Économie de l'Afrique du Sud

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L'économie de l'Afrique du Sud est à deux vitesses : une partie est de pair avec les pays industrialisés et l'autre a des besoins criants d'infrastructures de base.

Selon l'indicateur du développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement entre 1990 et 2005, constatant l'appauvrissement général de la population. Cette régression serait principalement due à la mise en place récente d'études fiables et plus représentatives (anciennement la politique d'apartheid tendait à occulter la condition des Africains), mais serait aussi due aux ravages causés par la pandémie du SIDA. La minorité blanche, mal à l’aise depuis la fin de l’apartheid, est inquiète à cause du Sida, de la criminalité et des crises politiques au Zimbabwe et en Côte d’ivoire. Ces dernières ont généré des vagues d'immigration vers l'Afrique du Sud. De nombreux africains immigrent en Afrique du Sud pour gagner plus d’argent que dans leurs pays d’origine, mais le sida et la criminalité les font partir au bout de quelques années. Inversement, les blancs - surtout les jeunes - émigrent massivement en Australie ou en Nouvelle-Zélande à la recherche d'un mode de vie plus tranquille.

Sommaire

[modifier] La discrimination positive

Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en œuvre une politique d’affirmative action visant à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ainsi, dans de nombreux secteurs, des blancs ont été invités à faire valoir leurs droits à la retraite ou à accepter des licenciements, moyennant une forte indemnité de départ. Un des résultats fut l’appauvrissement relatif d’une petite partie de cette minorité blanche (10% de ses membres vivent aujourd’hui avec 1 000 euros par an).

En regard au secteur privé, le gouvernement a mis au point la réforme du Black Economic Empowerment. Il s'agit d'une politique qui touche pour l'instant surtout les entreprises minières, financières, ou celles qui tentent d'obtenir un contrat du gouvernement. Ces dernières doivent démontrer qu'elles ont fait une place aux noirs dans toutes les couches de l'entreprise. Du coup, plusieurs sociétés ont réalisé une transaction au capital-action, invitant des groupes de noirs à acquérir jusqu'à 26 % des actions. Encore, le gouvernement exige des quotas de travailleurs noirs à différents niveaux de gestion.

Mais cette politique d’affirmative action est critiquée d'autant plus qu'elle aurait surtout bénéficié aux proches de l’ANC et favorisé la constitution d’une classe moyenne noire qui s'est empressée d'investir certains quartiers chics réservés autrefois aux seuls blancs au lieu d'aider au développement des anciens townships (les ventes à la communauté noire ont augmenté de 700 % depuis l'année 2000 dans les banlieues riches du nord de Johannesburg). Fin 2005 selon "The Sunday Independent", les Noirs d'Afrique du Sud représentaient désormais plus de la moitié de la classe moyenne, profitant d’une inflation faible et de taux d’intérêt qui n’ont jamais été aussi bas depuis trente ans (en 1994, les Noirs représentaient alors 29 % de cette classe moyenne).

Cette ascension sociale de la communauté noire s'est traduite par l'acquisition de voitures neuves (en 2004, 31 % des propriétaires de véhicules neufs appartenaient à la communauté noire, contre seulement 11 % en 1990), par les acquisitions de logements dans des quartiers fortunés et par l'ouverture de comptes en banque (le nombre de comptes en banque ouverts à la Wesbank, par des clients noirs a augmenté de 40 % entre 2001 et 2005 lesquels représentent désormais 22 % de la clientèle).

Mais en embauchant des noirs, uniquement sur des critères raciaux et quelquefois pour de la figuration, les entreprises sud-africaines ont contribué à alimenter l'inquiétude de la communauté blanche quant à son avenir en Afrique du Sud. Ainsi, selon l'hebdomadaire Marianne, entre 1994 et 1999, cette politique de discrimination positive, associée à l'insécurité, ont amené plus d’un million de Sud-Africains blancs, parmi les plus qualifiés, à s’expatrier en Australie, en Grande-Bretagne, en Israël ou aux É.-U.. La conséquence immédiate a été une pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs (ingénierie, santé, éducation) et le recours notamment à des médecins cubains pour maintenir le niveau du système de santé.

En 2005, le gouvernement sud-africain redéfinit sa politique d'affirmative action en cherchant à favoriser le retour au pays de ces trop nombreux et trop qualifiés expatriés. C'est la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka, pourtant une radicale, qui est chargé de leur faire cet appel du pied en promouvant des salaires incitatifs à ceux qui reviendraient au pays.

L’économie sud-africaine est tout de même en bonne santé avec une croissance plus rapide que prévu (5,1 % en 2006) et un endettement des ménages atteignant, au troisième trimestre, 63,5 % du revenu disponible.

[modifier] La réforme agraire

Depuis 1994, seulement 3,6 % des fermes ont été redistribuées aux 1,2 million de noirs alors que 60 000 blancs possèdent et gèrent toujours 80 % des surfaces cultivables. Le gouvernement s'était donné en 1994 comme objectif de redistribuer 30 % des terres d’ici 2014.

La loi prévoit que les descendants des fermiers noirs, dépossédés par la force ou injustement indemnisés dans le cadre des lois adoptées depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. C'est l’État qui finance leur rachat, en négociant le prix avec le propriétaire. En cas d’échec, une expropriation peut intervenir (alors que seulement 1 % du budget national est affecté à la redistribution). Le fermier peut ensuite faire appel auprès du ministre de la Terre avant d'aller en justice. La Constitution sud-africaine garantit qu’en cas d’expropriation, la victime doit être équitablement indemnisée.

En juillet 2005, la majorité des 4 000 participants au «Sommet sur la terre», a recommandé des expropriations alors que la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka demandait d'«importer des experts du Zimbabwe».

Ainsi, pour contrer cette galvanisation des noirs sud-africains sensibles aux expropiations forcées (et sans indemnités) du Zimbabwe de Robert Mugabe, c'est en novembre 2005 que pour la première fois la commission chargée de la restitution des terres aux Noirs demande l'expropriation d'un fermier blanc marquant la volonté du gouvernement d’accélérer la réforme agraire afin d'éviter qu'un « Mouvement des sans terres » politisé et violent ne se développe dans le pays. La victime de l'expropriation est un fermier afrikaner de Lichtenburg (province du Nord-Ouest) et les biens expropriés sont sa ferme d’élevage de 500 hectares, son petit abattoir et sa maison. Sa famille avait racheté ces biens en 1968 au précédent propriétaire qui avait acheté ces terres en 1942.

Cependant, cette redistribution ne doit pas affecter la rentabilité économique de ces terres car la restitution à des Noirs de la majorité des fermes des vallées fertiles du Limpopo a tourné au désastre, faute d’encadrement technique et financier.

[modifier] Le développement du capitalisme noir

Depuis 1994 et sur la base du volontariat, pratiquement tous les grands groupes miniers et les banques ont cédé entre 10 et 26 % de leur capital à des noirs, indiens et métis. Dans un premier temps, une petite élite noire, issue des leaders de l'ANC, s'est reconvertie avec succès dans les affaires en bénéficiant de grosses cessions de capital d'entreprises. Le plus riche d'entre eux est Patrice Motsepe qui a accumulé une fortune de plus de 500 millions de dollars en à peine dix ans.

Depuis 2000, des objectifs précis ont été négociés dans certains secteurs (mines, banques, distribution du pétrole, etc.). Ainsi, selon la charte minière de 2002, toutes les compagnies doivent céder 26 % de leur capital d'ici à 2014. Les Noirs devront représenter 40 % des cadres en 2009. Les compagnies qui ne respecteront pas ces conditions pourront perdre leurs droits d'exploitation.

C'est dans ce cadre que De Beers, premier producteur mondial de diamant, a annoncé le 8 novembre 2005, qu'il cédait 26 % de ses mines en Afrique du Sud à un consortium noir, Ponahalo (détenu à 50% par De Beers) présidé par Manne Dipico, ancien premier ministre du Cap-Nord. A la fin de l'année 2005, Jonathan Oppenheimer, le directeur exécutif de la De Beers, devrait laisser son poste à un noir pour ne garder que la présidence. Les autres bénéficiares de l'opération sont alors l'ancienne ambassadrice sud-africaine en Grande-Bretagne,tout comme les 18 000 employés de De Beers, qui détiennent 50 % de Ponahalo. Ce consortium regroupe pas moins de 80 000 personnes. il a annoncé qu'il réinvestira une partie de ses dividendes dans des projets sociaux. Ces changements devraient ainsi dissiper le climat de méfiance qui pèse sur les relations entre le gouvernement et De Beers. Elle pourrait ainsi empêcher le gouvernement de mettre en action ses menaces de taxation des exportations de diamants.

Le gouvernement de l'ANC a adopté en février 2007 un code des meilleurs pratiques du Black Economic Empowerment, afin de guider les entreprises qui désirent effectuer une transformation au profit des noirs. Des chartes ayant pouvoir législatif ont été adoptées pour les industries minières, pétrolières, financières et de la construction. D'autres chartes sont à l'étude les industries du transport maritime, de l'import-export, des technologies de l'information et du tourisme.

Toutes les entreprises y compris les PME devront remplir un bulletin de note (ceux qui auront les meilleures notes auront plus de chance de remporter les marchés publics). Les multinationales sont cependant exemptées.

[modifier] Ressources minières

L'Afrique du Sud bénéficie d'un sous-sol particulièrement riche en ressources naturelles très demandées par l'industrie. Elle est restée longtemps le premier pays producteur d'or dans le monde et en possèderait encore plus de 25% des réserves mondiales. Cependant, il est remarquable de constater que la Chine est bien l'actuel premier producteur mondial d'or. C'est un paradoxe, dans une période de cours de l'once très élevé. L'Afrique du Sud traverse une phase de crise, en particulier au niveau de la production trop irrégulière d'électricité, dont a pourtant tant besoin son vaste système minier. Le groupe Gold Fields, constatant une baisse de plus de 16% de sa production d'or sur l'année 2007, envisage une poursuite de cette baisse et la suppression de 7000 emplois.

L'Afrique du Sud est également le 5e pays producteur de diamant et environ les trois quarts du titane présent sur la planète provient d'Afrique du Sud. On y trouve aussi du platine, de l'uranium, du cuivre, du nickel et de la houille.

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