Édulcorant

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Un édulcorant est un produit ayant un goût sucré.

Le plus souvent, le terme édulcorant fait référence à des produits qui donnent un goût sucré sans apporter de calories, ou qui donnent un goût sucré en apportant moins de calories que le sucre de table (saccharose).

Sommaire

[modifier] Différents types d'édulcorants

Stricto sensu, un édulcorant est « une substance qui donne une saveur douce »[1]. Ainsi, le sucre de table (saccharose), le miel, le sirop d'érable, l'aspartame, la saccharine, l'acésulfame-K, le sucralose ou encore le maltitol sont autant d'édulcorants.

Toutefois, le mot édulcorant s'emploie le plus souvent pour désigner des produits qui donnent une saveur sucrée sans apporter de calories, ou qui donnent une saveur sucrée en apportant moins de calories que le sucre[2].

Parmi ces édulcorants, on en distingue deux types :

  • Les édulcorants intenses. Ils ont un pouvoir sucrant élevé (le pouvoir sucrant du sucre de table est de 1).
  • Les édulcorants de charge (notamment polyol). Ils ont un pouvoir sucrant assez proche de celui du sucre de table (de 0,5 à 1,4) ; ils sont utilisés notamment dans de nombreux chewing-gums et confiseries.

[modifier] Question de l'innocuité des édulcorants intenses

En dehors des édulcorants comme le sucre de table, lui-même cible de critiques fréquentes, les édulcorants intenses font l'objet d'une certaine méfiance. D'un autre côté, ils sont largement employés et plébiscités par une partie non négligeable de la population.

Certains pays comme le Japon ou l'Australie utilisent des édulcorants naturels comme le stévia et ont interdit l'usage des édulcorants artificiels (aspartame, saccharine) considérés comme nocifs[3],[4].

En Europe, c'est plutôt l'opinion inverse qui prédomine influencée par la position des industriels, les géants de l’agroalimentaire tout comme les laboratoires pharmaceutiques, et un certain protectionnisme[5].

En 1991, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a interdit l’importation du Stévia sous la pression du puissant lobby des édulcorants artificiels. Une vaste campagne, soutenue par les Japonais, a aussitôt été lancée afin de lever cet interdit américain.

Sous la pression des consommateurs, la FDA a finalement autorisé, en 1995, la vente du stévia à titre de supplément. Cependant, son usage est toujours interdit comme additif alimentaire que ce soit aux États-Unis, au Canada et dans les pays membres de l’Union européenne.

Les édulcorants intenses présentent en apparence plusieurs avantages :

  • Le premier est qu'ils permettent d'obtenir un goût sucré sans apport calorique, ce qui peut être utile notamment dans le cadre d'un régime hypocalorique, dans le cadre d'un régime de maintien du poids corporel, ou encore pour les personnes diabétiques, pour lesquelles la consommation de saccharose est en général déconseillée.
  • Ils sont pratiques d'emploi, présentés sous différentes formes facilement utilisables (tablettes, poudre, etc.).

Toutefois, ils sont parfois déconseillés par des diététiciens ou des nutritionnistes pour certaines raisons :

  • La raison invoquée le plus souvent est qu'ils entretiendraient le goût pour le sucre et qu'ainsi, les consommateurs réguliers de produits sucrés avec des édulcorants intenses auront tendance à choisir des produits plus sucrés, ce qui pourrait favoriser notamment l'obésité en augmentant l'apport calorique.
  • Une autre raison invoquée est que, en dépit de leur apport calorique nul, ils peuvent entraîner une réponse de l'insuline, quoique faible, étant donné leur saveur sucrée, ce qui peut ne pas être souhaitable dans certaines circonstances (notamment chez les diabétiques de type 2, en dehors des repas).

Par ailleurs, les édulcorants intenses sont régulièrement l'objet de diverses accusations. Par exemple, l'aspartame serait impliqué dans les cas suivants : « Maux de tête, insomnies, fatigue chronique, cernes grises sous les yeux, baisse et troubles de la vue, réactions cutanées plus ou moins graves, rougeurs au visage, démangeaisons, prise de poids, dépression, chute plus ou moins importante des cheveux, faim et soif excessives, douleurs abdominales, ballonnements, diarrhées, douleurs articulaires, crampes, insomnies, pertes de mémoire, saignements de nez, vertiges, forte sensibilité aux bruits, sensation d'avoir froid même en plein été, problèmes menstruels, impuissance, problèmes sexuels, hyperventilation, attaques et convulsions, épilepsie, nausées, vomissements, hypo et hyperglycémies, baisse de l’intelligence, douleurs dans la poitrine, problèmes de thyroïde, tremblements, douleurs en avalant ou aussi en urinant, sensibilité aux infections, hypertension, asthme… Mais aussi troubles de la personnalité comme : soudaines crises d’agressivité parfois avec violences physiques, paranoïa, agoraphobie, phobies, paniques, sensations de « déjà vu », irritabilité, crises de démence, altération du caractère, difficulté de concentration, confusion, hyperactivité… Et, plus grave, cancer du cerveau, rupture d'anévrisme, problèmes cardiaques, attaques d’apoplexie, et même mort ! »

« De plus, l'aspartame provoquerait des symptômes semblables aux maladies suivantes ou les aggraverait : fibromyalgie, arthrite, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, lupus, diabète et complications diabétiques, épilepsie, maladie d'Alzheimer, lymphome, malformations congénitales, syndrome de fatigue chronique. » [6]

Les édulcorants intenses font l'objet de très nombreuses études contradictoires. Il en ressort que, même aux doses habituellement consommées, ces produits sont dans certains cas la cause de troubles spécifiques et alarmants, parmi lesquels 92 effets secondaires liés à l'aspartame et officiellement reconnus par la FDA (Food and Drug Administration) américaine depuis 1995 [7] mais aussi de certaines d'idées recues puisque l'expérimentation n'a jamais été menée sur l'homme mais uniquement sur des animaux[8].

Toutefois, les détracteurs de ces produits font remarquer que ces études sont en partie financées par l'industrie productrice de ces édulcorants, en particulier pour l'aspartame (commercialisé sous différents noms), fabriqué par Monsanto qui aurait été agréé par la FDA aux Etats-Unis dans des conditions douteuses, impliquant l'intervention directe de Donald Rumsfeld. Le soutien de l'industrie alimentaire diffusant ces produits est manifeste pour un marché potentiel immense, estimé à plus d'un milliard de dollars par an[9].

De plus, les détracteurs de ces produits mettent également en avant le fait qu'on ne connaît pas les conséquences du mélange de plusieurs édulcorants alors que , fréquemment, l'aspartame et l'acésulfame-K sont employés simultanément. De même à des températures élevées, l'aspartame se transforme plus rapidement en méthanol avec des effets neurotoxiques.

L'aspartame est en principe déconseillé aux enfants ou en cas d'antécédents allergiques. Il doit impérativement être évité par les phénylcétonuriques. Ces personnes souffrent de phénylcétonurie, une maladie génétique rare, et présentent une allergie à la phénylalanine, dont l'aspartame est une source. En revanche, la phénylalanine en elle même ne pose pas de problèmes reconnus pour la population générale : c'est un acide aminé qui est présent à l'état naturel dans de nombreux aliments.

[modifier] Les édulcorants employés en alimentation humaine

Il existe de nombreuses molécules ayant un pouvoir sucrant plus ou moins élevé ; peu d'entre elles sont autorisées et réellement employées en alimentation humaine. Les substances utilisées et autorisées pour donner une saveur sucrée aux denrées alimentaires sont régies par la Directive européenne 94/35/CE et possède un numéro E[2].

Les édulcorants intenses font l'objet d'une dose journalière admissible (DJA) : une consommation allant jusqu'à cette dose est considérée comme sûre par les instances officielles. Dans la pratique et pour la population générale, la consommation d'édulcorants intenses est bien inférieure à la DJA. La DJA est exprimée en milligrammes d'édulcorant par kilogrammes de poids corporel. Par exemple, la DJA d'une personne de 60 kg est de 40 x 60 = 2 400 mg.

Dans les liste ci-dessous, le pouvoir sucrant est donné à titre indicatif.

[modifier] Édulcorants intenses

  • Acésulfame potassium (E950). Pouvoir sucrant de 200. DJA de 15 mg/kg.
  • Aspartame (E951). Pouvoir sucrant de 200. DJA de 40 mg/kg.
  • Cyclamate (E952). Pouvoir sucrant de 35. DJA de 11 mg/kg.
  • Saccharine (E954). Pouvoir sucrant de 450. DJA de 5 mg/kg.
  • Sucralose (E955). Pouvoir sucrant de 600. DJA de 15 mg/kg.

[modifier] Polyols

Un polyol ou polyalcool est un composé organique caractérisé par un certain nombre de groupes -OH (groupes hydroxyles). Ils sont considérés comme des édulcorants de masse et de pouvoir sucrant inferieur ou égale au saccharose.

  • Sorbitol (E420). Pouvoir sucrant de 0,6.
  • Glycérol (E422). Pouvoir sucrant de 0,6.
  • Isomalt (E953). Pouvoir sucrant de 0,5.
  • Maltitol (E965). Pouvoir sucrant de 0,7.
  • Lactitol (E966). Pouvoir sucrant de 0,5.
  • Xylitol (E967). Pouvoir sucrant de 0,5.
  • Érythritol (E968)[10]. Pouvoir sucrant de 0,7.

[modifier] D'autres édulcorants

Il existe d'autres édulcorants intenses et de charges, mais ils ne sont moins employés en alimentation humaine soit par manque de réglementation (Mabinline), soit interdit (Stevia), soit non comercialement disponible (Brazzéine) ou bien l'usage en est limité (Glycyrrhizine); en voici une liste, forcément non exhaustive.

  • Brazzéine — Protéine, pouvoir sucrant 2 000 fois supérieur au saccharose (à poids égal).
  • Curculine — Protéine, pouvoir sucrant 550 fois supérieur au saccharose (à poids égal).
  • Glycyrrhizine — Pouvoir sucrant 50 fois supérieur au saccharose (à poids égal). Naturellement
  • Hydrolysat d'amidon hydrogéné — Pouvoir sucrant 0,4 à 0,9 fois (à poids égal), 0,5 à 1,2 fois (à pouvoir calorique équivalent) supérieur au saccharose.
  • Mabinline — Protéine, pouvoir sucrant 100 à 400 fois (à poids égal) supérieur au saccharose[11].
  • Miraculine — Protéine, qui n'est sucré qu'en milieu acide.
  • Monelline — Protéine, pouvoir sucrant 3 000 fois (à poids égal) supérieur au saccharose.
  • Pentadine — Protéine, pouvoir sucrant 500 fois (à poids égal) supérieur au saccharose[12].
  • Stevia — Plante au pouvoir sucrant 250 fois (à poids égal) supérieur au saccharose, utilisé au Japon et dans d'autres pays. Interdit en France et en europe.
  • TagatoseOse, pouvoir sucrant 0,92 fois (à poids égal)[13], 2,4 fois (à pouvoir calorique équivalent) supérieur au saccharose.
  • Thaumatine (E957) - Protéine, pouvoir sucrant 2 000 à 3 000 fois supérieur au saccharose (à poids égal)[14].
  • Tréhalose - Diholoside, pouvoir sucrant de 0,45[15].


[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. définition du Petit Robert
  2. ab Parlement européen et Conseil de l'europe« Directive 94/35/CE », dans Journal Officiel, no L 237, 10.9.1994 [texte intégral]. Consulté le 23/05/2008. [pdf]
  3. Le stévia rebaudiana
  4. Passeport Santé.net, Stévia
  5. Aspartame information, Stévia, Stévioside et Aspartame
  6. Article paru dans Biocontact n° 152, dossier : « Les sucres »
  7. Aspartame : un poison violent !
  8. Entretiens de Bichat, Santé, Deux chercheuses font le point sur les édulcorants, riches en idées reçues, Libération, 14 septembre 2006
  9. L'aspartame : documents écrits par J. Hudon et N. Markle ainsi que la liste des médicaments contenant de l'aspartame et le dossier supra
  10. Parlement européen et Conseil de l'europe« Directive 2006/52/CE du Parlement européen et du Conseil du 5 juillet 2006 », dans Journal officiel de l'Union européenne, no L 204, 26/07/2006, p. 10-22 [texte intégral]. Consulté le 16/05/2008. [pdf]
  11. (en)X Liu, S Maeda, Z Hu, T Aiuchi, K Nakaya, Y Kurihara. Purification, complete amino acid sequence and structural characterization of the heat-stable sweet protein, mabinlin II. Eur J Biochem 1993. 211(1–2):281-7. PMID 8425538
  12. (en) H Van der Wel, G Larcon, A Hladik, CM Hladik, G Hellekant and D Glaser (1989) Isolation and characterisation of Pentadin, the sweet principle of Pentadiplandra-Brazzeana Baillon. Chemical Senses, 14:75-79.
  13. (en) JECFA, WHO, « D-TAGATOSE » sur www.fao.org, 2006, Monograph de la FAO, p. 1-2. Consulté le 05 juin 2008. [pdf]
  14. (en) JD Higginbotham, « Sensory properties and potential applications of thaumatin, an intensely sweet protein. », dans Journal of the Science of Food and Agriculture, 1981, 32 (8), p. 843-848 [texte intégral]
  15. (en) [pdf] T Higashiyama (2002). T. Novel functions and applications of trehalose. Pure Appl. Chem. 74(7):1263-1269. 2002.

[modifier] Articles connexes

wikt:

Voir « édulcorant » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens et documents externes