Agriculture intensive

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'intensification de l'agriculture industrielle a été permise par la production d'intrants (engrais, pesticides), mais aussi par la mécanisation
L'intensification de l'agriculture industrielle a été permise par la production d'intrants (engrais, pesticides), mais aussi par la mécanisation
Serre en Espagne
Serre en Espagne

L'agriculture intensive est un système de production agricole caractérisé par l'usage important d'intrants, et cherchant à maximiser la production par rapport aux facteurs de production, qu'il s'agisse de la main d'œuvre, du sol ou des autres moyens de production, tel que le matériel agricole.

Elle est parfois qualifiée de productiviste, terme en vogue lors de l'après-guerre dans les pays totalitaires et de l'occident, mais aujourdh'ui à connotation parfois péjorative. Elle repose sur l'usage optimum d'engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides, d'insecticides, de régulateurs de croissance...
Elle fait appel aux moyens fournis par la technique moderne, machinisme agricole, sélection génétique, irrigation et drainage des sols, culture sous serre et culture hors-sol, etc. en cherchant à profiter des progrès techniques permis par l'avancée des connaissances agronomiques et scientifiques.

En maximisant les rendements, l'agriculture intensive permet de réduire, à production égale, les surfaces cultivées. A titre d'exemple, en France entre 1989 et 2005, le rendement moyen toutes céréales est passée de 60 à 70 q/ha, permettant une augmentation de la production de 11,3 % et une réduction de 2,7 % de la sole consacrée à ces cultures, libérant environ 259 000 hectares de terre[1]. C'est l'augmentation des rendements qui a permis, depuis l'après guerre, d'augmenter sensiblement le taux de boisement du pays, malgré la stérilisation croissante de surfaces agricoles urbanisées.

Sommaire

[modifier] Notion relative

La notion d'agriculture intensive est relative. Elle peut chercher à maximiser la productivité du sol, en augmentant les facteurs humains et financiers. C'est par exemple le cas des élevages hors-sol ou des cultures en serre. Elle peut au contraire chercher à réduire la main d'œuvre par le recours à la mécanisation sur de grandes surfaces, c'est le cas de la céréaliculture des pays développés. Elle s'oppose en cela à l'agriculture extensive.

[modifier] Histoire

L'agriculture intensive a permis, au cours du XXe siècle, d'augmenter très fortement les rendements et par voie de conséquence la production agricole, et de diminuer corrélativement les coûts de production. Les gains de productivité réalisés ont autorisé la très forte diminution de la population agricole dans les pays développés (elle ne représente plus que 2 à 3 % de la population active), en répondant aux besoins alimentaires et de fibre (coton) de la population agricole et non agricole et en trouvant de nouveaux marchés via l'exportations massive d'une partie de la production, contribuant parfois à corriger, en partie au moins, les déséquilibres alimentaires existant sur la planète, mais parfois en les accentuant en cassant les marchés locaux non concurrentiels.
L'industrialisation agricole a fait reculer la pénibilité des conditions de vie et/ou de travail des agriculteurs, souvent en augmentant leurs revenus, mais avec une forte perte d'emploi agricole.

L'intensification de l'agriculture datant des années 1960 à 1980 est aussi connue sous le terme de révolution verte. Elle a assuré la sécurité alimentaire, tant en quantité qu'en qualité, des pays développés et a contribué à améliorer l'approvisonnement de certains pays en voie de développement, notamment l'Inde.

Les pays dits « en voie de développement » n'ont souvent pas pu bénéficier des avantages ou des richesses espérées permises par l'agriculture moderne. Les raisons les plus citées en sont des sols et climat souvent défavorables, l'insuffisance d'eau, de capital financier, de formation adaptée et dans un certain nombre de pays de conditions politiques, économiques ou juridiques défavorables, ou les déséquilibres induits par certaines taxes ou protection de marchés, ou surtout par les subventions massives donnée à l'agriculture industrielle des pays riches.

Agronome mesurant la pousse du maïs et d'autres donnéesAgricultural Research Service, Département d'agriculture
Agronome mesurant la pousse du maïs et d'autres données
Agricultural Research Service, Département d'agriculture

[modifier] Controverse sur les impacts environnementaux de l'intensification

L'agriculture intensive est parfois accusée d'être pratiquée aux dépens des considérations environnementales, d'où son rejet par un certain nombre de producteurs et de consommateurs, ce à quoi certains défenseurs de l'intensification arguent que l'agriculture intensive ne peut atteindre ses objectifs de rendement qu'en fournissant aux plantes des conditions optimales de croissance, en compensant la perte de fertilité naturelle du sols par des intrants remplaçant les éléments exportés. Leurs détracteurs répondent que justement les engrais et les pesticides contribuent à la perte d'humus et à une dégradation des qualités pédologiques du sol, et que le drainage et l'arrosage ont des impacts en amont et en aval (coûts externes) non compensés.
D'autres enfin notent que certaines agricultures traditionnelles avaient développé d'autres formes d'intensification, sans mécanisation, par exemple avec les rizières traditionnelles, le bocage, l'agrosylviculture ou comme en Amérique en plantant des haricots grimpants sur les tiges de maïs (double récolte, la légumineuse enrichissant le sol en azote au profit du maïs), produisant des récoltes comparables ou dépassant parfois celles permises par la mécanisation et les intrants chimiques.

L'intensification et l'agriculture industrielle sont souvent associée (quelquefois à tort) au développement et à l'utilisation des organismes génétiquement modifiés, et ont pu être mises en rapport avec l'apparition croissante de plantes résistantes à des désherbants totaux, ainsi qu'à des crises telles que la maladie de la vache folle, dioxines dans certaines viandes, ou dispersion de virus tels que le H5N1. Les agriculteurs sont cependant souvent également des victimes de crises liées à l'industrialisation, mais aussi parfois induites par des accidents industriels, ou des pollutions urbaines ou de séquelles de guerres en amont ou en aval de l'agriculture.

[modifier] Bibliographie

  • Marcel Mazoyer, Laurence Roudart: Histoire des agricultures du monde : Du néolithique à la crise contemporaine, Paris: Seuil, 2002, ISBN 2020530619

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Source : Agreste, statistique agricole annuelle, Céréales, oléagineux, protéagineux 1989-2005 définitif, 2006 semi-définitif, données disponibles en ligne