Alliance universelle - Église chrétienne universelle

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sommaire

L'Alliance universelle, autrefois appelée Église chrétienne universelle, est un nouveau mouvement religieux français se revendiquant du christianisme, et fondé par l'ancien facteur Georges Roux (1903-1981).

En 1995, la Commission d'enquête parlementaire française a émis un jugement défavorable sur ce groupe, le qualifiant de secte.

[modifier] Historique

Georges-(Ernest) Roux, fondateur du mouvement, est né le 14 juin 1903, à Cavaillon, dans le Vaucluse. Élevé par sa mère dans le catholicisme, il quitte cette religion après la lecture des écrits de Platon. Très intéressé par les arts, il décide de suivre un parcours essentiellement littéraire (roman, poème) à Paris jusqu'en 1933. Il compose notamment Le bienheureux (pièce en un seul acte), Le toit de paille (roman) et Le cercle d'Airain (poème).

Marié à Jane Robert, il aura six enfants (trois garçons et trois filles) qu'il élèvera dans les institutions religieuses. Il est employé au tri postal de 1939 à 1953, devenant même inspecteur adjoint grâce à son travail jugé rigoureux.

En 1947, il se découvre un don de guérison et prétend être par la même occasion l'incarnation du Christ, ce qu'il révèle à sa famille le 25 décembre 1950, puis rend public en février 1954. De nombreuses personnes souffrantes le consultent afin de recouvrer la santé, et il bénéficie du soutien radiophonique de ses partisans.

Des réunions religieuses commencent à être organisées afin de dispenser l'enseignement de Georges Roux, qui est surnommé le Christ de Montfavet (nom du hameau où il réside, situé sur le territoire d'Avignon) ou Georges-Christ. C'est ainsi que naît l'Église chrétienne universelle, enregistrée le 25 décembre 1952 auprès de la Préfecture de police de Paris, après avoir été enregistrée auprès de celle du Vaucluse.

Les fidèles de l'Alliance universelle sont appelés les Témoins du Christ.

[modifier] Croyances

Elles sont définies dans les trois ouvrages écrits en 1950 (les deux premiers) et 1951 (le troisième) par Georges Roux : Journal d'un guérisseur, Paroles de guérisseur, et Mission divine.

L'auteur affirme être inspiré de Dieu et recevoir les ordres directement de sa part. Il se présente comme un prophète persécuté, et adresse une vive critique des Églises chrétiennes qui sont condamnées comme étant apostates. Néanmoins, Georges Roux demande par courrier au pape Pie XII une reconnaissance officielle de sa réincarnation du Christ. Il envoie aussi des lettres ouvertes à des curés, des occultistes et des théosophes. Sa signature est généralement suivie du symbole de Fatima, à savoir un soleil rayonnant.

L'ancien facteur déclare non seulement être le Christ lui-même, mais aussi Dieu. Il lui faut mener à bien la mission inaccomplie par les représentants divins des siècles passés (Bouddha, Moïse, Jésus), à savoir la loi de l'amour.

Sont niées la filiation de Dieu en la personne du Christ (qui n'est qu'un guérisseur), la résurrection de ce dernier ainsi que sa naissance virginale, le péché originel, l'existence de Satan, ainsi que la véracité des Évangiles.

La sollicitude de Dieu se témoigne par la santé et la guérison, tandis que son silence se manifeste par la maladie. Seules la prière et à la bénédiction pourront briser ce silence. Tout le monde peut devenir guérisseur s'il a foi en Georges Roux.

Le groupe propose une doctrine apocalyptique : il prédit la fin des temps et donne comme date butoir le 1er janvier 1980, date du Jugement dernier où le Royaume de Dieu est de retour sur terre. Afin de prouver ses dires, le mouvement développe une vision très pessimiste de la situation mondiale, marquée par les « malheurs des temps ».

[modifier] Pratiques

Le culte se compose d'un office dominical (prières et guérison des souffrants), suivi d’un repas entre membres de l'Église. Le crucifix n'est pas utilisé dans le culte.

Celle-ci ne reconnaît que trois sacrements : le baptême et sa confirmation, la communion, et le mariage.

Un régime alimentaire végétarien est conseillé aux fidèles, qui doivent par ailleurs s'abstenir d'alcool, de café, de thé, de conserves et de graisses cuites; il faut par ailleurs rejeter les drogues et le tabac.

Pour le traitement de la maladie, la bénédiction par l'accueil du Verbe et l'intervention de Dieu sont privilégiés. En cas de nécessité, rien n'interdit le recours à la médecine et aux médicaments. Cependant, par suite d'attitudes sectaires en 1953 et 1954, plusieurs enfants d'adeptes décèdent faute de soins.

Les fidèles participent activement à l'évangélisation. À cette fin, ils distribuent des dépliants ainsi que la revue Lumière (la seule revue éditée par le groupe à présent), et tiennent un stand dans certaines foires-expositions de grandes villes (comme à Strasbourg). Les tracts des premières années du groupe titraient par exemple « Hier Jésus de Nazareth, aujourd'hui Georges de Montfavet » ou « Le Christ de nouveau parmi nous ». Des manifestations composées de défilés d'hommes-sandwichs étaient régulièrement organisées à Paris dans les années 50, le groupe souhaitant une visibilité maximale des fidèles.

[modifier] Organisation

Dirigée par Georges Roux, l'Église chrétienne universelle a édité quatre revues pour diffuser le message du groupe : Le Témoin de la Vie (mensuelle, appelé au départ Le Témoin du Christ), Le Bulletin de l’Agence Mondiale d’Information, Messidor (mensuelle, éditée à Montfavet), et Lumière (mensuelle).

Il n'y a pas de hiérarchie, ni de clergé au sein de l'Église. Jacqueline et Geneviève, filles de Georges Roux, participent à la direction de l'Église ; le gendre de Georges Roux, René Van Gerdinge, assure la croissance de celle-ci en intervenant lors de nombreuses conférences ouvertes au public. De son côté, l'ancien facteur, assez peu visible car reclus dans sa propriété, a toutefois accordé une interview et posé dans Match.

Plusieurs membres se sont présentés aux élections législatives du 2 janvier 1956 et ils ont obtenu quelque 10 000 voix dans six départements. Le groupe promettait aux membres qui voteraient pour ses représentants une place dans le Paradis.

À la mort de Georges Roux, le 26 décembre 1981, c'est sa fille Jacqueline Roux-Van Gerdinge qui prend la présidence du groupe, aidée de sa sœur Geneviève, à Montfavet, et change le nom de celui-ci, le 15 juin 1983, en Alliance universelle. La fille du facteur qui perpétue le mouvement affirme qu'elle reçoit les consignes surnaturelles de son père. Le siège social de l'Église est à Avignon.

D'après la présidente, l'association réunit régulièrement les membres de son Conseil d'administration (élus de façon démocratique) et organise une fois l'an une assemblée générale ordinaire. Les résultats financiers de son activité sont communiqués au Centre des impôts d'Avignon.

L'Agence mondiale d’information, située à Paris 5e, est l'association principale du groupe et elle a pour objectif de permettre l'ouverture de nouveaux lieux de réunion. Elle a par exemple acheté un cinéma du boulevard de la Madeleine à Paris dans ce but.

[modifier] Rayonnement et effectifs

L'Alliance universelle réunit des membres dans plusieurs pays d'Europe (en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Italie), ainsi qu'au Gabon, en République du Congo et aux États-Unis.

Alors que le nombre de membres a atteint le maximum de 5 000 entre 1955 et 1960, les effectifs ont progressivement diminué dans les années suivantes : en 1954, il y avait près de vingt manifestations du mouvement regroupant une centaine de participants ; les 5 000 membres sont alors répartis dans une cinquantaine de groupes locaux principalement localisés à Marseille, Nantes, Paris, Strasbourg, Toulon, dans l'Yonne (entre 1951 et 1953), dans le Vaucluse et dans une partie du midi méditerranéen, et à Milan en Italie. En 1959, il n'y avait plus qu'une seule réunion à Paris, et l'office dominical ne comptait plus que quarante assistants environ. À partir de 1981, la moitié des adhérents se situait hors de nos frontières. Actuellement, ils ne sont plus qu'environ 2 000 dans le monde répartis dans une cinquantaine de communautés, et quelques centaines en France, regroupant environ une vingtaine de groupes, notamment dans le Vaucluse, l'Aude et les Bouches-du-Rhône.

Les membres de l'Église semblent surtout urbains, déçus par les religions traditionnelles, et issus des classes moyennes (instituteurs, employés, entrepreneurs) ; ils deviennent à leur tour guérisseurs par imposition des mains.

Le déclin du groupe est essentiellement dû au décès de Georges Roux, ce qui a remis en cause ses affirmations d'incarnation divine, ainsi qu'à divers incidents à la fin des années 50 traduisant des rapports difficiles avec la société (décès d'enfants de fidèles, bris de vitrine d'un local du groupe, agression de la famille du facteur...).

[modifier] Controverses et polémiques

[modifier] Secte ?

L'Église est listée comme secte dans le rapport n°2468 établi par la Commission parlementaire. Celle-ci a désigné le groupe comme étant évangélique (son type dominant) et guérisseur (son type associé). Il figure dans la liste des mouvements de 500 à 2 000 adeptes.

Plusieurs types de reproches sont avancés à son encontre : tandis que les associations anti-sectes et la Commission parlementaire dénoncent ses pratiques estimées nuisibles, les Églises chrétiennes traditionnelles (en particulier l'Église catholique) reprochent ses croyances jugées hétérodoxes et par conséquent hérétiques.

De son côte, la présidente du mouvement, Jacqueline Roux, a écrit une lettre au président de la Commission parlementaire, Alain Gest, au lendemain de la publication du rapport n°2468, dans laquelle elle récuse les critiques faites à son association : elle affirme la transparence de celle-ci, ainsi que l'indépendance d'esprit, la liberté d'action et l'intégration sociale de ses membres.

[modifier] Refus de soins médicaux

Des plaintes pour exercice illégal de la médecine et non-assistance à personne en danger ont été déposées contre Georges Roux ; d'ailleurs, plusieurs refus des soins médicaux ont entraîné la mort d'enfants :

  • En octobre 1953, la mort d'Yves Payan, alors âgé de treize ans, déjà gravement malade, a conduit ses parents devant le tribunal correctionnel de Gap, où ils ont bénéficié d'un acquittement en janvier 1954 ; toutefois, l’appel du procureur a débouché sur une condamnation en avril 1954 ;
  • La mort de la jeune Chantal Darremont en mars 1954 a entrainé la mise en examen de la tutrice de l'adolescente pour non-assistance à personne en danger car elle a refusé les soins médicaux. Ce décès a conduit à relancer à Strasbourg l’instruction d’une plainte contre un membre du groupe au motif d'escroquerie, autrement dit d’exercice illégal de la médecine.
  • En septembre suivant, Joëlle Delay, un nourrisson âgé de trois mois, meurt, faute de soins médicaux ; les parents sont mis en examen et incarcérés. À la suite de ce décès, le Ministre de la Justice a envisagé de procéder à la dissolution de l’Église, et en décembre l’activité des fidèles a été interdite dans le Var par décision préfectorale.

Ces deux dernières affaires ont entrainé une forte mobilisation de la presse, particulièrement de Paris-Match qui a développé ce qui deviendra dans les années 1970 les fondements de la critique des mouvements jugés sectaires (« sectarisme obstiné », fanatisme, enrichissement personnel, danger pour les enfants). De leur côté, les responsables ont souvent tenté, lors de conférences de presse, de légitimer ces décès.

Des décès d'adultes sont également constatés (par exemple, Willy Baruch est décédé en mars 1954 dans la propriété de Georges Roux, et Raymond Joutard mourut en juillet 1954 après avoir refusé d’être soigné à la suite d’un accident de voiture), toutefois, ces morts par rejet de soins ne causèrent aucune poursuite judiciaire, étant donné que les personnes décédées étaient majeures et consentantes.

[modifier] Doctrine apocalyptique et diabolisation du monde extérieur

La fin des temps étant prédite pour le 1er janvier 1980 au plus tard, les fidèles n'ont pas la possibilité de ce fait de se projeter dans l'avenir. À cet égard, l’Église a développé de nombreuses spéculations alphanurémologiques ayant un lien avec le prophétisme apocalyptique catholique (prophétie de Malachie notamment, apparitions de la Vierge) et le carré magique « Sator Arepo Tenet Arepo Sator » datant du Ier siècle de notre ère, thèses probablement développées sous l’influence d’un nouveau membre, André Bouguenec (futur fondateur du groupe Néo-Phare).

L'Église est par ailleurs accusée d'entretenir la peur chez les adeptes en développant une vision essentiellement pessimiste sur le monde qui l'entoure. En 1953, certains événements dramatiques sont exploités pour valider un tel constat (ruptures de digues en Hollande, séismes dans les îles grecques, etc).

Une paranoïa est développée par le groupe, qui se sent persécuté, tout comme son prophète.

[modifier] Prosélytisme jugé intempestif

L'activité d'évangélisation des fidèles de cette Église est très intense et conduit parfois à des incidents. Par exemple, à Avignon, les fidèles sont même allés prêcher jusqu'à l'intérieur d'une Église catholique. D'autre part, ceux-ci interviennent fréquemment durant les messes ou les conférences de prêtres.

[modifier] Emprise du fondateur

L'emprise exercée de son vivant par Georges Roux sur les fidèles s'apparente selon les détracteurs de l'Église à celle d'un gourou ; à cet égard, certains fidèles en étaient venus à tout quitter pour le suivre, entraînant ainsi des ruptures avec la famille et les amis non convertis.

[modifier] Autres accusations

  • les carences alimentaires dues à un régime trop strict ;
  • l'auto-proclamation de Georges Roux comme étant la réincarnation du Christ,
  • les doctrines jugées contraires au christianisme.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes (sources de l'article)