit donc à un projet d'organisation sociale fondée sur la gestion directe de sa propre vie et la décentralisation, où chacun est en mesure de participer à la vie commune, tout en conservant son autonomie individuelle, selon les conceptions parfois diamétralement opposées que s'en font les différents courants anarchistes.

[modifier] Courants

À la genèse de l'anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin : en 1793, il publie Enquête sur la justice politique et son influence sur la morale et le bonheur (traduction française), œuvre largement inspirée par la Révolution française. Il y propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui, selon lui, empêchent l'épanouissement des individus et les mènent à leur corruption. Les travaux de Max Stirner (qui refusait l'appellation "anarchiste") auront également un rôle très important dans le développement de l'anarchisme individualiste. Celui-ci publie en 1845 L'Unique et sa propriété, une œuvre en réaction contre la pensée hégélienne et post-hégelienne, qui va marquer durablement la pensée anarchiste.

Les libertaires considèrent qu'une société anarchiste devrait être construite sans hiérarchie et sans autorité ; les institutions telles que le capitalisme, la famille patriarcale, l'Église, l'État, l'armée sont qualifiées d'autoritaires (dans le sens d'une présence d'autorité par opposition au système libertaire qui s'en passe) et contraires aux libertés individuelles.

Trois mouvements principaux existent au sein de la mouvance anarchiste, l'une socialiste, l'autre individualiste et une autre écologiste. Il existe également d'autres tendances peu connues et plus récentes.

C'est dans l'espace délimité par ces conceptions, globalement peu représentatives de l'ensemble, que se situe la pensée anarchiste.

Aujourd'hui, il existe donc de nombreuses théories anarchistes distinctes. Différents groupes peuvent donc se définir comme anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, comme au niveau de leur philosophie politique, économique et sociale) différentes, voire opposées.

[modifier] Courants socialistes

Manifestation d'anarchistes contre le chômage à New-York, 1914
Manifestation d'anarchistes contre le chômage à New-York, 1914

Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualisme, collectivisme, communisme, syndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété et l'appropriation collective des moyens de production est un point essentiel de cette tendance libertaire. Par propriété, on n'entend pas le fait de posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour d'autres afin d'en tirer des revenus (locations, lieux de travail...). Ce courant, composé initialement de Proudhon (et ses successeurs), puis de Bakounine était le courant majoritaire au sein de la première internationale, jusqu'à la scission menée par Marx, excluant les anarchistes proudhoniens et bakouniniens. L'anarchisme socialiste est considéré comme une politique qui établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (par le biais du coopérativisme et du fédéralisme libertaire) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.

  • l'anarchisme socialiste ou socialisme libertaire, qui propose une gestion collective égalitariste de la société (mouvement largement influencé par les écrits de Bakounine) ;
  • l'anarchisme communiste ou communisme libertaire, qui de l'adage « À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités » veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre ; ce qui politiquement est lié étroitement avec l'anarchisme qui part des volontés de chaque individu réel, par la liberté politique pour créer/construire la société à l'échelle des humains vivants/désirants (mouvement largement influencé par les écrits de Errico Malatesta, Pierre Kropotkine, etc.) ;
  • l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode : le syndicalisme, couplé à l'anarchisme, comme moyen de lutte et d'accès vers une société anarchiste (mouvement largement influencé par les écrits d'Émile Pouget, Pierre Monatte, Fernand Pelloutier, etc.) ;
  • l'anarchisme proudhonien, qui défend l'autogestion fédéraliste, un travaillisme pragmatique, un justicialisme idéo-réaliste et une économie mutualiste. Le travail, fondement de la société devient le levier de la politique, le réalisateur de la liberté. Le justicialisme permet un pluralisme à travers un équilibre des forces physiques et sociales. Le fédéralisme permet le dynamisme et l'équilibre de la société pluraliste. (Auteurs : Pierre Joseph Proudhon, James Guillaume, Maurice Joyeux, etc.) ;
  • L'anarcho-indépendantisme, qui définit la nature anarchiste de la lutte pour l'émancipation des peuples (une tendance clairement de gauche à ne pas confondre avec le national-anarchisme)
  • l'anarchisme insurrectionnel qui prône l'insurrection, la révolte, la désobéissance civile (Auteurs : Wolfi Landstreicher, Alfredo M. Bonanno, etc.) ;
  • le post-anarchisme qui s'inspire de la pensée post-structuraliste et post-marxiste.
  • L'anarcho-sionisme est un courant politique qui naît après le sentiment d'échec de l'action révolutionnaire des juifs à l'issue des grands pogroms des années 1890, les anarchistes comme les socialistes viennent à penser que la question juive ne peut faire l'économie d'un projet de société séparée en attendant la révolution mondiale. Pour les anarcho-sionistes, il s'agit de fonder un foyer national sans État. Ce courant n'adhérera pas au sionisme de Théodore Herzl (auteurs français : Bernard Lazare).

L'ensemble de ces courants se caractérise par une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour avancer vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une telle centralisation mène presqu'inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.

[modifier] Courants individualistes

Icône de détail Article détaillé : Anarchisme individualiste.

Les individualistes libertaires, selon les tendances, considèrent au contraire que seul l'individu peut légitimement posséder son bien propre, soit par l'abolition de la propriété, soit par la possession individuelle, soit par propriété privée. Selon cette tendance, les institutions autoritaires doivent être supprimées, en les désertant ou en les combattant, la question essentielle est la liberté de l'individu face à l'oppression de la société (et de ses composantes). Les institutions intermédiaires, nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir l'État en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à l'oppression étatique (exemple typique : les fabricants d'armes).

[modifier] Courants écologistes

Icône de détail Articles détaillés : Anarchisme vert et Anarcho-primitivisme.

L'anarchisme écologiste rejette toute forme d'économie industrielle et d'exploitation du monde naturel (mouvement proche de certaines composantes du communisme anarchiste) dans une mesure plus ou moins importante, et forme un troisième pôle de la pensée anarchiste. Les anarchistes écologistes proposent, selon la tendance, soit le retour à la nature (sous forme de société primitive), soit la mise sous contrôle par les individus de la technologie.

[modifier] Courants indéterminés

Des courants récents, peu connus ou ayant leur autonomie propre, et ne rentrant pas dans le cadre des tendances précédentes existent.

  • L'anarchisme épistémologique. Mouvement qui s'oppose à l'autoritarisme intellectuel et politique s'appuyant sur la transmission coercitive du savoir, la hiérarchie intellectuelle et la censure, et qui prône au contraire la liberté de pensée et d'expression, la diversité de pensée et de culte, et la libre adhésion aux idées. (Auteur : Paul Feyerabend)
  • L'anarcho-féminisme qui croise les idées féministes et anarchistes. (Auteurs : Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, etc.)
  • Le mouvement anarcho-punk qui radicalise les idées du mouvement punk.
  • Le mouvement anarcho-skinhead.
  • L'anarcho-transhumanisme qui fait la synthèse entre le transhumanisme et l'anarchisme.
  • Le crypto-anarchisme qui promeut l'utilisation de la cryptologie à des fins de protection sur internet contre une autorité internet qui devient de plus en plus présente.
  • L'anarchisme non-violent : mouvement dont le but est la construction d'une société non-violente. Les moyens utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante est faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l'autre. Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes pour construire une société où chacun est poussé à se réaliser (la société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société(l'individu est au service de la société).
  • L'anarchisme queer, ou le Pink Bloc -dans lequel se manifeste le mouvement anarcho-queer- qui cherche à radicaliser le mouvement gay et lesbien d'un côté, et de l'autre à "queeriser" les réseaux anarchistes à travers l'intrusion des questions d'homophobie et de transphobie.
  • Etc.

Conclusions

Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la règle, c'est-à-dire qu'aucune institution (syndicale, communautaire, droit, ou autre) ou individu n'aurait à contraindre des formes d'organisation politiques libertaire différente. Surtout après la Seconde Guerre mondiale, apparaissent d'autres courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines libertaires classiques.

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se disperser en fonction de l'attachement des penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques très diverses. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter le pouvoir et l'autorité, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux (cependant, l'anarchisme n'étant pas monolithique, cela n'altère en rien le mouvement).

[modifier] Conflits entre courants

Les tendances de l'anarchisme historique (anarchisme socialiste/syndicaliste/proudhonien/communiste et individualiste stirnerien) sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme.

Au sein du mouvement anarchiste, d'autres mouvements non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains sont considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non.

Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, les individualistes libertaires pouvant rejeter la composante socialiste et réciproquement.

Pour les socialistes libertaires, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme de droite sont rejetés, considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique, et qu'elles n'ont aucun point commun avec les leurs et leur sont même fondamentalement opposées. La plupart estime également qu'ils emploient abusivement le terme « anarchisme ». Les anarcho-capitalistes rejettent également le national-anarchisme et l'anarchisme de droite, mais contrairement aux autres anarchistes qui condamnent le capitalisme comme source d'inégalités, ils en sont explicitement les partisans et limitent leur critique à l'Etat. Cette doctrine qui se revendique anarchiste et libérale peut se trouver rejetée par chacune de ces deux familles.

[modifier] Vers une société anarchiste

Exemple d'action directe: Le "london social centre", un squat politique initié par des anarcho-syndicalistes à Russell Square.
Exemple d'action directe: Le "london social centre", un squat politique initié par des anarcho-syndicalistes à Russell Square.

Le rejet des contraintes qui entravent l'individu, dans ses désirs ou ses besoins, aboutit à une remise en cause des institutions qui ont été créées, selon les anarchistes, afin de perpétuer ces contraintes. L'État, le Capital, l'Armée et l'Église font parties de ces institutions que les anarchistes essaient de combattre (voire d'abattre). Ce combat contre l'autorité prend souvent la forme d'une action directe (un exemple en est le Do it yourself du mouvement punk), étrangère aux formes traditionnelles de la lutte politique. En fait, les systèmes politiques contemporains étant très souvent dotés d'un pouvoir centralisé, le passage à l'anarchisme implique un changement radical. C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système par différents moyens : désobéissance civile, grève, résistance passive ou résistance active, hacktivisme, obstructionnisme, etc. Certains anarchistes considèrent qu'il faut préparer l'avènement d'une révolution sociale radicale (le recours aux armes pouvant être aussi parfois nécessaire pour se défendre contre un système oppressif, qui lui n'acceptera pas le droit aux individus de s'organiser afin de déterminer par eux-mêmes leurs libertés), afin de laisser les sociétés s'organiser sans maîtres et selon leurs besoins et désirs ; d'autres estiment qu'une révolution non violente est possible, avec une extinction progressive des pouvoirs.

[modifier] Expériences historiques

L'anarchisme a influencé plusieurs expériences historiques.

[modifier] En périodes révolutionnaires :

[modifier] En périodes non-révolutionnaires :

Voir aussi Socialisme utopique

[modifier] Sur ces diverses périodes expérimentales

L'échec de ces expériences sera dû, selon les anarchistes, à plusieurs facteurs externes ou internes au mouvement anarchiste, dont la situation politique internationale défavorable, le trop faible soutien populaire ou international, la répression, les contraintes inhérentes à une situation de guerre révolutionnaire, les entraves de jacobins, de bolcheviques (pour les soviets en Russie), de staliniens lors de la Guerre d'Espagne.

Ces expériences parviennent toutefois à réaliser, selon les anarchistes, de nombreux principes anarchistes, en particulier en matière d'éducation libre, de libre collectivisation des terres et des usines, de liberté politique, etc.

[modifier] Période contemporaine

En d'autres lieux et des périodes plus récentes, certains peuples se sont inspirés en partie de certains principes libertaires :

  • La commune d'Atenco au Mexique (2002-2003) qui vécut sans autorité communale, voire la combattit (autant que celle de l'État) pendant plus de deux ans et autogéra la commune ;
  • Les communes libres de Kabylie (depuis 2001) ;
  • La commune libre Christiania à Copenhague au Danemark, expérience d'un squat autonome/autogéré au niveau d'un quartier ;
  • La réponse à la crise argentine en décembre 2001 où une grande partie de la population manifeste quasi quotidiennement avec pour slogan « ¡ Que se vayan todos ! » (« Qu'ils s'en aillent tous ! »), s'organise en assemblées de quartier, et pratique l'autogestion tant dans les usines que dans les supermarchés.[21],[22]
  • Diverses expériences lors de la révolte de mai 68.
  • Écovillage
  • En 2007, se fonde dans le monde virtuel de Second Life une Metaversial Anarchist Federation regroupant des militants de divers pays. Son premier colloque étant prévu pour mai 2007. Des discussions sont en cours en son sein pour demander une adhésion à l'IFA. Ce qui ne manque pas d'être complexe vue la nature électronique et anationale de cette fédération.

[modifier] Culture contemporaine anarchiste

Les pratiques anarchistes sont entre autre le Do it yourself, le squat, la Free party... L'ensemble de ces pratiques constitue une sous-culture qui est en grande partie une contreculture. Le web est utilisé pour partager sa bibliothèque (infokiosque) ou pour se tenir informé (indymedia). Certains peuvent considérer le web comme une expérience libertaire : Anarchie et Internet.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :

[modifier] Bibliographie

[modifier] Histoire de l'anarchisme

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Anarchistes.

  • Alain Sergent, Les anarchistes, Amiot-Dumont, coll. "Visages", 1951.
  • Alexandre Skirda, Autonomie individuelle et force collective, Les anarchistes et l'organisation de Proudhon à nos jours, Alexandre Skirda, 1987 (ISBN 2950213006)
  • Claude Faber, L'anarchie, une histoire de révoltes , Milan, coll. « Les essentiels Milan », 2002 (ISBN 2745905805)
  • Collectif, Et pourtant ils existent ! : 1954-2004, Le Monde libertaire a 50 ans, Le cherche midi, coll. « Documents », 2004 (ISBN 2749102952)
  • Daniel Colson, Petit lexique anarchiste de Proudhon à Deleuze, Le Livre de Poche, coll. « Le Livre de Poche », 2001 (ISBN 2253943150)
  • Daniel Guérin, Ni Dieu, Ni Maître - Anthologie de l'anarchisme, (éditions François Maspero ou La Découverte), (ISBN 270710390X) ou (ISBN 2707131369)
  • Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980)
  • Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, tome 2 : de 1914 à nos jours, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724999)
  • Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, Gallimard, coll. « Folio-Histoire », 1992 (ISBN 2070326756)
  • Jean Préposiet, Histoire de l'anarchisme, Tallandier, coll. « APPROCHES », 2005 (ISBN 2847341900)
  • Jean-victor Verlinde, L'Ordre mon cul ! La liberté m'habite., L'esprit frappeur (n°89), 2000 (ISBN 2844052096)
  • Michel Ragon, La Mémoire des vaincus, Albin Michel, 1989 (ISBN 2226039147)
  • Normand Baillargeon, L'ordre moins le pouvoir : histoire et actualité de l'anarchisme, Agone, coll. « Memoires Sociales », 2004 (ISBN 2910846296)
  • Pierre Miquel, Les @narchistes, Albin Michel, 2003.

[modifier] Littérature anarchiste

[modifier] Sources historiques

[modifier] Filmographie

[modifier] Liens externes

[modifier] Organisations anarchistes

[modifier] Portails anarchistes

[modifier] Notes et références

  1. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992
  2. ab Sébastien Faure, Encyclopédie anarchiste, Paris, La Librairie Internationale
  3. Emmanuel de Waresquiel, Le siècle rebelle, dictionnaire de la contestation au XXe siècle, Larousse, coll. « In Extenso », 1999
  4. Grand dictionnaire encyclopédique, Paris, Larousse, 1982
  5. Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française, Bruxelles, Auguste Schnée, 1862
  6. Trésor de la langue française, Paris, CNRS Editions
  7. ab Pierre Kropotkine, Encyclopaedia Britannica, Londres, 1910
  8. Le Nouveau Petit Robert, Paris, Editions Le Robert, 1995
  9. abcdef Sylvie Arend, Christiane Rabier, Le Processus Politique : Environnements, Prise de Decision et Pouvoir, Ottawa, University of Ottawa Press, 2000 (ISBN 2760305031)
  10. Sur les origines de l'esprit libertaire voir :
    (fr) Jean Grave, La société mourante et l'anarchie, Paris, P.V Stock, 1893, p.3
    (fr) Max Nettlau, Bibliographie de l'Anarchie, Paris, Stock, 1897
    (fr) Émile Armand, Qu'est-ce qu'un anarchiste? Thèses et opinions, Paris, éditions de l'anarchie, 1908, p.43
    (fr) Pierre Kropotkine, La science moderne et l'anarchie, Paris, P.V Stock, 1913, p.3
  11. Francis Dupui-Déri, L'anarchie en philosophie politique ; Réflexions anarchistes sur la typologie traditionnelle des régimes politiques, Les ateliers de l'éthique, Vol. 2, n°1, 2007
  12. David Graeber, Fragments of an Anarchist Anthropology, Prickly Paradigm Press, sur prickly-paradigm.com, 2004 (ISBN 0-9728196-4-9)
  13. Sur les racines taoïstes et bouddhistes de l'anarchisme, voir :
    (en) Robert Graham, Anarchism: A Documentary History of Libertarian Ideas, Black Rose, 2005 (ISBN 1551642506)
    (en) Peter Marshall, Demanding the Impossible: A History of Anarchism, Fontana Press, 2008 (ISBN 0006862454)
  14. Jean Préposiet, Histoire de l'anarchisme, Tallandier, coll. « Approches », 2005 (ISBN 2847341900)
  15. Pierre Kropotkine, La science moderne et l'anarchie, Paris, P.V Stock, 1913
  16. À propos de l'anarchisme chrétien, voir :
    (fr) Léon Tolstoï, Aux travailleurs, traduit du russe, par JW Bienstock, Paris, Stock, 1903
    (fr) Jacques Ellul, Anarchie et christianisme, Lyon, Atelier de création libertaire, 1988
  17. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Tome I, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980)
  18. Michel Antony, Ferments libertaires dans quelques écrits utopiques, sur ac-besancon.fr, 2008
  19. À propos des Enragés, voir :
    Daniel Guérin, La lutte de classessous la première république, bourgeois et « bras nus » (1793-1797)
  20. (en) Peter Marshall, Demanding the Impossible: A History of Anarchism, Fontana Press, 2008 (ISBN 0006862454)
  21. [Argentine : leçons pour l’anarchisme - Actualité de l’Anarcho-syndicalisme]
  22. Alternative libertaire - Dossier Argentine : Mouvement populaire : En attendant la nouvelle vague
  23. Increvables anarchistes
  24. ["Vivre l'Utopie - Vivir la utopía", documentaire sur l'experience anarchiste d'espagne 1936


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